Duch, le maître des forges de l'enfer

film sorti en 2011
Duch, le maître des forges de l'enfer

Réalisation Rithy Panh
Pays de production Drapeau de la France France
Drapeau du Cambodge Cambodge
Genre Documentaire
Durée 103 minutes
Sortie 2011

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Duch, le maître des forges de l'enfer est un documentaire franco-cambodgien réalisé par Rithy Panh et sorti en 2011. Il a été récompensé par le FIFDH de Genève et a reçu une majorité de critiques positives.

Synopsis modifier

 
Portraits de détenues dans l'ancien centre de détention S21 devenu le musée de Tuol Sleng

Kang Kek Ieu dit « Duch » fut le responsable du centre S21 à Phnom Penh de 1975 à 1979 où périrent des milliers de victimes du régime khmer rouge. Condamné à 35 années d'emprisonnement par les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens[1], il est interrogé par Rithy Panh sur sa responsabilité en attente de l'appel de son procès.

En complément de cette rencontre, le documentaire inclut des d'archives et d'autres témoignages d'ex-tortionnaires[2].

Fiche technique modifier

  • Titre : Duch, le maître des forges de l'enfer
  • Réalisation : Rithy Panh
  • Scénario : Rithy Panh
  • Musique : Marc Marder
  • Photographie : Prôm Mesar et Rithy Panh
  • Son : Myriam René et Sear Vissal
  • Montage : Mathias Bouffier, Rithy Panh et Marie-Christine Rougerie
  • Sociétés de production :
  • Société de distribution : Les Acacias cinéaudience
  • Pays d'origine :   France -   Cambodge
  • Genre : documentaire
  • Durée : 103 minutes
  • Date de sortie :

Distinctions modifier

Accueil critique modifier

Médias français modifier

Globalement, la presse française accueille positivement le documentaire[7].

Jacques Mandelbaum, pour Le Monde, évoque un « film d'une rare puissance » dans lequel Rithy Pan, s'abstenant de porter un jugement ou de désigner Duch comme un « monstre » se concentre sur « la reconnaissance de son humanité »[8]. De son côté, Libération qualifie le documentaire d' « unique » et écrit que le réalisateur « parvient à saisir la complexité » de Duch[9]. Pour Les Inrockuptibles, il s'agit d'une « nouvelle pierre à un édifice filmique d’une ampleur comparable au Shoah de Claude Lanzmann » qui rappelle que « malgré les souffrances inouïes (...) les victimes de génocides ne crient jamais vengeance, ne recherchant que la justice et la vérité »[10]. Enfin La Croix parle d'un « document pour l'Histoire. Austère, dépouillé, glaçant, terrifiant »[11].

Médias étrangers modifier

Variety dépeint une « photo magistralement dérangeante qui peut également être considérée comme un « "brouillard de guerre" cambodgien [...] où Duch est contraint de livrer une sorte d'autobiographie éthique et philosophique au "jury" du public »[12].

Analyse modifier

Cécile Campergue, anthropologue, considère que le film provoque un « malaise » à deux égards : premièrement, il tient à la façon dont Duch raconte ses crimes - en l'occurrence avec « distance et froideur » ; deuxièmement, « les deux faces » de l'accusé sont pointées, comme lors de son procès, à savoir « criminel de guerre et homme cultivé »[13].

Autour du film modifier

 
Audience devant les CETC en 2009 - François Roux et son client, Duch

François Roux - avocat français de Duch - et Rithy Panh ont débattu après la projection du film à Genève. Ils ont ainsi montré des divergences de point de vue, par exemple sur la peine prononcée, la façon dont l'Accusation a mené la procédure, l'importance qu'il fallait accorder aux remords de l'accusé ou encore la question de l'obéissance. Les deux hommes sont uniquement tombés d'accord sur la symbolique derrière la condamnation de Duch alors même que celui-ci « n’est pas lui seul qui a conçu le crime »[14].

Ce film est à mettre en parallèle avec d'autres documentaires de Rithy Panh qui s'inscrivent tous dans une dimension historique et personnelle : celle du régime des Khmers rouges. En ce sens, S21, la machine de mort khmère rouge revient sur la politique systématique d'élimination mise en œuvre par les autorités en s'ancrant dans le principal centre de détention de Phnom Penh ; Duch, le maître des forges de l'enfer centre son propos sur le bourreau ; L'Image manquante porte sur la thématique de la mémoire et de l'oubli à travers le prisme du cinéma ; Les Tombeaux sans noms déroule le parcours spirituel du réalisateur afin de faire le deuil de ses proches[15].

Notes et références modifier

  1. Kang Kek Ieu a été reconnu coupable de crimes contre l'humanité et de violations graves des Conventions de Genève de 1949. En 2012, lors de l'appel, la peine a été aggravée : réclusion à perpétuité. V. en ce sens : https://www.eccc.gov.kh/fr/case/topic/90 (consulté le 26 mai 2020).
  2. Le Point magazine, « "Duch", nouveau chapitre du travail de Rithy Panh sur les khmers rouges », sur Le Point, (consulté le )
  3. Page du Festival de Cannes relative au film : https://www.festival-cannes.com/fr/films/duch-le-maitre-des-forges-de-l-enfer (consulté le 26 mai 2020).
  4. « Le documentaire du Cambodgien Rithy Panh récompensé », 24 heures,‎ (ISSN 1424-4039, lire en ligne, consulté le )
  5. « Cérémonie des César 2013 », sur Académie des César (consulté le )
  6. « Duch, le maître des forges de l'enfer », sur www.film-documentaire.fr (consulté le )
  7. Note de 4,5/5 pour 16 critiques presse sur le site Allociné.
  8. « "Duch, le maître des forges de l'enfer" : la parole d'un héraut du mal », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. « Les carnets de Phnom Penh - L'éliminateur Douch dans le viseur de Rithy Panh - Libération.fr », sur cambodge.blogs.liberation.fr (consulté le )
  10. « Duch, le maître des forges de l'enfer », sur Les Inrockuptibles, (consulté le )
  11. Jean-Claude Raspiengeas, « Duch, les aveux du bourreau filmés par Rithy Panh », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Rob Nelson et Rob Nelson, « Duch, Master of the Forges of Hell », sur Variety, (consulté le )
  13. Cécile Campergue, « Rithy Panh, Duch, le maître des forges de l’enfer », Lectures,‎ (ISSN 2116-5289, lire en ligne, consulté le )
  14. « Procès Khmer rouge : les désaccords de l'avocat et du cinéaste », sur L'Obs (consulté le )
  15. « Rithy Panh: "Je devais faire mon deuil et pacifier mon âme" », sur rts.ch, (consulté le )

Annexes modifier

Bibliographie modifier

Liens externes modifier