Courtisan

au sens premier, personne, souvent de haut-rang, attachée à la cour d’un souverain
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Un courtisan ou une courtisane est étymologiquement une personne, souvent de haut-rang, attachée à la cour du souverain et dont il partage parfois l'entourage. La signification de ces deux termes a cependant évolué de façon bien différente : « courtisan » désigne généralement un homme de cour soucieux de plaire jusqu'à l'obséquiosité, alors que « courtisane » désigne en général une prostituée de luxe ou une demi-mondaine.

Courtisan modifier

Définition du courtisan modifier

Au contraire de la courtisane, le courtisan n'a aucun rapport avec la prostitution.

Un courtisan est un homme souvent haut placé, par sa fortune ou sa naissance, et qui fréquente la cour, ou est attaché à la cour au service d'un souverain (prince, roi, empereur, voire président ou encore pape). Pour garder son influence et les bonnes grâces de son souverain, il le courtise et cherche à lui plaire, notamment par des manières obséquieuses et flatteuses. Soucieux avant tout de complaire à celui auquel il s'attache, le courtisan lui dit souvent « oui » sans se soucier du bien-fondé de ce qu'il peut dire. Le comportement idéal et l'ethos du courtisan est présenté avec soin dans le manuel de savoir vivre, Le Livre du courtisan que l'on doit à Baldassare Castiglione (1528).

Citation modifier

Le terme de courtisan ou de courtisane a évolué pour prendre plusieurs sens, pouvant désigner, au féminin, une prostituée ou simplement une concubine, ou encore, par exemple dans le Discours de la servitude volontaire d'Étienne de La Boétie celui (ou celle) qui s'asservit au souverain, devenant ses yeux et ses oreilles, devançant ses désirs (voir citation ci-dessous).

« Le laboureur ou l'artisan, pour tant asservis qu'ils soient, en sont quittes en obéissant ; mais le tyran voit ceux qui l'entourent, coquinant et mendiant sa faveur. Il ne faut pas seulement qu'ils fassent ce qu'il ordonne, mais aussi qu'ils pensent ce qu'il veut, et souvent même, pour le satisfaire, qu'ils préviennent aussi ses propres désirs. Ce n'est pas tout de lui obéir, il faut lui complaire, il faut qu'ils se rompent, se tourmentent, se tuent à traiter ses affaires et puisqu'ils ne se plaisent que de son plaisir, qu'ils sacrifient leur goût au sien, forcent leur tempérament et le dépouillent de leur naturel. Il faut qu'ils soient continuellement attentifs à ses paroles, à sa voix, à ses regards, à ses moindres gestes : que leurs yeux, leurs pieds, leurs mains soient continuellement occupés à suivre ou imiter tous ses mouvements, épier et deviner ses volontés et découvrir ses plus secrètes pensées. Est-ce là vivre heureusement ? Est-ce même vivre ? Est-il rien au monde de plus insupportable que cet état, je ne dis pas pour tout homme bien né, mais encore pour celui qui n'a que le gros bon sens, ou même figure d'homme ? Quelle condition est plus misérable que celle de vivre ainsi n'ayant rien à soi et tenant d'un autre son aise, sa liberté, son corps et sa vie ! »

— Étienne de La Boétie, Discours de la servitude volontaire ou Contr'Un (traduction française moderne Payot 1976)

Courtisane modifier

Définition de la courtisane modifier

Le mot « courtisane » peut être employé comme un euphémisme pour désigner une prostituée de luxe. Il a notamment été employé dans ce sens du XVIIIe siècle jusqu'au milieu du XXe siècle, de même que celui de cocotte, particulièrement en vogue sous le Second Empire, ou le terme plus élégant de demi-mondaine.

Cet emploi semble venir du fait que les femmes haut placées à la cour des rois de France ont souvent été les maîtresses du souverain, d'où un glissement de sens de « courtisane » à « maîtresse intéressée », puis prostituée.

« Courtisane » conserve cependant une connotation luxueuse qui en fait une catégorie à part dans le monde de la prostitution. Ainsi, Cora Pearl (1835-1886) entretenait une liaison avec le duc de Morny et Laure Hayman (1851-1932), avec le roi de Grèce ou l'écrivain Paul Bourget.

La différence entre une prostituée et une courtisane tient à ce que celles-ci acquièrent souvent une « couverture » mondaine ou artistique plus en vue (écrivain, sculpteur, poétesse, actrice, chanteuse...), à l'instar des oiran du Japon. Elles vivaient avec des hommes célèbres (écrivains, artistes...), politiques, riches hommes d'affaires, nobles (prince, comte, roi, empereur), hommes d'Église, etc. Certaines courtisanes ont eu une influence bien supérieure à leur statut, auprès des hommes qui les entretenaient.

L'argent, la célébrité, les titres de noblesse et une reconnaissance sociale restent l'objectif premier de la courtisane qui veut faire oublier ce passé érotique, elles représenteraient pour certains le côté romantique et idéalisé de la prostitution, alors que les autres « prostituées » vont avec le peuple, les soldats... et meurent souvent sans argent et de maladies sexuellement transmissibles. C'est pourquoi elles ne sont pas considérées comme courtisanes.

Certains nobles aux XVIIIe et XIXe siècles racontent avoir été ruinés par des courtisanes[réf. nécessaire].

 
Portrait d'une dame par Paolo Uccello, circa 1450, Florence.

Dans l'art, les courtisanes sont représentées sous les traits d'une muse, d'un ange, d'une Ève, d'une Vénus, Aphrodite, d'une vierge ou encore dans les trois âges, souvent sans citer leur véritable nom.

Listes des courtisanes célèbres modifier

 
Ninon de Lenclos
 
Madame de Montespan
 
Ida Saint-Elme
 
Mata Hari

Antiquité modifier

Dans l’empire byzantin, l’histrion et la comédienne devaient obligatoirement accomplir ce métier réputé infâme jusqu’à la fin de leur vie, sans pouvoir le quitter, malgré leur honte ou leur remords. Saint Jean Chrysostome[1] raconte ainsi la conversion d’une courtisane fameuse qui se fit religieuse dans un couvent : « Je me souviens que lorsque j’étais jeune, une célèbre courtisane de Phénicie paraissait sur le théâtre avec grand éclat et qu’on ne parlait que d’elle, non seulement en ce pays, mais dans toute la Cilicie et la Cappadoce. On sait combien de familles elle a ruinées, et combien de jeunes hommes elle a surpris. On dit même qu’elle usait de la magie, et que, comme si sa beauté naturelle n’eût pas suffi pour corrompre assez de personnes, elle y ajoutait ces détestables artifices pour enchanter les hommes de son amour. Le frère de l’impératrice même s’y laissa surprendre, tant il était difficile de se défendre de ce piège du démon. Sa conversion fut si sincère qu’elle ne revint jamais plus à son passé. Le préfet de la ville envoya des gens armés pour se saisir de sa personne ; mais ils ne purent jamais la retirer du milieu d’une troupe de pieuses vierges qui l’avaient reçue[2]. »

Du Moyen Âge à la fin du XVIIe siècle modifier

Du XVIIIe au XXe siècle modifier

Personnages de fiction modifier

Littérature modifier

Dans les mangas modifier

Au cinéma modifier

Notes et références modifier

  1. Homélie 67, 3 In Matthaeum.
  2. Bruno Vanderberghe, « Saint Jean Chrysostome et les spectacles », Zeitschrift Für Religions- Und Geistesgeschichte, vol. 7, no 1,‎ , p. 41 (lire en ligne).

Annexes modifier

Bibliographie modifier

En français :

  • Honoré de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes (L’Esprit Créateur/folio...)
  • Paul-Jean Toulet, Perdiccas : le bréviaire des courtisanes, 1899 (éditions Simonis Empis)
  • Claude-Henri de Rouvroy de Saint-Simon, Les Courtisans
  • Paul Larivaille, La Vie quotidienne des courtisanes en Italie au temps de la Renaissance - Rome et Venise, XVe – XVIe siècles
  • Mémoires de mademoiselle Aglaé, comédienne-courtisane et femme de bien, notice sur le chevalier Palasne de Champeaux
  • Maurice Dekobra, Tu seras courtisane, suivi de Vingt histoires de femmes, 1927
  • Mathieu Hugo, Messaline. Impératrice et courtisane (Laffont Robert, 1961)
  • Joanna Richardson, Les Courtisanes : Le demi-monde au XIXe siècle en France, Paris, éditions Stock, 272 p. (ASIN B0014PZAJG), p. 28 à 29
  • T.W. Hendrix, Histoire d'une courtisane, (Éditions Beaulieu, 1976)
  • Georges Dumézil, La Courtisane et les Seigneurs colorés (NRF, 1984)
  • Paul Guth, Moi, Ninon de Lenclos, courtisane (Albin Michel, 1991)
  • Jean Chalon, Liane de Pougy, courtisane, princesse et sainte (1993, Flammarion)
  • Raoul Mille, La Belle Otero (Albin Michel, 1994)
  • Thomas Frisano & Raymond Maric, Courtisanes tome 1 à 4, 1996, BD
  • Sylvie Dervin, Les Courtisanes (Jean-Claude Lattès, 1995)
  • Frédéric Lenormand, Mademoiselle Chon du Barry ou les Surprises du destin (Robert Laffont, 1996) ; Le Palais des courtisanes
  • Susan Griffin et Jacqueline Lahana, Le Livre des courtisanes (Albin Michel) 2003
  • Jacqueline Pigeot, Femmes galantes, femmes artistes dans le Japon ancien XIe – XIIIe siècles (Gallimard, 2003)
  • Les Grandes Horizontales : Vies et Légendes de quatre courtisanes du XIXe siècle (Editions du Rocher) 2005
  • Sacha Love, Une courtisane à la fac (2007)
  • Sarah Dunant, La Courtisane de Venise, 2007
  • Gabrielle Houbre, Les Cocottes : le livre des courtisanes, archives secrètes de la police des mœurs (1861-1876)
  • Jacques Jourquin, Ida Saint-Elme, souvenirs d'une courtisane de la grande armée (Tallandier) 2004
  • Ghislain de Diesbach, Mémoires d'une femme de qualité sur le Consulat et l'Empire (2003)
  • Jean-Luc Hennig, Bestiaire érotique, 1998 ; Courtisane...
  • Courtisanes du Japon (éditions Philippe Picquier)
  • Margaret Moore, La Courtisane rebelle (Harlequin, collection Les Historiques, 2010)
  • Lisa Kleypas, Courtisane d'un soir, J'ai Lu, collection Aventures et Passions, 2010
  • Catherine Guennec, La Roman de Sophie Arnould, actrice, chantante et courtisane (Jean-Claude Lattès 2010)
  • Ferry M. Bertholet, Concubines et courtisanes : la femme dans l'art érotique chinois (Actes Sud, 2010)
  • Nicola Cornick, Lady ou courtisane, (Harlequin, collection Les Historiques), 2011
  • Lucien de Samosate, Dialogues des courtisanes, suivi des Amours et de Toxaris (Arléa, 2011)
  • Baltasar de Castiglione, Le Livre du courtisan
  • Baltasar Gracián, L'Homme de cour
  • C. Authier, Femmes d'exception, femmes d'influence. Une histoire des courtisanes au XIXe siècle, Armand Colin, 2015.

En anglais :

  • Frances Warwick, Countess of. (1929) Life's Ebb and Flow William Morrow & Company
  • Carmen Martín Gaite Translated by Maria G. Tomsich, 1991 Love Customs in Eighteenth-Century Spain
  • Katie Hickman, (2003) Courtesans: Money, Sex, and Fame in the Nineteenth Century HarperCollins
  • Julie Peakman (2015) Peg Plunkett: Memoirs of a Whore

Articles connexes modifier

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