Beta Leonis

étoile de la constellation du Lion
(Redirigé depuis Denebola (étoile))
β Leonis
Dénébola
Données d'observation
(époque J2000.0)
Ascension droite 11h 49m 03,578s[1]
Déclinaison +14° 34′ 19,409″[1]
Constellation Lion
Magnitude apparente +2,14

Localisation dans la constellation : Lion

(Voir situation dans la constellation : Lion)
Caractéristiques
Type spectral A3 Va[2]
Indice U-B +0,153[3]
Indice B-V +0,107[3]
Variabilité Delta Scuti[4]
Astrométrie
Vitesse radiale –0,2 km/s[5]
Mouvement propre μα = −497,68[1] mas/a
μδ = −114,67[1] mas/a
Parallaxe 90,91 ± 0,52 mas[1]
Distance 35,9 ± 0,2 a.l. (∼ 11 pc)
Magnitude absolue +1,93[6]
Caractéristiques physiques
Masse 1,78 ± 0,46 M[7]
Rayon 1,728 ± 0,037 R[7]
Gravité de surface (log g) 4,0[8]
Luminosité 15 L[7]
Température 8 500 K[8]
Métallicité +0,00 [Fe/H][7]
Rotation 128 km/s[9]
Âge 1–3,8×108 a[10]

Désignations

β Leo, Deneb Aleet, 94 Leo, GJ 448, HR 4534, BD+15°2383, HD 102647, LHS 2462, LTT 13249, GCTP 2738.00, SAO 99809, FK5 444, HIP 57632[2]

Beta Leonis (en abrégé β Leo), également nommée Denebola, est la deuxième étoile la plus brillante de la constellation du Lion.

Denebola est une étoile de type A, elle est située à 36 années-lumière de la Terre et a une luminosité quinze fois supérieure à celle du Soleil. Elle a une magnitude apparente de 2,14. Étoile variable de type Delta Scuti, elle a donc une luminosité très légèrement changeante pendant quelques heures.

Elle est parfois incluse dans l'astérisme du Triangle du printemps, avec Spica et Arcturus[notes 1]. Ces trois étoiles dessinent un triangle presque équilatéral.

Nomenclature modifier

β Leonis, latinisé Beta Leonis, est la désignation de Bayer de l'étoile. Elle porte également la désignation de Flamsteed de 94 Leonis[2].

Denebola est aujourd'hui le nom de Beta Leonis approuvé par l'Union astronomique internationale (UAI)[11]. Apparu au XIIIe siècle sous la forme Deneb eleced avec Jean de Londres (1230-1240)[12], cette étoile devient Denebelelce/id, Alesit et Nebulasit dans l’Uranometria de Johann Bayer (1603)[13], avant de prendre sa forme actuelle, soit Denebola, que l’on rencontre au plus tard chez Giuseppe Piazzi (1814)[14]. Ce nom vient de l’arabe ذنب الأسد Ḏanab al-Asad, « la Queue du Lion », dans la représentation héritée des Grecs, sachant qu’il était déjà à Babylone KUN UR.GU.LA, « la Queue du Lion »[15]. L’étoile n’est pas encore nommée par les traducteurs de la Μαθηματική σύνταξις de Ptolémée. Elle ne figure pas non plus sur les premiers astrolabes, mais ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī l’y relève à son époque, soit au milieu du Xe siècle[16].

Cette étoile possède un autre nom connu, Serpha, qui vient de l’arabe الصرفة al-Ṣarfa, « le Changement [du Temps] », nom de la XIIe des manāzil al-qamar ou « stations de la lune ». Elle est ainsi nommée, selon ᶜAbd al-Raḥmān al-Sūfī (964) « parce que, à son lever dans les rayons du soleil le matin, les chaleurs s’éloignent, et qu’à son coucher à l’occident, le matin, c’est le froid qui s’en va, pendant que son opposé, le premier Farġ [= « Déversoir », soit α et β Peg], sort des rayons du soleil »[17]. Le nom, introduit dès l’an mil, avec les premières listes latines sous la forme Alsarfa, s’est perpétué. Le nom actuel Serpha est relevé chez Francis Bailey en 1841 par Richard Hinckley Allen[18], qui a ainsi permis de le perpétuer.

Environnement galactique modifier

Selon la nouvelle réduction des données astrométriques du télescope spatial Hipparcos de 2007, la parallaxe annuelle de Denebola vaut de 90,91 ± 0,52 mas[1]. La distance entre Denebola et la Terre est donc égale à 1/0,09091 pc, soit 11,00 pc, c'est-à-dire 35,9 années-lumière. L'étoile est donc pour nous relativement proche et elle partage le même environnement galactique que le Soleil. En particulier, elle se trouve comme le Soleil dans la bulle locale, une « cavité » du milieu interstellaire présent dans le bras d'Orion, l'un des bras galactiques de la voie lactée.

Eggen, en 1991[19], démontra en étudiant la cinématique de ses étoiles l'existence d'une association stellaire appelée le superamas d'IC 2391 dont Dénébola fait partie. Toutes les étoiles de ce groupe partagent un mouvement propre commun dans l'espace, bien qu'elles ne soient pas gravitationnellement liées, ce qui suggère qu'elles seraient nées au même endroit et qu'elles auraient pu former à l'origine un même amas ouvert. Parmi les autres étoiles appartenant à cette association, on trouve Alpha Pictoris, Beta Canis Minoris et l'amas ouvert IC 2391. Au total, il identifia plus de soixante étoiles qui sont des membres probables de cette association[19].

Les étoiles les plus proches de Denebola sont deux naines rouges[20]. Il s'agit de Ross 119, une étoile de type spectral M0-3.5 V localisée à 3,6 années-lumière de Denebola, et de AC+27 28217, une autre naine rouge de type spectral M3.5 V, à 7,9 années-lumière de Denebola[20]. L'étoile semblable au Soleil la plus proche est Zavijava (Beta Virginis), à 8 années-lumière de Denebola[20]. C'est une étoile jaune-blanc de la séquence principale de type spectral F9 V[21].

Propriétés modifier

Denebola est une étoile blanche de la séquence principale de type spectral A3 Va, avec une classe de luminosité « Va » (lire « cinq A ») qui indique que l'étoile est une naine particulièrement lumineuse pour sa classe. C'est une étoile jeune, d'un âge compris entre 100 et 380 millions d'années[10], plus probablement inférieur à 200 millions d'années[7]. La température de surface de Denebola est d'environ 8 500 K[8]. Les observations interférométriques lui donnent un rayon qui vaut 173 % celui du Soleil et une masse qui est 78 % supérieure à celle du Soleil[7], ce qui signifie que Denebola restera moins longtemps sur la séquence principale que notre étoile. Sa luminosité vaut 15 fois celle du Soleil[7].

Elle a une vitesse de rotation élevée, de 128 km/s[9], qui est du même ordre de grandeur que celle d'Alpha Eridani. En comparaison, le Soleil a une vitesse de rotation de 2 km/s. Denebola est probablement une étoile variable de type Delta Scuti, sa luminosité fluctuant d'environ 0,025 magnitude à peu près dix fois par jour[4].

Disque de débris modifier

Denebola montre un fort excès d'infrarouge, ce qui indique la présence d'un disque de débris de poussières froides en orbite autour de l'étoile[22]. La poussière entourant Denebola possède une température d’environ 120 K (−153 °C). Des observations effectuées avec le télescope spatial Herschel ont permis d'obtenir des images mieux résolues, qui montrent que le disque est localisé à un rayon de 39 UA de l'étoile, c'est-à-dire 39 fois la distance entre le Soleil et la Terre[23]. Tout comme on pense que le système solaire se serait formé à partir d'un tel disque, Denebola et d'autres étoiles qui lui sont semblables comme Véga ou Beta Pictoris pourraient être des candidates qui hébergeraient des exoplanètes.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. L'autre version du Triangle du printemps inclut Régulus au lieu de Dénébola.

Références modifier

  1. a b c d e et f (en) F. van Leeuwen, « Validation of the new Hipparcos reduction », Astronomy and Astrophysics, vol. 474, no 2,‎ , p. 653–664 (DOI 10.1051/0004-6361:20078357, Bibcode 2007A&A...474..653V, arXiv 0708.1752)
  2. a b et c (en) Beta Leonis sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  3. a et b (en) Adelina Gutierrez-Moreno, H. Moreno, J. Stock, C. Torres et H. Wroblewski, « A System of photometric standards », Publ. Dept. Astron. Univ. Chile, Publicaciones Universidad de Chile, Department de Astronomy, vol. 1,‎ , p. 1–17 (Bibcode 1966PDAUC...1....1G)
  4. a et b (en) D. E. Mkrtichian et A. Yurkov « β Leo - Back to Delta Scuti Stars? » (5–7 Novembre 1997) (Bibcode 1998vsr..conf..143M)
    « (ibid.) », dans Proceedings of the 20th Stellar Conference of the Czech and Slovak Astronomical Institutes, Brno, République Tchèque, Dordrecht, D. Reidel Publishing Co. (ISBN 80-85882-08-6), p. 172
  5. (en) D. S. Evans, « The Revision of the General Catalogue of Radial Velocities », Determination of Radial Velocities and their Applications, Proceedings from IAU Symposium no. 30, Université de Toronto, International Astronomical Union, vol. 30,‎ 20-24 juin 1966, p. 57 (Bibcode 1967IAUS...30...57E)
  6. (en) E. Anderson et Ch.Francis, « XHIP: An extended hipparcos compilation », Astronomy Letters, vol. 38, no 5,‎ , p. 331 (DOI 10.1134/S1063773712050015, Bibcode 2012AstL...38..331A, arXiv 1108.4971)
  7. a b c d e f et g (en) E. Di Folco, F. Thévenin, P. Kervella, A. Domiciano de Souza, V. Coudé du Foresto, D. Ségransan et P. Morel, « VLTI near-IR interferometric observations of Vega-like stars », Astronomy and Astrophysics, vol. 426, no 2,‎ , p. 601–617 (DOI 10.1051/0004-6361:20047189, Bibcode 2004A&A...426..601D)
  8. a b et c (en) B. Acke et C. Waelkens, « Chemical analysis of 24 dusty (pre-)main sequence stars », Astronomy and Astrophysics, vol. 427, no 3,‎ , p. 1009–1017 (DOI 10.1051/0004-6361:20041460, Bibcode 2004A&A...427.1009A, arXiv astro-ph/0408221)
  9. a et b (en) F. Royer, J. Zorec et A. E. Gómez, « Rotational velocities of A-type stars. III. Velocity distributions », Astronomy and Astrophysics, vol. 463, no 2,‎ , p. 671–682 (DOI 10.1051/0004-6361:20065224, Bibcode 2007A&A...463..671R, arXiv astro-ph/0610785)
  10. a et b (en) R. Lachaume, C. Dominik, T. Lanz et H. J. Habing, « Age determinations of main-sequence stars: combining different methods », Astronomy and Astrophysics, vol. 348,‎ , p. 897-909 (Bibcode 1999A&A...348..897L)
  11. « International Astronomical Union | IAU », sur www.iau.org (consulté le )
  12. Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2005, p. 108.
  13. Johann Bayer, Uranometria, omnium asterismorum continens schemata, nova methodo delineata…, Augusta Vindelicorum : C. Mangus, 1603, fol. 26r.
  14. Giuseppe Piazzi, Præcipuarum stellarum inerrantium positiones mediæ ineunte sæculo XIX : ex observationibus habitis in specola Panormitana ab anno 1792 ad annum 1813, éd. Panermi : ex regia typ. militari, 1814, p. 78.
  15. « Roland Laffitte, L’héritage mésopotamien des Grecs en matière de noms astraux (planètes, étoiles et constellations, signes du zodiaque), in Lettre SELEFA n° 10 (décembre 2021), p. 11. »
  16. Roland Laffitte, Des noms arabes pour les étoiles. Apport de l’uranographie arabe, Paris : Geuthner, 2012, p. 200.
  17. Hans Karl Frederik Christian Schjellerup, Description des étoiles fixes composée au milieu du Xe siècle de notre ère par l'astronome persan Abd-al-Rahman Al-Sûfi. Traduction littérale de deux manuscrits arabes de la Bibliothèque royale de Copenhague et de la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg…, Saint-Pétersbourg : Eggers et Cie, 1874, repr. Fuat Sezgin, Islamic mathematics and Astronomy, vol. XXVI, Frankfurt am Main : Institut für Geschichte der arabisch-islamischen Wissenschaft an der Johann Wolfgang Goethe-Universität, 1997, p. 155.
  18. Richard Hinckley Allen, Star-names and their meaning, New York & al., G. E. Stechert, 1899, réed. st. Star Names, Their Lore an Meaning, New-York: Dover Publications, 1963, p. 258.
  19. a et b (en) O. J. Eggen, « The IC 2391 supercluster », Astronomical Journal, vol. 102,‎ , p. 2028–2040 (DOI 10.1086/116025, Bibcode 1991AJ....102.2028E)
  20. a b et c (en) « Denebola (Beta Leonis) », sur SolStation.com (consulté le )
  21. (en) * bet Vir -- High proper-motion Star sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  22. (en) J. Cote, « B and A type stars with unexpectedly large colour excesses at IRAS wavelengths », Astronomy and Astrophysics, vol. 181, no 1,‎ , p. 77–84 (Bibcode 1987A&A...181...77C)
  23. (en) B. C. Matthews, B. Sibthorpe, G. Kennedy et al., « Resolving debris discs in the far-infrared: Early highlights from the DEBRIS survey », Astronomy and Astrophysics, vol. 518,‎ , p. L135 (DOI 10.1051/0004-6361/201014667, Bibcode 2010A&A...518L.135M)

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Articles connexes modifier

Liens externes modifier