Emin Pacha

Explorateur allemand de l'Afrique (1840-1892)
Emin Pacha
Eduard Schnitzer, Emin Pacha
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
אמין פאשה ou Eduard SchnitzerVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Isaak Eduard SchnitzerVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Activités
Explorateur, zoologiste, ornithologue, médecin, zoological collectorVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Académie Léopoldine
Alte Breslauer Burschenschaft der Raczeks (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Archives conservées par
Archives fédérales allemandes (BArch, N 2063)
Archives d'État de la ville libre et hanséatique de Hambourg (d) (622-2/16)
Collection Perthes Gotha (d)
Leibniz Institute for Regional Geography (d) (275)
Museum für Naturkunde Berlin, archives (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Mehmet Emin Pacha (né Isaak Eduard Schnitzer, baptisé c. 1847 Eduard Carl Oscar Theodor Schnitzer, - ) est un médecin, naturaliste, explorateur, et gouverneur de la province ottomane d'Équatoria sur le haut Nil. Bien que le titre de Pacha ne lui eût été décerné qu'en 1886, il est généralement dénommé sous le nom d'Emin Pacha.

Biographie modifier

Enfance et formation modifier

Eduard Schnitzer est né à Oppeln en Silésie prussienne dans une famille juive allemande de la classe moyenne, qui s'établit à Neisse quand il fut âgé de deux ans. Après la mort de son père, sa mère épousa un luthérien, et tous deux furent baptisés. Il étudia aux universités de Breslau, Königsberg, et Berlin, et fut diplômé avec le grade de docteur en 1864. Cependant, il ne put exercer et quitta l'Allemagne pour Constantinople, avec l'intention d'entrer au service de l'Empire ottoman.

Après être passé à Vienne et Trieste, il s'arrêta à Antivari au Monténégro, où il fut cordialement accueilli par la population. Il décida d'y rester et d'y pratiquer la médecine. Il en profita pour développer son talent pour les langues, apprenant ainsi le turc, l'albanais et le grec. Il devint l'officier de quarantaine au port, ne quittant la région qu'en 1870 pour rejoindre l'équipe d'Ismail Hakki Pacha, gouverneur de l'Albanie septentrionale, ce qui lui permit de parcourir l'Empire Ottoman, bien que les détails de ses voyages ne soient pas connus.

Établissement au Soudan modifier

À la mort de Hakki Pacha en 1873, Emin revint à Neisse avec la veuve et les enfants du Pacha, et où il les fit passer pour sa propre famille. Il disparut un temps pour réapparaître au Caire, puis Khartoum où il arriva en décembre. Il prit alors le nom « de Mehemet Emin » (en arabe Muhammad al-Amin), pratiquant la médecine, collectant plantes et animaux, la plupart envoyés aux musées d'Europe. Bien que certains le considéraient comme un musulman, il n'est pas prouvé qu'il fut converti à cette époque.

Charles George Gordon, alors gouverneur d'Équatoria, apprit la présence d'Emin, et l'invita à exercer en tant que chef médecin de la province. Emin accepta et arriva en mai 1876. Gordon l'envoya rapidement vers le sud en mission diplomatique au Buganda et au Bunyoro, où Emin se fit remarquer par sa maîtrise de la langue Luganda.

Après 1876, Emin fit de Lado sa base pour ses expéditions scientifiques dans la région. En 1878, le khédive d'Égypte désigna Emin comme le successeur de Gordon en tant que gouverneur de la province, lui donnant le titre de Bey. Malgré cette promotion, ses pouvoirs étaient limités. Il était à la tête d'une armée de quelques milliers d'hommes qui ne contrôlait généralement qu'un périmètre d'un peu plus d'un kilomètre autour de chaque comptoir, et le gouvernement de Khartoum était indifférent à ses propositions de développement.

Dans la tourmente de l'insurrection mahdiste modifier

La révolte du Mahdi à partir de 1881 coupa Equatoria du monde dès 1883, et l'année suivante Karam Allah marcha pour s'emparer d'Equatoria et Emin. En 1885, Emin et la plupart de ses forces se replièrent vers le sud, dans la place fortifiée de Wadelai près du lac Albert. Sans communication via le nord, il pouvait toujours communiquer avec Zanzibar via le Bouganda. Déterminé à rester à Equatoria, ses messages, communiqués par son ami Wilhelm Junker, générèrent des réactions de sympathie en Europe en 1886, à la suite aussi de la mort de Gordon l'année précédente.

L'expédition de secours à Emin Pacha, dirigée par Henry Morton Stanley, envisageait de secourir Emin en remontant le fleuve Congo puis en traversant la forêt de l'Ituri, une route extrêmement dangereuse qui conduisit à la perte des deux tiers des hommes de l'expédition. Les détails de cette aventure sont connus par les journaux des officiers non-africains, tels que le major Edmund Musgrave Barttelot, le capitaine William Grant Stairs, A.J. Mounteney Jephson, ou encore Thomas Heazle Parke, médecin de l'expédition). Stanley rencontra Emin en avril 1888, et après une année de discussions, au cours notamment de laquelle Emin et Jephson furent emprisonnés à Dufile par des troupes mutinées d'août à , Emin accepta finalement de partir pour la côte. Ils arrivèrent à Bagamoyo en 1890. Au cours des festivités de retour, Emin fut blessé en tombant d'une fenêtre qu'il avait prise pour un accès à un balcon. Il dut rester deux mois à l'hôpital, et Stanley dut retourner en Europe sans pouvoir ramener Emin Pacha en triomphe. Stanley rédigea aussitôt un long récit : In darkest Africa (qui inspira plus tard Joseph Conrad pour son roman Au cœur des ténèbres, dont furent tirés ensuite des films tels qu'Apocalypse Now de Francis Ford Coppola).

 
La maison de Schnitzer à Bagamoyo (Bundesarchiv).

Assassinat modifier

Emin entra alors au service de la Compagnie de l'Afrique orientale allemande et fut accompagné par le Docteur Stuhlmann[1] et le Père Schynse en expédition vers les lacs intérieurs. Il fut assassiné à Kinena (État indépendant du Congo), par les soldats arabo-swahilis des marchands arabes d'esclaves de la région de Kibonge, probablement le (la dernière inscription dans son journal date du ). Égorgé, sa tête fut envoyée à Kibonge ; son corps, ainsi que ceux de ses compagnons, ne fut jamais retrouvé, au contraire de son journal qui fut récupéré à Kasongo en , auprès de deux esclaves des Arabes, par Francis Dhanis au cours des campagnes de l'État indépendant du Congo contre les Arabo-Swahilis[2].

Notes et références modifier

  1. Jules Rouch, Époque contemporaine, tome IV de Histoire Universelle des Explorations publiée sous la direction de L.-H. Parias, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1957, p. 186
  2. (en) Extrait des Mémoires de R. Dorsey Mohun (agent commercial des États-Unis près de l'État indépendant du Congo entre 1892 et 1895) [(en) lire en ligne]

Voir aussi modifier

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Dans la fiction modifier

  • Dans la bande dessinée Équatoria, Corto Maltese aide la fille d'Emin Pacha à retrouver sa dépouille en Afrique centrale pour la rapporter en Allemagne.

Article connexe modifier

Bibliographie modifier

Liens externes modifier