Elvire De Greef

résistante belge de la Seconde Guerre mondiale
Elvire De Greef
Description de cette image, également commentée ci-après
Elvire De Greef et son chien Gogo à qui elle devra son pseudo de Tante Go dans la résistance.
Nom de naissance Elvire Ghislaine Berlemont
Alias
Tante Go, Auntie Go
Naissance
Ixelles
Décès (à 94 ans)
Nationalité belge
Pays de résidence Belgique
Profession
Secrétaire au Journal l'Indépendance belge
Autres activités
Conjoint
Fernand De Greef (Oncle Dick)
-
Descendants
Frédéric De Greef (1923-1961), Janine De Greef (1925-2020)

Elvire De Greef, Elvire Ghislaine Berlemont de son nom de jeune fille, Tante go, auntie Go (en anglais) dans la résistance, née à Ixelles, le et décédée le à Bruxelles, est une résistante belge de la Seconde Guerre mondiale, responsable du secteur-Sud du Réseau Comète et principale coordinatrice de la traversée des Pyrénées d' à . Depuis sa maison d'Anglet, elle dirige les actions de la ligne Comète au Pays basque pour exfiltrer les personnes de la Belgique occupée à travers la France vers l'Espagne, en particulier les aviateurs alliés dont les avions ont été abattus par l'Allemagne nazie. Elle est considérée par certains historiens comme la personnalité la plus importante de la Ligne Comète, après sa fondatrice Andrée De Jonghe.

Éléments biographiques modifier

Jeunes années modifier

Elvire Ghislaine Berlemont est née à Ixelles le [1]. Elle travaille au journal L'Indépendance belge[2].

Le , elle épouse à Ixelles, Fernand De Greef (1902-1961) un homme d'affaires et linguiste. Le couple a deux enfants, Frederick (1923-1961) et Janine (1925-2020)[3]. Lorsque l'armée allemande occupe la Belgique en mai 1940, la famille De Greef se joint à l'exode et tente de rallier l'Angleterre en traversant les Pyrénées. Elle s'installe finalement dans une ferme abandonnée, la villa Voisin, à dix-huit kilomètres de la frontière espagnole, route de Bahinos à Anglet.

Fernand De Greef devient interprète à la mairie pour les contacts avec l'occupant. Il dirige ensuite le « Bureau de troupes d'occupation », une section de la mairie chargée de gérer les réquisitions et les revendications des Allemands au niveau local. Une place de choix pour être informé des actions menées par les allemands en vue de les communiquer ensuite à la résistance ainsi que pour voler et falsifier des documents, des cachets et des cartes d'identité[3],[4],[5].

La ligne Comète modifier

 
Plaque commémorative sur la Villa Voisin à Anglet (démolie en 2015 et reconstruite).

Elvire De Greef est contactée par Arnold Deppé qui cherche, avec Andrée De Jongh, à créer une route d'évasion de la Belgique vers l'Espagne, la Ligne Comète. Elvire De Greef devient la cheffe de la section sud de cette Ligne Comète. C'est à ce moment-là qu'elle devient « Tante Go » et son mari « Oncle Dick »[5]. Elle est aussi est impliquée dans le marché noir et la contrebande, activité qui la met en contact avec des membres de l'occupation et lui offre une couverture pour ses déplacements.

Elle est assistée des trois membres de sa famille, (son fils Freddy sert de guide et falsifie les documents d'identité, sa fille Janine est, à 16 ans, la plus jeune courrière et guide de la ligne Comète), d'une douzaine d'autres personnes vivant dans les villes et villages voisins ainsi que d'un certain nombre de sympathisants et de plusieurs guides basques payés pour conduire des évadés par les montagnes vers l'Espagne. Du côté espagnol, des personnes accueillent les évadés et aident à leur voyage vers Saint-Sébastien et le consulat britannique de Bilbao. Kattalin Aguirre est une des aides les plus importantes. Avec sa fille de 14 ans, Joséphine Aguirre (« Fifine »), elle fournit un refuge aux aviateurs après leur descente du train à Saint-Jean-de-Luz et les met en route vers la frontière espagnole. L'hôtel Euskalduna où elle travaille sert de lieu de rencontre pour les passeurs, contrebandiers connaissant bien la montagne pour la plupart, et les assistants de la ligne Comète[3],[5],[6].

Habituellement les aviateurs ou autres fugitifs voyagent en train depuis Bruxelles ou Paris avec une escorte, souvent Andrée de Jongh, jusqu'à Bayonne ou Saint-Jean-de-Luz. Ils y sont accueillis dans une maison sûre - durant la première année, c'est souvent la maison des de Greef, ensuite un réseau de refuges se met en place - où ils attendent des conditions favorables pour la marche vers l'Espagne au-delà des Pyrénées. Ils sont alors escortés à vélo jusqu'à la frontière, à Urrugne. Depuis Urrugne, un guide basque, souvent un contrebandier, les accompagne dans une randonnée nocturne de 25 km jusqu'à Oiartzun, près de Saint-Sébastien. De là, des diplomates britanniques les conduisent à Madrid, puis à Gibraltar d'où ils sont transférés par avion ou par bateau au Royaume-Uni[3],[7],[8].

Peu après l'arrestation d'Andrée De Jongh, le , Elvire De Greef est arrêtée à son tour. Grâce au silence d'Andrée et à sa propre présence d'esprit, elle parvient à faire croire que sa famille s'occupe de marché noir plutôt que de résistance. Certains Allemands tirent eux-mêmes profit de ce commerce, et, d'après certaines sources, elle aurait menacé de les dénoncer. Elle est libérée[9],[10],[11],[12],[13].

En raison du danger grandissant, Elvire et Fernand De Greef escortent leurs enfants en Espagne en juin 1944, d'où ils partent seuls en Grande-Bretagne. Ils retrouveront leurs parents à Bruxelles après la guerre. Elvire de Greef retourne en France[14].

Le , le guide basque Florentino Goikoetxea est blessé par balle, un mois après le débarquement de Normandie, tandis qu'il traversait la Bidassoa. , Elvire De Greef lui rend visite à l'hôpital, suivie un peu plus tard par des résistants déguisés en agents de la Gestapo qui font irruption dans la salle pour emmener « leur » prisonnier... et le mettre en lieu sûr[11].

Près de 1000 personnes (dont des centaines d'aviateurs Alliés) passent par le Réseau Comète avant de traverser les Pyrénées et de gagner l'Espagne (ou d'être passées à d'autres filières, avoir été arrêtés ou être restées en France ou en Belgique jusqu'à la Libération) entre et . Elvire de Greef s'occupe des finances et gère durant cette période dix-sept millions de Francs français de l'époque.

Les historiens John Nichol et Tony Rennel la considèrent comme la personnalité la plus importante de la Ligne Comète, après sa fondatrice Andrée De Jongh[15].

Elvire De Greef décède le , à Bruxelles[14].

Reconnaissances modifier

Notes et références modifier

  1. Valérie Trémaudant, « De Greef Elvire », sur BPSGM, (consulté le ).
  2. « Liste alphabétique des "helpers" », sur www.cometeline.org (consulté le ).
  3. a b c et d (en) Megan Koreman, « Janine de Greef obituary », sur The Guardian, (consulté le ).
  4. « Andrée De Jongh, une vie vouée aux autres vies », sur www.freebelgians.be (consulté le ).
  5. a b et c (es) Juan Carlos Jimenez de Aberasturi Corta, « Le red 'Comète' en el Pais Vasco », Revista internacional de los estudios vascos, vol. 56, no 2,‎ , p. 543-549 (lire en ligne [PDF]).
  6. « A la mémoire de Janine de Greef », sur Ville d'Anglet, site officiel (consulté le ).
  7. (en) George Watt, The Comet Connection: Escape from Hitler's Europe, University Press of Kentucky, , p. 99-100.
  8. « Bidarray, Larressore, Souraïde, trois autres routes à travers les Pyrénées vers L'Espagne », sur www.evasioncomete.be (consulté le ).
  9. Comète-Bidassoa.com.
  10. Corinna Von list, Résistantes, Alma éditeur, 2012, 208 p.
  11. a b et c Orders and Medals Society of America.
  12. , Home Run: Escape from Nazi Europe, Penguin UK, 2007, 560 p.
  13. (en-GB) « MI9: The Forgotten Secret Service of WWII », sur Aspects of History, (consulté le ).
  14. a et b « Janine de Greef, du réseau Comète est décédée » (consulté le ).
  15. (en) John Nichol et Tony Rennel, Home Run, Londres, Penguin, (ISBN 9780141024196), p. 105.
  16. « BERLAIMONT Elvire – GénéaFrance », sur geneafrance.com (consulté le )
  17. (en-US) memesita, « a square in the name of the De Greef family to maintain the ever-living memory of the Comète network », sur Memesita, (consulté le )

Liens externes modifier