Corinne Luchaire

actrice française
Corinne Luchaire
Corinne Luchaire en 1943 par le studio Harcourt.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Rosita Christiane Yvette LuchaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Corinne LuchaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Période d'activité
à partir de Voir et modifier les données sur Wikidata
Père
Mère
Françoise Besnard (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Robert Luchaire (d)
Florence LuchaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Julien Luchaire (grand-père paternel)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Condamnation
Œuvres principales

Corinne Luchaire est une actrice française, née le dans le 16e arrondissement de Paris, où elle est morte le .

Elle est à l'affiche d'une dizaine de films, de 1935 à 1940.

Durant l'Occupation, elle fréquente les milieux collaborationnistes dans la foulée de son père, le journaliste Jean Luchaire, fusillé en 1946.

Sa carrière s'interrompt du fait d'une tuberculose contractée vers 1940. Elle a diverses liaisons, dont un mariage très bref et une fille avec un officier allemand. Elle tente de se suicider à deux reprises, puis devient la secrétaire de son père, fuit avec sa famille à Sigmaringen, est incarcérée à Fresnes, est frappée de dix ans d'indignité nationale en 1946. Sa maladie a raison d'elle quelques années plus tard.

Biographie modifier

Origines et formation modifier

Corinne Luchaire naît le 11 février 1921 dans le 16e arrondissement de Paris sous le nom d'état civil de « Rosita Christiane Yvette Luchaire »[1],[2], de Jean Luchaire[1],[3] (1901-1946), journaliste et patron de presse, et de Françoise Germaine Besnard[1],[3] (1903-1998)[4].

Elle est la petite-fille de l'universitaire spécialiste de l'Italie et écrivain Julien Luchaire (1876-1962).

Une de ses sœurs est l'actrice Florence Luchaire[2] (1926-1982). Elle a pour frère le décorateur Robert Luchaire[2],[5].

Corinne Luchaire abandonne l'école dès la classe de troisième pour suivre les cours d'art dramatique de Raymond Rouleau.

Carrière et conséquences de la guerre modifier

Son grand-père écrit pour elle la pièce de théâtre Altitude 3 200. Cela lui vaut d'être engagée pour le rôle principal du film Prison sans barreaux, qui la révèle au grand public en 1938. À seize ans, elle devient alors l'une des vedettes les plus prometteuses du cinéma français. En deux ans, elle tourne six films, dont le plus connu est Le Dernier Tournant. Mais sa carrière au cinéma est rapidement interrompue par ses problèmes de santé : souffrant de tuberculose, elle doit chaque année séjourner plusieurs mois en sanatorium à partir de 1941, d'abord au plateau d'Assy, puis à Megève[6].

Sous l'Occupation, elle profite de la position et des relations de son père Jean Luchaire, collaborationniste rallié au nazisme, pour mener, durant ses séjours à Paris, une vie mondaine et insouciante.

Elle se marie, le à Passy en Haute-Savoie, avec Guy de Voisins-Lavernière[1],[a], qu'elle quitte un mois après. Elle aurait fait une tentative de suicide à la fin d'une prétendue liaison avec le champion de ski Émile Allais[réf. nécessaire]. Elle a ensuite une relation avec un officier allemand, le capitaine de la Luftwaffe Wolrad Gerlach du Schnellkampfgeschwader 10, avec lequel elle a une fille, Brigitte, née le , déclarée sous le nom de Luchaire[6].

Après une nouvelle tentative de suicide, elle devient secrétaire de son père. Quelques jours avant la libération de Paris (), elle suit sa famille à Sigmaringen où se réfugient les principaux collaborationnistes, dont Marcel Déat et Fernand de Brinon, autour du maréchal Pétain, puis vers l'Italie où ils sont arrêtés à Mérano. Elle est transférée avec son père à Fresnes ; elle est libérée quelques jours après l'exécution de Pierre Laval, tout comme sa sœur. En 1946, elle est condamnée à dix ans d'indignité nationale. Quant à Jean Luchaire, il comparaît devant la Haute Cour de justice pour faits de collaboration et intelligence avec l'ennemi (article 75 du code pénal[7]) en  ; il est fusillé le au fort de Châtillon.

En 1949, elle publie son autobiographie, Ma drôle de vie, qui constitue un document intéressant sur sa situation de fille d'une personnalité influente de la collaboration.

Mort modifier

Corinne Luchaire meurt le de la tuberculose[2] au 12 rue Boileau dans le 16e arrondissement de Paris[8],[3].

Postérité modifier

Corinne Luchaire a exercé une certaine fascination sur l'écrivain Patrick Modiano[9].

Filmographie modifier

Théâtre modifier

Publication modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Associé au faux marquis Lionel de Wiette, proche de la fausse marquise d'Abrantès (Sylviane Quimfe), il trafiqua au marché noir et alimenta la Gestapo française. Il fut incarcéré à la Libération en même temps que son ex-femme.
  2. Un film de même titre a été tiré de cette pièce, sorti en 1938.

Références modifier

  1. a b c et d Archives de Paris, « Acte de naissance no 272 de Luchaire Rosita, Christiane, Yvette, cote 16N 126_1, vue 31/31 », voir aussi les mentions marginales, sur archives.paris.fr (consulté le ) : « 
    Le , h 30, est née rue de l'Assomption 71 : Rosita, Christiane, Yvette, du sexe féminin, de Jean Louis Gabriel Luchaire, 19 ans, attaché à la direction des Beaux-Arts, et de Françoise Germaine Besnard, 17 ans, sans profession, son épouse, domiciliés à Paris, rue Rotrou 2 […]
    Mentions marginales :
    Mariée à Passy (Haute-Savoie) le avec Joseph Henri Guy de Voisins-Lavernière
    Divorcée de Joseph Henri Guy de Voisins-Lavernière, par jugement rendu le par le tribunal civil de la Seine […]
    Décédée à Paris 16e le […] »
  2. a b c et d Les Gens du cinéma, « Fiche de Rosita Christiane Yvette Luchaire alias Corinne Luchaire », sur lesgensducinema.com (consulté le ) : « 
    [Nom] Réel : Rosita Christiane Yvette Luchaire
    Activité : actrice française,
    sœur de Robert et Florence Luchaire,
    petite-fille de Julien Luchaire
    Naissance : 11 février 1921
    Lieu : Paris 16e (75-France)
    Référence : Extrait de naissance no 16/272/1921
    Décès : 22 janvier 1950
    Lieu : Paris 6e (75-France) [information erronée : cf. la consultation des archives de Paris qui indiquent rue Boileau à Paris 16e]
    Cause : de la tuberculose
    Référence : Acte de décès no 06/153/1950 [numéro erroné : le numéro correct est no 16/153/1950 car établi par la mairie du 16e arrondissement de Paris] »
  3. a b et c Archives de Paris, « Acte de décès "Luchaire no 153", année 1950, Paris 16e, cote 16D 184, vue 16/31 », sur archives.paris.fr (consulté le ) : « 
    Le , 23 h 30, est décédée 12, rue Boileau, Rosita Christiane Yvette Luchaire, née à Paris 16e le , sans profession, domiciliée à Paris, rue d'Assas 16, fille de Jean Louis Gabriel Luchaire, décédé, et de Françoise Germaine Besnard, sa veuve, sans profession, domiciliée à Paris, 3 cour de Rohan. Divorcée de Joseph Henri Guy de Voisins-Lavernière […] »
  4. Insee, « Besnard Francoise Germaine dans le fichier des personnes décédées », sur deces.matchid.io (consulté le )
  5. Bernard Bastide et Jacques-Olivier Durand, Dictionnaire du cinéma dans le Gard, Montpellier, Les Presses du Languedoc, , 362 p. (ISBN 2-85998-215-9), p. 170.
  6. a et b Corinne L., une éclaboussure de l'Histoire, op. cit.
  7. Article 75 sur afmd.asso.fr.
  8. CinéArtistes, « Copies des actes de naissance et de décès de Rosita Christiane Yvette Luchaire alias Corinne Luchaire, tous deux établis dans le 16e arrondissement de Paris », Ces copies d'actes sont confirmées par la consultation en ligne des archives de la ville de Paris (cf. archives.paris.fr)., sur cineartistes.com (consulté le )
  9. Voir sur lereseaumodiano.blogspot.com.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Carole Wrona, Corinne L., une éclaboussure de l'Histoire, Paris, Centre national du cinéma, 2008 (OCLC 758619195). — Portrait documentaire biographique.
  • Carole Wrona, Corinne Luchaire, un colibri dans la tempête, préface de Pierre Barillet, Grandvilliers, éditions La Tour verte, 2011, 192 p. (ISBN 9782917819111).
  • Cédric Meletta, Jean Luchaire : l'enfant perdu des années sombres, Paris, Perrin, 2013, 450 p.
  • (it) Marco Innocenti, Il profumo di Corinne, Milano, Mursia, 2015, 292 p.

Liens externes modifier