Don Juan (comédie musicale)

comédie musicale, 2003

Don Juan
Image décrite ci-après
Intérieur du Théâtre Saint-Denis, où Don Juan a fait ses débuts.

Livret Felix Gray
Lyrics Felix Gray
Musique Felix Gray
Mise en scène Gilles Maheu
Chorégraphie Carlos Rodriguez, Angel Rojas
Costumes Georges Lévesque, Michèle Hamel
Lumières Axel Morghentaler
Production Guy Cloutier, Pierre Boivin, Aldo Giampaolo, Nicolas Talar
Première
Théâtre Saint-Denis, Montréal Drapeau du Québec
Langue d’origine français
Pays d’origine Drapeau du Québec Québec
Airs
  • Du plaisir - Don Juan
  • Les amoureux de Séville - Don Carlos et Isabel
  • Changer - Don Juan et Maria
  • Le sang des soldats - Raphaël
  • Vivir - Le Gitan et la troupe
  • Duel à l'aube - Don Juan et Raphaël

Don Juan est une comédie musicale québécoise de Félix Gray créée en 2003.

Histoire modifier

Dans une Séville romantique, fantasmée et intemporelle, les cœurs battent, se déchaînent et se brisent pour Don Juan. Jeune noble à la beauté farouche, libertin sans scrupule, le fils de Don Luis déchaîne les passions : séducteur cruel et blasphémateur, il attise le désir des unes, attire la haine des autres.

Lors d'un duel, il assassine froidement le Commandeur, un homme qu'il a outragé. Le meurtrier est dès lors maudit. Le voilà condamné à l'amour, amour qui signera sa chute.

Cette passion nouvelle et sincère naîtra avec Maria, sculptrice ingénue promise à un autre...

Personnages principaux[1] modifier

  • Don Juan : jeune noble vaniteux, séducteur invétéré. Maudit pour le meurtre du Commandeur, il découvrira le véritable amour en s'éprenant de Maria.
  • Maria : romanesque et ingénue, sculptrice de talent. Elle est fiancée à Raphaël. Par écho, elle subit elle-aussi la malédiction qui frappe Don Juan et la condamne à l'aimer.
  • Raphaël : jeune militaire idéaliste, il est fiancé à Maria. Il aime cette dernière sincèrement. La découverte de la passion qui lie Juan à Maria embrase sa colère, vite enflammée par Elvira. Leur rivalité connaîtra une issue tragique.
  • Isabel : diseuse de bonne aventure et ancienne conquête de Don Juan. Tolérante envers ce dernier, d'un naturel bienveillant et altruiste, ses prémonitions se révèlent toujours exactes.
  • Elvira : alors qu'elle se dédiait aux ordres, la jeune fille a été séduite par Don Juan. Contraint de l'épouser, ce dernier ne lui manifeste ni affection, ni intérêt. Malgré ses supplications, son mari reste insensible à sa détresse. La jalousie qu'elle éprouve envers l'idylle naissante de Juan et Maria la pousse à dévoiler leur liaison à Raphaël.
  • Don Luis : le père de Don Juan. Altruiste et honnête, il tente de remettre son fils dans le droit chemin. Son amour pour son enfant le pousse à tout lui pardonner, y compris l'indéfendable.
  • Don Carlos : à la fois ami, protecteur et guide spirituel de Don Juan dont il est l'exact opposé. Il l'aime, le jalouse et le désapprouve à la fois. Leur amitié sincère sera toutefois vaine, Carlos ne pouvant protéger Juan de lui-même.
  • Le Gitan : musicien anonyme, il a perdu sa fiancée, elle aussi séduite par Don Juan.

Production québécoise modifier

Distribution originale de 2003 modifier

Chanteurs[1] modifier

   
Le duo phare du spectacle : Jean-François Breau et Marie-Ève Janvier.

Musiciens[2] modifier

  • Jose Rodriguez
  • Joel Netry
  • Manolo Pardo

Danseurs[2] modifier

  • Maria López
  • Anabel Veloso
  • Raquel Tamarit
  • Noelia Fernandez
  • Loli Sabariego
  • Maria Jesus Cabezas
  • Aguedo Murillo
  • Yasmina Pineda
  • Marta Iglesias
  • Carlos Rodriguez
  • Angel Rojas
  • Ricardo López
  • Alberto Ruiz Iglesias
  • Carlos Elgueta
  • Antonio Sanchez
  • Miguel Lara
  • David Pinar
  • Ivan Martin
  • Carlos Rodiguez Ortiz

Un jongleur, Gabriel Gagnon, est également présent sur scène.

Distribution de 2012 modifier

Distribution de 2013 modifier

Distribution de 2019 (version symphonique) modifier

 
Philippe Berghella, créateur du personnage de Raphaël.

Numéros musicaux modifier

Acte 1 modifier

  1. Don Juan se bat avec le Commandeur (Prologue et ouverture)
  2. Un grand homme est mort
  3. Soit maudit Don Juan
  4. L’Homme qui a tout
  5. Cœur de pierre
  6. Mon nom
  7. Dis-lui
  8. Dites-lui
  9. Une mèche de cheveux (retirée du spectacle)
  10. Un message de ton père
  11. L'Apparition du Commandeur
  12. Mon fils
  13. Les Fleurs du mal
  14. Du plaisir
  15. Vivir
  16. Belle Andalouse
  17. N’as-tu pas honte ?
  18. Les Femmes
  19. Reste encore
  20. L'amour quand il vient
  21. Ne la reconnais-tu pas ? / La Statue du Commandeur
  22. Tu es encore là ! / La Statue du Commandeur
  23. Statue de pierre
  24. Aimer
  25. Le Sang des soldats

Acte 2 modifier

  1. Séville au matin (Ouverture)
  2. Les Amoureux de Séville
  3. Changer
  4. Qui ?
  5. Je pense à lui
  6. Deux à aimer
  7. L’amour est plus fort (remplace Deux à aimer, version 2012 ; absente de la version 2013)
  8. Venge-nous
  9. Seulement l’amour (rappels 2013)
  10. Maria
  11. Je le tuerai pour ça (danse)
  12. Jalousie
  13. Demain à l’aube
  14. Pourquoi le bruit ?
  15. Pitié pour personne
  16. Les Anges
  17. L’Enfant du diable
  18. Seul
  19. Tristesa Andalucia
  20. Duel à l’aube
  21. Je meurs d’amour
  22. Don Juan est mort
  23. Les Amoureux de Séville (saluts)
  24. Changer (rappels 2004)
  25. Nous, on veut de l'amour (Rappels 2012)

Note : La version 2012 a incorporé les chansons Nous, on veut de l'amour et L'amour est plus fort, composées en 2003 pour la distribution originale (Cindy Daniel, Marie-Ève Janvier et Geneviève Charest) mais retirées avant la première.

Genèse du projet[1] modifier

Félix Gray, fasciné depuis longtemps par la figure de Don Juan, souhaite s'en inspirer pour un spectacle musical.

Si l'intrigue propose un développement original, elle débute comme la pièce de Molière. Pour peaufiner son antihéros, Gray puise également dans le texte L'Abuseur de Séville de Tirso de Molina. C'est en effet à ce moine castillan du XVIIe siècle que revient la paternité du personnage, dramaturge auquel le compositeur veut rendre hommage.

Gray aspire également à présenter un autre visage du séducteur, plus vulnérable, « une facette plus sensible qu'on ne lui soupçonnait pas ».

Il choisit en outre de situer sa trame dans une Espagne intemporelle qui ne correspond ni au siècle de Molière et Molina, ni à notre époque contemporaine. Ce parti pris lui permet de ne pas s’embarrasser de la vraisemblance historique tout en conservant les duels à l'épée.

La mise en scène est signée Gilles Maheu.

Les danses, pour l'essentiel du flamenco, ont été chorégraphiées par Angel Rojas et Carlos Rodriguez.

Accueil public modifier

Dès ses débuts, Don Juan rencontre un immense succès : 200 000 exemplaires de l'album sont écoulés avant même la première[3] et la pré-vente dépasse le cap des 100 000 billets[4]. Le spectacle est joué au Québec avant d'entreprendre une tournée mondiale, notamment en France puis en Corée du Sud. Une captation, enregistrée au Palais des Congrès de Paris le 30 mai 2005, est éditée en DVD courant 2008[5].

En 2012, 600 000 personnes avaient assisté au spectacle[6].

Plusieurs versions du spectacle se monteront par la suite. Si Jean-François Breau et Marie-Ève Janvier incarneront le couple principal à chaque fois, de nouveaux venus rejoignent le second casting dès 2012. Suivant l'exemple de Starmania et Notre-Dame de Paris, des concerts symphoniques sont organisés courant 2019[7].

Réception critique modifier

Retours sur la production originale modifier

Malgré un succès public indiscutable, la première mouture du spectacle partage la presse spécialisée. Christian St-Pierre, du site Voir, souligne que « les danseurs, virtuoses, sont la véritable colonne vertébrale du spectacle, sa substance, son cœur ». Il salue les performances vocales du casting, nettement plus à l'aise dans le chant que le jeu : « Jean-François Breau a tout le coffre que son personnage nécessite. Cindy Daniel et Geneviève Charest donnent des frissons. Marie-Ève Janvier, Philippe Berghella, Mario Pelchat et Claude Lancelot livrent sans difficulté la marchandise ». Il déplore néanmoins « les airs faciles, les refrains sans cesse répétés, les orchestrations pompeuses, les rimes plus ou moins bien ficelées et les personnages univoques. [...] Le fil narratif est distendu, l’intrigue, hasardeuse, relâchée, quand elle ne fait pas carrément du sur-place. Molière et Tirso de Molina doivent se retourner dans leurs tombes »[5].

Sylvain Cormier, journaliste pour Le Devoir, admire les chorégraphies, « le plus grand attrait du spectacle ». Il dresse un portrait cassant de Breau : « un minet demeure un minet, et on ne pouvait un seul instant croire que son Don Juan avait pu séduire — et encore moins abandonner cruellement — qui que ce soit. Sec, rigide, ampoulé, il était le mauvais amateur dans une belle troupe de pros et de pros en devenir ». A l'interprète principal, il préfère « Mario Pelchat, très à l'aise et convaincant en Don Carlos le confident », « Claude Gauthier, souverain » ou « Philippe Berghella, étonnant d'intensité ». Cormier ajoute que Breau fait pâle figure face à l'ensemble de ses co-stars féminines[3].

Philippe Rezzonico (Le Journal de Montréal) évoque un show « époustouflant »[8].

Du côté de La Presse, Marie-Christine Blais titre « Du plaisir…et tout pour réussir ». Malgré quelques faiblesses, la journaliste souligne la puissance des derniers tableaux : « c'est la force de la troupe de danseurs couplée à celle des comédiens-chanteurs, [...] la mise en scène de Maheu est remarquable pendant cette montée dramatique, les uns et les autres devenant spectateurs mutuels ». Elle salue surtout les danseurs et l'orchestre : « La sensualité, c'est l'incroyable danseuse Maria López, à couper le souffle de tous et toutes. La séduction, ce sont les danseurs Miguel Lara, Ricardo López et leurs cinq compagnons. Et la fièvre, c'est celle du flamenco qui anime Chico Castillo et les musiciens sur scène »[9].

Les débuts parisiens de Don Juan sont davantage encensés. La présence de Johnny Hallyday lors de l'avant-première, ainsi que l'enthousiasme du chanteur, sont largement commentés par Le Parisien et AFP ; AFP évoque un « Don Juan passionné qui a réchauffé les cœurs et enflammé le Palais des Congrès »[8].

Du côté de France-Soir, on affirme que « la comédie musicale a triomphé devant le tout Paris. [...] Le flamenco, danse sensuelle et violente, vient à point nommé »[8].

François Delétraz, du Figaro Magazine, affirme qu'il s'agit là de « la soirée familiale par excellence : les enfants regardent avec de grands yeux, et les parents avec satisfaction »[8].

Côté Femme loue ce « spectacle aux accents gitans » et « ses ballets flamencos ponctués de castagnettes »[8].

Retours sur le revival modifier

Lors de sa reprise en 2012, le spectacle rencontre toujours des avis nuancés.

 
Natasha St-Pier campe Elvira durant le revival de 2012.

Nathalie Katinakis, du site spécialisé Musical Avenue, affirme qu'il est « difficile de résister aux attraits de ce spectacle, dont les faiblesses sont éclipsées par les remarquables numéros de danse et le talent de Jean-François Breau qui incarne un Don Juan romantique. [...] Avec sa voix claire et puissante, sa présence scénique et son jeu nuancé, c’est lui qui porte le spectacle à bout de bras. On croit à son personnage et on attend avec impatience les numéros où il est à l’honneur. Sa compagne dans la vie, Marie-Ève Janvier, interprète également à nouveau Maria avec beaucoup de sincérité et de naturel ». Pour la chroniqueuse, le reste de la distribution souffre hélas « d’une inévitable comparaison avec les interprètes originaux de la pièce » ; c'est le cas notamment de Natasha St-Pier, « certes très à l’aise vocalement mais [...] difficile d’oublier la chanteuse au profit du personnage d'épouse trahie de Don Juan ». Les autres points forts se situent dans les visuels et les prestations des danseurs : « en plus de la qualité des décors et des éclairages, l’excellente intégration des combats à l’épée et l’esthétique d’ensemble, Don Juan se démarque par ses épatants numéros de danse. Les danseurs de flamenco nous livrent des performances exceptionnelles, sans oublier les interprétations gitanes de Chico Castillo qui apportent une valeur ajoutée au spectacle »[6].

En 2019, Christian Saint-Pierre du Devoir salue la version symphonique et l'alchimie du duo principal : « En pleine possession de ses moyens, plus que jamais en adéquation avec son sulfureux personnage, [Jean-François Breau] emplit la salle de sa voix puissante, osant même quelques pas de flamenco. Puis il entonne Seulement l’amour avec Marie-Ève Janvier et l’émotion devient palpable. Sur scène, à ce moment précis, le réel et la fiction se confondent, si bien que la gorge de Janvier se serre et que sa voix cristalline se brise un instant. Quand Breau prend la main de celle qu’il aime, comme pour l’aider à se ressaisir, le geste d’un romantisme absolu déclenche, tout comme le concert dans son ensemble, une formidable liesse »[7].

Production japonaise modifier

Distributions modifier

Distribution de 2019 modifier

  • Taisuke Fujigaya : Don Juan
  • ? : Maria
  • Soichi Hirama : Raphaël
  • Sumire Haruno : Isabel
  • ? : Elvira
  • Shingo Tsurumi : Don Luis
  • Kōhei Ueguchi : Don Carlos
  • Keigo Yoshino : le commandeur

Distribution de 2021[10] modifier

Chanteurs modifier
  • Taisuke Fujigaya : Don Juan
  • Maaya Kiho : Maria
  • Soichi Hirama : Raphaël
  • Sumire Haruno : Isabel
  • Ai Tensho : Elvira
  • Shingo Tsurumi : Don Luis
  • Kōhei Ueguchi : Don Carlos
  • Keigo Yoshino : le commandeur
Danseurs modifier
  • Mizuka Ueno du Tokyo Ballet : la belle andalouse
  • Toshiki Ichijo
  • Hiroma Ito
  • Mugen Kazama
  • Tomokazu Kanuka
  • Risou Senna
  • Kanshu Nishioka
  • Kenji Nishida
  • Yuya Miyagaki
  • Hikaru Yamano
  • Rika Yumino
  • Maria Koishikawa
  • Shimada Yuai
  • Momoka Suzuki
  • Sumiko Tani
  • Ami Norimatsu
  • Marina Hanaoka
  • Kotomo Hirai
  • Ran Matsushima

Production modifier

L'adaptation et la mise en scène de Don Juan (ドン・ジュアン) sont signées Yamato Ikuta. Cette version de la comédie musicale propose plusieurs clins d’œil à la trame originale imaginée par Molière.

La production nippone est d'abord montée par la Revue Takarazuka en 2016. Une captation du spectacle, avec la troupe Yuki, sort en DVD et blu-ray le 17 juillet 2020.

En 2019, la comédie musicale est jouée à Tokyo, Osaka et Kariya ; la pop star Taisuke Fujigaya y campe le rôle principal. Il s'agit de la première comédie musicale portée par le chanteur du groupe Kis-My-Ft2[11].

En 2021, le spectacle est de retour au Akasaka ACT Theater de Tokyo et au Umeda Arts Theater d'Osaka, toujours avec Taisuke Fujigaya dans le rôle titre[10]. Si Jean-François Bréau et Marie-Ève Janvier, le couple original de Don Juan, ne dansaient pas dans la version québécoise, Taisuke Fujigaya et Maaya Kiho participent à plusieurs tableaux chorégraphiés. Cette production bénéficie d'une sortie DVD le 15 avril 2022 : deux versions sont disponibles, une simple et une collector pourvue d'un livre photo.

Notes et références modifier

  1. a b et c Don Juan sur comediesmusicales.net, consulté le 19 janvier 2014
  2. a et b Générique du DVD - les danseurs apparaissent dans l'ordre retranscrit ici.
  3. a et b Sylvain Cormier, « Don Juan au théâtre Saint-Denis - Un bon spectacle au centre mou », sur Le Devoir, (consulté le )
  4. « Bilan du siècle - Présentation de la première de la comédie musicale «Don Juan» », sur bilan.usherbrooke.ca (consulté le )
  5. a et b Christian St-Pierre, « Don Juan : Pour le meilleur et pour le pire », sur Voir.ca (consulté le )
  6. a et b Nathalie Katinakis, « Critique : "Don Juan" à la salle Wilfrid-Pelletier de Montréal ⋆ Musical Avenue », sur Musical Avenue, (consulté le )
  7. a et b Christian Saint-Pierre, « «Don Juan symphonique»: seulement l’amour », sur Le Devoir, (consulté le )
  8. a b c d et e « DON JUAN - Palais des Congrès | THEATREonline.com », sur www.theatreonline.com (consulté le )
  9. Marie-Christine Blais, « La presse, C. Arts et Spectacles », sur numerique.banq.qc.ca, (consulté le )
  10. a et b (ja) Natasha Inc, « 藤ヶ谷太輔が再び稀代のプレイボーイに!「ドン・ジュアン」ヒロインは真彩希帆(コメントあり) », sur ステージナタリー (consulté le )
  11. Kis-My-Ft2 France, « Don Juan », sur Kis-My-Ft2 France, (consulté le )