Un dark pool est un système privé d'échange de valeurs mobilières exploité par un prestataire de services d'investissement ou un opérateur de marché, qui s'effectue donc de gré à gré, à l'inverse des échanges en bourse. Deux traits importants les distinguent des marchés boursiers : les prix des transactions ne sont pas affichés avant la transaction finale, ce qui permet l'anonymat des acteurs (acheteurs ou vendeurs). L'intérêt de ce système est d'éviter les trop grands impacts de marché lors d'échanges massifs. Souvent restreints aux acteurs institutionnels (banques...), qui sont les premiers à être exposés à de tels impacts en raison de leur taille, ils peuvent parfois être ouverts au public via des courtiers.

Ce système est autorisé depuis 2007 en Europe par la Directive européenne sur les marchés d'instruments financiers[1].

En 2012, il y représente environ le sixième de toute l'activité boursière, avec des échanges d'environ 100 milliards d'euros par mois[2].

Objet modifier

Un dark pool a pour objectif de traiter des volumes d'ordres de bourse importants (transactions sur blocs), hors marchés officiels (grandes bourses réglementées ou systèmes multilatéraux de négociation), et sans afficher le prix des transactions avant leur finalisation. Il permet ainsi aux acteurs (acheteurs ou vendeurs de titres) de rester anonymes.

Pour être légal, un dark pool doit en principe recevoir une autorisation d'exercer, attribuée par le régulateur de son pays d'implantation, comme l'Autorité des marchés financiers (AMF) en France ou la Financial Conduct Authority (FCA) en Grande-Bretagne.

Il existe trois types de dark pool :

  1. des sociétés indépendantes créées pour offrir une base unique et différenciée de négociation ;
  2. ceux appartenant au courtier où ses clients interagissent, le plus souvent avec d'autres clients du courtier (y compris éventuellement ses propres traders) dans des conditions d'anonymat ;
  3. certaines places boursières ont mis en place leurs propres dark pools pour permettre à leurs clients l'anonymat et le non-affichage des commandes tout en offrant une infrastructure d'échange.

Historique modifier

Principaux dark pools dans le monde modifier

Europe modifier

Amérique du Nord modifier

Canada modifier

  • Sigma X

Critiques modifier

Certains experts dont Jeffrey G. MacIntosh[9] en 2013, estiment que dans un contexte de croissance de trading haute fréquence, c'est-à-dire de rapidité exponentiellement croissante des flux d'échanges boursier, la bourse et les traders (« anges ou démons ? »[10]) devraient obéir à de nouvelles règles et qu'il est nécessaire de maintenir une règle de protection des ordres afin de contenir les transferts financiers du marché éclairé (transparent) vers les dark pools, afin de prévenir les pratiques commerciales abusives, pour protéger les intérêts des clients : MacIntosh s'inquiète donc moins de la nature de ces flux financiers que des coûts potentiellement plus élevés qu'ils induisent pour les donneurs d'ordres.

Notes et références modifier

  1. a et b Directive 2004/39/CE du Parlement européen et du Conseil du 21 avril 2004 concernant les marchés d'instruments financiers, modifiant les directives 85/611/CEE et 93/6/CEE du Conseil et la directive 2000/12/CE du Parlement européen et du Conseil et abrogeant la directive 93/22/CEE du Conseil (Journal officiel L 145 du 30.4.2004).
  2. a et b François Desjardins, « Goldman Sachs ferme sa plateforme boursière électronique », sur ledevoir.com, Le Devoir, .
  3. (fr) Christophe Quester, « Les opérateurs boursiers mettent sur pied leurs dark pools », L'Agefi, 3 septembre 2009
  4. (fr) Stéphane Le Page et Massimo Prandi, « Xavier Rolet (LSE) : les banques sont devenues concurrentes des Bourses », Les Échos, 16 septembre 2009
  5. a et b (fr) Thomas Carlat, « Les plates-formes alternatives à l'aube d'une consolidation », L'Agefi, 14 janvier 2010
  6. (fr) « Lancement du dark pool de CA Cheuvreux », L'Agefi, 28 mai 2009
  7. (fr) « Chi-X lance un dark pool », L'Agefi, 22 avril 2009
  8. (fr) Violaine Le Gall, « Le dark pool de Nyse Euronext s'enrichit de quatorze membres », L'Agefi, 15 juillet 2009
  9. juriste, expert au Toronto Stock Exchange, enseignant et directeur du CNSX Markets Incestiment
  10. MacIntosh, J. G. (2013). High Frequency Traders: Angels or Devils ?. CD Howe Institute Commentary, 391.

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Kratz, P., & Schöneborn, T. (2012, April). Optimal liquidation in dark pools. In EFA 2009 Bergen Meetings Paper.
  • Karuppiah, J., & Los, C. A. (2005). Wavelet multiresolution analysis of high-frequency Asian FX rates, Summer 1997. International Review of Financial Analysis, 14(2), 211-246.