Complication (horlogerie)

fonction autre que l'affichage de l'heure et des minutes

En horlogerie, une complication est une fonction autre que l'affichage de l'heure et des minutes[1]. Ces fonctions sont particulièrement recherchées par les amateurs de montres mécaniques.

Montre à complication Greubel Forsey Invention Piece 1.

Description modifier

Ces fonctions peuvent être astronomiques (phase de la Lune, équation de temps, quantième perpétuel, heures du lever et du coucher du Soleil), pratiques (chronographe, grande sonnerie, répétition des minutes), techniques (date rapide, stop seconde), aiguilles des secondes, ou pour améliorer la précision de fonctionnement (à l'origine, le tourbillon).

Les complications sont des modules ajoutés au mouvement de la montre. Une pièce dite compliquée induit également une notion de haut savoir-faire horloger qui s'exprime autant dans la manufacture du calibre que dans le degré de finition du modèle.

C'est souvent l'accumulation de mécanismes dans l'espace réduit d'un boitier qui complexifie les montres. Parmi les montres les plus complexes du monde, on peut citer :

  • La Leroy 01, commandée en 1897, est restée la plus complexe du monde avec 24 complications jusqu'en 1989[2].
  • Le modèle « Référence 57260 » de Vacheron Constantin : son mouvement compte 57 complications, le maximum au monde à ce jour, contenues dans l'espace d'une montre de poche. Ce travail a été réalisé par trois maîtres horlogers sur huit ans[3].
  • Le modèle Aeternitas Mega 4 de Franck Muller : son mouvement, composé de 1483 pièces, compte 36 complications contenues dans l'espace d'une montre-bracelet [4].
  • Le calibre 89 de Patek Philippe, une montre de poche comptant 33 complications[5].

La définition exacte d'une complication, et donc le décompte des complications pour une montre donnée, peuvent changer selon les auteurs et les époques. A titre d'exemple, l'affichage des secondes dans un petit cadran excentré était longtemps la norme, et une aiguille des secondes centrale était considérée comme une complication, car elle nécessitait de réaliser trois axes coaxiaux. A l'époque contemporaine, l'aiguille des secondes centrale est très répandue et n'est plus considérée comme une complication[6].

Affichage de la date et du jour modifier

Quantième modifier

Mouvement avec un disque des quantièmes.

L'affichage des quantièmes sur un disque est la complication horlogère la plus courante. Il prend généralement la forme d'un disque sur la périphérie du mouvement, sur lequel sont marqués les nombres de 1 à 31. Le disque avance chaque jour à minuit. Un « Guichet » (ouverture dans le cadran, généralement placée à 3 ou 6 heures) permet de lire la date. La « Date rapide » permet un réglage direct de la date sans changement de l'heure, on y accède généralement par une position intermédiaire de la couronne, parfois par un poussoir. La taille des chiffres est limitée, car il faut faire tenir les 31 écritures sur la périphérie. C'est pour cela que Rolex, notamment, a placé une loupe (appelée Cyclope) devant le guichet date de nombreux modèles. Le disque avance d'une unité, chaque jour vers minuit. La date doit donc être réglée manuellement à la fin du mois lorsque celui-ci ne compte pas 31 jours (donc cinq fois par an).

Jours de la semaine modifier

Généralement en complément de l'affichage des quantièmes, il s'agit d'afficher les jours, du lundi au dimanche. Le plus souvent, le nom du jour est abrégé en trois lettres (dans une langue donnée), et le disque des jours est placé à l'intérieur du disque des dates, sous un autre guichet. Il s'agit d'une complication assez courante, disponible sur des montres automatiques abordables comme la Seiko 5[7].

Grande date modifier

 
Affichage grande date.

La « grande date » a la même finalité qu'un disque de quantièmes, mais son fonctionnement est différent. Il y a deux disques indépendants, pour afficher les deux chiffres des quantièmes (les dizaines, de 0 à 3, et les unités, de 0 à 9), ce qui permet un affichage centré sur le cadranet non en périphérie, et une meilleure lisibilité par les chiffres sont plus grands[8].

Calendrier annuel modifier

Un calendrier annuel ajoute, au décompte des quantièmes, un suivi du mois. Le mécanisme prend en compte la durée des mois (30 ou 31 jours), mais ne connaît pas la durée du mois de février. Il doit donc être réglé une fois par an, au premier mars[9].

Calendrier perpétuel modifier

 
Montre IWC à calendrier perpétuel, indiquant le mardi 5 janvier 1993.

Au calendrier annuel, le calendrier perpétuel ajoute un décompte sur quatre années, ainsi, il tient compte des années bissextiles. La date ne doit donc être réglée que pour les années bissextiles sautées, soit trois fois tous les 400 ans (par exemple, au premier mars 2100, 2200, 2300, mais pas 2400)[10]. Le « Quantième perpétuel séculaire » prend en compte les cycles de 100 ans du calendrier grégorien avec les années bissextiles sautées tous les 100 ans. La date doit donc être réglee seulement une fois tous les 400 ans[11].

Fuseaux horaires modifier

Complication GMT modifier

Montre Yema avec complication GMT.

La complication dite GMT permet d'afficher l'heure d'un deuxième fuseau horaire. Pour cela, il y a une quatrième aiguille (dans le cadran principal ou en sous cadran), qui fonctionne comme celle d'une montre 24h : c'est-à-dire qu'elle fait un tour complet en 24 heures, et non douze, étant en haut à minuit. Elle peut être indépendante de l'affichage heures-minutes. Ainsi, sur la photo ci-contre, l'heure locale se lit normalement (10h15). L'aiguille supplémentaire pointe vers l'index « 4 », mais, fonctionnant en 24 heures, elle indique en fait 8 heures. Il est donc 8h15 sur le deuxième fuseau horaire suivi. La lunette tournante sur ce modèle permet de suivre un troisième fuseau horaire, décalé, sur la photo, de quatre heures par rapport au deuxième, il est 12h15 sur ce troisième fuseau.

On distingue 2 types de complication GMT :

  • GMT 'de bureau' : permet de régler l'aiguille des 24h seule sans bouger l'aiguille des heures et des minutes, généralement par incréments d'une heure. Son surnom est du au fait qu'elle permet de changer le fuseau horaire suivi par l'aiguille des 24h sans avoir à re-régler les heures et minutes, ce qui peut être utile pour connaitre l'heure chez un correspondant à l'étranger.
  • GMT 'voyageur' : permet de régler l'aiguille des heures sans bouger l'aiguille des 24h et des minutes, là aussi par incréments d'une heure. Son surnom vient de sa capacité à adapter rapidement l'aiguille des heures à l'heure locale du pays visité, sans avoir à re-régler les minutes et en gardant une heure de référence sur l'aiguille des 24h (par exemple l'heure de chez soi ; ou l'heure UTC pour un pilote). Cette complication est généralement un peu plus haut de gamme, car, contrairement au GMT 'de bureau', il est plus difficile de l'ajouter à un mouvement existant.

Chronographe modifier

 
Montre Omega Speedmaster équipée d'un chronographe avec trois sous-cadrans.

Un Chronographe : permet la mesure d'une durée, généralement sous la forme : seconde, minutes, et heures. Toutefois, certains chronographes de montres de poignet permettent la mesure au quart, dixième, voire dix millième de seconde. Le chronographe est souvent appelé, à tort, "chronomètre" dans le langage populaire. La dénomination "chronomètre" est en fait une certification donnée à des montres dont les mouvements ont réussi avec succès différents tests de qualité et de fiabilité (précision, résistance à différentes températures, etc.) organisés par le COSC (Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres).

Il en existe des variantes :

  • Chronographe à retour en vol ou « Flyback » : permet de lancer un nouveau chronométrage lorsque le premier est déjà en marche en appuyant sur un seul poussoir (généralement en appuyant sur le poussoir de mise à zéro).
  • Chronographe à « rattrapante » : une deuxième aiguille permet de mesurer des temps intermédiaires, puis de « rattraper » instantanément l’autre aiguille principale du chronographe.
  • Chronographe « concentrique » : permet une lecture plus « intuitive » de la durée mesurée : dans un seul cadran.

Sonneries modifier

  • Grande et petite sonneries : émet un signal sonore au passage des heures et des quarts. La petite sonnerie sonne les quarts sans répéter les heures, la grande sonnerie sonne les quarts en répétant les heures[12].
  • Répétition : permet de sonner les heures à la demande après l'activation d'un poussoir (souvent situé entre 7 h et 9 h). Généralement le mécanisme produit un son différent pour les heures, quarts et minutes (en indiquant les heures -ton grave- les quarts -ton grave et aigu- et les minutes -ton aigu). Des variantes de cette complication sont la répétition de la date ou des quarts seulement[13].
  • Réveil : permet de programmer une sonnerie pour une heure.

Complications de conception modifier

 
Montre avec aiguilles rétrogrades.

Stop-seconde modifier

Le « Stop seconde » permet d'arrêter l'aiguille des secondes lors du réglage. En pratique, il s'agit d'un petit levier qui vient bloquer le mouvement du balancier quand la couronne est tirée. Cette fonction permet de régler l'heure à la seconde près par rapport à une heure de référence, et, ainsi, de mesurer beaucoup plus facilement la dérive de la montre[14]. C'est une fonction très courante (au points de ne pas être toujours comptée comme complication), sans être pour autant universelle[15].

Indicateur de Réserve de marche modifier

Ils'agit d'un sous-cadran montrant la position du barrillet, et le temps de fonctionnement restant, avant que la montre ne doive être remontée. Ce temps peut varier de 36 heures à une cinquantaine de jours.

Aiguille rétrograde modifier

Il s'agit d'un système d'affichage non circulaire. L'aiguille n'effectue pas un tour complet, mais un trajet d'un point A à un point B. Une fois la mesure de A à B effectuée, l'aiguille retourne « en arrière » au point A, d'où le nom de « rétrograde ». Un tel affichage peut s'appliquer à presque toutes les indications d'une montre (secondes, minutes, heures, date et même jour de la semaine ou chronographe)[16].

Affichage sautant modifier

ll s'agit du saut de l'aiguille, ou plus souvent de l'affichage numérique, lors du passage de l'heure ou de la minute. Cela facilite une lecture en évitant de cacher une partie du chiffre.

Seconde morte modifier

La trotteuse bouge ponctuellement une fois par seconde, et non pas continuellement. Contrairement aux montres à quartz (où la seconde est presque toujours "morte"), sur une montre mécanique, elle relève d'une véritable complication.

Heure mystérieuse modifier

Cette complication esthétique consiste à donner l’impression qu'une ou plusieurs aiguilles "flottent", n'étant apparemment reliées à aucun axe. Cette complication est le plus souvent réalisée à l'aide de disques transparents solidaires de l'aiguille et entraînés par l'extérieur.

Tourbillon modifier

Animation d'un tourbillon.

Le Tourbillon est un mécanisme qui encapsule tout l'organe réculateur de la montre dans une cage qui tourne sur elle-même, généralement une fois par minute. Il permet de compenser les influences liées à la gravité terrestre sur le mouvement de la montre et en principe d'améliorer la précision. L'utilité du tourbillon se vérifie quasi-exclusivement dans les montres à gousset. (la position de la montre sur son porteur étant toujours la même).

Mécanisme à sec modifier

Mécanisme sans huile, ce qui demande un usinage et des matériaux très coûteux.

Régulateur modifier

Les aiguilles des heures et des minutes ne sont pas coaxiales, l'aiguille des minutes étant le plus souvent au centre, ce qui permet de favoriser la lecture des minutes. Cette complication est nommée en référence aux horloges-régulateur qui possédaient cette caractéristique, c'est aujourd’hui surtout une originalité de design[17].

Fonctions astronomiques modifier

 
Montre avec phase de lune, petite seconde excentrée et indicateur de réserve de marche.
 
Horloge astronomique de Beauvais.

Les complications astronomiques s'inscrivent dans une tradition qui remonte aux horloges astronomiques du Moyen Âge.

Phase de Lune modifier

L'indication des phases de la Lune est une complication relativement répandue. Sa forme la plus courante est celle d'un disque partiellement masqué sous le cadran (cf photo), et portant deux images de la lune, qui est entraînée par une roue de 59 dents et avancée, comme le disque de date, d'un cran chaque jour. Ainsi, la durée du mois lunaire est approximée à 29,5 jours, ce qui est 44 minutes de moins que la réalité. Cela signifie qu'après environ deux ans et demi, l'indicateur de phase de lune a pris une journée d'avance[18].

L'indicateur de phase de Lune dit « astronomique » est une version beaucoup plus précise, plus complexe à réaliser, qui ne dérive d'une journée qu'après 122 ans[19].

Maréographe modifier

Cette complication assez rare utilise en une aiguille qui décrit un tour de son sous-cadran en 12 heures, 25 minutes et 15 secondes, indiquant le cycle des marées[20].

Divers modifier

Il existe de nombreuses autres complications astronomiques, beaucoup plus rares :

  • Indication de l'heure de lever et de coucher de la Lune ou du Soleil.
  • Indication des coefficients de marées.
  • Équation du temps : affiche la différence entre le temps solaire «vrai» (celui de la nature) et le temps solaire «moyen»[21]
  • Carte du ciel.

Fonctions non-horlogères modifier

Certaines montres intègrent des affichages totalement indépendants du mouvement d'horlogerie : une boussole, un thermomètre, un baromètre par exemple.

Références modifier

  1. « Horlogerie : les complications, utile ou futile ? », sur Les Echos, (consulté le )
  2. « 1957.1.1 - Montre à complications astronomiques dite "Leroy 01" ou "montre la plus compliquée du monde" conçue par les ateliers d'horlogerie Louis Leroy. », sur memoirevive.besancon.fr (consulté le )
  3. « La Cote des Montres : La montre Vacheron Constantin Référence 57260 - La montre la plus compliquée de Vacheron Constantin réalisée sur demande », sur www.lacotedesmontres.com (consulté le )
  4. « La Cote des Montres : Franck Muller Aeternitas Mega 4, la montre-bracelet la plus compliquée au monde », sur www.lacotedesmontres.com (consulté le )
  5. « Quand les horlogers compliquent pour le rêve - SWI swissinfo.ch », sur SWI swissinfo.ch (consulté le )
  6. « Petite Seconde | Chronotempus », sur www.chronotempus.com, (consulté le )
  7. Jeremy M, « Une journée avec la nouvelle Seiko 5 », sur Le Petit Poussoir, (consulté le )
  8. « Grande date | Chronotempus », sur www.chronotempus.com, (consulté le )
  9. « Dictionnaire de l'horlogerie - Quantième bissextile », sur bellesmontres.com
  10. « Dictionnaire de l'horlogerie - Quantième perpétuel », sur bellesmontres.com
  11. « Dictionnaire de l'horlogerie - Quantième perpétuel séculaire », sur bellesmontres.com
  12. « Montres à sonnerie - Fondation de la Haute Horlogerie », sur www.hautehorlogerie.org (consulté le )
  13. « Montres à répétition - Fondation de la Haute Horlogerie », sur www.hautehorlogerie.org (consulté le )
  14. « STOP-SECONDE », sur Horopedia (consulté le )
  15. « Article Horloger », sur www.horlogerie-suisse.com (consulté le )
  16. George Daniels, Watchmaking, Published for Sotheby Parke Bernet Publications by P. Wilson, (ISBN 0-85667-150-9 et 978-0-85667-150-0, OCLC 8530948, lire en ligne)
  17. « Drôles de montres », Le Figaro,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le )
  18. « Montres à phases de lune - Fondation de la Haute Horlogerie », sur www.hautehorlogerie.org (consulté le )
  19. « Montre Phase de Lune. Explications de cette complication », sur Le Calibre - Blog montre (consulté le )
  20. Jean-philippe Tarot, « Yema : une Yachtingraf Tourbillon Maréographe à moins de 10.000 euros », sur Montres-de-luxe.com (consulté le )
  21. « Montres à équation du temps - Fondation de la Haute Horlogerie », sur www.hautehorlogerie.org (consulté le )

Annexes modifier

Articles connexes modifier