Elizabeth Eisenstein

historienne américaine spécialisée dans la Révolution française et la France du début du XIXe siècle
Elizabeth Eisenstein
Biographie
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Voir et modifier les données sur Wikidata (à 92 ans)
WashingtonVoir et modifier les données sur Wikidata
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Historienne (-), historienne (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Père
Sam A. Lewisohn (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Margaret Seligman Lewisohn (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Directeur de thèse
Distinctions

Elizabeth Lewisohn Eisenstein, née le [1] et morte le , est une historienne américaine, connue pour ses travaux sur l'histoire des débuts de l'imprimerie, ses écrits sur la transition entre l'ère du manuscrit et celle de l'imprimé, ainsi que sur les effets culturels de grande ampleur engendrés par l'imprimerie dans la civilisation occidentale.

Biographie modifier

Petite-fille du banquier Joseph Seligman, elle est étudiante au Vassar College, puis au Radcliffe College, où elle obtient une maîtrise et un doctorat. Elle enseigne ensuite comme professeur adjoint[2] à l'université américaine de 1959 à 1974, puis à l'université du Michigan[3]. Elle est chercheuse au Centre de recherche sur les humanités de l'université nationale australienne et au Centre de recherches avancées en sciences du comportement de Palo Alto. Elle est professeur invité au Wolfson College d'Oxford et publie les conférences qu'elle y a données sous le titre Grub Street Abroad. En 1979, elle est consultante pour le Centre du livre de la bibliothèque du Congrès[4]. En 2004, elle est faite docteur honoris causa de l'université du Michigan[5].

La Révolution de l'imprimé à l'aube de l'Europe moderne modifier

Eisenstein décrit le régime de pénurie qui caractérise le monde du livre à l'époque du manuscrit.

Son ouvrage le plus connu, publié en deux volumes (750 pages), explore les effets de l'imprimerie sur l'élite cultivée de l'Europe occidentale après Gutenberg. Elle met l'accent sur les fonctions de l'imprimerie au plan de la diffusion, de la standardisation et de la mémoire des textes. Elle montre comment ces fonctions ont aidé au progrès de la réforme protestante, de la Renaissance et de la révolution scientifique. Son travail historique rigoureux et méthodique développe et clarifie des idées présentées auparavant, notamment par Marshall McLuhan, sur les effets d'ensemble de cette révolution dans les médias[2].

Cet ouvrage suscite le débat dans la communauté universitaire dès sa parution[6] et continue à alimenter des recherches aujourd'hui[7]. Ses recherches sur le passage du manuscrit à l'imprimé influencent la réflexion sur le passage en cours du texte imprimé au format numérique et au multimédia, ainsi que sur la définition du texte[8].

Ce livre lui permet de concevoir « la révolution inaperçue » (the unacknowledged revolution), nom qu'elle donne à ce qui s'est passé après l'invention de l'imprimerie. En effet, l'imprimé donne au public un accès à des livres et à des connaissances qui ne lui sont pas disponibles auparavant, ce qui entraîne la croissance du savoir public et de la pensée individuelle. La possibilité de penser à partir de ses propres pensées devient une réalité avec l'expansion de l'imprimerie. L'imprimé standardise également et préserve la connaissance, alors que celle-ci est beaucoup plus instable à l'époque du manuscrit[9]. Pour Eisenstein, cette période est importante dans le développement de l'humanité, mais elle est souvent ignorée, ce qui lui fait choisir son titre.

Notes et références modifier

  1. (en) Frances C. Locher, Contemporary Authors, Gale, (ISBN 0-8103-0048-6), p. 152.
  2. a et b (en) James Gleick, The Information : A History, a Theory, a Flood, New York, Pantheon, , 526 p. (ISBN 978-0-375-42372-7).
  3. (en) Cherry Williams, Analytical Intellectual Biography of Elizabeth L. Eisenstein, UCLA, 2004, 27, Student Digital Library, IS 281.
  4. (en) The Library of Congress, Book and Library History Update (November 2001) - Library of Congress Information Bulletin.
  5. (en) Elizabeth L. Eisenstein, An Unacknowledged Revolution Revisited, American Historical Review, 107, no 1, février 2002, 105.
  6. Peter F. McNally, ed., The Advent of Printing: Historians of Science Respond to Elizabeth Eisenstein's "The Printing Press as an Agent of Change" (Montreal: McGill University Graduate School of Library and Information Studies, 1987).
  7. Sabrina Alcorn Baron, Eric N. Lindquist, and Eleanor F. Shevlin, eds. Agent of Change: Print Culture Studies After Elizabeth L. Eisenstein (Amherst: University of Massachusetts Press, 2007).
  8. James A. Dewar, The Information Age and the Printing Press: Looking Backward to See Ahead, RAND Paper 8014 (Santa Monica, CA: RAND, 1998), http://www.rand.org/pubs/papers/P8014.
  9. (en) Briggs et Burke, A Social History of the Media, 2002.

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Divine Art, Infernal Machine : the reception of printing in the West from first impressions to the sense of ending, Philadelphia PA, University of Pennsylvania Press, , 384 p. (ISBN 978-0-8122-4280-5) Issu des conférences Rosenbach en mars 2010
  • La Révolution de l'imprimé : à l'aube de l'Europe moderne [« The printing revolution in early modern Europe »] (trad. de l'anglais par Maud Sissung), Paris, La Découverte, , 445 p. (ISBN 2-262-00242-8)
  • (en) Grub street abroad : aspects of the French cosmopolitan press from the age of Louis XIV to the French Revolution, Oxford, Clarendon Press, , 172 p. (ISBN 0-19-812259-4) Series : Lyell lectures 1990-1991
  • (en) Print culture and enlightenment thought, Chapel Hill, Hanes Foundation, Rare Book Collection/University Library, University of North Carolina at Chapel Hill, Series : The Sixth Hanes lecture
  • (en) The printing revolution in early modern Europe, Cambridge UK, Cambridge University Press, , abridged edition of The printing press as an agent of change éd., 297 p. (ISBN 0-521-25858-8)
  • (en) The printing press as an agent of change : communications and cultural transformations in early modern Europe, Cambridge UK, Cambridge University Press, , 2 vols. éd., 794 p. (ISBN 0-521-22044-0)
  • Some Conjectures about the Impact of Printing on Western Society and Thought: A Preliminary Report, The Journal of Modern History vol. 40, no 1, mars 1968
  • (en) The First Professional Revolutionist : Filippo Michele Buonarroti, Cambridge, MA, Harvard University Press, , 236 p. (ISBN 978-0-674-30400-0)
  • Briggs, Asa and Burke, Peter (2005) A Social History of the Media: from Gutenberg to the Internet (second Edition) Polity, Cambridge.
  • Sabrina A. Baron, Eric N. Lindquist et Eleanor F. Shevlin (coord.), Agent of Change: Print Culture Studies after Elizabeth L. Eisenstein, 2007.

Liens externes modifier