Le terme empathie spatiale est utilisé pour décrire différents types d’empathie avec des individus proches : empathie pour les personnes physiquement proches, capacité pour le pilote d’un moyen de transport « de se mettre à la place d’un autre », identification avec l’environnement proche.

Empathie spatiale et espace personnel modifier

L’empathie spatiale a été définie comme la conscience qu'un individu a de la proximité, des gestes, et du confort des personnes qui l'entourent[1]. Il combine le concept d’empathie à la notion de proxémie et d'espace personnel, la notion qu'une personne est « propriétaire » de son espace immédiat, l'invasion de cet espace par autrui représentant une atteinte à l'intimité de cette personne.

L'empathie spatiale réduite à l'espace personnel est exprimée de manière très variable selon les cultures, et selon les individus. Les pays d'Europe occidentale et/ou à l'économie avancée considèrent par exemple comme déplacé et tabou le contact physique entre personnes inconnues dans des lieux publics tels que trains, bus ou magasins. D'autres pays, tels que les pays émergents asiatiques et eurasiatiques ne présentent pas la même aversion.

Le terme d'"empathie spatiale" aurait d'abord été utilisé pour les travailleurs expatriés à Hong Kong, venant généralement de pays occidentaux tels que l'Australie, l'Angleterre, la France et les États-Unis, comme un élément du choc culturel. Un élément déstabilisant pour ces populations arrivant à Hong Kong, ville d'apparence matérielle occidentale, étant la densité et proximité humaine dans les transports et espaces communs, où la navigation à travers une foule tout en évitant le contact physique est plus difficile que dans leurs pays d'origine. Le terme se serait depuis étendu aux travailleurs expatriés dans d'autres pays, notamment le Japon et la Chine[2],[3].

Empathie spatiale et pilotage modifier

Le pilote d’un navire A a une perception de la situation spatiale de son navire. De même le pilote du navire B. De plus, quand les navires A et B sont proches, le pilote du navire A se fait une représentation plus ou moins exacte de la perception spatiale que se fait le pilote du navire B. La qualité de cette « empathie spatiale » peut influer sur le risque d’accident : les pilotes devraient alors apprendre à « piloter leur navire du point de vue des autres »[4]. Cette analyse est une variante du débat sur les cadres de référence spatiale (« systèmes de relations consistant à localiser les objets, les points de référence et les relations spatiales qui peuvent exister entre ceux-ci »), et notamment les référentiels de type « égocentré » et de type « allocentré »[5].

Empathie spatiale et perception de l'« ambiance » d'un lieu modifier

Quand une personne se déplace dans une ville, à travers la campagne ou en montagne, quand elle séjourne sur une plage ou dans un café, elle reçoit un flux ininterrompu de sensations. Elle peut se sentir étrangère à ce lieu et « ne pas se sentir chez elle ». Mais elle peut aussi ressentir une empathie avec l'environnement physique immédiat : il se crée un processus d'empathie spatiale, ou d'identification de l'individu avec l'endroit où il se trouve[6]. Pour Isabel Claus, l'empathie spatiale est une « image-motrice », un « ressenti corporel vécu en réponse à un paysage appréhendé physiquement », un des « pré-mouvements organiques et primitifs devant un espace »[7]. Cette approche entraîne diverses implications pour l'architecture et la planification urbaine[8],[9].

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Heiss, Leah Rose Laurel (2006), Empathy and the Space Between. Investigating the role of digitally enhanced apparel in promoting remote empathetic connection. [1] Spatial Information Architecture Laboratory, School of Architecture and Design, Design and Social Context Portfolio, RMIT University, Melbourne, Australia, September 2006 xx + 124 pp. (p.86).
  • Joly, Bruno (2009), 'La communication', [2]. Voir notamment le chapitre 2: 'La communication interpersonnelle'. De Boeck Supérieur.

Notes modifier

  1. « Spatial empathy was defined as “the development of an implicit understanding and awareness of the spatial condition that another being is experiencing.” » Heiss, Leah Rose Laurel (2006), p.86.
  2. Lee, Sandra Space: the final frontier, but not as we know it here. China Daily, 15 avril 2009.
  3. Body Language Project Spatial Empathy.
  4. Simonnet, Mathieu Does spatial empathy help to avoid collision at sea? Poster for Ergoship 2011 - 1st Conference on Maritime Human Factors. Göteborg, Sweden (résumé).
  5. Simmonet, Mathieu ; Vieilledent, Stéphane et Tisseau, Jacques Influences des activités du sujet et des caractéristiques environnementales sur la nature de l’encodage spatial. L’année psychologique, vol. 113, 2013/2, pp. 227-254 (version html).
  6. Duarte, Cristiane Rose and Pinheiro, Ethel Spatial empathy and urban experience: a case study in a public space from Rio de Janeiro. In Rémy, Nicolas and Tixier, Nicolas, eds. Ambiances, tomorrow. Proceedings of 3rd International Congress on Ambiances, Volos, Grèce, Septembre 2016, International Network Ambiances; University of Thessaly, Volos, Greece. Vol. 2, p. 611-616.
  7. Claus, Isabel Trois images-motrices gravitaires, indicatrices de qualités spatiales. Février 2016, 9 pp.
  8. Cazal, Raphaëlle L’empathie en architecture. Pour une nouvelle compréhension de l’habitation de l’espace. Lecture aux « Rencontres Morel », Pointcultures, Bruxelles, février 2014, 14 pp. (video, 1 h 11 min 36 s, mise en ligne 26 juin 2014.
  9. Galland-Szymkowiak, Mildred L’engendrement de l’espace architectural : trois modèles (Wölfflin, Schmarsow, Lipps). Pp. 85-102 in Galland-Szymkowiak, Mildred et Lohmann, Petra Construire et éprouver, dans l’espace et dans la pensée. Points de rencontre entre architecture et philosophie. Internationale Gesellschaft für Architektur und Philosophie e.V., Universität Siegen, 2017, 102 pp.