Crémant d'Alsace
Image illustrative de l’article Crémant-d'alsace
Bouteille de crémant d'Alsace.

Désignation(s) Crémant d'Alsace
Appellation(s) principale(s) crémant d'Alsace
Type d'appellation(s) AOC-AOP
Reconnue depuis 1976
Pays Drapeau de la France France
Région parente vignoble d'Alsace
Localisation Haut-Rhin et Bas-Rhin
Climat tempéré continental
Sol calcaire du bas de côte ou
sol argilo-calcaire de la plaine
Superficie plantée 3 017 hectares en 2009[1]
Nombre de domaines viticoles 3 296 viticulteurs, 407 caves particulières, 19 coopératives et 44 négociants[2]
Cépages dominants chardonnay B, pinot blanc B et auxerrois B
Vins produits mousseux blancs ou rosés
Production 235 705 hectolitres en 2009[1]
Rendement moyen à l'hectare maximum 80 à 100 hectolitres par hectare[3]

Le crémant d'Alsace est un vin mousseux d'appellation d'origine contrôlée produit dans tout le vignoble d'Alsace, principalement issu du cépage pinot blanc, mais aussi du pinot gris, du pinot noir, du riesling, de l'auxerrois ou du chardonnay, sans contrainte de proportions.

Sa méthode d'élaboration est la méthode « traditionnelle » (identique à celle du champagne) avec une seconde fermentation en bouteille. Le crémant d'Alsace rosé, plus rare, est issu du pinot noir. Le crémant d'Alsace est devenu le leader incontesté des mousseux français après le champagne. En 2009, 31 millions de bouteilles ont été commercialisées[1].

Histoire modifier

Le vignoble alsacien dont sont issus les cépages du crémant d'Alsace est l’un des plus anciens de France. Grégoire de Tours vantait le vignoble de Marlenheim en 589. On comptait cent-huit villages viticoles en 800, cent-soixante en 900, quatre-cent-trente en 1400. À cette époque, le vin d’Alsace, en blanc et en rouge, était l’un des plus réputés d’Europe et l’un des plus chers.

De nombreuses guerres, des circonstances économiques défavorables, le maintien d’une législation caduque conduisirent au cours des siècles suivants le vin d’Alsace au bord de sa perte. La situation a été redressée après la Première Guerre mondiale. Peu avant 1900, l'Alsace étant alors région allemande, des maisons champenoises comme Hommel à Ribeauvillé, Dirler à Bergholtz, Cosse à Pfastatt ou Vix Barra à Schiltigheim, s'étaient installées en Alsace, notamment pour des raisons douanières, afin d'élaborer des mousseux. Ces derniers étaient produits par des méthodes diverses.

C'est Julien Dopff au Moulin[4] de Riquewihr qui a été le premier viticulteur alsacien à adapter la méthode champenoise du vin blanc après avoir assisté à une démonstration de dégorgement du champagne lors de l'Exposition universelle de 1900 à Paris. Il commercialisa le « Champagne Dopff » après un stage de deux ans à Épernay en procédant à une seconde fermentation de ses mousseux en bouteille. D'autres vignerons s'y essayèrent mais sans succès notable[5].

À la fin de la Première Guerre mondiale et à la suite du retour de l'Alsace-Moselle dans le giron français, la transposition de la règle française de 1905 des appellations d'origines interdisait d'utiliser le nom de « champagne ». La nécessité de distinguer les vins obtenus par la méthode champenoise des mousseux vint de Pierre Hussherr, ancien directeur de Wolfberger, qui récupéra pour cela le terme « crémant » tombé en désuétude en Champagne. Une loi de 1975 interdit expressément l'emploi du mot « Crémant » pour les vins ne bénéficiant pas du droit à une appellation d'origine[6]. Par la suite, le crémant de Loire et le crémant de Bourgogne furent définis par des décrets.

C'est le que l'AOC crémant d'Alsace a été officialisé par décret[7]. Le , le Parlement européen consolida la mention « crémant », utilisée en France et au Luxembourg, en spécifiant qu'elle était réservée aux vins mousseux de qualité produits dans une région déterminée (VMQPRD), la région devant être mentionnée, les moûts être obtenus par pressurage de raisins entiers dans la limite de 100 litres pour 150 kilogrammes de raisin vendangé et le terme crémant avoir été utilisé au moins dix ans avant le [réf. nécessaire].

Les vignobles champenois ont interdit aux autres vignobles français d'utiliser le nom de méthode champenoise. Les vignobles français ont donc choisi d'utiliser le nom de méthode traditionnelle afin de respecter le choix des vignobles champenois.

Situation géographique modifier

Le crémant d'Alsace est produit en France, dans la région Alsace, sur la presque totalité des communes du vignoble d'Alsace.

Géologie et orographie modifier

 
Carte du relief de l'Alsace.

La plaine d'Alsace occupe la partie sud du fossé rhénan, né d'un effondrement durant l'Oligocène et le Miocène (-33 à -5 millions d'années). Le vignoble est établi sur le piémont du massif des Vosges, sur la zone de fracture. Cette localisation explique la variété des sous-sols et leur succession en véritable mosaïque : calcaires, granites, schistes, gneiss ou grès.

Généralement, le haut des pentes des collines sous-vosgiennes est constitué des roches anciennes, plutoniques et métamorphiques tels que du granite, du gneiss ou de l'ardoise. Les parcelles de vignes y sont très pentues, montant jusqu'à 478 mètres d'altitude (à Osenbach). Le bas des coteaux est formé des couches de calcaires ou de marne recouvertes par du lœss, où le relief est moins accentué.

Enfin, la plaine est composée d'une épaisse couche d'alluvions déposées par le Rhin (limon et graviers), c'est une zone beaucoup plus fertile que les deux premières, avec une importante nappe phréatique à moins de cinq mètres de profondeur[8].

Climatologie modifier

À l'ouest, les Vosges protègent du vent et de la pluie la région de production des vins d'Alsace. Les vents d'ouest dominants perdent leur humidité sur le versant occidental des Vosges et parviennent sous forme de foehn, secs et chauds, dans la plaine d'Alsace. La quantité moyenne de précipitations est la plus faible de tous les vignobles français.

De ce fait, le climat est plus tempéré (avec une température annuelle moyenne plus haute de 1,5 °C) que ce qui serait attendu à cette latitude. Le climat est continental et sec avec des printemps chauds, des étés secs et ensoleillés, de longs automnes et des hivers froids.

La station météo de l'aéroport de Strasbourg Entzheim (150 mètres) se trouve à l'extrémité nord de l'aire d'appellation, mais au bord du Rhin. Ses valeurs climatiques de 1961 à 1990 sont :

Relevés à Strasbourg-Entzheim 1961-1990
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) −1,7 −0,9 1,6 4,6 8,6 11,7 13,4 13,1 10,3 6,5 2,1 −0,7 5,7
Température moyenne (°C) 0,9 2,5 6 9,6 13,8 17 19,1 18,6 15,5 10,6 5,2 1,9 10,1
Température maximale moyenne (°C) 3,5 5,8 10,4 14,6 19 22,2 24,7 24,2 20,8 14,7 8,2 4,5 14,4
Précipitations (mm) 33,1 34,3 36,6 48 74,5 74,6 56,8 67,8 55,5 43 46,6 39,9 610,5
Source : Infoclimat : Strasbourg-Entzheim (1961-1990)[9]


La station météo de la base de Colmar-Meyenheim (207 mètres) se trouve au milieu de l'aire d'appellation, mais en plaine. Ses valeurs climatiques de 1961 à 1990 sont :

Relevés à Colmar-Meyenheim 1961-1990
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) −2,1 −1,1 1,4 4,5 8,3 11,5 13,3 12,9 10,2 6,3 1,8 −1 5,5
Température moyenne (°C) 0,9 2,6 6,1 9,7 13,8 17,1 19,3 18,8 15,8 10,9 5,3 1,9 10,2
Température maximale moyenne (°C) 3,8 6,3 10,8 15 19,3 22,7 25,3 24,7 21,5 15,5 8,7 4,8 14,9
Précipitations (mm) 35,5 32,2 37,7 46,7 67 67,2 59,3 63,3 46,7 37,9 47,7 40,2 581,4
Source : Infoclimat : Colmar-Meyenheim (1961-1990)[10]


La station météo de l'aéroport Bâle-Mulhouse (267 mètres) se trouve à l'extrémité sud de l'aire d'appellation, encore une fois en plaine. Ses valeurs climatiques de 1961 à 1990 sont :

Relevés à Bâle-Mulhouse 1961-1990
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) −2,2 −1,1 1,4 4,3 8,3 11,5 13,5 13,2 10,6 6,7 1,9 −1,1 5,6
Température moyenne (°C) 0,8 2,5 5,9 9,4 13,5 16,9 19,2 18,7 15,7 11,1 5,3 1,8 10,1
Température maximale moyenne (°C) 3,8 6,2 10,3 14,4 18,8 22,2 24,8 24,1 20,9 15,4 8,8 4,8 14,6
Précipitations (mm) 53,9 50,5 49,5 58,5 76,3 73,6 62,9 79,9 54,7 49,2 58,1 54,5 721,7
Source : Infoclimat : Bâle-Mulhouse (1961-1990)[11]


Vignoble modifier

Il est produit en Alsace essentiellement à Barr, Bennwihr, Eguisheim. Ingersheim, Riquewihr, Wintzenheim et à Katzenthal.

Les crémants d'Alsace sont élaborés en Alsace selon les méthodes en vigueur pour le champagne. Ils proviennent de cépages cultivés sur l’aire de l'AOC « alsace ». Les cépages autorisés à l'élaboration des vins portant l'appellation « AOC crémant d'Alsace » sont le chardonnay, l'auxerrois, le pinot blanc, le pinot noir, le riesling et le pinot gris.

Vendanges modifier

Le volume de la récolte du raisin servant à la fabrication du crémant d'Alsace a représenté 214 946 hectolitres en 2004, en hausse de 35,6 % par rapport à la moyenne des cinq années précédentes (source Conseil Interprofessionnel des Vins d'Alsace)[réf. nécessaire]. En 2005, il représente 273 733 hectolitres, nouvelle progression de 27,3 % en un an et l'équivalent de 36,5 millions de bouteilles[réf. nécessaire]. En 2008, il s'agit de 248 000 hectolitres qui ont été récoltés, soit 5 % de plus qu'en 2007[réf. nécessaire].

Les raisins destinés à l’élaboration des vins portant l’appellation « crémant d'Alsace » sont vendangés plusieurs jours avant ceux destinés aux vins portant les appellations « alsace » et « alsace grand cru ». Comme pour le champagne, la récolte s’effectue manuellement, la machine à vendanger étant interdite.

Vins modifier

Les vins portant l’appellation « crémant d'Alsace » sont obligatoirement mis en bouteille dans leur région de production. Ils sont présentés dans les mêmes bouteilles que les vins portant l’appellation « champagne ». Les crémants d'Alsace sont commercialisés complétés de mentions suivant leur composition. Ces mentions sont blanc de blancs, blanc de noirs, brut, millésimé, rosé, sigillé. La mention de cépage est autorisée si 100 % du vin est produit avec ce cépage.

Le crémant d'Alsace représente en 2006 le quart de l'ensemble des appellations AOC d'Alsace et regroupe 500 producteurs alsaciens indépendants. 10 % de la production est destiné à l'exportation, principalement vers la Belgique, l'Allemagne, le Danemark, les États-Unis, la Suède, la Suisse et les Pays-Bas (par importance décroissante)[12].

De moins de un million de bouteilles en 1979, la production de crémant d'Alsace a augmenté à 33 millions de bouteilles en 2009 (22 % de toutes les appellations alsace) tandis que les ventes passaient de 2,2 millions de bouteilles en 1982 à 30 millions de bouteilles en 2009[12].

Notes et références modifier

  1. a b et c Collectif, Le Guide Hachette des vins 2012, Paris, éditions Hachette, , 1402 p. (ISBN 978-2-01-237681-6), p. 11-12.
  2. Fiche INAO
  3. [PDF] Direction générale des politiques agricole, agroalimentaire et des territoires, « Cahier des charges de l'appellation »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur agriculture.gouv.fr, homologué par le « décret no 2011-1373 du 25 octobre 2011 modifiant l'ordonnance n° 45-2675 du 2 novembre 1945 relative à la définition des appellations d'origine contrôlées des vins d'Alsace et homologuant les cahiers des charges des appellations d'origine contrôlées « Alsace » ou « Vin d'Alsace » et « Crémant d'Alsace » et des cinquante et une appellations « Alsace grand cru » », JORF, no 0251,‎ , p. 18196.
  4. Julien Dopff au Moulin
  5. À l'exception de la cave d'Eguisheim (Wolfberger) qui, aidée par la coopérative de Saint-Pourçain, réussit la prise de mousse sur des vins alsaciens en 1970.
  6. Voir l'article unique de la loi no 75-577 du 4 juillet 1975 tendant à réserver l'emploi du mot « Crémant » aux vins mousseux et vins pétillants d'appellation d'origine modifiant la loi du 6 mai 1919.
  7. « Décret du 24 août 1976 modifié »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur inao.gouv.fr.
  8. Présentation de la nappe phréatique de la plaine d'Alsace, sur le site aprona.net, proposant aussi une carte avec indication de la profondeur de la nappe.
  9. « Archives climatologiques mensuelles de Strasbourg-Entzheim de 1961 à 1990 », sur infoclimat.fr.
  10. « Archives climatologiques mensuelles de Colmar-Meyenheim de 1961 à 1990 », sur infoclimat.fr.
  11. « Archives climatologiques mensuelles de Bâle-Mulhouse de 1961 à 1990 », sur infoclimat.fr.
  12. a et b Document téléchargeable sur le site du CIVA, p. 2/2. (en)

Voir aussi modifier

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Liens externes modifier

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