Un congrès eucharistique est un rassemblement de clercs et de laïcs en vue de l'évangélisation par l'adoration de la Sainte Eucharistie.

Messe célébrée à la fin du congrès de Dublin de 1932.

La présence réelle de Jésus-Christ dans l'Eucharistie est l'un des principaux dogmes de la foi catholique, et l'Église la considère comme le trésor le plus précieux qui lui ait été laissé. Les congrès ont pour bienfait de concentrer les pensées des fidèles sur le "mystère de l'autel" et de faire connaître les moyens par lesquels la dévotion eucharistique puisse être promue et cultivée dans le cœur du peuple.

Il existe des congrès eucharistiques régionaux, nationaux et internationaux.

Histoire modifier

XIXe siècle modifier

Inspiré par le "Miracle eucharistique de Faverney" (1608), le premier congrès eucharistique international a lieu à Lille le à l'initiative d'Émilie Tamisier (1834-1910), aidé de ses confesseurs (Antoine Chevrier, Pierre-Julien Eymard et Mgr de Ségur) et de Philibert Vrau, membre séculier d’une organisation catholique et important industriel lillois.

Ce congrès n'a qu'une audience régionale. Cependant d'année en année les rassemblements deviennent plus importants et rassemblent plus de monde. Le sixième congrès se tient à Paris, en 1888, à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, dans un contexte politique tendu à cause des lois sur les congrégations. Le suivant a lieu en Belgique à Anvers, où 150 000 personnes reçoivent la bénédiction du cardinal cardinal Goosens. Ce congrès est organisé par Mgr Doutreloux.

Le huitième congrès, qui a lieu à Jérusalem en 1893 est le premier à se tenir hors d'Europe et revêt une importance particulière, alors que les missions protestantes et notamment allemandes s'installent en Terre sainte et que la question ottomane (L'homme malade) fait débat.

En 1893, le cardinal Benoît Langénieux de Reims prend la présidence du Congrès eucharistique de Jérusalem. Reçu dans la Ville Sainte avec les honneurs royaux dus à son titre de légat du Saint-Siège, le cardinal, en face des sectes rivales qui se disputent les lieux saints, représenta l’Église et la France.

En 1894, le Cardinal Benoît Langénieux présidait à Reims le IXe congrès eucharistique ; il devait en 1899, présider encore, avec le titre de légat apostolique, le XIIe congrès, tenu cette fois à Lourdes.

XXe siècle modifier

Le congrès eucharistique de Metz de 1907 (alors partie de l'Empire allemand) bénéficie d'une suspension de la loi allemande qui interdisait les processions depuis le Kulturkampf de Bismarck. Il est présidé par la cardinal Vincenzo Vannutelli.

À Londres, le congrès eucharistique de 1908 réunit les laïcs et clercs de langue anglaise sous le patronage du cardinal Bourne, celui de Cologne en 1909 les fidèles germanophones.

Le congrès eucharistique de Montréal de 1910 est le premier à se tenir en Amérique et accueille de grandes foules, ainsi que le congrès eucharistique de Vienne en 1912.

Il n'y a plus de congrès eucharistiques internationaux pendant plusieurs années après celui de 1914 qui se déroule à Lourdes[1] les 22-26 juillet, quelques mois avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Le prochain est organisé à Rome en 1922, alors que Mussolini vient d'effectuer sa marche sur Rome.

 
Petites filles des écoles catholiques au congrès eucharistique de Carthage.
 
Grand-messe du congrès de Budapest (1938). L'autel est sous la couronne, figurant celle de saint Étienne de Hongrie.

En 1926, le congrès eucharistique est organisé à Chicago. De grandes cérémonies ont lieu en l'église Notre-Dame de Chicago.

Le congrès eucharistique de Carthage, en 1930, premier à se tenir en Afrique, est perçu par certains membres des populations locales comme une provocation, car de jeunes catholiques costumés en croisés rappellent aux musulmans colonisés la victoire des « Francs » sur l'Afrique du Nord.

Le congrès de Dublin de 1932, selon les témoignages de l'époque, est un puissant témoignage de la foi catholique. Il célèbre le 1 500e anniversaire de l'arrivée de saint Patrick en Irlande et son thème est consacré à la mission des Irlandais et de leurs prêtres missionnaires. Plus de trois millions et demi de fidèles de ce petit pays assistent aux cérémonies. Elles seront encore plus nombreuses près de cinquante ans plus tard, lors de la venue de Jean-Paul II.

On prend l'habitude de soumettre après chaque congrès un rapport détaillant les homélies, les discours et les allocutions prononcées.

Le congrès de Budapest en 1938 se déroule dans un contexte politique extrêmement difficile avec la montée des périls. Il est présidé par le cardinal Pacelli qui sera pape moins d'un an plus tard. Le congrès suivant, le 35e, est prévu du 3 au 9 septembre 1940 à Nice. La guerre va en empêcher sa tenue.

Après une interruption de quatorze ans due à la Seconde Guerre mondiale, le 35e congrès se tient finalement à Barcelone en 1952 et désenclave l'Espagne de Franco dont les États-Unis se rapprochent à cause de la Guerre froide.

Le congrès eucharistique de Bombay, premier à se tenir en Asie, se tient en 1964 dans les années d'après la décolonisation; celui de Bogota en 1968 est marqué par la montée de l'idéologie de la théologie de la libération et des révolutions étudiantes en Amérique du Nord en Amérique latine et en Europe occidentale. C'est le premier congrès également à faire face aux nouvelles entreprises postconciliaires. Les cérémonies ne sont plus célébrés en latin et une page est définitivement tournée à propos des méthodes d'évangélisation d'hier.

Le lieu du congrès de Philadelphie en 1976 est choisi pour honorer le bicentenaire de l'indépendance des États-Unis alors que les régimes de certains pays du Tiers-Monde basculent dans le camp soviétique. Le président Gerald Ford, protestant, assiste à une messe. Le congrès est le reflet d'une époque de profondes divisions, même au sein de l'Église. Le thème en est Jésus pain de vie.

XXIe siècle modifier

Le quarantième-septième congrès international se tient à Rome pendant l'année jubilaire en l'an 2000. C'est le troisième à être tenu dans la ville pétrinienne. Jean-Paul II a repris depuis le début de son pontificat le thème de l'évangélisation qui était mis à mal. De nombreuses foules reviennent à Rome à l'occasion de cette année sainte et de ce congrès. En juin 2012, le 50e congrès eucharistique international a lieu à Dublin. Du 24 au se tient le 51e congrès eucharistique à Cebu aux Philippines[2].

 
Procession du Saint-Sacrement au congrès eucharistique régional de Charlotte (Caroline du Nord) aux États-Unis en septembre 2005.

À l'époque contemporaine, l'objectif premier des congrès eucharistiques est de rappeler la centralité de l'eucharistie dans la vie de l'Église. Ils sont maintenant également associés au mouvement de la « nouvelle évangélisation ». Ils permettent en effet d'amener progressivement les fidèles à entrer plus profondément dans le mystère des sacrements, ce que le pape Benoît XVI qualifie d'« évangélisation mystagogique qui s’accomplit à l’école de l’Église en prière, à partir de la liturgie et par la liturgie »[3].

2012 Dublin (Irlande) modifier

Le 50e congrès eucharistique international a lieu à Dublin, en Irlande, sous la présidence de Mgr Diarmuid Martin, archevêque de Dublin. Il se déroule du , solennité du Corps et du Sang du Seigneur (Fête-Dieu), jusqu’au . Le thème du congrès est « l'Eucharistie : Communion avec le Christ et entre nous ». Ce choix de thème est en lien avec les textes du concile Vatican II, et particulièrement le paragraphe 7 de Lumen Gentium. L'année 2012 marque en effet le cinquantième anniversaire de l'ouverture du concile. L'organisation en est confiée au père Kevin Doran[4].

Le pape Benoît XVI a en outre établi un lien entre la tenue de ce congrès eucharistique et le renouveau qu'il appelle de ses vœux pour l'Église en Irlande[5].

2016 Cebu (Philippines) modifier

Le 51e congrès eucharistique se tient à Cebu, la première île des Philippines à avoir accueilli la foi catholique[6] à partir du jusqu'au . L'événement qui mobilise près de 5000 bénévoles et accueille plus de 15 000 pèlerins a pour thème le passage de l’Évangile « Le Christ est parmi vous, lui, l’espérance de la gloire ». Un des objectifs de la semaine est de montrer l’importance de l’Eucharistie dans la vie et la mission de l’Église catholique. Plusieurs conférences, groupes de discussion, temps de prière, processions et des événements culturels sont proposés à cette occasion dans différents lieux de la ville[2].

Chronologie des congrès eucharistiques internationaux modifier

Chronologie des congrès eucharistiques nationaux français modifier

 
L'insigne des participants au Congrès eucharistique national tenu à Nancy en 1949.

Les congrès eucharistiques français ont lieu généralement au début du mois de juillet.

  • 1er congrès : Faverney, (70) 1908
  • 2e congrès : Ars, (01) 1911
  • 3e congrès : Paray-le-Monial, (71) 1921
  • 4e congrès : Paris, (75) 1924
  • 5e congrès : Rennes, (35) 1925
  • 6e congrès : Lyon, (69) 1927
  • 7e congrès : Bayonne, (64) 1929
  • 8e congrès : Lille, (59) 1931
  • 9e congrès : Angers, (49) 1933
  • 10e congrès : Strasbourg, (67) 1935
  • 11e congrès : Lisieux, (14) 1937
  • 12e congrès : Alger, 1939
  • 13e congrès : Nantes, (44) 1947
  • 14e congrès : Nancy, (54) 1949
  • 15e congrès : Nîmes, (30) 1951
  • 16e congrès : Rennes, (35) 1956
  • 17e congrès : Lyon, (69) 1959

Les organisateurs pionniers des congrès eucharistiques internationaux modifier

Notes et références modifier

Sources modifier

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier