Dilatation (géométrie)

transformation géométrique

En mathématiques, en particulier en géométrie, une dilatation est une application linéaire ou affine, d'un espace vectoriel ou affine dans lui-même, se restreignant à l'identité dans un hyperplan et à une homothétie dans une droite supplémentaire, d'où l'autre nom donné d'affinité hyperplane[1].

Cet article est à lire en parallèle avec celui sur les transvections.

Dilatation vectorielle

modifier

Définition

modifier

Une dilatation   d'un K-espace vectoriel   est une affinité de base un hyperplan  , et de rapport   non nul.

Plus précisément, si   est une droite supplémentaire de   dans  , un vecteur   de   se décompose en   suivant   (  est la forme linéaire "composante sur  "). La dilatation   est définie par[2],[3]:

 .

On obtient comme cas particuliers l'identité pour  , et les symétries hyperplanes (pour  ) qui sont les réflexions dans le cas euclidien où   et   sont orthogonaux.

Propriétés

modifier
  • Les dilatations sont bijectives : la réciproque de la dilatation ci-dessus est la dilatation de mêmes base et direction et de rapport  .
  • L'ensemble des dilatations de base et direction fixées forme un sous-groupe du groupe linéaire  , isomorphe au groupe multiplicatif   du corps de base, par l'application qui à   fait correspondre son rapport.

En dimension finie

modifier
  • Le rapport   d'une dilatation n'est autre que son déterminant[4].
  • Si le corps de base a au moins 3 éléments, tout automorphisme de   est produit de dilatations (autrement dit,   est engendré par les dilatations)[4],[3],[1],[5].
  • Un automorphisme de   est diagonalisable si et seulement s'il est produit commutatif de dilatations.

Caractérisation

modifier

Une dilatation de   autre que l'identité est caractérisée par le fait que l'ensemble de ses vecteurs invariants est un hyperplan   et que l'image d'un vecteur donné  n'appartenant pas à l'hyperplan se décompose en   avec   ;   est alors le rapport de la dilatation. Si  , on obtient une transvection[4].

Autrement dit,   est une dilatation ssi   est un hyperplan et  [6].

Matrice de dilatation

modifier

Dans une base de   formée de vecteurs de la base et de la direction de la dilatation, la dilatation a pour matrice une matrice du type  . Ces matrices sont donc appelées matrices de dilatation[5].

Dilatation affine

modifier

Une dilatation d'un espace affine   est une affinité de base un hyperplan, et de rapport non nul ; ce sont les applications affines de partie linéaire une dilatation vectorielle, sauf dans le cas du rapport 1.

Étant donnés deux points  ,   et un hyperplan   non parallèle à la droite  , il existe une unique dilatation de base   envoyant   sur   ; on obtient l'image  d'un point   par la construction :

 

En dimension finie, et si le corps de base a au moins 3 éléments, le groupe affine   est engendré par les dilatations[4],[3],[1].

Dilatation en géométrie projective

modifier

Si l'on plonge l'espace affine   dans son complété projectif[7], en lui adjoignant un hyperplan à l'infini  , on sait que l'on peut munir le complémentaire   de l'hyperplan   d'une structure d'espace affine (les droites qui sont sécantes en un point de   dans   deviennent parallèles dans   et celles qui sont parallèles dans   deviennent sécantes en un point de  ).

À toute dilatation d'hyperplan   de   est alors associée une application affine de   qui n'est autre qu'une homothétie.

Et si on envoie un autre hyperplan que   et   à l'infini, la dilatation devient une homologie non spéciale.

En résumé, il y a, en géométrie projective, identité entre les homothéties, les dilatations, et les homologies non spéciales.

Réalisation d'une dilatation par projection

modifier
 

On plonge l'espace euclidien  de dimension   comme hyperplan d'un espace   de dimension   et on fait tourner   autour d'un hyperplan  (qui est de dimension  ), de façon à en obtenir une copie  .

Tout point   de   a une copie   dans  , donc aussi l'image   de   par une dilatation de base  .

On montre que la droite   garde une direction fixe  , ce qui montre que   s'obtient par projection de   dans   (projection de base   et de direction  ). Connaissant  , on en déduit  par rotation.



Autre acception de la notion de dilatation

modifier

Certains auteurs désignent par "dilatation" d'un plan affine[8] ou même d'un espace affine[1],[9] une bijection affine transformant une droite en une droite parallèle. Ceci caractérise les homothéties et les translations. Les auteurs prenant cette définition des dilatations, parlent d'affinité hyperplane pour la notion développée ci-dessus, et les auteurs prenant la définition ci-dessus des dilatations parlent d'homothétie-translation pour les homothéties ou translations.

Annexes

modifier

Articles connexes

modifier

Références

modifier
  1. a b c et d Alain Bigard, Géométrie, cours et exercices corrigés pour le capes et l'agrégation, Masson, , p. 76-80
  2. J. Lelong-Ferrand, J. M. Arnaudiès, Cours de mathématiques, géométrie, t. 3, Dunod université, , p. 7, 44
  3. a b et c Yves Ladegaillerie, Géométrie, affine, euclidienne et anallagmatique, Ellipses, , p. 91-96
  4. a b c et d Claude Tisseron, Géométries affine, projective et euclidienne, Hermann, , p. 71-73
  5. a et b « Générateurs du groupe linéaire »
  6. Ludovic Marquis, « Théorie des groupes et géométrie / Transvection et dilatation », p. 82
  7. François Labourie, « Géométrie affine et projective / Complétion projective d’un espace affine »
  8. A. Bouvier, M. George, F. le Lionnais, Dictionnaire des mathématiques, PUF, , p. 255
  9. Rémi Goblot, Agrégation de mathématiques, Masson, , p. 11