Traversée de Paris des condamnés à mort sous la Révolution française

La Traversée de Paris des condamnés à mort sous la Révolution française est un itinéraire parisien parcouru par les charrettes qui emmènent les victimes de la Terreur condamnées à la peine capitale par le tribunal révolutionnaire à partir de la prison de la Conciergerie sur le lieu de leur exécution. La Guillotine ayant été plusieurs fois déplacée, le parcours varie au fil du temps.

Début du parcours, du palais de Justice au pont au Change (plan de 1754)

Le départ de la Conciergerie modifier

 
Arcade de la cour du Mai. Ancienne sortie des condamnés, photographiée en 2015
 
Charrettes des condamnés stationnant dans la cour du Mai le pour emmener les Girondins au supplice. La guillotine se dressait alors sur la place de la Révolution (place de la Concorde).

La prison de la Conciergerie est située au sein même du palais de Justice de Paris près du tribunal révolutionnaire. Avant 1826, la sortie s'effectue par un escalier montant du sous-sol vers la porte d'une petite cour[1], puis par une arcade — encore visible à droite du grand perron — qui donne passage, dans l'enceinte du palais, à la cour dite cour du Mai[2].

Les charrettes sont stationnées au pied du palais, dans la cour du Mai, au plus proche de l'arcade. Les condamnés sortent à l'appel de leur nom, et montent ou sont hissés dans les voitures qui quittent l'enceinte du palais par la porte faisant face à la rue de la Vieille-Draperie et empruntent la rue Saint-Barthélémy (boulevard du Palais) en direction du nord jusqu'au pont au Change.

À partir de l'extrémité nord du pont, les traversées prennent des chemins différents en fonction du lieu à atteindre.

La traversée de Paris par les condamnés modifier

Le parcours vers la place de la Révolution (place de la Concorde) modifier

Le parcours vers la place du Trône-Renversé (place de la Nation) modifier

La traversée de Paris, commence par le pont au Change, le quai de Gesvres, la place de Grève (aujourd'hui place de l'Hôtel-de-Ville) et la rue Saint-Antoine. Il faut environ une heure et demie au cortège, précédé d'un détachement de gendarmes, et suivi d'une escorte, pour parvenir jusqu'à la barrière du Trône.

Il passe devant l'église Saint-Paul, les charrettes parviennent à la porte Saint-Antoine et débouchent sur la place du Trône. À la droite s'élève la guillotine. Les condamnés descendent des charrettes, les gendarmes font écran devant la foule.

L'exécution modifier

Le bourreau, effectue son travail, assisté par deux aides. À l'appel de son nom, chaque victime est hissée sur la plate-forme, puis étendue sur une planche. Quand la planche bascule, la lunette se ferme et le couperet tombe. Les corps et les têtes sont jetés dans un tombereau, immense voiture assez basse doublée de plomb et peinte en rouge pour éviter qu'on ne distingue trop clairement le sang.

Le dernier voyage modifier

 
La porte charretière par laquelle les tombereaux entraient dans le cimetière de Picpus

Au départ de la place du Trône-Renversé, la nuit, la voiture longe l'avenue Saint-Mandé, puis rejoint la porte charretière du cimetière de Picpus. La porte est verrouillée derrière le passage du tombereau.

Commence alors la récupération des vêtements des victimes. Les cadavres sont déshabillés, et on jette les corps dans les fosses communes. Les scribes de la République font l'inventaire des habits récupérés au profit de la Nation. En effet, dans un premier temps, ceux-ci servaient de pourboire aux exécuteurs mais, le nombre des condamnés augmentant de jour en jour, il est décidé que les hospices seront désormais les destinataires des effets des victimes. Seuls les accessoires : souliers, bas, fichus, sont maintenus pour les exécuteurs. Mais le nombre augmentant toujours, ceux-ci leur seront bientôt également supprimés.

 
Les restes de la porte de la chapelle qui tenait lieu de bureau

Les scribes se plaignent d'ailleurs de ne pouvoir remplir leur office dans des conditions satisfaisantes. Ils adressent des réclamations pour que soient remis des carreaux à la chapelle qui leur sert de bureau, car le vent éteint les chandelles et quand il pleut, on pourrait oublier de transcrire le nombre exact de redingotes, « ce qui serait une perte pour la Nation de plus de 100 livres par habit… »

Références modifier

  •   Association du souvenir de Picpus (Paris), Les victimes de Picpus : 1794-1994, Paris (35 rue de Picpus, 75012), Association du souvenir de Picpus, (SUDOC 117067628), livre provenant du Cimetière de Picpus et édité à l'occasion du bicentenaire de la Révolution française.
  1. Porte murée en cette même année 1826.
  2. Collectif Presse judiciaire parisienne, Alexandre Dumas fils (préf.), Le Palais de Justice de Paris : son monde et ses mœurs, Libraires-imprimeries réunies, Paris, 1892, pp. 28 et 303 (en ligne).

Liens internes modifier