Discussion Wikipédia:Conventions typographiques/Marche des titres

Dernier commentaire : il y a 13 ans par Gustave Graetzlin dans le sujet Revert d’une stupidité

Ceci est un exposé pour une nouvelle marche des titres d'œuvres, ouvert à la discussion et destiné à être amélioré par chacun. Elle repose, pour l'essentiel, sur le Lexique et en respecte toutes[1] les recommandations, même mineures, et la logique. Si les deux premières parties qui illustrent la démarche et fournissent des sources complémentaires, ne devraient pas être fondamentalement modifiées (sauf coquilles, erreurs, remarques), c'est bien la troisième partie (§6), intitulée « Marche wikipédienne » qui nécessite toute votre attention. Les notules ne sont pas toutes reliées correctement au texte, je m'en excuse et vais reprendre, une à une, les références pour que ce soit plus lisible pour tous. De même, n'hésitez pas à améliorer la présentation qui résulte d'un formatage Word dégradé.--ᄋEnzino᠀ (d) 5 janvier 2010 à 08:33 (CET)Répondre

Toutes les citations complètes d'ouvrage sont entre guillemets (sauf les exemples donnés qui sont tous également des citations des mêmes ouvrages) et correspondent strictement aux différents ouvrages cités en bibliographie ou en notes.

Avant-propos modifier

  • « Mais il n’y a rien dans un titre, ni dessus, ni dessous, rien que des pages derrière, qui l’ont oublié. Le titre n’est que propriété. C’est pour ça qu’on en donne. Je te nomme donc tu es mien. Tu es mien parce que je te nomme. » Percival Everett, Le Supplice de l’eau.


Comme je l’ai plusieurs fois rappelé et souligné, ici et là, je suis clairement partisan d’une typographie « à la française »[2], respectueuse des traditions et des usages en la matière — et donc des sources les mieux établies. Dans le domaine particulier des titres, cela revient à éviter, selon moi, deux écueils majeurs :

  • un titrage à l’anglo-saxonne, où il faut mettre une majuscule à chaque mot (substantif, verbe, adjectif) ou presque, les seules particules courtes constituant l’exception ;
  • un titrage à l’italienne, où il ne faut mettre quasiment aucune majuscule dans un titre (sauf aux véritables noms propres, bien évidemment) ;
  • il existe bien entendu d’autres traditions tout aussi respectables que les précédentes (allemande, notamment[3]) mais nettement moins originales ou spécifiques et qui ont une moindre influence sur le modèle français (au sens de francophone). Je suis aussi conscient qu'en écrivant cela, je pratique une certaine forme de franco-centrisme, cependant je suis contre les solutions endive/chicon, élan/orignal, ou soixante-dix/septante (dès le titrage) et davantage pour les explications de ces variantes dans le texte, dès l'incipit si nécessaire. Sinon, nous allons nous retrouver avec une trentaine voire davantage de normes différentes, illisibles et contradictoires et des conventions interminables (comme les régiments canadiens avec majuscules, les espaces qui disparaissent dans les titres québécois, etc.).

Mais avant de vouloir, comme certains le pensent ou l’ont pensé à tort, « tout chambouler » dans les Conventions typographiques recommandées en français, je suis d’abord allé faire un tour (quasi-)complet des ouvrages qui sont considérés, par la profession, comme « professionnels » (et donc destinés d’abord aux spécialistes, à ceux qui « font l’écrit »). Et ce, sans jamais perdre de vue que l’usage, la pratique quotidienne, dans les différents médias francophones, doivent également être considérés comme des éléments majeurs : si tous les professionnels préconisaient une recommandation mais que celle-ci n’était pas appliquée par la presse et l’édition (la profession), elle perdrait de sa valeur. Ces ouvrages professionnels ayant souvent un titre long et interminable, j’en ai souvent abrégé dans ce qui suit le titre authentique selon l’usage en vigueur : vous allez donc m’entendre parler du Lexique, du Manuel, du Mémento, etc. (voir in fine pour une bibliographie complète).

Au fil de mes lectures, j’ai ainsi appris l’existence d’un Abrégé du Code typographique à l’usage de la presse[4] — dont l’un des rédacteurs est le docteur René Ponot (2003), historien de la typographie. J’ai découvert la tenue des Rencontres internationales de Lure ([2]), dont le chancelier actuel est Gérard Blanchard, autre docteur universitaire et dont le créateur était Maximilien Vox (1894-1974). Rencontres de typographes qui sont à l’origine d’une véritable École de Lure, lieu d’excellence des pratiques typographiques à la française. Ce sont des personnages qui ont, hélas, laissé fort peu de traces sur la Toile et dans les discussions dont ont fait l’objet les Conventions.

Sans vouloir raconter à mon tour un conte, la lecture exhaustive desdites Conventions, de la page de discussion afférente, de vos remarques et suggestions, a provoqué chez moi de sérieux doutes, confirmés par les analyses brillantes de Jean-Pierre Lacroux dont je vous ai déjà parlé et que je rejoins[5]. Chaque ouvrage, même le plus sérieux, est susceptible de coquilles et d'imperfections[6], de contradictions internes, d’incertitudes voulues ou non. Combien de fois ai-je lu ou constaté, qu’en absence de recommandations du Lexique, il fallait absolument chercher voire créer de toutes pièces une autre Table de la loi ? Alors que, peut-être, les ingénieux typographes de l’Imprimerie nationale, certains de ne pouvoir trancher en toutes circonstances, laissaient aux autres professionnels de l’édition, une certaine marge d’interprétation ? Une certaine souplesse ? De bonnes raisons pour douter et donc de réfléchir.

C’est en lisant tout récemment ce qui est considéré comme un must de l’édition soignée[7], un ouvrage de la collection de la « Bibliothèque de la Pléiade » (NRF), dont la qualité, la précision, le perfectionnisme de la chose imprimée me font littéralement toucher du doigt que « c’est un métier de faire un livre » que j’ai enfin trouvé la réponse définitive à la plupart de mes doutes en la matière. Cet ouvrage porte le titre célèbre des Mille et Une Nuits, dont pourtant la composition même semble contredire la spécificité française en matière de typographie, avec ses quatre (!) majuscules d’autant plus impressionnantes qu’elles marquent des mots très courts .

Dès l’avertissement initial de l’ouvrage[8], j’avais sous les yeux trois exemples significatifs de comment composer, en bon français, les titres d’œuvres :

  • le titre même du volume : Les Mille et Une Nuits ;
  • le titre abrégé du volume qui revient tout au long de l’ouvrage : les Nuits (avec un article composé en romain) ;
  • le titre d’un autre ouvrage cité dans l’avertissement : Mille et un contes de la nuit (Jamel Eddine Bencheikh, Claude Bremond et André Miquel), coll. « Bibliothèque des idées », Gallimard, 1991.

Italique ou romain à l’article. Majuscule ou minuscule à nuit. Majuscule ou minuscule à 1001. Un concentré d’énigmes pour Béotiens typographes qui me donnait enfin la clé pour comprendre ce qui me semblait évident et pas toujours facile à expliquer et m’était confirmé par le reste de l’ouvrage — où on trouve aussi les exemples suivants (en appendice) :

  • Les Manuscrits des « Mille et Une Nuits »
  • Histoire d’Aladin, ou la Lampe merveilleuse
  • Histoire d’Ali Baba, et de quarante voleurs, exterminés par une esclave

Ou bien, ces deux derniers, sous une forme abrégée :

Ici encore, ce sont des exemples particulièrement parlants, avec des voleurs qui prennent, en fonction des circonstances, la majuscule ou pas, ou encore avec cet article partitif avant des guillemets. La lecture de ce qui suit cherchera à expliciter et à donner d’autres exemples, comme dans ces fameux contes de Shahrâzâd. Elle nécessite un peu de patience, je le concède, mais elle ne devrait pas vous prendre mille et une nuits, du moins je l’espère.

Dans les exemples que je reprends tous de codes professionnels, dans de très rares cas, je m’interroge sur la justesse de tel ou tel choix. Face à un tel cas, je mettrai un astérisque (*) après le titre et je vous invite à en discuter avec moi ou à partir à la recherche d’autres sources ou raisons de cette composition aberrante. En absence d’astérisque, je considère qu’il y a clairement consensus établi entre tous les codes professionnels consultés. La forme est, en ce cas, celle qui est à recommander.

Être partisan d’une typographie « à la française » signifie aussi limiter, autant que faire se peut, de parsemer des capitales là où elles ne sont pas strictement nécessaires. Quand Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon, fait éditer en 1774 son Histoire naturelle, générale et particulière (sans majuscule sauf l'initiale), il y fait également la description du « Cabinet du Roy » (mention qui fait partie du titre complet) et non du « cabinet du roi », mais ces deux dernières majuscules se justifient ici car « l’initiale majuscule est due au nom commun lorsque, en individualisant, il acquiert la qualité de nom propre » (§ 52 du Mémento).

L’application de cette recommandation aux titres d’œuvre en fait des « noms en propre »[9] comme le soulignent, chacun à leur tour, le Lexique, le Manuel, le Mémento, l’Orthotypographie, dans une belle (et rare) unanimité. La principale particularité de ces noms en propre est qu’ils sont composés en italique.

Je m’attacherai d’abord à illustrer cet exposé en me concentrant sur le code le plus daté (sa première édition date de 1973) mais sans doute le plus complet sur le sujet — le Lexique, plus récent, étant de par sa nature lacunaire même s’il est incontournable : il s’agit du Mémento du regretté Charles Gouriou. Je citerai ensuite, presque in extenso Le Style du « Monde », en utilisant en tant que de besoin le Manuel de Perrousseaux et d'autres ouvrages de référence, avant de proposer en conclusion une « marche wikipédienne ».

Les conventions du Mémento de Ch. Gouriou modifier

« On compose en italique les titres réels d’œuvres littéraires, artistiques, musicales, etc. » « pour en bien marquer l’authenticité »[10]. Tout d’abord, Charles Gouriou nous explique ce que signifie « titre réel » (qu’il compose en italique pour attirer l’attention sur le mot) : « il ne faut pas confondre avec des titres d’œuvres les désignations de thèmes ou sujets traditionnels (notamment en peinture) : la Crucifixion, une Descente de croix, les Sibylles — qui ne constituent des titres réels que dans certains cas ». Autre exemple : le grand public connaît bien les colonnes de Buren du Palais-Royal en ignorant leur vrai titre, Les Deux Plateaux.

Le Mémento établit tout d’abord une typologie des titres d’œuvres (§ 127). Ils peuvent être répartis, selon Ch. Gouriou, en trois grandes catégories :

  • en forme d’énumération : Histoire de la Révolution, Bonaparte et le Directoire ;
  • en forme de proposition : On ne saurait penser à tout, Au temps des équipages ;
  • ou en sommaire explicatif[11] : Étude d’histoire privée contenant des détails inconnus sur le premier jansénisme.

Ensuite, il précise que le mot initial, du titre quel qu’il soit, prend la majuscule, et donne les exemples suivants, incontestables :

À comparer aux exemples tirés du Lexique comme :


1er cas : en règle générale, les titres en forme de proposition se composent exactement comme les exemples ci-dessus, avec une seule majuscule initiale en plus de celles que conservent les véritables noms propres cités dans le titre. Une proposition n’est pas forcément une phrase complète (sujet, verbe, complément) : trois des exemples cités sont des propositions abrégées, des morceaux de phrase. Voici d’autres exemples qu’il donne :

Je me permets d’ajouter qu’un titre d’œuvre du type :

peut tout à fait être analysé comme étant également une proposition (abrégée) et non en forme d’énumération. Le Lexique précise bien que « si le titre ne commence pas par l’article défini […] le mot initial prend seul la majuscule ». Ce qui l’exclut nécessairement à Tristes tropiques — or c’est précisément cette version qu’en donne aussi la Bibliothèque de la Pléiade.


2e cas : en règle générale aussi, les sommaires explicatifs ne présentent pas de difficulté particulière. En effet, lorsque le titre est sous cette forme qui prend parfois toute une ligne, on ne met de majuscule qu’au premier substantif… ainsi qu’aux adjectifs qui le précèdent et aux noms propres. Le Lexique ne dit pas autre chose[12]. Les exemples qui suivent ne laissent aucun doute à ce propos :

  • Essai sur la vie de Sénèque, sur ses écrits et sur les règnes de Claude et de Néron
  • Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences
  • Nouveau Rapport sur les répercussions du 9 Thermidor dans le département du Pas-de-Calais

C’est aussi la forme du titre d’un ouvrage que nous avons érigé, par consensus, en recommandation majeure :

Il peut arriver qu’un autre substantif ait une valeur similaire au premier et doive recevoir également la majuscule :

  • Dernier Exposé et Discours sur la misère de la classe paysanne


3e cas : les titres en forme d’énumération — qui présentent concrètement les situations les plus complexes (et parfois les plus alambiquées) :

Dans ces titres, les substantifs prennent en général la majuscule ainsi que les adjectifs qui précèdent le premier substantif (mais ce principe souffre de nombreuses exceptions, d’où le en général) :

En effet, les substantifs gardent la minuscule : a. Quand ils sont eux-mêmes en apposition ou membres d’une proposition apposée :

Sauf si le nom est un élément constitutif d’un nom propre :

b. quand il est un élément d’une locution de type adverbial :

c. s’il entre dans la formation d’une locution à valeur d’adjectif :

d. s’il est perçu comme un déterminant régulier ou occasionnel, perdant sa valeur propre :

L’article initial prend la minuscule lorsque le titre est inclus lui-même dans un autre titre :

Cette recommandation invalide la plupart des typographies américanisantes[21], de plus en plus fréquentes, notamment au cinéma, avec un sous-titre ou une variante qui suit le titre principal, du type 2001 : L’Odyssée de l’espace[22]. En effet le Manuel, comme le Lexique et comme l’Orthotypographie, préconise, lorsqu’un titre comporte une seconde partie « considérée comme une explication », séparée de la première partie de la conjonction ou, la seconde partie peut se composer comme un titre en sommaire :

Charles Gouriou préconise également de composer l’article en italique, uniquement lorsqu’il fait partie du titre réel (de nombreux titres ne commencent pas par un article). Si cet article ne fait pas partie du titre réel ou s’il est modifié (traduit par exemple), l’article doit rester en romain :

Lorsque le titre est abrégé, l’article se compose en romain :

  • Les Nuits (pour Les Mille et Une Nuits)
  • Le Barbier et le Mariage
  • Les Précieuses
  • Les Rêveries

Pour les titres successifs, lorsqu’un ou plusieurs titres se suivent, dont l’un est titre d’un volume, d’un article, d’une partie ou d’un chapitre, et l’autre titre d’un ouvrage, d’une revue ou d’un recueil, il importe de l’indiquer clairement. Gouriou propose plusieurs solutions :

L’usage des parenthèses comme ici :

Ou d’intercaler dans entre les deux titres, voire les locutions latines in ou apud (dans ce dernier cas, la locution latine in se compose en romain pour éviter d’être confondue avec le titre).

Comme le Lexique et l’Orthotypographie, il préconise de composer quelques titres en romain, rare exception à la recommandation générale :

Les noms des livres sacrés[24] :

Les noms des codes et recueils semblables

Mais les titres des subdivisions desdits codes se composent en italique

  • Code civil, Des contrats

Les titres ou intitulés des actes officiels (lois, décrets, arrêtés, etc.)

La marche du Monde modifier

Le Style du « Monde » (2e édition, 2004, p. 57), dont les préconisations s’appliquent au quotidien considéré unanimement comme le moins fautif[25], ne dit pas autre chose que le Mémento, à la seule exception des titres dits en énumération pour lesquels il établit une recommandation nettement plus simple et facile à mettre en œuvre, basée sur l’article défini. Toutefois, il commence par dire que pour les titres d’œuvre, « les règles d’écriture sont complexes » : « en voici un résumé succinct », précise-t-il.

Comme pour le Lexique, le Manuel et le Mémento, les titres d’œuvres artistiques, littéraires, théâtrales, cinématographiques, etc., s’écrivent en italique, sans guillemets[26]. Ex. : La Joconde, Autant en emporte le vent, Il était une fois dans l’Ouest, Tailleur pour dames. Si une œuvre est citée dans un passage en italique, on l’écrit en romain. Ex. : Avant de m’endormir, je lisais Les Contes du chat perché avec délectation.

1. Les noms propres gardent leur majuscule. Ex. : Ainsi parlait Zarathoustra ; Il était une fois dans l’Ouest  ; 2. Si le titre est constitué d’une proposition complète, on met une majuscule uniquement à la toute première lettre du titre. Ex. : Mais n’te promène donc pas toute nue ; 3. Si le titre commence par un article défini (« le », « la », « les », « l’ »), a. Cet article et le substantif qui suit prennent une majuscule. Ex. : Les Travailleurs de la mer ; b. Si un adjectif précède le substantif, cet adjectif prend également la majuscule. Ex. : Les Quatre Cents Coups ; La Nouvelle Héloïse ; c. Si un adjectif suit le substantif, cet adjectif ne prend pas la majuscule. Ex. : La Jument verte ; d. Si le titre (qui commence par un article défini) est formé de la réunion de plusieurs substantifs reliés par « et », chacun d’eux prend une majuscule. e. Ex. : Le Vieil Homme et la Mer ; Le Bon, la Brute et le Truand ; 4. Si le titre cité n’est pas le vrai titre (titre traduit ou contracté), l’article accompagnant le titre reste en romain et en minuscules. Ex. : Je suis arrivé à la fin de la Recherche ; 5. Si le titre est formé de deux titres reliés par « ou », on traite chacun d’eux comme s’il s’agissait d’un titre unique. Ex. : Le Mariage de Figaro ou la Folle Journée ; 6. Si le titre commence par un article indéfini, un adjectif, il ne comporte qu’une majuscule initiale. Ex. : Un singe en prison, Mes prisons, Trois contes, Tristes tropiques ; 7. Les titres de tomes, d’articles, de chapitres s’écrivent en romain, entre guillemets. Ex. : « La France s’ennuie » de Pierre Viansson-Ponté ; « L’Appel » est le titre du tome I des Mémoires de guerre de De Gaulle ; « Spleen », l’un des plus célèbres poèmes des Fleurs du mal.

Le Style du « Monde » précise également que : 1. Les titres de films, de CD ou de vidéos doivent être traités comme les titres d’œuvres. 2. Les titres de journaux et de périodiques : comme pour les œuvres littéraires, en italique, sans guillemets. Toutefois, les titres d’éditions ou de suppléments restent, eux, en romain entre guillemets : Ex. : « Le Monde des livres » a signalé le 18 novembre… 3. Titres d’émissions de radio ou de télévision. Lorsqu’on cite un titre d’émission de radio ou de télévision, on l’écrit en romain et entre guillemets pour bien distinguer cette émission de l’œuvre diffusée : Ex. : Au programme de « La dernière séance », Le train sifflera trois fois et Rio Bravo. 4. Titres d’expositions ou de manifestations temporaires. En romain, entre guillemets et avec une majuscule initiale. Ex. : « Le printemps des poètes », « Ani, cité ensevelie ». 5. Titres de festivals ou de manifestations régulières. En romain, avec majuscule initiale. Ex. : Le Festival d’automne, le Mois de la photo, Étonnants voyageurs.

et des exemples de la « Pléiade » modifier

(source : catalogue de la « Pléiade » 2009)

Le Rendez-vous de Senlis ; Épisode de la vie d’un auteur ; Ardèle ou la Marguerite ; La Répétition ou l’Amour fini ; Cécile ou l’École des pères ; Le Boulanger, la Boulangère et le Petit Mitron ; Cher Antoine ou l’Amour raté ; Les Poissons rouges ou Mon père ce héros.

Les Trois Don Juan ; Ébauches et fragments ; L’Arétin et son temps ; Les Onze Mille Verges.

  • Louis Aragon (1897-1982) : Le Crève-cœur ; Le Nouveau Crève-cœur

Cinq sonnets de Pétrarque ; Mes caravanes et autres poèmes ; En étrange pays mon pays lui-même ; La Sainte Russie ; Anicet ou le Panorama.

Orgueil et préjugé.

  • Beaumarchais (1732-1799) : Autour du « Mariage de Figaro »

La Bonne Âme de Sé-Tchouan ; La Résistible Ascension d’Arturo Ui ; Maître Puntila et son valet Matti ; Grand-peur et misère du IIIe Reich.

De l’autre côté du miroir

Robert ou l’Intérêt général

Les Premiers Faits du roi Arthur ; La Mort du roi Arthur.

Billy Budd, marin ; Pierre ou les Ambiguïtés.

De la démocratie en Amérique.

Anna, soror… ; Un homme obscurUne belle matinée (— = « suivi de ») ; Notre-Dame-des-Hirondelles.

  • « Pléiade » (titres complexes, érudition) : « Étrange étranger » : une biographie de Fernando Pessoa de Robert Bréchon, ou encore du même, L’InnombrableUn tombeau pour Fernando Pessoa ; La Nostalgie, l’Automobile et l’Infini : lecture de Pessoa de Tabucchi ; Pessoa. Une photobiographie Maria José de Lancastre ; Le Spleen du poète : autour de Fernando Pessoa d’Inês Oseki-Dépré (éd.) ; « Le diable n’est pas encore mort » ou la Genèse d’un art : la nouvelle selon Stevenson, par Michel Le Bris in Intégrale des nouvelles, Phébus libretto (tome I, Les Nouvelles Mille et Une Nuits).

encore des exemples de Télérama modifier

Enfin, voici une courte série d’exemples illustrant les recommandations préconisées ci-dessus et mises en œuvre par un professionnel des choses culturelles Télérama, dans son hors-série, Le Guide cinéma, édition 2009, lettre T, p. 1518 et suivantes :

La ponctuation de Catach et al. modifier

Source majeure : La Ponctuation, Nina Catach, PUF, 2e édition, 1996

  • mais aussi Pertinence linguistique de la présentation typographique de L. G. Védénina, Peeters-Selaf, 1988 ([3]).

Dans le §. « Les titres d’ouvrage » de N. Catach : « Il est nécessaire de distinguer les usages classiques, où les divergences abondent, et les tendances récentes, qui vont vers la simplification. » (p. 88. 4.)

Selon A. Husson (Liaisons-HESO, Équipe CNRS « Histoire et Structure de l'Orthographe française », n° 8, 1982, 31-39), on peut distinguer deux cas majeurs :

Dans le cours des phrases, l’article peut être ainsi « contracté, traduit, surajouté, séparé du titre, remplacé par un autre mot ou appartenir au titre en abrégé » (p. 33). Il s’écrit alors en romain et est exclu du titre, ex. : La reprise du Bourgeois gentilhomme ; Que penser des Affaires sont les affaires ?

Ces deux règles ont l’approbation de Colignon (La Ponctuation (art et finesse), Lecœur, 1975) : « Nous sommes partisan d’une simplification complète des règles de composition des titres, et cela en indiquant seulement — quel que soit le cas — une majuscule initiale au premier mot du titre, afin de bien faire ressortir celui-ci ». Même souhait de simplification chez S. Aslanoff (Manuel typographique du russiste, IES 1986, p. 89-92) et chez Grevisse (Le Bon Usage : Grammaire française, 12e édition, Duculot, p. 133) : « L’usage le plus simple et le plus clair est de mettre la majuscule au premier mot seulement, quel qu’il soit ».

Cette exigence générale de simplification s’explique par le grand nombre de cas et les contradictions qui règnent en ce domaine : adjectif qui précède ou qui suit le premier nom ; titres en parties doubles ; noms composés ; noms communs pris comme allégories ; etc. Colignon cite au moins dix possibilités différentes (p. 64).

Introduction du QSJ de N. Catach : « il semble bien qu’à partir du XIXe siècle les auteurs, comme les linguistes, aient largement abandonné ce domaine aux professionnels, [depuis 1939] aucun ouvrage universitaire n’est venu, durant des décennies, concurrencer les codes d’imprimeurs, qui règnent et décident en maîtres »

Voir également Renaud Camus, Répertoire des délicatesses du français contemporain, P.O.L. éditeur 2000, p. 357 (Points) : Titres (majuscules dans les titres) : « Il règne un grand flou dans la façon d’écrire les titres d’ouvrage, en particulier sur la question des majuscules, ou des capitales. Ce flou s’observe dès la source, si l’on peut dire, chez les auteurs eux-mêmes, et chez les éditeurs. S’il y eut une époque où tout le monde était à peu près d’accord sur deux ou trois principes généraux, elle est révolue ». Il précise aussi : « De manière générale, les Anglo-Saxons mettent beaucoup plus de majuscules que nous. » « Une mode relativement récente, mais déjà un peu fatiguée, consiste à ne pas mettre de majuscules du tout. Encore ne concerne-t-elle, en général, que l’ouvrage lui-même, sa couverture, sa page de titre. Quiconque transcrit le titre ailleurs est bien obligé, le plus souvent, de revenir à la règle générale – celle qui justement fait défaut. » Pour lui, deux tendances principales s’opposent.

  • « L’une moderne, radicale » (une seule majuscule)
  • « L’autre parti, plus conservateur, orne d’une capitale le premier mot, bien sûr, et le premier substantif s’il n’est pas le premier mot ».
« Vous vous moquez de moi de me consulter sur la ponctuation et l’orthographe, disait déjà Voltaire à son imprimeur, vous êtes le maître absolu de ces petits peuples-là comme des plus grands seigneurs de mon royaume » (Lettre du 12 décembre 1742 à César de Missy)

Variantes non résolues modifier

Au moins deux points particuliers restent à éclaircir :

  • les titres qui commencent par un adjectif numéral (qui s’écrit au long sauf dans les rares cas où il désigne une quantité, une heure, une date, une année, un numéro de rue, etc.[30]). Le Mémento les traite comme des titres en énumération et compose la première lettre qui suit le nombre avec une majuscule (voir ci-dessus). C’est également la pratique à peu près établie de Télérama[31]. En revanche, ni Le Style du « Monde », ni le Manuel, ni la Pléiade n’y mettent une majuscule. L’usage (et la théorie) est donc incertain même si l'exemple Bibliothèque de la Pléiade devrait être celui retenu par notre marche ;
  • les titres qui contiennent un trait d’union. Ici le § 50 du Mémento peut être éclairant. « En ce qui concerne les noms propres composés d’éléments liés par un trait d’union, l’usage est que tous les composants, substantifs ou adjectifs, suivent le même sort et reçoivent la majuscule quand elle est due : le Palais-Royal, la Seine-Maritime. Toutefois on laisse aux numéraux leur unité : Quarante-huit, Soixante et onze, les Vingt-quatre Heures du Mans, mais la règle s’applique dans certains cas, tels Cinq-Cents (conseil), Quinze-Vingts (hôpital). » J’ajoute que la capitalisation peut être discriminante dans certains cas : L’Indo-européen (la langue) ; Les Indo-Européens (le peuple). Je ne sais comment capitaliser Les Cerfs-volants de Kaboul ou L'Attrape-cœurs
  • Il reste de rares cas particuliers :
    • Sa Majesté des mouches (locution « Sa Majesté » ; mouches ou Mouches) ? (dans les présentations soignées les mouches prédominent) ;
    • Sinbad le Marin ? ou le marin ? Till l’Espiègle ou Till l’espiègle ?
    • La majuscule après les deux-points alors que Natach définit bien l’usage discriminant du deux-points et ne prévoit la majuscule qu’en cas de citation. L’exemple du Docteur Folamour en anglais démontre l’influence américaine sur les titres français alternatifs, qui étaient davantage sur le modèle « — , (ou) — » que sur celui « — : — ». Trois Couleurs : Rouge (à l'américaine) ou Trois couleurs, rouge, voire Trois couleurs. Rouge ?

« Marche wikipédienne » : proposition de conventions pour les titres modifier

Pour résumer cet essai, voici la marche[32] en dix points (seulement !) que je vous propose de suivre et d’accompagner de vos réflexions, commentaires et suggestions : une marche n’est jamais figée, elle est toujours en mouvement. Celle-ci est bien sûr largement perfectible : je compte sur vos critiques et vos suggestions pour l’améliorer.

  • MARCHE WIKIPÉDIENNE pour une bonne composition des titres d’œuvres

« Il n’y a pas d’exemple d’immobilité absolue. Ce qui est absolu, c’est le principe du mouvement de la langue dans le temps. Mouvement qui se fait de façon diverse selon les cas, mais fatalement. Rien ne peut l’entraver […] . » Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique générale[33]

En typographie, les règles d’écriture des titres d’œuvres sont particulièrement complexes : en voici un résumé succinct. Les exceptions possibles et les contestations figurent en fin de la marche ou en notule.

Un principe général : les titres d’œuvres sont les titres authentiques donnés par leurs auteurs[34] aux différentes œuvres artistiques ou littéraires[35] « pour bien en marquer le caractère authentique ». Ce sont des « noms en propre » et pour cette raison, ils prennent systématiquement une majuscule initiale à leur premier terme[36] et se composent en italique sans guillemets. Si besoin est, ils peuvent être abrégés ou traduits, tout en conservant cette double caractéristique.

Comme l’emploi de l’italique résulte d’une disjonction typographique, si le titre d’œuvre est cité dans un passage en italique, on l’écrira en romain.


Dix recommandations majeures doivent être respectées dans une composition soignée :


1. Les noms propres déjà contenus dans un titre conservent leur(s) majuscule(s).


2. Si les titres sont en forme de proposition[38], on met une majuscule uniquement à la toute première lettre du titre. C’est le cas le plus simple.


3. On évite de suivre la tradition anglo-saxonne où l’on multiplie les majuscules au sein des titres ou la tradition italienne où on les réserve aux seuls noms propres. Ex. : Così fan tutte, La traviata, Rocco e i suoi fratelli ; Dr Jeckyll and Mr Hyde, The Time Machine, Who’s Afraid of Virgina Woolf?, Dr. Strangelove or: How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb , In the Electric Mist with Confederate Dead.


4. Pour les titres en forme d’énumération, la marche est nettement plus complexe. Si le titre commence par un article défini (« le », « la », « les », « l’ » uniquement), a. Cet article et le substantif qui le suit prennent une majuscule . Ex. : Les Travailleurs de la mer ; b. Si un adjectif précède le substantif, cet adjectif prend également la majuscule. Ex. : Les Quatre Cents Coups ; La Nouvelle Héloïse ; c. Si un adjectif suit le substantif, cet adjectif ne prend pas la majuscule. Ex. : La Jument verte ; d. Si le titre est formé de la réunion de plusieurs substantifs mis sur un même plan (et donc reliés par « et », « ou », « ni… ni ») chacun d’eux prend une majuscule. Ex. : La Belle et la Bête, Le Vieil Homme et la Mer ; Le Bon, la Brute et le Truand ;


5. Si le titre cité n’est pas le vrai titre (titre traduit ou contracté), l’article accompagnant le titre reste en romain et en minuscules.

  • Ex. : Je suis arrivé à la fin de la Recherche ;


6. Si le titre est formé de deux titres alternatifs, en général reliés par « ou »[39], on traite chacun d’eux comme s’il s’agissait d’un titre unique.


7. Si le titre commence par un article indéfini, un adjectif, il ne comporte qu’une majuscule initiale.


8. Les titres en forme de sommaires explicatifs[40] ne présentent pas de difficulté particulière. En effet, lorsque le titre est sous cette forme longue et détaillée, on ne met de majuscule qu’au premier substantif… ainsi que, le cas échéant, aux adjectifs qui le précèdent et aux noms propres. Les exemples qui suivent ne laissent aucun doute à ce propos, ex. :

  • Essai sur la vie de Sénèque, sur ses écrits et sur les règnes de Claude et de Néron ;
  • Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences ;
  • Nouveau Rapport sur les répercussions du 9-Thermidor[41] dans le département du Pas-de-Calais  ;


9. Les titres de tomes, d’articles, de chapitres s’écrivent en romain, entre guillemets[42]. Ex. : « La France s’ennuie » de Pierre Viansson-Ponté ; « L’Appel » est le titre du tome I des Mémoires de guerre de De Gaulle[43] ; « Spleen », l’un des plus célèbres poèmes des Fleurs du mal.


10. Les titres d’œuvres musicales et lyriques respectent ces principes généraux. Toutefois leur caractère technique mérite de leur consacrer une marche particulière.


« Être le grain de sable que les plus lourds engins,
écrasant tout sur leur passage, ne réussissent pas à briser. »
Jean-Pierre Vernant, La Traversée des frontières[45]

Bibliographie (sources) modifier

Cet essai (qui est une œuvre qui n’a ou ne prétend à aucun caractère original ou authentique…) prend ses sources dans les ouvrages suivants qui l’ont inspiré et guidé, sources qui sont toutes des « codes typographiques professionnels »[46] classés ici selon l’ordre alphabétique : • Le Lexique : Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale, Éditions de l’Imprimerie nationale, Paris, 1990. • Le Manuel : Yves Perrousseaux, Manuel de typographie française élémentaire, Atelier Perrousseaux éditeur, 4e édition, Reillanne, 1995. • Le Mémento : Charles Gouriou, Mémento typographique, Éditions du Cercle de la Librairie (Librairie Hachette, 1973). (ISBN 2-7654-0447-X), 15 €. Paris, 2006. • Orthotypographie de Jean-Pierre Lacroux (version Internet). • Le Style du « Monde », 2e édition, Paris, 2004.

Revert d’une stupidité modifier

Une I.P. se réfugiant derrière son anonymat a reverté une de mes corrections en éructant : « Annulation des modifications 55158291 César du Missy n'était pas imprimeur ! Seulement théologien, pasteur et chapelain de l'église française de Saint-James à Londres, cher ignare prétentieux... » Évidemment, cet imbécile se croit plus au courant que Gustave Lanson qui écrivait dans son introduction aux Lettres philosophiques : « Pour l'orthographe, j'ai reproduit en principe l'orthographe de Jore. A vrai dire. Voltaire ne m'invitait pas à la respecter. Il écrivait le 12 déc. 1743 à César de Missy : "Vous vous moquez de me consulter sur la ponctuation et l'orthographe ; vous êtes le maître absolu de ces petits peuples-là comme des plus grands seigneurs de mon royaume." » (voir ici) Je reverte, avant de demander une semi-protection, sachant très bien que mes contradicteurs systématiques ne désarment pas facilement. Gustave G. (d) 13 juillet 2010 à 09:03 (CEST)Répondre

Notes et références modifier

  1. Quand je dis toutes, il s'agit bien entendu du paragraphe spécifique consacré aux titres. En effet, même le Lexique est susceptible d'incohérences et de coquilles, car les titres sont cités tout au long de l'ouvrage et celui-ci ne respecte pas toujours les règles qu'il s'est fixées (dans la totalité du Lexique, pour chaque titre d'ouvrage cité, je compte au moins quatre coquilles majeures en la matière, édition 2002). Par ailleurs, le Lexique détermine bien que le deux-points n'est jamais suivi par une majuscule sauf (et seulement dans ce cas précis) lorsqu'il introduit une citation (avec guillemets). Un titre avec un deux-points ne peut donc contenir une majuscule juste après.
  2. Au sens du monde où l'on parle français.
  3. Pourquoi l'anglais et l'italien seulement ? Les éditeurs et typographes italiens ont depuis le Moyen Âge, mais aussi la Renaissance et jusqu'au XIXe inclus eu une influence considérable et déterminante en la matière, notamment en inventant l'italique (source : N. Catach). Depuis le XXe siècle, cette influence a été relayée par une nette prédominance anglo-saxonne, beaucoup de titres n'étant même plus traduits de l'anglais, notamment en cinéma, ce qui influence, dans la forme et le fond, les titres en français.
  4. Deux majuscules, titre dans le titre.
  5. J'en apprécie énormément l'analyse même si je conteste certains exemples qu'il donne : n'oublions pas que c'est un « work in progress » qui aurait été sans doute amélioré et affiné en cas d'édition non-posthume.
  6. Et celui-ci ne fait pas exception, certaines capitales accentuées ayant disparu lors du copié-collé et la mise en page étant de piètre qualité.
  7. Qualité de la pagination et des matériaux, sobriété de la mise en page, caractères Garamond, extrême lisibilité, élégance des ligatures, absence de coquilles, etc. : aucun des aspects d'une typographie soignée n’est écarté.
  8. Les Mille et Une Nuits. III. Nuits 719 à 1001. Gallimard. 2006.
  9. « Chaque appellation appartenant en propre à une œuvre ou à une publication recevra une capitale initiale — au moins à son premier mot », Lexique, p. 168.
  10. in Mémento typographique, Ch. Gouriou, § 37, p. 13. Les passages cités consacrés aux titres d’œuvres se trouvent aux §§ 127 à 135.
  11. C'est ce que le Lexique qualifie de « titres d'ouvrages spécialisés (érudition, technique, etc.) et dans les titres d'articles de journaux ou revues », p. 170.
  12. C’est ce que le Lexique qualifie de « titres d’ouvrages spécialisés (érudition, technique, etc.) et dans les titres d’articles de journaux ou revues », p. 170.
  13. Titre qui devrait être abrégé, lorsque aucune confusion n’est possible, uniquement en Lexique et non dans le sigle imprononçable de LRTUIN — que je n’ai vu jamais ailleurs utilisé qu’ici…
  14. Gouriou donne deux exemples de titres avec l’expression « XVIIIe siècle » (voir plus bas) — que je composerai plutôt en chiffres romains petites capitales comme le voudrait le Manuel — l’un avec majuscule initiale à Siècle, l’autre sans. Il est le seul parmi les auteurs de codes professionnels à préconiser la solution avec une majuscule à siècle (la raison n’est pas qu’il s’agit du siècle des Lumières mais bien qu’il considère ici que siècle est un substantif d’une énumération, alors même qu’il pourrait être analysé comme dans le deuxième exemple, en minuscule, qu’il donne juste après).
  15. « On mettra une majuscule non seulement à l’article initial mais aussi […] dans un titre contenant une comparaison ou une symétrie, à chaque terme en opposition ou en parallèle si l’un deux exige la majuscule » (souligné par moi) dit le Lexique, or Cicéron exige la majuscule. Cependant, comme dans l'usage quasi-constant de Rocco et ses frères, force est de constater que cette recommandation est rarement appliquée, comme si le possessif subordonnait, en quelque sorte le deuxième terme au premier…
  16. Le point sur les titres qui commencent par un adjectif numéral sera étudié ultérieurement.
  17. Gouriou semble bien être le seul à mettre une majuscule dans les titres qui commencent par un article indéfini (un, des…) ou par un démonstratif (ces…).
  18. Le Lexique exclut cette forme avec le même exemple, p. 169 : Ces dames aux chapeaux verts.
  19. Mais la Bible (en romain), cf. plus loin pour cette exception notable.
  20. Une variante possible serait Sainte-Beuve et « Le Globe », selon la Pléiade et Le Style du « Monde ».
  21. Pour qu’on ne m’accuse pas de pencher pour le seul Monde, voici une citation de Pierre Bénard, chroniqueur de la rubrique « Le bon français » dans Le Figaro, tirée du Petit Manuel du français maltraité (Seuil, 2002, article : « Pierre, le livre », p. 18) : « Une nouvelle mode agite la syntaxe. La forme du complément du nom n’est plus ce qu’elle était depuis des siècles. On disait « le livre de Pierre », ou familièrement, « le livre à Pierre ». Les poètes se permettaient parfois d’inverser (exemple Baudelaire). Un grand coup de vent, venu, je crois, du cinéma, a soufflé cette syntaxe séculaire. Le retour d’X n’étant pas le retour d’X mais X, le retour, tout se hâte de renaître sous cet étrange modèle. La plaquette présentant le collège de la ville d’Y, renonçant au titre attendu de Collège d’Y, s’intitule (je l’ai sous les yeux) Y, le Collège. C’est barbare et superbe. On dirait que cet établissement d’enseignement n’est pas seulement celui d’Y, qu’il est le collège de partout, le collège en soi (…) C’est barbare et gonflé. « Tous les titres vont changer. Je vois venir le temps où Histoire de France sera France, l’histoire, où cet étrange usage ne se bornera même plus aux titres (…) Phèdre sera devenue « Minos et Pasiphaé, la fille ».
  22. Après réflexion et consultation des ouvrages de référence, comme le Kubrick de Michel Ciment, la bonne typographie du titre traduit en français de 2001: A Space Odyssey est bien 2001, l’Odyssée de l’espace (virgule et article en minuscule). En effet, outre l’inélégance, en français, d’une majuscule après une virgule ou un deux-points, nous sommes bien dans le cas où ou est sous-entendu par le deux-points ou la virgule (« 2001 ou l'Odyssée de l'espace »). Le titrage français donne une préférence, traditionnellement à la virgule, tandis que les Américains abusent en général du deux-points (cinéma et novels). Ce film de Kubrick est d’ailleurs aisément et fréquemment abrégé en 2001.
  23. L’usage de la majuscule après « des » pour un nom commun est exclu par le Lexique (p. 169).
  24. Certains codes ne préconisent pas cette recommandation pour les religions polythéistes, notamment les textes sacrés indiens, comme le Veda.
  25. Et dont les correcteurs en chef animent un bien sympathique blog, « Langue sauce piquante » ([1]).
  26. Néanmoins des guillemets peuvent exceptionnellement figurer dans un titre, cf. notes suivantes.
  27. Pour tous les titres qui commencent par un nombre au long, cette variante est bien établie. Je ne suis en mesure de trancher entre Trois couleurs comme l’indiquent clairement le Lexique et Le Style du « Monde » et Trois Couleurs comme l’indiquent le Mémento ou Télérama. Autre question que ce titre pose : rouge doit-il prendre la majuscule (en tant que sous-titre d’une œuvre unique) ?
  28. La majuscule à Condor se justifie car il s'agit d'un nom propre (nom de code).
  29. Autre exemple intéressant : deux majuscules et pas trois comme le voudrait Gouriou.
  30. Un cas intéressant est le titre des Cent Vingt Journées de Sodome que le marquis avait pourtant titré « 120 » : le titrage usuel préconise la forme au long.
  31. De façon marginale, cette revue comme les différentes revues spécialisées de qualité, Cahiers du cinéma, Positif, etc., présente, à l'occasion, des coquilles ou des titrages non-conformes (majuscules non accentuées, italique non respecté dans les titres, etc.). Néanmoins leur usage généralisé est globalement conforme à celui de la Marche wikipédienne ici proposée.
  32. Ce mot est un synonyme de code typographique dans la profession et s’applique notamment à une entreprise, à un journal, etc.
  33. Édition critique par Rudolf Engler, tome 1968, Wiesbaden, Harrassowitz, n° 2205 (N. 23.1) : ce sont les notes prises par Émile Constantin.
  34. ou par les fondateurs des journaux, revues, périodiques…
  35. Tous les arts sont ici concernés : les arts plastiques, les arts numériques, le théâtre, le cinéma, la bande dessinée, les CD (albums), etc. Enfin, les mêmes règles s’appliquent également aux titres des différents journaux et revues : Le Monde, Les Temps modernes, le Journal officiel, Le Nouvel Observateur.
  36. Les très rares exceptions sont celles expressément voulues par les auteurs : eXistenZ ou L’humanité.
  37. Ici Ouest est le nom de la région américaine et non un point cardinal. C’est le cas aussi du titre de la revue citée : Le Style du « Monde », titre d’œuvre avec un titre dans le titre, respecte en effet cette règle (en plus de la règle 3a, supra). Écrire Le Style du monde ou Le Style du Monde aurait donné un autre sens à un tel titre. Dans la même veine, on écrit Le Cuirassé « Potemkine » ou Les Fantômes du « Titanic » : les guillemets remplacent ici une composition partielle en romain qui serait disgracieuse et qui pourrait laisser penser que le titre est composé de façon incomplète ou aberrante.
  38. Quand ils sont constitués par une proposition complète ou abrégée. En règle générale, les titres en forme de proposition se composent exactement comme les exemples donnés, avec une seule majuscule initiale en plus de celles que conservent les véritables noms propres cités dans le titre. Une proposition n’est pas forcément une phrase complète (sujet, verbe, complément) : trois des exemples cités sont des propositions abrégées, des morceaux de phrase. Je me permets d’ajouter qu’un titre d’œuvre du type : Un long dimanche de fiançailles peut tout à fait être analysé comme étant également une proposition (abrégée) et non un titre en forme d’énumération, ce qui explique que les titres qui commencent avec un article indéfini ne comportent qu’une seule capitale.
  39. Comme dans les différents exemples supra, tirés des Mille et Une Nuits, la tradition de titrage, en français, mettait souvent une virgule juste avant le ou qui peut être omis.
  40. C’est aussi la forme du titre d’un ouvrage que nous avons érigé, par consensus, en recommandation majeure : le Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale. Titre qui devrait être abrégé, lorsque aucune confusion n’est possible, en Lexique et non dans le sigle imprononçable de LRTUIN — que je n’ai vu jamais ailleurs utilisé que dans les pages de discussion… Il peut aussi arriver qu’un autre substantif ait une valeur similaire au premier et doive aussi recevoir la majuscule (mais le cas est fort rare) :
    • Dernier Exposé et Discours sur la misère de la classe paysanne
  41. Le « 9-Thermidor » est bien ici un nom propre qui s’applique à un événement, à une date emblématique, à une « date historique marquante » (Le Style du « Monde », p. 21, comme pour le « 11-Septembre ») et qui se distingue, par sa majuscule initiale, d’un 9 thermidor, simple date du calendrier révolutionnaire, « simple complément circonstanciel de temps ». Charles Gouriou parle en ce cas d’un « nom historique », § 84 du Mémento. De même pour la Réforme, les Vêpres siciliennes, la Commune (1871), la Libération (1944). L’usage récent, en la matière, consiste, comme le précise Le Style du « Monde » à mettre un trait d’union supplémentaire aux dates historiques quand on ne précise pas leur année (11-Novembre, 14-Juillet) et lorsque on veut souligner le caractère symbolique de la date. Autres exemples tirés de la page 21 du Style : l’appel du 18-Juin, la nuit du 4-Août, la révolution d’Octobre, le coup d’État du 2-Décembre.
  42. C’est le cas également des différentes chansons d’un album, des épisodes de feuilletons ou d’une série, des poèmes d’un recueil, etc. En revanche, une partie majeure d'une œuvre comme la Recherche de Proust, qui est nettement individualisée, doit également se composer en italique : Du côté de chez Swann.
  43. C’est le seul cas où la particule du nom, en français, prend la majuscule.
  44. Cet exemple, tiré du Lexique, démontre qu’en absence d’article défini, on ne doit pas mettre de majuscule au second substantif (ici fugue). Être et avoir n’est donc pas une exception à la recommandation (verbe ou substantif peu importe, en absence d’article défini).
  45. Paris, Seuil, 2004, p. 149.
  46. Bibliographie du Manuel de typographie française élémentaire, p. 14.

Cette règle s’applique également aux autres cas d’un titre dans le titre, puisque le premier doit déjà être composé avec une majuscule initiale : il ne la perd pas quand il est intégré dans un autre titre.

Cette recommandation implique que le titre sera classé dans une liste non pas à la lettre L mais à la première lettre du substantif.

D’autres formes de conjonctions, plus rares, sont possibles.

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