Élie Lazard

banquier, cofondateur de la banque Lazard Frères
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Élie Lazard
Élie Lazard (1833-1897),
photographié à San Francisco vers 1850.
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activité
Famille
Mère
Esther Aron (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Alexandre Lazard (d)
Lise Lazard (d)
Simon Lazard
Julie Cahn (d) (sœur utérine)
David Cahn (d) (frère utérin)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle

Élie Lazard (, Frauenberg - , Paris 8e), est un banquier franco-américain, quatrième frère de la famille Lazard à avoir intégré la direction de la société Lazard Frères & Co.[1]

Biographie modifier

Origines familiales modifier

Élie II est le sixième enfant et quatrième fils d'Élie Lazard (1796-1831), négociant-maquignon, et d'Esther Aron (1798-1875). Cette dernière est issue d’une vieille famille phalsbourgeoise de colporteurs enrichis dans la fourniture aux armées[2], laquelle avait apporté une dot conséquente[3], avant de se remarier, une fois veuve d’Élie, à Kan Moïse Cahn (1794-1872)[4].

Carrière aux États-Unis modifier

En 1840, avec ses frères, Élie II quitte la Lorraine pour la Nouvelle-Orléans et, le , son frère aîné Alexandre y fonde l’affaire familiale, laquelle, à la suite de l’incendie ayant ravagé leurs magasins, ainsi qu’une partie de la ville, se transporte ensuite à San Francisco. C’est l’époque de la Ruée vers l’or, mais les frères Lazard, au lieu d’endosser tous les risques de la recherche comme tant d’autres, choisissent de les approvisionner en matériel minier ou en matériaux de construction, important quotidiennement les indispensables cotonnades, sachant ainsi profiter de ce débordement d’humains & de constructions envahissant soudain la Californie. D’après Mark Twain, cette manufacture « fabrique avec la laine californienne toutes sortes d’articles qu’elle défie l’Amérique entière d’égaler »[4],[5].

Le , voit le jour une nouvelle société commerciale, de « commission-exportation » intitulée Lazard Frères dont le siège est, cette fois, fixé à Paris, avec correspondance à San-Francisco, propriété d’Alexandre Lazard (de Paris), Simon Lazard (de San-Francisco), et Élie Lazard (de San-Francisco), lequel fait le trajet pour la circonstance[6].

Au , la signature appartient désormais à cinq associés : les trois frères ci-dessus, auxquels s’adjoignent leur beau-frère Alexandre Weill (1834-1906) (aïeul des David-Weill), enfin leur demi-frère David Cahn (-1916) (aïeul des Raphaël et des Lang)[4].

Retour en France (1866) modifier

En 1866, Élie rejoint ses frères à Paris, au 13, rue Richer, près des Folies-Bergères. « Administrateur de plusieurs sociétés, président de la Société française de bienfaisance mutuelle et défenseur de nombreuses causes, il a noué en quinze ans de multiples attaches. M. Lazard a fait le plus grand bien à ceux qui sont dans la peine, quelle que soit leur nationalité ou leur croyance, commente l’Alta California. Nous pouvons seulement espérer que l’Europe ne parviendra pas à le retenir, car la Californie ne peut se permettre de perdre un homme tel que lui »[7],[8],[9],[10],[11].

Son mariage est célébré le  : « Une réception fastueuse suit la cérémonie religieuse, où l’on croise de nombreux membres du corps législatif, ainsi qu’un large contingent de Californiens. Les jeunes mariés prennent le train le soir même et se rendent à Marseille, d’où ils gagnent l’Italie. Ils visitent Gênes, Pompéi, Rome, Venise et Trieste, séjournent à Vienne et à Prague, puis reviennent vers la France par la route de l’Allemagne, s’arrêtant encore à Dresde et à Leipzig[12]. »[11]

L’épisode londonien (1870) modifier

Pendant la Guerre de 1870, Elie s’enrôle dans la Garde nationale et, après la défaite de Sedan, s’en va, accompagné de sa femme, à peine remise d’une fausse couche, et de leurs deux fils, rejoindre son frère Alexandre à Londres, lequel vient d’y ouvrir un bureau en bordure de Hyde Park[4],[5].

Retour définitif  à Paris (1884) modifier

Le est la date de constitution de la banque en tant que telle, dont la raison sociale devient Lazard Frères et Cie. Et c’est en 1884 qu’Alexandre Weill, Elie et Simon Lazard s’installent désormais à Paris, transportant le siège de la banque boulevard Poissonnière[4].

« Sa santé se détériore à l’automne 1896, et malgré les soins que lui prodiguent son épouse et ses enfants, il meurt le . Ses obsèques ont lieu au cimetière Montparnasse. Les couronnes avaient été envoyées en si grand nombre qu’on a dû les charger devant le corbillard sur un char spécial, rapporte un journaliste. Après M. le grand rabbin Zadoc Kahn, M. Charles Ferry, frère du regretté Jules Ferry et ami de la famille, a prononcé sur la tombe un discours émouvant. Alexandre Weill rend lui aussi hommage à son cousin : Il avait acquis l’estime et l’amitié de tous ceux qu’il côtoyait, en affaires comme en privé. C’était un ami à toute épreuve. »[13]

Famille modifier

Appartenant à cette célèbre famille franco-américaine de banquiers originaire de Bohème et établie en Alsace au XVIIIe siècle, il épouse à Paris IXe le « la très riche et désirable » (Sabouret, p. 46) Marie Goudchaux, née à Paris XVIe le , morte à Paris XVIe le , fille de Michel Goudchaux, ministre des finances du gouvernement de Louis Blanc en 1848, d’où quatre enfants :

  1. Thérèse Elisa Lazard, d’où une fille unique : Geneviève Thibault, la musicologue bien connue.
  2. Raymond Jacques Sylvain Lazard, né le , mort à Marrakech (Maroc) le , auteur d’une biographie de son grand-père le ministre Goudchaux[14], dont postérité éteinte.
  3. Robert Lazard, né à Paris VIIIe le , mort en déportation en 1944, dont postérité éteinte.
  4. Michel Élie Lazard, né à Paris le , mort à Paris XVIIe le , célibataire et sans postérité[5],[14].

Sources modifier

  • Henry COSTON, Dictionnaire des dynasties bourgeoises et du monde des affaires, Éditions Alain Moreau, 1975.
  • Didier LAZARD, Simon Lazard (1828-1898), Félin, 1988.
  • Raymond LAZARD, Michel Goudchaux (1797-1862) son œuvre et sa vie politique, Paris, Félix Alcan, 1907.
  • Daniel LEVY, Les Français en Californie. Hachette, 1884.
  • Guy-Alban de ROUGEMONT, Lazard Frères. Banquiers des Deux Mondes (1840-1939), Fayard, 2010.
  • Anne SABOURET, MM Lazard Frères et Cie. Une saga de la fortune, Olivier Orban, 1987.

Notes et références modifier

  1. Anne Sabouret, MM. Lazard Frères et Cie - Une saga de la fortune, coll. « Le Livre de poche », , p. 20
  2. Anne Sabouret, MM Lazard Frères et Cie. Une saga de la fortune., Olivier Orban, , page 15
  3. Anne Sabouret, MM Lazard Frères et Cie. Une saga de la fortune., Olivier Orban, , page 16
  4. a b c d et e Frédéric Valloire, « La saga des Lazard », Valeurs actuelles,‎ (valeursactuelles.com/histoire/la-saga-des-lazard-28457)
  5. a b et c Laurent Chemineau, L'incroyable histoire de Lazard Frères : La banque qui règne sur le monde des affaires, Paris, Éditions Assouline, , 141 p. (ISBN 978-2843230714)
  6. Didier Lazard, Simon Lazard (1828-1898), Félin, , page 82.
  7. (en) « Elie Lazard », San Francisco Evening Bulletin,‎
  8. (en) « Elie Lazard », San Francisco Directory,‎ , pages xviii et 685
  9. (en) « Elie Lazard », Alta California,‎ 9 et 10 janvier 1866
  10. Daniel Levy, Les Français en Californie, Hachette, , page 91
  11. a et b Guy-Alban de Rougemont, Lazard Frères. Banquiers des Deux Mondes (1840-1939), Fayard, , p. 113.
  12. (en) « Elie Lazard: Wedding ! », Alta California,‎ .
  13. Guy-Alban de Rougemont, Lazard Frères. Banquiers des Deux Mondes (1840-1939), Fayard, , page 268
  14. a et b Raymond Lazard, Michel Goudchaux (1797-1862) son œuvre et sa vie politique, Paris, Félix Alcan, .