Draupadi

personnage du Mahābhārata
Draupadi
Draupadi (peinture de Raja Ravi Varma).
Biographie
Père
Drupada (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Dhrishtadyumna (en)
Shikhandi (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Enfants
Prativindhya (d)
Sutasoma (d)
Shrutakarma (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Prononciation

Dans l'épopée du Mahābhārata, Draupadi (devanāgarī : द्रौपदी) est la fille du roi Drupada du Panchala, et devient la femme commune des cinq Pāndava, héros du Mahābhārata, face aux Kaurava[1]. Elle est l'une des figures féminines essentielles du Mahābhārata.

Draupadi dans le Mahābhārata modifier

Naissance modifier

Draupadi apparaît au livre I du Mahābhārata. Elle est la fille de Draupada. Ce dernier, voulant se venger de Drona, organise une cérémonie durant laquelle il invoque les dieux pour qu'ils lui donnent un fils qui le vengera de Drona. Au cours de la cérémonie, alors que Yaja, le brahmane arrose de ghî le feu sacrificiel, apparaît le fils demandé Drishtadyumna. Ce fils est accompagné d'une jeune fille à la peau brune, aux yeux noirs grands comme des lotus et aux cheveux longs avec des reflets bleutés. Elle est d'une grande beauté. Elle est appelée Draupadi, fille de Draupada, elle porte également le nom de Panchali, Pandiali ou Panchami (celle qui a cinq maris), ou de Krishna, « celle dont la peau est foncé », à ne pas confondre avec le dieu Krishna. Elle a également le nom de Yajnaseni, « celle qui est née d'un sacrifice », et Nityayauvani, « toujours jeune ».

Mariage modifier

 
Draupadi (extrême droite) avec ses cinq maris – les Pandavas. Temple des Dashâvatâra de Vishnou, Deogarh

Pour marier sa fille, le roi Draupada organise un svayamvara, cérémonie au cours de laquelle sont conviés les rois et personnes de hautes castes et parmi lesquelles la jeune fille choisit son futur époux. Au cours de cette cérémonie, le roi Draupada ajoute une épreuve d'adresse. Seul celui qui pourra bander l'arc confié par les dieux et atteindre sa cible avec cinq flèches pourra épouser Draupadi. Aucun des rois présents ne réussit l'exploit. Lorsque Karna (ligué aux Kaurava) se présente, Draupadi refuse qu'il se prête à l'épreuve. Elle ne veut pas d'un futur époux de basse caste ; Karna est le fils d'un conducteur de char. Apparaît alors Arjuna, l'un des Pandava, déguisé en brahmane. Il réussit l'exploit et part en emportant Draupadi. Lorsqu'il arrive avec ses quatre frères devant la maison de leur mère, tous s'écrient « Mère, nous t'apportons un cadeau ». Leur mère, Kunti, répond alors de l'intérieur de la maison « Partagez-le entre vous ». Draupadi doit alors être la femme des cinq Pandavas. Afin de lui éviter toute honte d'avoir à épouser cinq hommes, c'est le sage Vyasa qui autorise ces mariages et le prêtre Dhaumya qui dirige la cérémonie.[réf. nécessaire]

Selon la théorie métaphysique proposée, Draupadi est née dans une famille royale où la polyandrie est possible, car dans son ancienne vie, elle avait fait acte de dévotion envers le Dieu Shiva, lui demandant un époux avec cinq grandes qualités ; satisfait de sa dévotion, Shiva lui accorda cette faveur, mais comme aucun homme n'incarnerait en lui seul ces cinq grandes qualités demandées, elle aura donc cinq époux différents incarnant chacune de ses qualités précieuses et rares. Draupadi devient reine d'un magnifique palais construit par Maya, esprit de la forêt. Ce palais est une merveille dont les dieux eux-mêmes sont jaloux, encore plus les Kauravas. Elle a cinq enfants, un de chaque époux.

Le jeu modifier

Au livre II du Mahābhārata, les Kaurava organisent un jeu de dés pour se venger enfin des Pandava. Au cours de ce jeu, ils trichent contre Yudhishthira, l'ainé des Pandava. Celui-ci parie successivement, ses trésors, ses armées, ses royaumes, son palais, ses frères et lui-même. Ayant tout perdu, Shakuni lui propose de parier Draupadi. Draupadi doit alors devenir l'esclave des Kaurava. On l'emmène de force devant l'assemblée des rois, tirée par les cheveux. On veut la déshabiller de force mais elle prie et se cache le visage. Alors qu'on tire sur un pan de son vêtement, elle prie et le dieu Dharma la revêt de plusieurs couches de vêtements qui apparaissent les uns après les autres. On ne peut la dévêtir. Ses époux jurent alors de venger l'honneur de Draupadi lors d'une future guerre. Pour revenir sur l'injustice, le roi Dhritarashtra leur impose seulement un exil de douze années et une année incognito.

L'exil et la guerre modifier

 
Temple de Draupadi (à gauche) à Mahâballipuram

Draupadi suit ses époux en exil dans les forêts. Elle a tout perdu et enjoint à ses époux de se venger. La grande guerre qui suit l'exil est sans merci, les Kaurava sont battus et les Pandava vont prendre le règne de Hastinâpura. Durant cette guerre où de nombreux hommes sont morts, Draupadi perd ses cinq fils, Prativindhya, Shrutasoma, Shrutakirti, Shatanika et Shrutakarman, ainsi que son père et son frère. Lorsque Yudhisthira devient roi de Hastināpur, à la fin de la guerre, Draupadi devient reine.

Après plusieurs années de règne, les Pandavas décident de se retirer sur le mont Meru. Draupadi les accompagne. À la fin du Mahābhārata on apprend que Draupadi était une incarnation de la déesse Shri (la Prospérité). Elle reste l'image d'une femme d'une grande beauté et d'une grande piété.

Postérité, adaptations et réécritures modifier

En 2008, l'écrivaine indienne Chitra Banerjee Divakaruni publie Le Palais des illusions, qui relate l'histoire du Mahābhārata du point de vue de Draupadi et met en avant les aspects patriarcaux de la société dépeinte par l'épopée.

Voir aussi modifier

Notes modifier


Références modifier

  1. Encyclopedia of Hinduism par C.A. Jones et J.D. Ryan publié par Checkmark Books, pages 136 et 137, (ISBN 0816073368)

Bibliographie modifier

  • Le Mahâbhârata, textes traduits du sanskrit et annotés par G. Schaufelberger et Guy Vincent, Presses universitaires Laval Québec, 2004-2009, 4 tomes
  • Madeleine Biardeau, Thierry Marchaisse (dir.), Le Mahâbhârata, un récit fondateur du brahmanisme et son interprétation, Paris, Éditions du Seuil, 2002, (ISBN 202050894X).
  • (fr) P Lal, Le mahabharata de Vyasa, Édition Hélios 1985, (ISBN 2-88063-008-8)
  • (fr) Chitra Banerjee Divakaruni, Le palais des illusions, Éditions Philippe Picquier, 2008, (ISBN 978-2-8097-0049-7)
  • (en) Alf Hiltebeitel, The Cult of Draupadī. 1, Mythologies, from Gingee to Kurukṣetra, University of Chicago Press, Chicago, 1988, 487 p. (ISBN 0226340465)
  • (en) Alf Hiltebeitel, The Cult of Draupadī. 2, On Hindu ritual and the Goddess, University of Chicago Press, Chicago, 1991, 533 p. (ISBN 0-226-34048-1)
  • (en) Alf Hiltebeitel, Draupadī among Rajputs, Muslims and Dalits : rethinking India's oral and classical epics, Oxford University Press, New Delhi, 2001, 560 p. (ISBN 019-565-5044)
  • (fr) Valérie Magdelaine-Andrianjafitrimo (dir.), Draupadi, tissages et textures, Ille-sur-Têt (Pyrénées-Orientales) ; La Ravine des Cabris, (La Réunion), Ed. K'A, 2008, 611 p. (ISBN 2-910791-53-X) (ouvrage issu des journées organisées du 21 au en Inde, à Rishikesh, sous l'intitulé Regards croisés sur le mythe et les rites de Draupadî dans les littératures contemporaines de l'océan Indien)
  • (fr) Maitryee Mahatma, Sitā et ses doubles : mythes et représentations dans les œuvres d'Ananda Devi, Université de Paris 13, 2008, 232 p. (thèse de doctorat de Littérature comparée)

Articles connexes modifier

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