Croix de chevalier de la croix de fer

décoration militaire allemande de la seconde guerre mondiale

Croix de chevalier de la croix de fer
Croix de chevalier de la croix de fer
Une croix de chevalier de la croix de fer.
Décernée par Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Type Médaille de mérite
Éligibilité Militaires titulaires de la croix de fer
Campagne Seconde Guerre mondiale
Décerné pour Faits de guerre exceptionnels
Statut Plus décernée
Description Croix pattée noire, avec une croix gammée en son centre
Ruban rouge avec deux bandes blanches et noires sur les bords
Chiffres
Date de création
Première attribution 1939
Dernière attribution 1945
Total de récompensés 7 313 croix de chevalier
Importance

La croix de chevalier de la croix de fer (en allemand : Ritterkreuz des Eisernen Kreuzes) est une décoration allemande de la Seconde Guerre mondiale. Elle est le troisième grade de la croix de fer.

Historique modifier

La croix de chevalier de la croix de fer est une décoration supérieure à la croix de fer. Cet ordre a été créé le par Adolf Hitler, au début de la campagne de Pologne. La croix de chevalier est la deuxième plus haute distinction militaire du Troisième Reich. La croix de chevalier de la croix de fer correspond à la décoration militaire Pour le Mérite de la Première Guerre mondiale. Deux millions trois cent mille croix de fer de 2e classe ont été décernées entre 1939 et 1945, contre seulement 7 313 croix de chevalier.

L'attribution de la croix de fer 1939 ne sera pas limitée par l'âge ou le sexe, ni même par la nationalité.

Au verso de la médaille, ne figurait plus que l'année 1813 dans le bas, et au recto figuraient une croix gammée au centre et l'année dans la branche du bas. Le ruban était désormais à la couleur du Reich, noire, blanche et rouge.

Statut initial modifier

Adolf Hitler rétablit la croix de fer le , instituant quatre grades :

  • la croix de fer 2e classe ;
  • la croix de fer 1re classe ;
  • la croix de chevalier de la croix de fer ;
  • la grand-croix de la croix de fer.

Évolution modifier

La loi du est modifiée à trois reprises par des ordonnances instituant quatre classes intermédiaires entre la croix de chevalier et la grand-croix :

  • la croix de chevalier de la croix de fer avec feuilles de chêne (Ritterkreuz des Eisernen Kreuzes mit Eichenlaub), le  ;
  • la croix de chevalier de la croix de fer avec feuilles de chêne et glaives (Ritterkreuz des Eisernen Kreuzes mit Eichenlaub und Schwerten) le  ;
  • la croix de chevalier de la croix de fer avec feuilles de chêne, glaives et brillants (Ritterkreuz des Eisernen Kreuzes mit Eichenlaub, Schwerten und Brillanten), également le  ;
  • la croix de chevalier de la croix de fer avec feuilles de chêne et glaives en or et brillants[a] (Ritterkreuz des Eisernen Kreuzes mit goldenem Eichenlaub, Schwerten und Brillanten) le .

Lorsque Hitler institue le la « croix de fer avec feuilles de chêne et glaives en or et brillants » comme la plus haute distinction militaire du Troisième Reich, il prévoit de n'en attribuer que douze, mais finalement seul le pilote Hans-Ulrich Rudel (1916-1982), pour qui elle est originellement créée, la reçoit, le , en même temps que sa promotion au grade d’Oberst (colonel).

Récipiendaires modifier

L'Association des récipiendaires de la croix de chevalier de la croix de fer (en allemand : Ordensgemeinschaft der Ritterkreuzträger des Eisernen Kreuzes e.V. (OdR)) recense 7 322 bénéficiaires de la croix de chevalier dans les trois branches militaires de la Wehrmacht, composée de la Heer (Armée de terre), la Kriegsmarine (Marine) et la Luftwaffe (Armée de l'air), ainsi que dans la Waffen-SS, le Reichsarbeitsdienst (RAD) et le Volkssturm[1]. L'OdR énumère également 43 personnes dans l'armée des alliés du Troisième Reich pour un total de 7 365 bénéficiaires de la croix de chevalier de la croix de fer[2].

Sur les 890 personnes qui ont reçu les feuilles de chêne (882 membres de la Wehrmacht et huit non-Allemands), 160 d’entre eux ont reçu les feuilles de chêne et épées (159 membres de la Wehrmacht et un destinataire d'honneur, l'amiral japonais Isoroku Yamamoto). Seuls 27 hommes ont reçu la décoration de la croix de chevalier avec diamants (trois maréchaux, dix généraux, trois colonels, neuf pilotes de chasse et deux commandants de U-Boot) ; Hans-Ulrich Rudel a été le seul destinataire de la croix de chevalier avec feuilles de chêne en or, épées et diamants.

Parmi les 159 destinataires allemands de la croix de chevalier de la croix de fer avec feuilles de chêne et glaives, treize lauréats ne répondent pas aux critères formels d'attribution de la croix de chevalier. Vingt-quatre récipiendaires de la croix de chevalier avec feuilles de chêne font également défaut de preuves durables pour que leur inscription soit justifiable. Otto Weidinger, Günther-Eberhardt Wisliceny, Sylvester Stadler et Wilhelm Bittrich ont reçu les épées par le SS-Obergruppenführer Josef Dietrich, qui n'était pas légalement autorisé à décerner la décoration.

Par ailleurs, Hermann Fegelein a été exécuté dans les derniers jours de la guerre pour désertion, une condamnation qui aurait dû légalement le priver de tout rang et récompenses, y compris de sa croix de chevalier. Cependant, l'exécution n'a pas respecté les règles de droit. Selon les souvenirs de Wilhelm Mohnke, lui et les trois autres officiers généraux chargés de la tenue d'une cour martiale pour Fegelein l'ont trouvé d'une telle aliénation mentale qu'il n'était pas apte à être jugé en vertu du droit militaire. Fegelein a ensuite été remis au SS-Gruppenführer Johann Rattenhuber, qui avait été l'un des juges de cette cour martiale, et à son escadron de sécurité de la Reichssicherheitsdienst du Führerbunker. Fegelein n'a jamais été vu ou entendu de nouveau[3].

Parmi les officiers qui ont participé au complot visant à assassiner Hitler le 20 juillet 1944, treize étaient récipiendaires de la croix de chevalier de la croix de fer. En outre, 711 bénéficiaires de la croix de chevalier ont servi plus tard dans la Bundeswehr, dont 114 d'entre eux ont atteint le rang de général[4].

Classement alphabétique Récipiendaires
Selon l'OdR
Délisté
Selon l'OdR
Contesté
Selon l'historien Veit Scherzer
A 118[5] 1[6] 3[7]
B 725[8] - 21[9]
C 82[10] - -
D 238[11] - 6[12]
E 188[13] - 3[14]
F 280[15] 1[16] 12[17]
G 380[18] 1[19] 11[20]
H 661[21] 1[22] 28
I 26[23] - -
J 142[24] 1[16] 4
K 717[25] 1[26] 12[27]
L 386[28] - 16[29]
M 456[30] - 7
N 145[31] 2[32] 2[33]
O 82[34] - 2[35]
P 324[36] 1 5[37]
Q 7[38] - -
R 448[39] - 11
S 1 061[40] - 25
T 182[41] - 5
U 32[42] - 1[43]
V 92[44] - 5
W 446[45] - 11
X 1 - -
Z 103[46] - 2[47]
Total 7 322 9 192

Distribution par service modifier

Heer Luftwaffe Kriegsmarine Waffen-SS
4 785 1 785 318 (316) 457

Distribution par grade modifier

Feuilles de chêne modifier

Grade le jour de l'attribution Heer Waffen-SS Kriegsmarine Luftwaffe Étrangers Total
Generalfeldmarschall / Großadmiral 6 1 1 3 11
Generaloberst / Generaladmiral 11 3 1 15
General der Infanterie, etc. / Admiral 50 8 2 4 64
Generalleutnant / Vizeadmiral 77 6 1 5 2 91
Generalmajor / Konteradmiral 43 9 1 5 1 59
Oberst / Kapitän zur See 78 12 5 8 103
Oberstleutnant / Fregattenkapitän 47 19 3 19 88
Major / Korvettenkapitän 73 9 11 53 1 147
Hauptmann / Kapitänleutnant 68 6 24 76 174
Oberleutnant / Oberleutnant zur See 19 4 5 40 68
Leutnant / Leutnant zur See 11 1 21 33
Stabsfeldwebel / Stabswachtmeister 1 1
Oberfeldwebel / Oberwachtmeister 17 7 24
Feldwebel / Wachtmeister 5 4 9
Unteroffizier / Oberjäger 3 3
Total 509 74 53 246 8 890

Glaives modifier

Grade le jour de l'attribution Heer Waffen-SS Kriegsmarine Luftwaffe Étrangers Total
Generalfeldmarschall / Großadmiral 4 1 1 6
Generaloberst / Generaladmiral 8 1 1 10
General der Infanterie, etc. / Admiral 21 4 1 26
Generalleutnant / Vizeadmiral 13 3 2 18
Generalmajor / Konteradmiral 12 4 16
Oberst / Kapitän zur See 7 6 7 20
Oberstleutnant / Fregattenkapitän 8 4 6 18
Major / Korvettenkapitän 3 1 1 13 18
Hauptmann / Kapitänleutnant 1 4 15 20
Oberleutnant / Oberleutnant zur See 1 5 6
Leutnant / Leutnant zur See 1 1
Oberfeldwebel / Oberwachtmeister 1 1
Total 77 24 5 53 1 160

Brillants modifier

Classement par grade Heer Waffen-SS Kriegsmarine Luftwaffe Étrangers Total
Generalfeldmarschall / Großadmiral 2 1 3
Generaloberst / Generaladmiral 1 1 2
General der Infanterie, etc. / Admiral 4 4
Generalleutnant / Vizeadmiral 1 1 1 3
Generalmajor / Konteradmiral 1 1
Oberst / Kapitän zur See 2 2 4
Oberstleutnant / Fregattenkapitän 1 1
Major / Korvettenkapitän 2 2 4
Hauptmann / Kapitänleutnant 2 2
Oberleutnant / Oberleutnant zur See 3 3
Total 11 2 2 12 27

Récipiendaires étrangers modifier

Des soldats et militaires étrangers et faisant partie des pays des forces de l'Axe et qui n'ont pas servi dans l'une des quatre branches de la Wehrmacht pendant la Seconde Guerre mondiale ont également reçu la croix de chevalier de la croix de fer ou son grade supérieur, la croix de chevalier avec feuilles de chêne.

Récipiendaires non reconnus modifier

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses personnes ont prétendu être les destinataires non reconnus de la croix de chevalier. La majorité de ces « bénéficiaires » manquent de preuve pour soutenir leurs revendications et se sont donc vu refuser le droit de se considérer comme « bénéficiaires légaux ». Il y a deux cas où la preuve légale de l'attribution existe même si les destinataires ne l'ont pas eue. Ces deux bénéficiaires « juridiquement corrects » sont Günther Nowak et Heinrich Scherhorn[48].

Günther Nowak modifier

Günther Nowak, Hitlerjunge, a été décoré de la croix de chevalier le 14 février 1945 pour la destruction de onze chars à Hindenburg en Haute-Silésie. Il aurait été le plus jeune récipiendaire de la croix de chevalier ; toutefois, Günther Nowak n'a jamais vraiment existé : un commandant déserteur du Volkssturm, rattrapé, a affirmé qu’après la retraite de la Wehrmacht, il avait détruit cinq chars à lui seul. Amené devant un Gauleiter, il a inventé l'histoire de Günther Nowak afin de réduire son propre « exploit ». Ce rapport a ensuite été envoyé au Reichsleiter Martin Bormann. Bormann a immédiatement décoré de la croix allemande en or le commandant Sachs de la Volkssturm et « Nowak » de la croix de chevalier [48].

Association des récipiendaires de la croix de chevalier modifier

L'Association des récipiendaires de la croix de chevalier (en allemand : Ordensgemeinschaft der Ritterkreuzträger des Eisernen Kreuzes e.V. (OdR)) est une association de personnes hautement décorées des deux guerres mondiales. L'association a été fondée en 1955 à Köln-Wahn. Le Generaloberst Alfred Keller, chevalier de l'ordre Pour le Mérite et récipiendaire de la croix du chevalier de la croix de fer, a appelé les récipiendaires des plus hautes décorations pour bravoure à organiser une association pour maintenir la tradition. Plus tard, les lauréats de la croix du Mérite militaire en or, et de la croix Pour le Mérite du personnel enrôlé ont été inclus. Le mémorandum de l'OdR intègre l'attribution de 7 318 croix de chevalier, ainsi que 882 feuilles de chêne, 159 épées, 27 diamants, 1 feuilles de chêne en or et une grande croix de la croix de fer pour tous les grades dans les trois branches de la Wehrmacht et la Waffen-SS[49].

Articles connexes modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. a et b À la fois, les feuilles de chêne et les glaives sont en or ; des brillants sont en outre apposés dessus.

Références modifier

  1. Fellgiebel 2000, p. 113–460, 485–488, 499, 501, 503, 509.
  2. Fellgiebel 2000, p. 461–463, 510.
  3. (en) James P. O'Donnell, The Bunker : The History of the Reich Chancellery Group, New York, Da Capo Press, 1978, 2001, 1re éd., 399 p., poche (ISBN 978-0-306-80958-3), p. 182–183.
  4. Ministère de la défense allemand (BMVg) sur la croix de fer.
  5. Fellgiebel 2000, p. 113–118.
  6. Fellgiebel 2000, p. 483.
  7. Scherzer 2007, p. 117.
  8. Fellgiebel 2000, p. 119–152, 485-487.
  9. Scherzer 2007, p. 117–125.
  10. Fellgiebel 2000, p. 152–156, 488.
  11. Fellgiebel 2000, p. 156–167.
  12. Scherzer 2007, p. 126–127.
  13. Fellgiebel 2000, p. 167–176.
  14. Scherzer 2007, p. 127–128.
  15. Fellgiebel 2000, p. 176–189.
  16. a et b Fellgiebel 2000, p. 4.
  17. Scherzer 2007, p. 128–131.
  18. Fellgiebel 2000, p. 154, 190–208, 488.
  19. Fellgiebel 2000, p. 25–26.
  20. Scherzer 2007, p. 131–135.
  21. Fellgiebel 2000, p. 208–239.
  22. Fellgiebel 2000, p. 492.
  23. Fellgiebel 2000, p. 239–240.
  24. Fellgiebel 2000, p. 241–247.
  25. Fellgiebel 2000, p. 248–281.
  26. Fellgiebel 2000, p. 494.
  27. Scherzer 2007, p. 147–151.
  28. Fellgiebel 2000, p. 282–299.
  29. Scherzer 2007, p. 151–157.
  30. Fellgiebel 2000, p. 300–320, 498.
  31. Fellgiebel 2000, p. 321–327.
  32. Fellgiebel 2000, p. 499, 511.
  33. Scherzer 2007, p. 161.
  34. Fellgiebel 2000, p. 327–331.
  35. Scherzer 2007, p. 161–162.
  36. Fellgiebel 2000, p. 332–346, 499.
  37. Scherzer 2007, p. 162–163
  38. Fellgiebel 2000, p. 347.
  39. Fellgiebel 2000, p. 347–368, 501.
  40. Fellgiebel 2000, p. 369–396, 503.
  41. Fellgiebel 2000, p. 418–427.
  42. Fellgiebel 2000, p. 427–429.
  43. Scherzer 2007, p. 180.
  44. Fellgiebel 2000, p. 429–433.
  45. Fellgiebel 2000, p. 433–455, 509.
  46. Fellgiebel 2000, p. 455–460.
  47. Scherzer 2007, p. 186.
  48. a et b Fellgiebel 2000, p. 511.
  49. Association of Knight's Cross Recipients

Annexes modifier

Sources et bibliographie modifier

  • (de) Dietrich Maerz, Das Ritterkreuz des Eisernen Kreuzes, B&D Publishing 2007.
  • (de) Veit Scherzer, Die Ritterkreuzträger, Ergänzungsband: Dokumente, Scherzers Militaer-Verlag, 2006.
  • (de) Veit Scherzer, Die Ritterkreuzträger, Hauptband, 2. überarbeitete Aufl., Scherzers Militaer-Verlag, 2007.
  • (de) Walther-Peer Fellgiebel: Die Träger des Ritterkreuzes des Eisernen Kreuzes: 1939–1945, Podzun-Pallas.
  • E. G. Krätschmer : "Die Ritterkreuzträger der Waffen-SS" ("Verlag K. W. Schütz KG. Preussisch Oldendorf", 1955, 1957 et 1982).
  • Concernant les Diamants (ou Brillants) : article de François de Lannoy dans le no 211 (avril 2004) de "39-45 Magazine" (éditions Heimdal), pages 30 à 39.
  • Concernant les Feuilles de chêne en or et le colonel Rudel : article de François de Lannoy dans le no 229 (décembre 2005) de "39-45 Magazine" (éditions Heimdal), pages 20 à 25.