Emma Mashinini
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Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activités
Syndicaliste, travailleur du textileVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Lieu de détention
Pretoria Central Prison (en) (-)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Ordre du Baobab ()
Ordre de Luthuli (en) ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Strikes have followed me all my life (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Emma Mashinini, née à Rosettenville (en) le et morte le [1], est une syndicaliste et femme politique sud-africaine.

Militant au Congrès national africain (ANC) à partir de 1956, elle est sur le conseil exécutif du National Union of Clothing Workers (NUCW) pendant 12 ans, puis fonde la South African Commercial, Catering and Allied Workers Union (en) (SACCAWU) en 1975. Elle a également participé à la Commission de la vérité et de la réconciliation, ayant été nommée Commissioner for Restitution of Land Rights.

Récipiendaire de plusieurs prix, dont l'Ordre du Baobab et l'Ordre de Luthuli (en), elle publie une autobiographie intitulée Strikes Have Followed Me All My Life (en) en 1989.

Biographie modifier

Jeunesse modifier

Emma Mashinini naît le 21 août 1929 à Rosettenville (en), un quartier blanc de Johannesbourg. Sa famille vit dans l'arrière-cour d'une maison qui emploie sa mère Joana. Lorsqu'elle est âgée de six ans, la famille de Mashinini déménage à Prospect Township, un quartier situé près de City Deep (Gauteng) (en) où se dirigeait plusieurs familles noires (en) exilées des zones blanches. En 1936, le quartier est rasé à la suite du Johannesburg Slums Act de 1934[2]. La plupart des habitants sont relocalisés à Orlando, un township de Soweto, mais la famille Mashinini s'installe plutôt à Sophiatown. Cependant, à la suite du Natives Resettlement Act (en) de 1954, la famille doit à nouveau déménager et se rend à Soweto[3],[4].

Après la séparation de ses parents, Emma Mashinini quitte l'école pour commencer à travailler à l'âge de 14 ans[3]. Elle se marie à 17 ans. Elle aura 6 enfants dont 3 mourront en bas âge[5]. Sa fille Penny mourra à l'âge de 17 ans en 1971[6].

En 1955, Emma Mashinini participe au Congrès du peuple à Kliptown, une rencontre déterminante pour l'ANC. Elle affirmera plus tard que cet événement a été déterminant dans son parcours. « Je n'étais pas une membre officielle, mais à cet événement, je l'étais de corps, de cœur et d'esprit...Alors je crois que ce congrès m'a vraiment ouvert les yeux. C'est à ce moment que j'ai commencé à me politiser. Cependant, il y avait autre chose. J'ai toujours ressenti que j'étais constamment dominée[trad 1],[7]. »

Syndicalisme modifier

En 1956, Mashinini commence à travailler pour la Henochsberg clothing factory. Dans le contexte de l'apartheid, les travailleurs noirs y ont des conditions de travail particulièrement difficiles ainsi qu'une faible rémunération. Les femmes y sont traitées comme des travailleurs inférieurs[8].

Mashinini joint le Garment Workers Union et participe à son organisation à son milieu de travail. Elle devient déléguée syndicale ainsi que gérante de plancher nommée par la direction. Elle décrira plus tard les difficultés engendrées par cette double position. « Ils auraient pu me renvoyer s'ils avaient voulu, même si j'étais déléguée syndicale. Mais ils voulaient m'utiliser pour arrêter les troubles, comme un extincteur[trad 2],[9]. »

Après certaines actions syndicales, les travailleurs gagnent la semaine de 40 heures de travail et l'assurance chômage. Mashinini est élue sur le comité exécutif de la National Union of Clothing Workers (NUCW), où elle siègera 12 ans[3],[10].

À cette époque, Emma Mashinini vit un autre point tournant au moment où elle réalise que son usine fabrique des uniformes utilisés par des gens oppressant les Noirs. Elle écrira dans son autobiographie : « Quand j'ai réalisé que j'ai personnellement aidé à fabriquer ces uniformes utilisés pour massacrer mon peuple... J'ai été horrifié[trad 3],[11]. » À partir de ce moment, elle considère que le mouvement syndical doit toujours se concentrer sur des enjeux politiques plus large[6].

En 1975, elle fonde le South African Commercial, Catering and Allied Workers Union (SACCAWU), devenant ainsi une figure marquante du mouvement syndical sud-africain. Son militantisme l'amène aussi à être harcelée par la police[11].

Arrestation et emprisonnement modifier

Le 27 novembre 1981, la police se présente à l'aube au domicile d'Emma Mashinini et procède à son arrestation[11]. Elle est détenue en vertu de la section 6 du Terrorism Act de 1967[3] qui permet la détention illimitée (en) de toute personne soupçonnée par la police de « mettre en danger l'ordre public[trad 4],[12]. »

Mashinini est détenue à la prison centrale de Pretoria (en). Elle y vit des conditions de détention difficiles, passant le plus clair de son temps en isolement. Après un temps, elle est transférée à Johannesbourg, puis libérée après un total de six mois d'emprisonnement sans avoir été accusée d'aucun crime[6]. Lors de sa libération, on lui ordonne de ne pas parler de sa détention[5]. Alors qu'elle était détenue, son camarade Neil Aggett est mort pendu dans sa cellule[6].

Par la suite, Mashinini est traitée pour choc post-traumatique au Danemark. Son thérapeute lui conseille d'abandonner la politique et de se recentrer sur elle, mais Mashinini décide de poursuivre[13]. Elle décrit d'ailleurs son traitement comme « une autre détention[trad 5],[14]. » Elle reprend un poste au SACCAWU, qui grimpe à 60 000 membres et gagne certains avantages pour les travailleuses[6].

Transition vers l'ANC modifier

Lors de la formation du Congress of South African Trade Unions (COSATU) en 1985, Mashinini milite fortement pour l'inclusion des femmes syndiquées. L'organisme finira par intégrer une image d'une femme avec un bébé à son logo[15],[6].

En 1995, Mashinini est nommée Commissioner for Restitution of Land Rights et retourne à Pretoria travailler pour le gouvernement[16]. En 1998, elle participe à consolider les droits fonciers (en) d'une communauté de 600 familles évincées en 1969[17]. Lors de son mandat, elle affirme que son département manque de personnel et de fonds[18].

En 2002, elle exprime son désarroi face à une décision de la cour limitant les réclamations foncières des Sud-Africains[19],[20].

Notes et références modifier

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Emma Mashinini » (voir la liste des auteurs).

Notes modifier

  1. (en) « I was not a card-carrying member, but at that meeting I was a member in body, spirit and soul... So I think that Congress was really an eye-opener for me. That, maybe, is when I started to be politicized. Although there is another thing, which I have always felt, which is that I have always resented being dominated. »
  2. (en) « They could have sacked me if they had wanted. I was a shop steward, but if they wanted to sack you they could still sack you. Instead, they would try and use me to stop the trouble. They would use me like a fire extinguisher, always there to stop trouble. »
  3. (en) « When I realized that I had personally helped to make these uniforms used for the slaughter of my people ... I felt horrified »
  4. (en) « endanger the maintenance of law and order. »
  5. (en) « yet another detention. »

Références modifier

  1. (en) « Legendary trade unionist Emma Mashinini dies, aged 87 », sur www.enca.com (consulté le )
  2. (en) S. M. Parnell, « Johannesburg's Backyards: the slums of New Doornfontein, Bertrams, and Prospect Township », The Making of Class, University of the Witwatersrand History Workshop,‎ 9–14 février 1987 (lire en ligne)
  3. a b c et d (en) South African History Online, « Emma Thandi Mashinini »
  4. (en) « Reluctant Revolutionary », City Press,
  5. a et b (en) Irene Reiss, « What Is the Courage We Are Looking For? Aesthetic Realism and Emma Mashinini of South Africa », Alice Bernstein, New York
  6. a b c d e et f (en) Rebecca Davis, « The lean, mean, labour rights Mashinini », Daily Maverick,
  7. (en) Pamela E. Brooks, Boycotts, Buses, and Passes: Black Women's Resistance in the U.S. South and South Africa, Presses de l'université du Massachusetts, (lire en ligne), p. 218-219
  8. (en) Iris Berger, Women in South African History : They Remove Boulders and Cross Rivers, Le Cap, Nomboniso Gasa, Human Sciences Research Council, (lire en ligne), « Generations of struggle: Trade unions and the roots of feminism 1930–60 », p. 193
  9. (en) Edward Webster, The Critical Study of Work: Labor, Technology, and Global Production, Philadelphie, Rick Baldoz, Charles Koeber, & Philip Kraft, Temple University Press, (lire en ligne), « Manufacturing Compromise: The Dynamics of Race and Class Among South African Shop Stewards in the 1990s », p. 206
  10. (en) Zwelinzima Vavi, « Many workers still face terrible treatment », discours donné le 3 mai 2013
  11. a b et c (en) John Battersby, « A Lifelong Fight for Labor Rights Prison and psychological torture did not deter Emma Mashinini in her 10-year struggle. », Christian Science Monitor,
  12. (en) Jonathan Cohen, « 1967 Terrorism Act, No. 83 of 1967 », South African History Online
  13. (en) Dorothy Driver, « Truth, Reconciliation, Gender: the South African Truth and Reconciliation Commission and Black Women's Intellectual History », Australian Feminist Studies, vol. 20, no 47,‎ (lire en ligne)
  14. (en) Daniel Roux, « 'I speak to you and I listen to the voice coming back': Recording solitary confinement in the apartheid prison », South African Journal of English Studies, vol. 22, no 1,‎ (lire en ligne)
  15. (en) Malehoko Tshoaedi & Hlengiwe Hlela, Trade Unions and Democracy : Cosatu Workers' Political Attitudes in South Africa, Cape Town, Sakhela Buhlungu, Human Sciences Research Council Press, (lire en ligne), « The marginalisation of women unionists during South Africa's democratic transition », p. 100
  16. (en) Eugene Goddard, « Memory is power, and mandatory reading », BusinessDay,‎
  17. (en) Louise Cook, « South Africa: Court returns Vryburg land to deprived community », AllAfrica (Business Day),
  18. (en) Emmanuel Olukayode Ogunsalu, The Political Economy of Land Reform in South Africa and Zimbabwe : A Comparative Study, Thèse de l'université Howard,
  19. (en) « South Africa; Land Restitution Going at Snail's Pace », Africa News (Business Day),‎
  20. (en) Cherryl Walker, Landmarked : Land Claims and Land Restitution in South Africa, Athens, Ohio, Presses de l'université d'Ohio, (lire en ligne), p. 9

Voir aussi modifier

Article connexe modifier

Liens externes modifier