Conférence de Paris (1858)

Conférence de Paris (1858)
L'hôtel du ministre des Affaires étrangères côté Seine.
L'hôtel du ministre des Affaires étrangères côté Seine.

Type Conférence des puissances garantes européennes
Pays Drapeau de la France France
Localisation Hôtel du ministre des Affaires étrangères
Organisateur France
Date au
Participant(s)
Drapeau de l'Empire français Empire français
Drapeau du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande
Drapeau du Royaume de Sardaigne Royaume de Sardaigne
Drapeau de l'Empire russe Empire russe
Drapeau de l'Autriche Empire d'Autriche
Drapeau de la Prusse Royaume de Prusse
Drapeau de l'Empire ottoman Empire ottoman

La Conférence de Paris (1858), officiellement nommée Conférence intergouvernementale de Paris de 1858, prévue par le traité de Paris de 1856, se tient du au au ministère des Affaires étrangères à Paris.

Composée des six puissances garantes et de l'Empire ottoman, elle est chargée d'organiser politiquement, administrativement et juridiquement les deux principautés de Moldavie et de Valachie.

Contexte modifier

Le traité de Paris du met fin à la guerre de Crimée (1853-1856). Entré en vigueur le , il déclare la neutralité de la mer Noire et interdit la navigation aux navires de guerre et la construction de fortifications. Il marque un coup d'arrêt de l'influence russe dans la région. Le traité proclame l’intégrité de l’Empire ottoman, qui est désormais admis à participer aux avantages du droit public et du « concert européen ». Constantinople semble désormais à l’abri du « projet grec » des Russes, qui échouent à faire de la mer Noire un « lac russe » : cette mer devient un espace géopolitique commercial dédié à des activités pacifiques.

D'autre part, le traité reconnaît l’autonomie des principautés roumaines de Moldavie et de Valachie, toujours tributaires de la « Sublime Porte » (depuis le XVIe siècle) et place cette autonomie, ainsi que celle de la Serbie (acquise en 1817), sous la garantie collective des puissances. Ce sont les modalités de l'autonomie et de l'organisation politique et juridique des principautés danubiennes qui constituent l'enjeu principal de la conférence de 1858[1].

Discussions modifier

 
Les provinces roumanophones en 1856 (Firmin Didot) : la Valachie au sud et la Moldavie au nord est.

Sous la présidence du comte Alexandre Walewski, ministre français des Affaires étrangères, la conférence débute le et se réunit durant presque trois mois au cours de 20 séances. Les ministres plénipotentiaires des puissances garantes sont les suivants : Joseph Alexander von Hübner (Autriche), Henry Wellesley (Royaume-Uni), Salvator marquis de Villamarina (Sardaigne), Maximilian comte de Hatzfeldt (Prusse), Paul Kisseleff (Russie) et Mehmed Fuad Pacha (Empire ottoman)[2].

Les séances de travail s'avèrent laborieuses en raison des divergences de vue entre les puissances garantes. Dès l'ouverture de la conférence, Nicolae Golescu et Ion Brătianu, figures libérales issues de la Révolution roumaine de 1848, tentent de faire pression sur le Royaume-Uni en adressant à la Chambre des communes une lettre demandant l'union des principautés. Le Royaume-Uni y est défavorable. La France, la Sardaigne et la Russie rejettent l'idée de l'élection d'un des anciens hospodars en Valachie et souhaitent la venue d'un homme nouveau au pouvoir[3].

Au début juin, l'Autriche, alliée du Royaume-Uni, manque de faire échouer la conférence en raison de la question de l'ouverture de l'isthme de Suez[4]. La presse autrichienne présente les principautés comme une poudrière menacée par la compétition entre les candidats à l'hospodorat valaque[5]. La Prusse ne soutient pas l'Autriche, estimant que certains articles du traité de Paris de 1856 peuvent être reconsidérés[6]. La France de Napoléon III est favorable à l'union complète des deux principautés moldo-valaques sous l'autorité d'un prince étranger. Le comte Walewski justifie sa position en affirmant que cette union répond aux vœux des populations concernées. La conférence tente de trouver une combinaison destinée à concilier les différents points de vue. La France demeure seule à vouloir cette union après des revirements d'opinion émis par les autres puissances[7].

Résultats modifier

Les puissances garantes et l'Empire ottoman s'accordent et signent une convention relative à l'organisation des principautés de Moldavie et de Valachie le . Cette convention comprend 50 articles et une annexe de 23 articles relative aux stipulations électorales[8]. La convention est ratifiée par décret impérial le et promulguée le suivant [9].

Désormais, les principautés danubiennes constituées portent le nom de « principautés unies de Moldavie et de Valachie » et demeurent sous la suzeraineté du sultan. Toutefois, elles s'administrent librement sans l'ingérence de l'Empire ottoman, mais dans les limites stipulées par les puissances garantes et la Sublime Porte. Dans chaque principauté, les pouvoirs publics sont confiés à un hospodar et à une Assemblée élective avec le concours d'une commission centrale commune aux deux principautés. Le pouvoir exécutif est exercé par l'hospodar. Le pouvoir législatif est exercé collectivement par l'hospodar, l'Assemblée élective et la commission centrale. Le pouvoir judiciaire est exercé par des magistrats nommés par l'hospodar et en son nom[8].

Les principautés versent chaque année un tribut à la cour suzeraine ottomane (1 500 000 piastres pour la Moldavie et 2 500 000 piastres pour la Valachie). L'hospodar est élu à vie par l'Assemblée et reçoit une liste civile annuelle. Est éligible à l'hospodorat quiconque est âgé de 35 ans, fils d'un père né moldave ou valaque et justifiant d'un revenu foncier de 3 000 ducats, pourvu qu'il ait rempli des fonctions publiques pendant dix ans ou fait partie des Assemblées[8].

Les principautés ne sont donc pas encore unies, elles conservent des institutions parallèles coordonnées par une commission centrale à Focșani. Cependant, les unionistes font élire le , Alexandre Jean Cuza (en roumain Alexandru Ioan Cuza), francophile issu de la classe noble des boyards, mais petit propriétaire, hospodar de Moldavie. Le vote en faveur de Cuza est réitéré en le désignant également hospodar de Valachie le suivant. La double élection d'un même hospodar par les deux Assemblées moldave et valaque signifie la volonté des deux principautés d'être désormais réunies et ouvre la voie vers leur union effective réalisée en 1862[10].

Notes et références modifier

  1. East 1929, p. 150-159.
  2. « Correspondance de Baden-Baden », L'Indépendance belge, no 143,‎ , p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
  3. « Situation politique », Journal de Charleroi, no 148,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  4. « Situation politique », Journal de Charleroi, no 152,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  5. « Situation politique », Journal de Charleroi, no 165,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  6. « Situation politique », Journal de Charleroi, no 176,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  7. « Dernier courrier », Journal de la Belgique : pièces officielles et nouvelles des Armées, no 235,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  8. a b et c « Conférence de Paris 1858 », sur Gallica.bnf.fr, (consulté le ).
  9. Journal du Palais : Lois, ordonnances, règlements et instructions d'intérêt général, vol. 6, t. 2, Paris, Charles Jouaust, 368 p. (lire en ligne), p. 341.
  10. Traian Sandu, Histoire de la Roumanie, Paris, Perrin, , 444 p. (ISBN 978-2-262-02432-1), p. 152.

Bibliographie modifier

Liens externes modifier

« Conférence de Paris 1858 », sur Gallica.bnf.fr, (consulté le ).