Division des Fatimides

milice islamiste chiite

Division des Fatimides
Liwa Fatemiyoun
لواء فاطمیون
Image illustrative de l’article Division des Fatimides

Idéologie Islamisme chiite
Khomeinisme
Statut Actif
Fondation
Date de formation Novembre 2014
Pays d'origine Drapeau de l'Afghanistan Afghanistan
Organisation
Chefs principaux Ali Reza Tavassoli (tué en 2015)
Membres 3 000 à 80 000[1],[2],[3],[4]
Fait partie de Axe de la résistance
Sanctuaire Mashhad, Iran
Groupe relié Corps des Gardiens de la révolution islamique
Liwa Zainebiyoun
Hezbollah
Soutenu par Drapeau de l'Iran Iran
Répression
Considéré comme terroriste par Drapeau des États-Unis États-Unis
Guerre civile syrienne

La Division des Fatimides, anciennement Brigade des Fatimides (Arabe: لواء الفاطميون Liwā’ al-Fāṭamiyūn, Persan/Dari: لواء فاطمیون ou لشکر فاطمیون), également appelée le Hezbollah afghan[5], est une milice islamiste chiite, formée par l'Iran et constituée de combattants hazaras afghans.

Fondation modifier

Les premiers combattants afghans auraient été déployés en Syrie fin 2012, à la demande d'Ali Reza Tavassoli et du clerc iranien Mohammad Baqir Alaoui[6]. Ces premiers contingents ne comptent alors que quelques dizaines d'hommes, mais ils reçoivent progressivement des renforts et passent à plusieurs centaines d'hommes en 2013[6]. Ils combattent alors au sein de la milice irakienne Kata'ib Sayyid al-Shuhada (en)[6], de la Brigade Abou al-Fadl al-Abbas ou d'autres milices chiites irakiennes, jusqu'à ce que fin 2013 ils soient réunis au sein d'un brigade indépendante[1],[7].

Organisation et effectifs modifier

 
Des miliciens de la Brigade des Fatimides, à Palmyre, le .

La Brigade des Fatimides tire son nom de la dynastie historique des Fatimides, qui étaient des chiites ismaéliens tandis que les membres de cette organisation moderne sont chiites duodécimains. La milice est constituée de Hazaras venus d'Afghanistan[8],[9],[7]. Elle est formée par l'Iran et ses troupes sont armées et entraînées par le Corps des Gardiens de la révolution islamique et le Hezbollah[10],[2],[7]. En 2015, entre plusieurs centaines et 3 000 de ses combattants sont déployés à Damas, Alep et dans le gouvernorat de Deraa[8],[11],[9].

Le chef de la brigade, Alireza Tavasoli, dit Abou Hamed, est tué près de Deraa en mars 2015[2],[7],[6]. Il avait pris part à la guerre Iran-Irak, combattu les talibans en Afghanistan et rejoint le Hezbollah lors du conflit israélo-libanais de 2006[12],[6]. Le commandant adjoint de la brigade est Sayyed Hassan Husseini, dit Sayyed Hakim, tué près de Palmyre en juin 2016[1],[7]. Le groupe est ensuite dirigé par des officiers iraniens de la Force Al-Qods des Gardiens de la révolution islamique[6].

 
Miliciens de la Division des Fatimides en Syrie, date et lieu inconnus.

Plusieurs milliers de combattants hazaras sont déployés en Syrie. Début 2016, des médias iraniens vont jusqu'à parler de 10 000 à 20 000 hommes[2]. En 2016, Sayyed Hassan Husseini déclare que le Liwa Fatemiyoun compte 14 000 à 20 000 hommes en Syrie, divisés en trois brigades à Damas, Hama et Alep, avec leur artillerie, leurs blindés et leur propre service de renseignements[1]. Le groupe compte notamment des chars T-72 et T-90, ainsi que des blindés BMP-1[6]. Pour Stéphane Mantoux, agrégé d'histoire et spécialiste du conflit syrien : « Cela entre en contradiction avec la plupart des chiffres qui placent le nombre d'Afghans à 3 000, voire un peu plus, entre 5 et 10 000 »[1]. Cependant, il indique que l'engagement de la milice afghane dans le conflit syrien ne cesse de croître, le groupe passant du rang de brigade à celui de division en 2015[13]. En 2017, selon Human Rights Watch, la Brigade compte 15 000 hommes[14]. En 2018, Samad Rezaei, un des commandants de la Brigade, annonce que plus de 80 000 personnes (dont 3/5 d'Afghans et 2/5 d'Iraniens) ont été déployés au sein de cette dernière en Syrie[4].

Lorsque la Brigades des Fatimides est formée, environ trois millions de réfugiés hazaras sont installés en Iran, principalement à Mashhad et à Qom[7]. Le , Human Rights Watch affirme dans un rapport que, depuis novembre 2013 au moins, des milliers d'Afghans sans-papiers ont été recrutés en Iran pour être envoyés en Syrie[15]. Selon des témoignages recueillis, certains se portent volontaires « soit par conviction religieuse, soit pour régulariser leur statut de résidence en Iran » et d'autres sont enrôlés de force[15]. Le salaire est également une source de motivation[6]. Les recrutements sont organisés par le Corps des Gardiens de la révolution islamique[15],[3]. Des enfants soldats sont également recrutés[7],[16]. Avant le conflit, la Syrie avait également accueilli 2 000 réfugiés afghans chiites, dont certains auraient rejoint la brigade[17],[7]. En juin 2016, un bureau de recrutement est également ouvert par l'Iran à Hérat, en Afghanistan[7].

Actions modifier

 
Des miliciens de la Brigade des Fatimides avec Qasem Soleimani, le commandant en chef de la Force Al-Qods, près d'al-Tanaf, le 12 juin 2017.

La Brigade des Fatimides prend une large part à la bataille d'Alep[7]. En février 2016, elle participe à l'offensive qui brise le siège de Nobl et Zahraa[7], puis elle prend part à la bataille de Palmyre de mars 2016[18] et à la bataille de Palmyre de décembre 2016[19],[20]. En septembre 2016, elle combat dans le gouvernorat de Lattaquié[1]. En février 2017, la brigade combat près de Khanasser, puis des troupes sont déployées en mars pour repousser l'offensive de Hama lancée par les rebelles[12]. Elle prend aussi part à la bataille de Boukamal de juin 2018[6].

Pertes modifier

Les miliciens de la Brigade des Fatimides sont généralement utilisés comme « chair à canon »[21],[22],[7],[23]. Leurs membres reçoivent généralement un entraînement sommaire de deux à quatre semaines en Iran avant d'être envoyés au front[6]. De septembre 2013 à mars 2015, 62 Afghans ayant vécu en Iran sont tués lors du conflit syrien, pour la plupart au sein de la Brigade des Fatimides ou de la Brigade al-Abbas[17]. Selon Stéphane Mantoux, il y a eu 92 enterrements de Hazaras en Iran de septembre 2015 à février 2016[24]. Ali Alfoneh, chercheur-associé à la Fondation pour la défense des démocraties, à Washington, a recensé pour sa part, entre septembre 2013 et décembre 2016, 600 morts parmi les miliciens afghans et pakistanais dépêchés par l'Iran[25] ; un bilan ensuite revu à la hausse, à 764 morts à la date du 16 octobre 2017[14], puis à 905 morts au [6],[23]. Ces bilans ne prennent cependant en compte que les combattants enterrés en Iran[6]. En janvier 2018, l'hodjatoleslam Zohair Mojahed, un commandant de la division des Fatimides, déclare que 2 000 afghans ont été tués et 8 000 autres blessés en Syrie en combattant au sein du groupe[26],[23]. En , Samad Rezaei, un autre commandant de la division, déclare que 2 800 personnes ont été tués en Syrie en combattant au sein du groupe[4]. Selon The Diplomat, au moins 5 000 miliciens ont été tués en Syrie entre 2013 et 2020[27].

Logos modifier

Voir aussi modifier

Liens externes modifier

Références modifier

  1. a b c d e et f « Mourir pour Assad 10/Liwa Fatemiyoun (août-novembre 2016) », Historicoblog,
  2. a b c et d « En Syrie, des Afghans chiites combattent pour le compte de l’Iran », Le Monde,
  3. a et b Antoine Hasday, « L'armée syrienne est à bout de souffle et ne tient que par ses soutiens étrangers », Slate,
  4. a b et c (fa) « خاطرات فرمانده گردان فاطمیون از رشادت های شیعیان افغان در نبرد با داعش/اعزام ۸۰ هزار نفر به سوریه » [« Souvenirs du commandant du bataillon des Fatimides sur le courage des chiites afghans dans la bataille contre Daech / Envoi de 80 000 personnes en Syrie »], International Quran News Agency (fa),‎ (consulté le )
  5. (en) « Liwa al-Fatemiyoun :: Jihad Intel », sur jihadintel.meforum.org (consulté le )
  6. a b c d e f g h i j k et l Matteo Puxton, « Pour se battre en Syrie, l'Iran enrôle massivement des Afghans chiites », France Soir,
  7. a b c d e f g h i j k et l Stéphane Mantoux, « Bataille d'Alep: Liwa Fatemiyoun, ces miliciens afghans chiites qui se battent pour le régime de Damas », France Soir,
  8. a et b Jean-Pierre Perrin, « Le général iranien Soleimani vole au secours de Damas », Libération,
  9. a et b Julien Abi Ramia, Caroline Hauyek, Lina Kennouche, Samia Medawar et Anthony Samrani, « Syrie : qui combat qui, et où », L’Orient-Le Jour,
  10. (en) Phillip Smyth, « Iran's Afghan Shiite Fighters in Syria », The Washington Institute,
  11. Paul Khalifeh, « Syrie: 10 000 volontaires rejoignent Damas pour soutenir le régime », RFI,
  12. a et b « Mourir pour Assad 13/Liwa Fatemiyoun (décembre 2016-avril 2017) », Historicoblog,
  13. « Mourir pour Assad 6/Liwa Fatemiyoun (mai-août 2016) », Historicoblog,
  14. a et b AFP, « «Juste une affaire d’argent»: des Afghans enrôlés chez Assad », La Dépêche,
  15. a b et c Le Monde avec AFP, « Téhéran a enrôlé des milliers d’Afghans pour combattre en Syrie, selon Human Rights Watch »,
  16. Daikha Dridi, « L'Iran envoie des enfants afghans combattre en Syrie »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Le Huffington Post,
  17. a et b Didier Chaudet, « Des Afghans pro-Assad et pro-Iran en Syrie? », Huffington Post,
  18. Leith Aboufadel, « Iranian special forces arrive in Palmyra to help liberate the city », Al-Masdar News,
  19. Stéphane Mantoux, « Bataille de Palmyre: un soldat du régime raconte la débâcle de l'armée syrienne face aux djihadistes de Daech », France Soir,
  20. Amir Toumaj, « IRGC officers killed in Palmyra | FDD's Long War Journal », sur FDD's Long War Journal (consulté le )
  21. James Harkin, « En Syrie, une centaine de petits Hezbollahs », Slate,
  22. « Mourir pour Assad 3/Liwa Fatemiyoun », Historicoblog,
  23. a b et c Pierre Alonso, « Les Afghans, «chair à canon» de l’Iran en Syrie », Libération,
  24. AFP, « Offensive du régime à Alep: le soutien clé de Moscou et des milices étrangères »,
  25. Louis Imbert, Laure Stephan et Benjamin Barthe, « A l’assaut d’Alep-Est, une coalition de forces pro-Assad », Le Monde,
  26. AFP, « Plus de 2 000 Afghans entraînés par l'Iran tués en Syrie », L’Orient-Le Jour,
  27. https://thediplomat.com/2021/04/the-fatemiyoun-army-irans-afghan-crusaders-in-syria/