Comparaison entre le football américain et le football canadien

La présente page effectue une comparaison entre le football américain et le football canadien.

Schéma d'un terrain de football américain
Schéma d'un terrain de football canadien

En effet, bien que tous deux dérivés du rugby et regroupés sous le vocable de « football nord-américain », le football américain et le football canadien sont deux sports qui possèdent beaucoup de similitudes mais également de nombreuses différences.

Histoire modifier

Le football a été introduit en Amérique du Nord par la garnison britannique de Montréal qui joua une série de matchs avec l'université McGill[1]. En 1874, l'université Harvard, américaine, reçut l'université McGill pour disputer en aller-retour une série de matchs du nouveau sport dérivé du rugby. Les Canadiens arrivèrent avec quelques jours d'avance et tinrent des entraînements quotidiens. Les Américains furent surpris de voir les Canadiens botter, pourchasser et courir avec le ballon en mains. Ceci violait un principe de base du jeu américain de l'époque. Quand Henry Grant, le capitaine de Harvard, le fit remarquer à David Roger, capitaine de McGill, la réponse fut simple : courir avec le ballon fait partie intégrante du jeu canadien. Interrogé sur le nom qu'il donnait à ce sport, Roger répondit : « le rugby ».

Après quelques discussions, on décida de jouer avec des règles mi-américaines, mi-canadiennes. Ainsi plusieurs des différences et ressemblances entre les sports canadien et américain découlent de cette série où l'équipe jouant à domicile décidait des règlements. Par exemple Harvard, par manque d'espace, n'avait pas de terrain de rugby aux dimensions réglementaires. Leur terrain mesurait seulement 100 yards par 50, avec des zones de but réduites (légèrement plus petit que les 53⅓ yards – environ 48,5 m – de largeur prévues par les règles américaines de l'époque). À cause de ce terrain réduit, l'équipe de Harvard opta pour 11 joueurs sur le terrain, quatre de moins qu'au rugby union. Pour aider l'attaque, Harvard augmenta aussi le nombre d'essais de trois à quatre. Enfin, les joueurs de Harvard aimèrent tellement courir avec le ballon qu'ils adoptèrent cette pratique pour tous leurs matchs à venir.

Alors que les Américains eurent le dessus (une victoire de 3-0 le 14 mai suivie d'un nul, 0-0 le lendemain), la variété de football des deux pays en fut à jamais changée. Les deux variétés de football ont toujours des éléments en commun avec les deux variétés de rugby, surtout le Rugby à XIII.

Plusieurs, voire la plupart, des différences de règles ont leur origine dans des modifications apportées aux règlements américains, et qui n'ont pas été reprises au football canadien. Les codes de jeu canadiens n'ont jamais aboli la règle du joueur en jeu lors d'un punt (voir la section Règles sur les bottés ci-bas), ni restreint les mouvements dans le champ arrière, alors que le football universitaire américain (dont sont issus tous les codes réglementaires américains) l'a fait. Le football canadien a tardé à adopter la mise en jeu entre les jambes du centre et la passe avant. De plus, il a adopté plus tard que les Américains la levée des restrictions sur le blocage, devenant identique au jeu américain seulement dans les années 1970. Pareillement, des différences dans le pointage (les Canadiens donnant moins de valeur au touchdown) sont apparues à la fin du XIXe siècle mais ont été abolies dans les années 1950. Un aspect du jeu où les Américains ont été moins innovateurs est celui du fair catch.

 
En 1944, des équipes canadienne et américaine ont joué un match d'exhibition au White City Stadium à Londres. Les Canadian Mustangs ont battu les U.S. Pirates 16-6. On voit ici la poignée de mains entre les capitaines Frank Dombrowski (à gauche) des États-Unis et W. Drinkwater du Canada.

Plusieurs des joueurs de la LCF sont des Américains qui ont été formés au football américain, et qui n'ont pu trouver de poste régulier dans la NFL, ou qui préfèrent jouer au Canada ; il y a cependant un système de quotas qui limite le nombre de joueurs non Canadiens. Pour les joueurs qui ont joué dans les deux ligues, on conserve des statistiques combinées provenant des deux ; ainsi, Warren Moon était jusqu'en 2006 le meneur du football professionnel pour les yards gagnés par la passe pour un passeur, après une carrière illustre dans les deux ligues. Il a été surpassé depuis par Damon Allen puis Anthony Calvillo, qui ont joué uniquement dans la LCF.

Différences modifier

Voici les principales différences entre les versions canadienne et américaine du football :

Aire de jeu modifier

Le terrain du football canadien est plus grand que celui du football américain actuel, mais similaire à celui d'avant 1912. Il a une longueur de 110 yards par 65 (100,6 m par 59,4 m), plutôt que 100 yards par 53,3 (91,4 m par 48,8 m) au football américain (sans compter les zones des buts). De plus, la zone des buts est plus profonde, mesurant 20 yards (18,3 m) plutôt que 10. Parfois, un terrain de football canadien sera tronqué aux extrémités des zones de buts de façon à pouvoir s'inscrire à l'intérieur d'une piste d'athlétisme. C'est le cas du stade Percival-Molson, domicile des Alouettes de Montréal. Les poteaux des buts sont placés sur la ligne des buts au football canadien, et sur la ligne de fond au football américain. Les traits de remise en jeu (hash marks) se situent à 24 yards (21,9 m) de chaque ligne de côté, contrairement à 23 yards, 1 pied et 9 pouces (21,6 m) dans la NFL, soit exactement la distance entre les poteaux des buts.

Nombre de joueurs modifier

Les équipes américaines utilisent onze joueurs chacune, tandis que les équipes canadiennes en ont douze. Dans les deux sports, le nombre de joueurs sur la ligne de scrimmage (ligne de mêlée) est le même, par conséquent le joueur supplémentaire du football canadien est un joueur d'arrière-champ.

Cette situation implique qu'il y a des différences dans la désignation des positions offensives et défensives entre les deux sports. Par exemple, il n'y a ordinairement pas de tight-end (ailier rapproché) dans une formation de football canadien. La disposition offensive typique au football canadien comprend deux wide receivers (demis inséré) au lieu d'un tight end (ailier rapproché), et du côté défensif, deux defensives backs (demis défensifs) et un safety (maraudeur) plutôt que deux maraudeurs.

Le ballon modifier

Bien que les normes concernant les ballons au football américain et au football canadien soient différentes, elles se chevauchent en partie. Un ballon donné pourrait respecter les deux normes, du moins en ce qui a trait à la taille.

Les dimensions exigées par la NFL sont :

  • Une petite circonférence de 527 à 540 mm (20,75 à 21,75 pouces) et une grande circonférence de 705 à 714 mm (27,75 à 28,125 pouces).

Les dimensions exigées par la LCF sont :

  • Une petite circonférence de 530 à 537 mm (20,875 à 21,125 pouces) et une grande circonférence 705 à 718 mm (27,75 à 28,25 pouces).

Une autre différence est que les ballons canadiens doivent avoir deux bandes blanches larges de 25 mm (1 pouce) situées autour du ballon à 76 mm (3 pouces) de son plus grand diamètre. Les ballons américains n'ont aucune bande.

Nombre d'essais modifier

Dans les deux sports, une équipe a un nombre limité d'essais (ou jeux) pour faire avancer le ballon de dix yards. Ce nombre est de quatre au football américain, et trois au football canadien.

Mise en jeu modifier

Dans les deux sports, le ballon est placé sur la ligne de scrimmage (ligne d'engagement ou ligne de mêlée), et un joueur appelé le centre le met en jeu en le remettant derrière lui d'un mouvement d'avant en arrière. Au football canadien, il est obligatoire que le ballon passe entre les jambes du centre ; il n'y a pas de telle obligation au football américain, même si en pratique, le centre le fait toujours afin qu'il puisse être en position d'effectuer un blocage par la suite.

Il y a une distance prescrite à laquelle doivent se situer les joueurs défensifs par rapport à la ligne d'engagement. Au football canadien cette distance est d'un yard ; pour cette raison les équipes vont avoir tendance à tenter un jeu dans une situation de « trois et un » (troisième essai et un yard à franchir). Si un jeu amène le ballon à une distance de moins d'un yard de la ligne d'en-but, il sera placé sur la ligne du 1 yard[2].

Au football américain cette distance est de 28 cm (onze pouces), soit la longueur du ballon, ce qui donne l'impression que les joueurs sont nez à nez.

En conséquence, le football américain favorise les joueurs de ligne offensive massifs et peu mobiles, qui forment une ligne difficile à percer pour l'adversaire, tandis que le football canadien trouve plus utiles des joueurs plus agiles à cause de la distance plus grande entre les deux lignes.

« Fair catch » et retour de punt (botté de dégagement) modifier

Au football américain, si un returner (retourner de bottés) juge qu'il ne sera pas capable de faire avancer le ballon à la suite de sa réception, il peut signaler, en agitant sa main dans les airs, qu'il veut se prévaloir d'un « fair catch » (terme parfois traduit par « arrêt de volée » par analogie avec le rugby à XV, mais cette traduction n'est pas couramment utilisée au Canada) et renoncer à avancer avec le ballon. À ce moment, l'équipe adverse doit le laisser attraper le ballon; si elle crée une interférence, elle sera pénalisée de quinze yards. Au Canada, cette action du returner est souvent désignée par l'expression « demander l'immunité »[3].

Au football canadien, par contre, il n'y a pas de règle de « fair catch ». À la place, il est interdit à tout joueur de l'équipe qui a botté de s'approcher plus près que cinq yards du ballon tant que celui-ci n'a pas été touché par un adversaire, sauf pour le botteur et tout joueur qui était derrière lui au moment du botté. En cas d'infraction, une pénalité sera appelée; elle sera de 15 yards si le ballon est attrapé, et de cinq yards s'il a touché le sol.

De plus, au football américain, l'équipe qui reçoit le botté peut choisir de ne tenter aucun jeu si aucun receveur ne pense pouvoir attraper le ballon. Dès qu'un joueur de l'équipe qui botte touche au ballon après le botté, sans que l'équipe qui reçoit n'y ait touché, le ballon devient « mort » et cette dernière peut choisir de prendre possession du ballon à l'endroit du premier contact. C'est pour cela qu'on voit parfois les joueurs de l’équipe qui a botté protéger le ballon qui roule pour le laisser aller le plus loin possible (mais pas dans la zone d'en-but cependant) avant d'y toucher, pour que l'adversaire commence sa série de jeux loin dans son territoire.

Au football canadien, l'équipe qui reçoit doit se saisir rapidement du ballon si elle l'a laissé rouler sur le sol sans y toucher, car le botteur et tout joueur qui était derrière lui au moment du botté peut s'en emparer et en redonner la possession à son équipe.

Mouvements lors de la mise en jeu modifier

Au football américain, une fois que les joueurs sont en position, un seul joueur a le droit d'être en mouvement, et ce mouvement ne doit pas être en direction de la ligne de mêlée au moment où le ballon est mis en jeu. De plus, s'il était placé sur la ligne de mêlée avant de se mettre en mouvement, il doit se trouver à cinq yards de cette ligne au moment de la remise du ballon.

Au football canadien, tous les joueurs du champ arrière de l'équipe offensive, sauf le quarterback, peuvent être en mouvement au moment de la remise du ballon. Ils peuvent bouger dans n'importe quelle direction pour autant qu'ils soient derrière la ligne de mêlée au moment où le ballon est mis en jeu. De plus, les deux joueurs placés aux extrémités de la ligne offensive (ordinairement des wide receivers (receveurs éloignés) peuvent aussi être en mouvement le long de la ligne de mêlée. Plusieurs équipes favorisent ce mouvement illimité qui peut confondre l'équipe en défense. Cela permet aussi aux receveurs d'être en « départ lancé », traversant la ligne de mêlée en pleine course et pouvant ainsi se rendre plus loin dans le champ arrière pour recevoir une longue passe ou capter plus tôt une passe rapide.

Chronométrage modifier

Au football américain, l'équipe à l'attaque doit mettre le ballon en jeu au plus 25 secondes après le coup de sifflet de l'arbitre, sauf dans la NCAA et dans la NFL où les équipes disposent de 40 secondes après la fin du jeu précédent, ou 25 secondes à la suite d'une pénalité ou d'un temps d'arrêt. Au football canadien, les équipes disposent de 20 secondes.

Les règles du football américain permettent trois temps d'arrêt d'une minute chacun à chacune des équipes dans chaque demie, et un autre temps d'arrêt est automatiquement appliqué deux minutes avant la fin de chaque demie, sauf dans la NCAA. Dans la LCF, chaque équipe dispose d'un seul temps d'arrêt de 30 secondes dans chaque demie, et le temps d'arrêt automatique est appliqué trois minutes avant la fin de la demie. De plus, dans tous les paliers du football canadien, le chronomètre est arrêté après chaque jeu dans les trois dernières minutes d'une demie.

Règles sur les bottés modifier

Le football canadien conserve des règles beaucoup plus permissives concernant la récupération par une équipe du ballon qu'elle vient de botter. Sur n'importe quel botté, le botteur et tout joueur de son équipe qui se trouve derrière lui au moment du botté peut récupérer et faire avancer le ballon. Sur un kickoff (botté d'envoi), puisque tous les joueurs doivent être derrière le ballon lors du botté, ils sont tous « en jeu » et susceptibles de récupérer le ballon une fois que celui-ci a franchi dix yards. Pour les punts (bottés de dégagement) et les field goals (bottés de placement) ratés, seul le botteur est habituellement en jeu, puisque personne n'est positionné derrière lui. Tous ses coéquipiers qui sont hors-jeu ne peuvent pas toucher au ballon en premier ni se trouver à moins de cinq yards du joueur adverse qui attrape le ballon; l'équipe fautive sera pénalisée pour non-respect de la zone d'immunité.

Au football américain, les règles sont similaires en ce qui concerne les kickoffs. Par contre, elles sont différentes pour les jeux de bottés débutant par une remise, soit les punts et les field goals ratés. Dans ce cas, pour que l'équipe qui botte puisse recouvrer le ballon et en conserver la possession, celui-ci doit avoir été touché au-delà de la ligne de mêlée par un adversaire puis récupéré par l'équipe du botteur. À ce moment, cette équipe obtient un first-down (premier essai). Si l'équipe qui reçoit n'a pas d'abord touché le ballon et que l'équipe qui botte y touche, c'est alors un « first-down » tel que décrit dans la section « Fair catch » et retour de punt ci-haut.

Ligne défensive modifier

Au football canadien, la ligne défensive peut bloquer un receveur de passes (wide receiver ou tight-end) seulement à l'intérieur d'un yard de la ligne de mêlée, au lieu de cinq yards dans la NFL, ce qui permet du jeu plus ouvert.

Échappé qui sort des limites du terrain modifier

Selon les règles canadiennes, si le ballon est échappé et roule hors de l'aire de jeu, sa possession revient à l'équipe qui a touché au ballon en dernier alors que celui-ci était encore en jeu. Un ballon libre peut être botté vers l'avant, pourvu qu'il soit par la suite recouvré par un joueur qui n'était pas hors-jeu au moment du botté. Cependant, le ballon ne peut pas être botté délibérément hors du terrain dans le but d'en obtenir la possession; cela est considéré comme un botté de la ligne de mêlée qui sort du terrain, et la possession revient alors à l'autre équipe. Un contact accidentel avec le pied n'est pas considéré comme un botté.

Au football américain, la dernière équipe à avoir eu clairement possession du ballon le conserve, sauf si le ballon sort du terrain par le fond ou les côtés de la zone d'en-but.

Field goals (bottés de placement), simples et « touchbacks » modifier

Au football canadien uniquement, tout ballon botté qui entre dans la zone d'en-but est en jeu, sauf s'il s'agit d'un field goal réussi ou d'un ballon qui a touché les poteaux des buts. Si le joueur qui attrape le ballon ne réussit pas à le sortir de la zone d'en but, ou si le ballon sort au fond de la zone d'en-but (sauf sur un punt), alors l'équipe qui l'a botté est créditée d'un simple, qui vaut un point. L'équipe qui reçoit le botté peut alors prendre possession du ballon à sa ligne de 35 yards ; elle a aussi le choix, s'il s'agit d'un field goal raté, de le reprendre à la dernière ligne de mêlée. Dans le cas d'un kickoff qui sort par le fond de la zone d'en-but, ou d'un ballon qui touche les poteaux des buts, aucun point n'est marqué et l'équipe qui reçoit le botté reprend le jeu de sa ligne de 25.

Si le botté est retourné en dehors de la zone d'en-but, l'équipe qui l'a reçu le remet en jeu à partir du point atteint; dans les ligues amateurs, elle le remet en jeu à la ligne de 20 si elle n'a pas dépassé ce point.

Les simples n'existent pas au football américain.

Le football américain permet aussi à une équipe de tenter de retourner un field goal raté; cependant cette option est rarement exercée. La plupart des équipes préfèrent reprendre possession du ballon à la dernière ligne de mêlée en NCAA ou t à l'endroit du botté en NFL. Comme les poteaux des buts sont hors-jeu, tout field goal qui touche un poteau et ne marque pas est un ballon mort ; l'équipe qui reçoit reprend possession du ballon à l'emplacement du botté ou à sa propre ligne des 20 yards, selon la position la plus avantageuse.

De même, tout kickoff ou punt qui :

  • va au-delà de la zone d'en-but;
  • va entre dans la zone des buts puis roule à l'extérieur de celle-ci sans être touché par un joueur;
  • est touché dans la zone d'en-but par un joueur de l'équipe qui botte sans avoir été touché par un joueur de l'autre équipe;
  • est tenu au sol dans la zone d'en-but par un joueur de l'équipe qui reçoit;

résulte en un touchback: l'équipe qui reçoit reprend possession du ballon à sa ligne des 20 yards.

Après un field goal réussi, les règles du football canadien donnent le choix à l'équipe contre laquelle le placement a été marqué de :

  • recevoir un kickoff ;
  • faire un kickoff de sa ligne de 35 yards ;
  • reprendre possession du ballon à sa ligne de 35 yards.

Au football américain, le jeu redémarre toujours par un kickoff de l'équipe qui a marqué.

Botté à champ ouvert modifier

Le football canadien conserve le botté à champ ouvert comme jeu autorisé, permettant ainsi aux joueurs de botter de n'importe quel endroit du terrain. Rarement vu, le botté à champ ouvert pourrait être utilisé comme jeu de la dernière chance par l'équipe à l'attaque : réalisant qu'il ne peut se rendre à la ligne des buts adverse, un joueur pourrait s'avancer le plus possible puis tenter un « drop-kick » pour obtenir un botté de placement. À l'inverse, dans les dernières secondes d'un match qui est à égalité ou qu'elle mène par un seul point, l'équipe en défensive qui fait face à une tentative de botté de placement va souvent placer son ou ses botteurs dans la zone des buts. Ainsi, si le placement est manqué, ceux-ci vont tenter de botter le ballon à l'extérieur de leur zone des buts pour éviter qu'un simple soit compté contre eux.

Une telle situation s'est produite le 29 octobre 2010 à la fin d'un match entre les Argonauts de Toronto et les Alouettes de Montréal. Avec 9 secondes à jouer et le pointage égal 30-30, le botteur de Montréal Damon Duval a raté un placement de la ligne de 36 yards. Le botteur de Toronto, Noel Prefontaine a tenté d'attraper le ballon avant qu'il ne sorte au fond de la zone des buts, ce qui aurait donné un point et le match aux Alouettes. Il l'a arrêté puis est tombé, et c'est son coéquipier Mike Bradwell qui l'a botté jusqu'à la ligne des 20 yards environ. Mais son botté est attrapé par Duval, qui le botte de nouveau dans la zone d'en-but. Là, le linebacker Grant Shaw arrête le ballon mais le laisse rouler au sol, et son faible botté est empêché de sortir de la zone d'en-but par le long snapper (spécialiste des longues remises) Martin Bédard, puis est récupéré par le running back Dahrran Diedrick pour un touchdown[4].

Le football américain ne permet que les bottés effectués derrière la ligne de mêlée; tout botté tenté au-delà de la ligne de mêlée ou après un changement de possession résulterait en une pénalité.

Safety (touché de sûreté) modifier

Dans les deux sports, un touché de sûreté donne deux points à l'équipe qui le réussit. Au football américain, l'équipe qui a accordé le touché de sûreté doit effectuer un « free kick » de sa ligne de 20 verges. Au football canadien, l'équipe qui a marqué a le choix de reprendre le ballon à sa ligne de 35 verges, de faire un kickoff (botté de reprise) de sa ligne de 35 ou de faire exécuter à l'adversaire un botté de reprise de sa propre ligne de 25.

Transformations modifier

Dans les deux sports, après un touchdown, l'équipe qui a marqué peut tenter un jeu pour obtenir un ou deux points additionnels. Ce jeu est appelé transformation. L'équipe peut effectuer un botté entre les poteaux de buts, ce qui donne un point, ou tenter de marquer un touchdown à partir de la ligne de mêlée, ce qui donne deux points.

Cependant, la position du ballon est différente au football américain et au football canadien. Dans le jeu américain, le ballon est placé à la ligne de deux yards (trois yards chez les amateurs), tandis qu'il est placé à la ligne de 5 yards au football canadien. Toutefois, le botteur canadien est en fait plus près des poteaux de buts, qui sont sur la ligne d'en-but au Canada et au fond de la zone d'en-but aux États-Unis.

Dans la NFL et la NCAA, le ballon est placé par défaut au milieu du terrain sur la ligne de deux ou de trois yards selon le cas, mais l'équipe peut demander qu'il soit placé à un autre endroit entre les traits de remise en jeu (hash marks) et même plus loin des buts ; ce peut être le cas par exemple si le terrain est abîmé à l'endroit habituel du botté, ou par décision stratégique dans le cas d'une tentative de transformation de deux points.

Durant une transformation, le ballon est considéré en jeu dans la LCF, au football collégial américain et dans quelques autres organisations. Cela permet à l'équipe défensive de marquer deux points si elle réussit, au moyen d'une interception ou d'un fumble (échappé) recouvré, à se rendre dans la zone des buts adverses, ou de marquer un point (dans la CFL) par un botté à champ ouvert qui passe entre les poteaux de buts. À l'opposé, dans la NFL, au football canadien amateur et aux autres niveaux de football américain, l'équipe défensive ne peut pas marquer sur une tentative de transformation.

Ballon mort quand le porteur de ballon est au sol modifier

Au football canadien amateur, le ballon n'est pas mort si un joueur s'agenouille momentanément pour prendre au sol une remise, une passe latérale ou un botté fait par l'équipe adverse, alors qu'au football américain amateur, ces situations entraînent un ballon mort, à moins qu'il s'agisse du teneur de ballon pour un botté de précision. Dans ce cas, le teneur est autorisé à récupérer le ballon qui roule, ou à se lever pour attraper une remise trop haute puis remettre un genou au sol.

Dans les ligues professionnelles des deux sports, à moins qu'il soit clair que le porteur de ballon s'est agenouillé ou a glissé volontairement, celui-ci doit être touché par un adversaire alors qu'il est au sol. Si ce n'est pas le cas, il peut se relever et continuer à avancer avec le ballon.

Autres différences modifier

Au football scolaire et universitaire américain, tout comme dans l'ensemble du football canadien, le joueur qui reçoit une passe n'a besoin d'avoir qu'un pied au sol à l'intérieur de l'aire de jeu pour que l'attrapé soit valide. Les règles de la NFL exigent que les deux pieds soient à l'intérieur des limites.

Les règles sur l'interférence de passe ont des différences mineures:

  • Au football canadien, une interférence de passe peut être appelée sur toute passe avant, même si le receveur est derrière la ligne de mêlée. Au football américain, la règle ne peut être appliquée tant que le ballon lancé ne traverse pas la zone neutre.
  • Jusqu'en 2010, une interférence de passe pouvait être appelée au football canadien même s'il était jugé qu'il était impossible pour le receveur d’attraper la passe. Depuis, les règles à ce sujet ont été alignées avec celles du football américain.

L'alignement d'une équipe de la LCF compte 46 joueurs, contre 53 dans la NFL (dont seulement 45 peuvent être en uniforme pour un match). Dans la LCF, 42 joueurs peuvent être en uniforme. De ceux-ci, 3 sont des quarterbacks, sur lesquels aucune restriction ne s'applique, et des 39 autres, 19 au maximum peuvent être non-canadiens. De plus, des 24 joueurs partants d'un match (les douze de l'équipe offensive et les douze de l'équipe défensive), au moins sept doivent être Canadiens[5].

La saison de la NFL va de la deuxième semaine de septembre jusqu'au début janvier, avec les séries éliminatoires en janvier et février. La saison de la LCF débute en fin juin et dure jusqu'au match de la coupe Grey fin novembre, compte tenu de la difficulté, voire l'impossibilité de jouer en hiver.

Les mouchoirs (flags) des arbitres, utilisés pour signaler les pénalités, sont de couleur orange dans la LCF et jaunes dans la NFL. À l'inverse, les mouchoirs utilisés par les entraîneurs pour signaler qu'ils demandent une révision par reprise vidéo d'une décision de l'arbitre sont jaunes dans la LCF et rouges dans la NFL. Enfin, l'arbitre en chef dans la LCF a une casquette noire avec passepoil blanc tandis que celles des autres arbitres sur le terrain sont blanches avec passepoil noir; dans la NFL l'arbitre a une casquette complètement blanche et les autres officiels des casquettes noires avec passepoil blanc.

Différences dans la stratégie modifier

Bien que les similarités entre le football canadien et le football américain soient très fortes, les différences entre ceux-ci ont un effet important sur la façon de jouer et sur la gestion des équipes. On peut résumer cet effet en disant que le « gros jeu » est plus important au football canadien et que la gestion de la possession du ballon y est plus difficile.

Gestion de la zone près des lignes de buts modifier

À cause de la zone d'en-but plus grande au football canadien et du fait que les poteaux de buts sont à l'entrée de cette zone, les équipes doivent éviter de frapper ces poteaux. La plupart des tentatives de passe de touchdown sont donc effectuées loin du centre de la zone des buts. Réussir ces passes est encore plus difficile quand les coins de la zone d'en-but sont tronqués, par exemple quand le terrain est entouré par une piste d'athlétisme. Cependant, l'équipe à l'attaque dispose d'un avantage avec la zone d'en-but qui fait plus du double de la superficie de celle du football américain: les tracés des wide receivers peuvent être plus variés.

Équipes spéciales modifier

Les punts ou bottés de dégagement sont plus fréquents au football canadien car l'équipe à l'attaque dispose d'un essai de moins pour franchir dix yards. Les équipes spéciales contribuent donc plus largement au succès d'une équipe.

Gestion de la possession du ballon modifier

Le fait d'avoir trois essais au lieu de quatre incite les équipes canadiennes à tenter moins de jeux hasardeux et à défavoriser les courts gains par la course. La passe est donc favorisée au football canadien, car les jeux de passe donnent en moyenne plus de yards gagnés par réussite que la course ; de plus, le terrain plus vaste et la présence d'un receveur éligible supplémentaire sont des facteurs qui favorisent aussi la passe. La possession continue du ballon sur une longue période est plus commune au football américain qu'au football canadien.

Mouvement des joueurs dans le champ arrière modifier

Le mouvement illimité des joueurs de champ arrière au football canadien donne beaucoup plus d'options à l'équipe à l'attaque, forçant la défense à se préparer à plusieurs jeux différents. Au football américain, les possibilités de mouvements sont très restreintes.

Remontées de dernière minute modifier

Le chronomètre est arrêté plus souvent au football canadien, que ce soit au niveau universitaire ou professionnel. Dans la LCF, il y a plus d'arrêts de l'horloge que dans la NFL dans les dernières minutes d'une demie. De plus, une équipe qui mène par une faible marge a moins l'occasion de tuer le temps au football canadien, à cause des trois essais au lieu de quatre. Elle a également moins de temps pour remettre le ballon en jeu, et perd un essai lorsqu'elle ne commence pas un nouveau jeu à temps dans les trois dernières minutes d'une demie.

Articles connexes modifier

Références modifier

  1. (en) « Canadian Football Timelines (1860–present) », Football Canada (consulté le )
  2. Règlements de la Ligue canadienne de football, section 4, article 3
  3. Article Football américain et canadien dans Encyclopédie visuelle des sports, via Google Books
  4. « Victoire bizarre des Als à Toronto », RDS, (consulté le ) (Vidéo)
  5. Règlement concernant les joueurs canadiens/non-canadiens, sur la FAQ du site de la LCF

Liens externes modifier