District national polonais

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Les districts nationaux polonais (appelés en russe « полрайоны », polraïony, abréviation de « польские национальные районы », « raïons nationaux polonais », et en polonais Polski Rejony Narodowy) étaient des districts nationaux de l'Union soviétique ayant existé dans l'entre-deux-guerres, offrant une autonomie nationale aux minorités polonaises dans les républiques socialistes soviétiques d'Ukraine et de Biélorussie. Ces districts ont été créés dans le but de respecter le postulat du léninisme sur le droit des nations à l’autodétermination. De plus, la création de ces régions a servi l'un des objectifs des bolcheviks : exporter la Révolution, car après leur défaite dans la guerre polono-soviétique, les Soviétiques n'ont pas abandonné leur idée de créer une République soviétique en Pologne. Les districts nationaux polonais étaient censés être à l'origine de la future Pologne soviétique[1]. Ils furent tous deux dissous au milieu des années 1930 et une partie importante de leur population (« éléments antisoviétiques et peu fiables ») fut déportée au Kazakhstan pendant la Grande Purge.

La Maison du Peuple à Kojdanów, capitale de la Dzierżyńszczyzna, en 1932.

Origines

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La possibilité d'accorder l'autonomie aux régions peuplées de Polonais de l'Union soviétique a été discutée pendant la guerre polono-soviétique par des personnes clés impliquées dans le Comité révolutionnaire provisoire polonais. Il n’était cependant pas prévu de créer des districts entiers ; l’autonomie serait accordée à des villages séparés. En 1925, il fut décidé de créer un district en Ukraine soviétique, où vivaient, selon l'enquête de 1926, 476 435 Polonais. Cela représentait 1,6 % de la population ukrainienne, mais dans l'oblast de Jitomir, leur nombre atteignait les 10 %. Parmi les personnes qui soutenaient le district se trouvaient des communistes soviétiques d'origine polonaise, tels que Feliks Kon (en), Julian Marchlewski, Felix Dzerzhinsky et Tomasz Dąbal (en). Ainsi fut créée la Marchlewszczyzna, et plus tard la Dzierżyńszczyzna.

La Marchlewszczyzna

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La Marchlewszczyzna sur la carte de la partie occidentale du sous-raïon de Polésie en 1926

La Marchlewszczyzna était un district national polonais de la République socialiste soviétique d'Ukraine créé à titre expérimental[2],[3] et dans le cadre de la campagne soviétique d'indigénisation le 21 juillet 1925[3] à Zhytomyr Okruha (ru), à l'ouest de Jytomyr, sur résolution du Petit Présidium du Comité exécutif central panukrainien (en)[3]. Sa capitale, la ville de Dovbych, fut rebaptisée plus tard (en 1926) Marchlewsk[2],[4], du nom du communiste polonais Julian Marchlewski.

La Dzierżyńszczyzna

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Félix Dzerjinski

La Dzierżyńszczyzna était un district national polonais situé en Biélorussie, près de Minsk, et à proximité de la frontière soviéto-polonaise de l'époque. Elle a été créée le 15 mars 1932, avec sa capitale à Dzierżyńsk (anciennement connue sous le nom de Kojdanów, d'où son nom initial« district national polonais de Kojdanów »)[5]. Elle a été nommée d'après le directeur de la Tchéka Félix Dzerjinski.

Tout comme dans la Marchlewszczyzna, l'autonomie polonaise limitée dans la région était un fait réel, avec des écoles, des bibliothèques et des institutions de langue polonaise. Dans le même temps, les habitants étaient soumis à une propagande communiste intensive. La vie religieuse fut supprimée et la campagne de collectivisation, menée au milieu des années 1930, rencontra la résistance des paysans polonais locaux. Contrairement à la Marchlewszczyzna, qui était le véritable centre de la vie culturelle polonaise en Union soviétique, l'influence de Dzierżyńszczyzna fut limitée.

Démantèlement

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Les districts polonais faisaient partie de ceux qui résistèrent à la collectivisation et à l'athéisation soviétiques. Pour des raisons politiques, les mesures les plus drastiques n’ont dans un premier temps pas été appliquées dans ces zones. Finalement, la Marchlewszczyzna fut dissoute en 1935 au début de la Grande Purge et la majeure partie de l'administration fut exécutée. Dans les années qui suivirent, une partie importante de la population fut déportée au Kazakhstan et dans d'autres régions reculées de l'Union soviétique.

La Dzierżyńszczyzna a quant à elle été dissoute en 1937.

Toutes les écoles et bibliothèques polonaises furent fermées, et Tomasz Dąbal fut exécuté en 1938.

Après la Seconde Guerre mondiale, l'existence des districts a été omise dans les historiographies polonaise et soviétique, peut-être parce que les autorités des deux pays voulaient éviter des questions gênantes sur le rejet soudain du postulat léniniste du droit des nations à l'autodétermination.

La région de Marchlewszczyzna est toujours habitée par la minorité polonaise, dans la ville de Dovbych, ils représentent la moitié de la population. Il y a aussi des Polonais dans l'ancienne Dzierżyńszczyzna.

Notes et références

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(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Polish National District » (voir la liste des auteurs).

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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