Le ou la doubeurre (l'usage hésite), parfois appelé courge cacahuète en raison de sa forme, ou le plus souvent courge butternut (littéralement, « courge noix de beurre ») par anglicisme, voire plus simplement butternut, est un cultivar de courge musquée, une plante de la famille des cucurbitacées.

Courges « doubeurre »

Étymologie modifier

 
Étiquette bilingue néerlandais-français utilisant butternut en néerlandais et doubeurre en français.

Le nom français évoque le goût de cette courge, en particulier le velouté que sa texture permet d'obtenir en cuisine.

Le nom anglais butternut lui aurait été donné par Charles A. Leggett, créateur de cette variété en 1944, parce qu'il lui trouvait la tendreté du beurre et la douceur des fruits à coque[1].

Culture (en Europe) modifier

Semis modifier

Les graines sont longues de 0,5 à 2 cm, de forme oblongue, à peu près moitié moins larges que longues. Elles se plantent sur la tranche la plus longue à de 5 à 20 mm de profondeur.

Le doubeurre se plante après les dernières gelées, car il craint le gel. Pour gagner sur le temps de croissance, le plus efficace est de semer des graines — dès mars — sous abri ou en intérieur, que l'on plante ensuite en pleine terre, lorsque les courges ont fait deux à quatre feuilles.

Développement modifier

Cette variété coureuse demande un intervalle de culture de 1,5 m entre les plants pour 80 cm entre les lignes.

Entretien modifier

Le doubeurre demande un arrosage régulier (tous les jours quand le temps est chaud et sec) et un apport important en humus, si on souhaite obtenir de grosses courges. Pour être sûr que chaque fleur femelle est fécondée et va donner un fruit — car il ne vient qu'un nombre limité de fleurs femelles que le jardinier attend impatiemment, on peut prendre le temps de déposer à la main — au lieu d'attendre que les insectes (comme les abeilles) le fassent — le pollen des fleurs mâles sur le pistil des fleurs femelles. Il est préférable de croiser les plants.

Les fleurs femelles se reconnaissent aisément à la présence d'un bébé fruit à leur base, qui a déjà la forme de la courge, alors que les fleurs mâles n'en portent pas et se forment au bout d'une tige longue de 6 à 12 cm.

Une fois qu'une fleur femelle a été fécondée, la croissance du fruit est très rapide, ce qui est assez impressionnant dans le cas des grosses courges. C'est lors de ces phases-là en particulier que la plante ne doit manquer ni d'eau ni d'humus. Il faut prendre soin d'enlever la fleur du fruit dès qu'elle se détache facilement. Normalement, la fleur tombe d'elle-même, mais si le temps est humide et que des herbes maintiennent la fleur en place, elle peut provoquer le pourrissement du fruit à sa base, et la courge sera perdue.

Le doubeurre craint l'oïdium, qui forme des taches blanches sur les feuilles et les fait sécher. L'oïdium ne s'attaque pas aux fruits, mais quand toutes les feuilles sont sèches, les fruits ne peuvent plus grandir ni mûrir. En France, l'oïdium apparaît au mois d'août à l'occasion de pluie. La plante y résiste d'autant mieux que le sol est riche. On peut soufrer les feuilles en juillet, mais le succès n'est pas garanti. Les feuilles atteintes doivent être enlevées pour ne pas contaminer les autres, et brûlées pour ne pas contaminer la terre ou le tas de compost. Consulter l'article sur l'oïdium pour avoir une description des moyens de lutte contre cette maladie des plantes.

Récolte modifier

Dans la moitié sud de la France, les fruits se récoltent de septembre à octobre.

Ils sont mûrs lorsqu'ils sont passés du vert à une belle couleur beige, et que le pédoncule a viré au beige foncé ou au brun. Ils peuvent alors être récoltés, en coupant la tige au sécateur, en laissant un morceau de pédoncule – sinon, le fruit se conservera moins bien. On peut aussi attendre quelques semaines, voire un mois ou deux, en les laissant sur la plante, où ils continueront à être alimentés, plutôt que d'être entreposés dans un garage. Toutefois, il est essentiel de garder les fruits bien au sec, par exemple en glissant un morceau de tuile ou un peu de paille pour les éloigner du sol et les préserver de l'humidité des pluies. La peau des fruits du doubeurre est assez robuste aux agressions, et se cicatrisera même après avoir été attaquée par des insectes (mais peu s'y intéressent). Il est également préférable de les récolter dès que la température descend en dessous de 10 °C, pour ne pas risquer de geler les fruits.

Consommation modifier

Doubeurre
Valeur nutritionnelle moyenne
pour 100 g
Apport énergétique
Joules 105 kJ
(Calories) (25 kcal)
Principaux composants
Glucides 4,03 g
Amidon 1,83 g
Sucres 2,2 g
Fibres alimentaires 2 g
Protéines 1 g
Lipides 0,1 g
Saturés 0,021 g
Eau 86,4 g
Cendres totales 0,8 g
Minéraux et oligo-éléments
Calcium 48 mg
Fer 0,7 mg
Magnésium 34 mg
Phosphore 33 mg
Potassium 352 mg
Sodium 4 mg
Zinc 0,15 mg
Vitamines
Provitamine A 4230 mg
Vitamine B1 0,1 mg
Vitamine B2 0,02 mg
Vitamine B3 (ou PP) 1,2 mg
Vitamine B5 0,4 mg
Vitamine B6 0,15 mg
Vitamine B9 27 mg
Vitamine C 21 mg
Acides aminés
Acides gras

Source : [2]

Plusieurs parties de la plante sont comestibles :

  • la fleur, dont les pétales peuvent se manger crus. Il est préférable de manger les fleurs mâles (après avoir utilisé leur pollen pour féconder les fleurs femelles) et de laisser les fleurs femelles développer leur fruit ;
  • les graines, une fois décortiquées, peuvent se manger grillées et légèrement salées, à l'apéritif par exemple. On peut aussi les acheter déjà écossées, pour les utiliser en salade. Elles sont riches en zinc ;
  • le fruit, s'appelle aussi le doubeurre. Arrivé à maturité, il peut se manger cru comme une carotte, bien qu'il soit très légèrement âcre, mais plus goûteux. Sa chair ferme permet de le cuisiner comme une pomme de terre. Une recette habituelle est la soupe, le doubeurre apportant avec un mixage vigoureux une texture veloutée que ne donnent pas d'autres courges (les potirons, par exemple). On peut aussi le cuisiner au four, en gratin, ou en faire des gâteaux, comme avec les carottes[3].

Conservation des fruits modifier

Le doubeurre possède une peau beige, dure bien que peu épaisse (0,5 à 1,5 millimètre), qui lui assure une longue conservation, de 6 à 10 mois, dans un endroit sec et frais. C'est donc un légume très pratique. On le cultive de mars à septembre. Il peut se conserver de 1 à 2 mois à température ambiante, et de 10 à 12 mois par congélation. Maintenant[Quand ?] en France on tendance à le voir pousser dès décembre ou janvier[4].

Comme pour tous les fruits et légumes à longue conservation, le doubeurre se conserve dans un endroit sec et frais, et doit être surveillé régulièrement pour vérifier que la peau reste bien ferme, en particulier près du pédoncule, et en bas (là où était la fleur). Tout ramollissement indique un pourrissement et doit inciter à consommer la courge rapidement. La chair du doubeurre étant ferme, le pourrissement est lent, et il est souvent possible de récupérer une bonne partie du fruit pour le manger.

On peut conserver les graines (après séchage) pour les replanter l'année suivante.

Notes et références modifier

  1. (en) About the Author Bertram Twitter, « Butternut Squash », sur Ingredient Driven (consulté le ).
  2. anses Ciqual, « Courge doubeurre (butternut), pulpe, crue » (consulté le )
  3. Exemple de gâteau à la doubeurre : une simple rondelle d'un centimètre d'épaisseur, cuite à feu doux avec un morceau de beurre demi-sel breton, une prise de poivre de Sarawak.
  4. « Quelle est la durée de conservation de la courge Butternut (courge musquée) ? », sur Expirata.fr (consulté le ).

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • William Wheeler, La Citrouille, Éditions du Chêne, Hachette-Livre.