Daniel-Henri Druey

homme politique suisse

Daniel-Henri Druey
Illustration.
Daniel-Henri Druey
Fonctions
Conseiller fédéral
Département de justice et police
(1848-1849 et 1852)
Département des finances
(1851 et 1853-1855)
Élection
Réélection
Prédécesseur poste créé
Successeur Constant Fornerod
Président de la Confédération suisse
Chef du Département politique
Élection
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Faoug
Date de décès (à 55 ans)
Lieu de décès Berne
Nature du décès Accident vasculaire cérébral
Parti politique Parti radical-démocratique
Diplômé de Université de Lausanne
Profession Avocat
Juge

Daniel-Henri Druey, plus connu sous sa version simplifiée Henri Druey, est un homme politique, avocat et journaliste suisse, né le à Faoug, mort le . Membre du Parti radical-démocratique, il est conseiller fédéral de 1848 à 1855.

Biographie modifier

École et études modifier

Daniel-Henri Druey naît le à Faoug, dont il est bourgeois, et où son père tient une auberge, le relais de la Poste. Il a 5 frères et sœurs. Il fréquente l'école primaire dans son village puis à Morat et dans une école privée d'Avenches avant de rejoindre l'Institut Loder de Berne. Il est engagé à la fin de sa scolarité comme clerc chez le notaire Briod à Lucens.

En 1818, Druey suit les cours de l'Académie de Lausanne. Licencié en droit en 1820, il part en septembre pour l'Allemagne. Il restera un semestre à la Faculté de droit de l'université de Tübingen, avant d'étudier l'archéologie et le droit romain à Heidelberg dès . Il se rend ensuite à Göttingen en 1822 puis à Berlin de à . Il y devient l'élève de Friedrich Hegel, qui lui donnera ses idées politiques.

Il revient d'Allemagne en été 1824 avant de repartir pour Paris en octobre, afin de suivre des cours à l'université. Il entre alors en relation avec des personnalités du monde littéraire et du journalisme et rencontre le naturaliste Alexander von Humboldt, Metternich, Chateaubriand et Benjamin Constant. En 1825, il parcourt l'Angleterre et travaille dans l'étude d'un juriste londonien. Il quitte Londres en , repasse trois mois à Paris et rentre à Lausanne en . Il entreprend alors un stage dans l'étude de l'avocat Jean Mandrot.

Élection au Grand Conseil, au Tribunal d'appel et au Conseil d'État modifier

Encore stagiaire, il est élu par le Cercle de Grandcour comme député lors du renouvellement partiel du Grand Conseil, en .

Avocat dès le mois d'août, Druey ouvre une étude à Moudon. Il y fait la connaissance de Caroline Burnand, qu'il épouse le à Villarzel. Elle mourra le , à l'âge de 37 ans.

Le , il est élu juge au tribunal d'appel. Le tribunal étant situé à Lausanne, il s'installe dans la capitale vaudoise. En , une pétition demande une assemblée constituante et il devient secrétaire de la commission chargée de préparer le projet de Constitution vaudoise. Celle-ci sera adoptée par le peuple en . Membre du nouveau Grand Conseil élu en juillet, il est nommé au Conseil d'État en août. Représentant du parti conservateur, il co-assume la direction du Département militaire. Il préside en outre le Conseil de santé jusqu'en 1845.

Avec Charles Monnard, il représente pour la première fois en 1832 le canton de Vaud à la Diète fédérale. Il y siège également en 1839, 1841, 1845, 1846 et 1847.

Les idées politiques de Druey évoluent. Il se désolidarise progressivement du reste du Conseil d'État libéral, et s'affirme comme le meneur de l'aile gauche du Parti libéral, qui deviendra le Parti radical-démocratique, en préconisant la souveraineté populaire intégrale et l'opposition à la classe aristocratique et religieuse. Il demande que les débats du Grand Conseil et du Conseil d'État soient rendus publics et propose de plus le vote des femmes en matière ecclésiastique, la nomination des officiers par la troupe et les élections le dimanche pour que les travailleurs puissent y prendre part. Ses adversaires le traitent de socialiste, voire de communiste.

En 1836, six cercles l'élisent aux élections générales du Grand Conseil. Il préside le Comité central de la Société suisse des carabiniers et le Comité d'organisation du Tir fédéral. Sa popularité croît. Il mène en parallèle une carrière de journaliste militant et écrit régulièrement dès 1832 dans le Nouvelliste vaudois. Après le départ de Charles Monnard du journal en 1833, il en fait sa tribune personnelle et en devient le directeur en 1836.

Révolution radicale de 1845 modifier

Le , la nouvelle loi d'organisation ecclésiastique, qui supprime la confession de foi helvétique et subordonne l'Église à l'État, selon le vœu de Druey, annonce une crise religieuse. En 1841, le Parti radical est bien représenté au Grand Conseil et le Cercle de lausanne réélit Druey. Il prend officiellement parti contre le Sonderbund des cantons catholiques. Il est un membre influent de l'Association patriotique, fondée par les chefs radicaux en 1844, pour demander au Grand Conseil que ses représentants à la Diète fédérale votent l'expulsion des Jésuites. Entraînée par Druey et Louis-Henri Delarageaz, l'opposition radicale organise des assemblées populaires. Malgré tout, le , le Grand Conseil, au nom de la liberté religieuse et de la souveraineté cantonale, refuse l'expulsion des Jésuites de Lucerne, demandée par une pétition riche de 32 000 signatures. Dans la nuit du 13 au , alors que Druey s'engage dans une assemblée à soutenir les pétitionnaires contre les catholiques, les révolutionnaires entrent dans Lausanne. Le Conseil d'État libéral cède. Druey, qui a donné sa démission, annonce que le gouvernement abandonne ses fonctions. Un gouvernement provisoire est formé. Druey en prend la direction le . Il fait voter sur la place de la Riponne, devant des milliers de Vaudois, la dissolution du Grand Conseil.

Le nouveau Conseil d'État, élu le , est entièrement radical. Druey en est le président. L'assemblée vote une nouvelle constitution, sur laquelle Druey travaille activement. Les libertés religieuses et d'association qu'il a défendues auparavant n'y sont pas garanties. Vu les réactions importantes que ces dispositions suscitent, notamment dans les milieux ecclésiastiques et intellectuels, Henri Druey demande aux pasteurs de lire le dimanche une proclamation engageant les électeurs à accepter la Constitution. Une quarantaine d'entre eux refusent que l'État s'immisce ainsi dans l'Église. Le texte est malgré tout soutenu par le doyen Louis-Auguste Curtat. La Constitution est acceptée le .

Il devient par la suite un membre influent de la commission chargée d'élaborer la nouvelle Constitution fédérale de 1848. Il en est le rapporteur francophone à la Diète.

Élection au Conseil fédéral modifier

Le , il est élu membre et vice-président[réf. nécessaire] du 1er Conseil fédéral. Il démissionne donc pour la fin de l'année du Conseil d'État, où il aura siégé 17 ans. Il assurera la présidence de la Confédération en 1850.

Départements modifier

Fin de vie modifier

Dans la nuit du 17 au , il a un accident vasculaire cérébral et perd l'usage de la parole. Il meurt le . Il est enseveli le au cimetière de Faoug, où un monument a été élevé à sa mémoire.

Franc-maçon, il est membre de la loge Espérance et Cordialité de Lausanne, appartenant à la Grande Loge suisse Alpina[1].

Toponyme modifier

Lausanne possède une avenue Henri-Druey, allant de la rue de la Pontaise au chemin des Grandes-Roches, sur décision municipale de 1898, à la demande des Amis de la Pontaise.

Notes et références modifier

  1. Robert Giroud, Deux cent cinquante ans de franc-maçonnerie à Bex, Bière, Éd. Cabédita, 2014, p. 209.

Voir aussi modifier

Sources modifier

Liens externes modifier