Edith Abbott

économiste, travailleuse sociale, universitaire et auteure américaine

Edith Abbott, née le à Grand Island (Nebraska) et morte le dans la même ville, est une économiste, statisticienne, réformatrice sociale, professeure d'université et essayiste américaine.

Biographie modifier

Jeunesse et formation modifier

Edith Abbott est le seconde des quatre enfants et l'aînée des deux filles d'Othman A. Abbott (en), un Anglo-Américain, juriste et ancien lieutenant gouverneur du Nebraska, et d'Elizabeth Maletta Griffin Abbott, une des premières suffragettes américaines, elle est la sœur aînée de Grace Abbott. Les deux sœurs ont été influencées par leur mère militante pacifiste, abolitionniste et membre de la Société religieuse des Amis communément connue sous le nom de Quakers et qui leur enseigne l'importance des réformes sociales notamment pour le droit de vote des femmes et les droits civiques des femmes[1],[2],[3],[4].

 
Thorstein Veblen.

En 1893, Edith achève ses études secondaires à la Brownell-Talbot School (en), une école de filles à Omaha (Nebraska). Du fait d'une crise économique, sa famille ne dispose pas des ressources nécessaires pour lui payer des études universitaires, elle commence à enseigner dans un établissement d'enseignement secondaire de Grand Island (Nebraska)[2],[3].

Désireuse de pouvoir poursuivre des études supérieures, Edith suit des cours par correspondance et assiste à des cours d'été jusqu'à ce qu'elle puisse s'inscrire et être acceptée à l'université du Nebraska à Lincoln où elle obtient le Bachelor of Arts (licence) en 1901. Après deux années supplémentaires en tant que professeure, elle continue sa formation en économie à l'université de Chicago[1],[2],[3].

Elle se fait remarquer par le corps professoral, notamment par Thorstein Veblen tant et si bien qu'il lui font obtenir une bourse d'études pour qu'elle puisse poursuivre ses études doctorales. Elle obtient son doctorat en 1905 avec la mention honorable et les félicitations du Jury[1],[2],[3].

 
Beatrice Webb.

En 1906, elle bénéficie d'une bourse Carnegie qui lui permet de poursuivre ses études en Angleterre, à l'University College de Londres et à la London School of Economics. C'est là-bas qu'elle est influencée par les idées des socialistes réformistes comme Sidney Webb et Beatrice Potter Webb, membres de la Fabian Society, qui défendent des approches novatrices pour la lutte contre la pauvreté. L'année d'après, Edith retourne aux Etats-Unis pour enseigner au Wellesley College, dans le Massachusetts, pendant un an. Elle décide par la suite de déménager à Chicago et de rejoindre sa sœur, Grace Abbott, à la Hull House, un centre d’œuvres sociales cofondé en 1889 à Chicago (Illinois) par Jane Addams. Les deux sœurs y militent pour le suffrage féminin, le logement des plus démunis et une législation progressiste en faveur de la protection des immigrés, des travailleuses et des enfants[1],[2],[5],[3],[6].

Carrière modifier

 
Sophonisba Breckinridge.

Avec Mary Richmond Edith Abbott a été une pionnière du travail social[7]. Elle a milité activement en faveur des réformes sociales, considérant l'humanitarisme comme un pilier l'éducation[8]. Elle a été l'assistante de Sophonisba Breckinridge puis directrice du département de recherche sociale de la Chicago School of Civics and Philanthropy. En 1920, les deux femmes ont géré le transfert de l'école à l'université de Chicago qui est devenue la première université offrant un diplôme en travail social. Bien qu'elle ait rencontré des oppositions dans son travail relatif aux réformes sociales au sein de l'établissement, Edith a finalement été élue doyenne en 1924[9] (rôle qu'elle a tenu jusqu'en 1942) ce qui en a fait la première femme doyenne aux États-Unis. Elle a continué à enseigner jusqu'à sa retraite en 1953 et a été l'éditrice du Social Service Review, un journal qu'elle a cofondé avec Breckinridge en 1927.

Edith Abbott a été une auteure prolifique qui a écrit plus de 100 publications sur un large éventail de sujets lui valant le surnom de "statisticienne passionnée". Elle considérait ses travaux comme une combinaison entre études classiques et travail humanitaire. Parmi ces derniers, Edith a contribué à l'étude de la délinquance juvénile. Par ailleurs, elle a produit des études sur les femmes dans l'industrie et les problèmes dans les systèmes pénaux. En tant qu'économiste, elle a poursuivi la mise en œuvre du travail sociologique dans les études supérieures en économie.

Vie personnelle modifier

Edith a passé les dernières années de sa vie avec son frère Arthur dans leur maison familiale à Grand Island.

Edith Abbott est inhumée au cimetière de Grand Island aux côtés de ses parents et de sa fratrie[10].

Œuvres (sélection) modifier

Essais modifier

  • (en-US) Women in Industry: A Study in American Economic History, Andesite Press, 1910, rééd. 20 août 2017, 440 p. (ISBN 978-1375711814, lire en ligne),
  • (en-US) Co-écrit avec Sophonisba Preston Breckinridge, The Delinquent Child and the Home, Survey Associates, inc, juin 1912, rééd. 1916, 21 mai 2016, 376 p. (ISBN 978-1358343025, lire en ligne),
  • (en-US) The One Hundred and One County Jails of Illinois and Why They Ought to be Abolished, Wentworth Press, 1916, rééd. 10 mars 2019, 36 p. (ISBN 978-0526547098, lire en ligne),
  • (en-US) Truancy and Non-Attendance in the Chicago Schools, Wentworth Press, 1917, rééd. 1 mars 2019, 504 p. (ISBN 978-0526440108, lire en ligne),
  • (en-US) Democracy and social progress in England, University of Chicago Press, octobre 1918, rééd. 28 octobre 2018, 18 p. (ISBN 978-1334457951, lire en ligne),
  • (en-US) The Administration of the Aid-To-Mothers Law in Illinois, Governement Printed Office, 1921, rééd. 1 mai 2018, 186 p. (ISBN 978-0243332205, lire en ligne)
  • (en-US) The Family and social service in the 1920's; two documents, Arno Press, 1921, rééd. 1928, 1972, 408 p. (ISBN 978-0405038853, lire en ligne),
  • (en-US) The Tenements Of Chicago, 1908 1935, University of Chicago, 1936, rééd. 1970, 505 p. (ISBN 978-0405024313),

Articles modifier

  • (en-US) « Crime and the War », Journal of the American Institute of Criminal Law and Criminology, Vol. 9, No. 1,‎ , p. 32-45 (14 pages) (lire en ligne),
  • (en-US) « Is There a Legal Right to Relief », Social Service Review, Vol. 12, No. 2,‎ , p. 260-275 (16 pages) (lire en ligne),
  • (en-US) « The Hull House of Jane Addams », Social Service Review, Vol. 26, No. 3,‎ , p. 334-338 (5 pages) (lire en ligne),

Notes et références modifier

  1. a b c et d (en-US) Barbara Sicherman, Harriette Walker & Carol Hurd Green (dir.), Notable American Women : A Biographical Dictionary, vol. 4 : The Modern Period, Cambridge, Massachusetts, Belknap Press of Harvard University Press (réimpr. 1986) (1re éd. 1980), 773 p. (ISBN 9780674627338, lire en ligne), p. 1-3
  2. a b c d et e (en-US) John A. Garraty & Mark C. Carnes (dir.), American National Biography, vol. 1 : Aarons - Baird, New York, Oxford University Press, USA, , 912 p. (ISBN 9780195127805, lire en ligne), p. 19-21
  3. a b c d et e (en-US) « Edith Abbott | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com (consulté le )
  4. (en-US) Lela B. Costin, Two Sisters for Social Justice : A Biography of Grace and Edith Abbott, Urbana, Illinois, University of Illinois Press (réimpr. 2003) (1re éd. 1983), 348 p. (ISBN 9780252071553), p. 3-4
  5. (en) « Edith Abbott | American social worker », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  6. (en-US) « Encyclopedia of the Great Plains | ABBOTT, EDITH (1876-1957) », sur plainshumanities.unl.edu (consulté le )
  7. (en-US) Mary E. Hurlbutt, « The Rise of Social Work », The Annals of the American Academy of Political and Social Science, Vol. 176,‎ , p. 1-13 (13 pages) (lire en ligne  )
  8. (en-US) « Abbott, Edith - Social Welfare History Project », Social Welfare History Project,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. (en) « Edith Abbott | University of Chicago - SSA », sur www.ssa.uchicago.edu (consulté le )
  10. « Edith Abbott (1876-1957) - Mémorial Find a Grave », sur fr.findagrave.com (consulté le )

Pour approfondir modifier

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Notices dans des encyclopédies et manuels de références modifier

  • (en-US) Barbara Sicherman, Harriette Walker & Carol Hurd Green (dir.), Notable American Women : A Biographical Dictionary, vol. 4 : The Modern Period, Cambridge, Massachusetts, Belknap Press of Harvard University Press (réimpr. 1986) (1re éd. 1980), 773 p. (ISBN 9780674627338, lire en ligne), p. 1-3.  ,
  • (en-US) John A. Garraty & Mark C. Carnes (dir.), American National Biography, vol. 1 : Aarons - Baird, New York, Oxford University Press, USA, , 912 p. (ISBN 9780195127805, lire en ligne), p. 19-21.  ,
  • (en-US) The Oxford Companion to Women's Writing in the United States, Oxford University Press, USA, , 1064 p. (ISBN 978-0195066081, lire en ligne), p. 3,
  • (en-US) Women in World History : a Biographical Encyclopedia, volume 1, Yorkin Publications, , 850 p. (ISBN 9780787637361, lire en ligne), p. 17-18,

Essais modifier

  • (en-US) Lela B. Costin, Two Sisters for Social Justice : A Biography of Grace and Edith Abbott, Urbana, Illinois, University of Illinois Press (réimpr. 2003) (1re éd. 1983), 348 p. (ISBN 9780252071553, lire en ligne).  ,

Articles modifier

  • (en-US) « In Memoriam: Edith Abbott, 1876-1957 », Social Service Review, Vol. 31, No. 3,‎ , p. 335 (1 page) (lire en ligne),
  • (en-US) Rachel Marks, « The Published Writings of Edith Abbott: A Bibliography », Social Service Review, Vol. 32, No. 1,‎ , p. 51-56 (6 pages) (lire en ligne),
  • (en-US) Elizabeth Wisner, « Edith Abbott's Contributions to Social Work Education », Social Service Review, Vol. 32, No. 1,‎ , p. 1-10 (11 pages) (lire en ligne),
  • (en-US) Eleanor K. Taylor, « The Edith Abbott I Knew », Journal of the Illinois State Historical Society (1908-1984), Vol. 70, No. 3,‎ , p. 178-184 (7 pages) (lire en ligne),
  • (en-US) Lela B. Costin, « Edith Abbott and the Chicago Influence on Social Work Education », Social Service Review, Vol. 57, No. 1,‎ , p. 94-111 (18 pages) (lire en ligne),
  • (en-US) Sandra M. Stehno, « Public Responsibility for Dependent Black Children: The Advocacy of Edith Abbott and Sophonisba Breckinridge », Social Service Review, Vol. 62, No. 3,‎ , p. 485-503 (19 pages) (lire en ligne)

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