Combat de Louvigné-du-Désert

Combat de Louvigné-du-Désert
Description de cette image, également commentée ci-après
Vue de l'église de Louvigné-du-Désert en 2017.
Informations générales
Date
Lieu Louvigné-du-Désert
Issue Victoire des chouans
Belligérants
Drapeau de la France République française Drapeau des armées catholiques et royales Chouans
Commandants
• Flossel-Lamarre †
• François Enquebec
Aimé Picquet du Boisguy
Forces en présence
55 hommes[1] 400 à 500 hommes[1]
Pertes
22 morts[1] Inconnues

Chouannerie

Batailles

Coordonnées 48° 28′ 46″ nord, 1° 09′ 30″ ouest
Géolocalisation sur la carte : France
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Combat de Louvigné-du-Désert

Le combat de Louvigné-du-Désert a lieu le , pendant la Chouannerie.

Prélude modifier

Situé sur une hauteur fermant la route entre la Normandie et la Bretagne, la commune de Louvigné-du-Désert demeure un bastion républicain à proximité de nombreuses communes tenues par les chouans[2]. Pour se défendre des incursions royalistes, les patriotes fortifient le cimetière qui entoure l'église en y établissant de véritables retranchements[2]. Le clocher de l'église, en forme de tour carrée, permet également aux républicains de surveiller aisément les environs[2].

Forces en présence modifier

La garnison de Louvigné-du-Désert est placée sous le commandement de Flossel-Lamarre, lieutenant de la 8e compagnie du 3e bataillon de la demi-brigade d'infanterie légère[2]. D'après le rapport de l'administration de la commune de Louvigné-du-Désert, consigné dans le registre des délibérations du conseil municipal, le combat oppose 400 à 500 chouans à 55 soldats commandés par le lieutenant Flossel-Lamarre et le sous-lieutenant François Enquebec[1],[2].

Dans ses mémoires, Toussaint du Breil de Pontbriand précise que les chouans sont menés par Aimé Picquet du Boisguy[1],[3]. Il estime la force des républicains à 150 hommes, sans compter les renforts[1],[3],[4]. Les administrateurs notent également la présence parmi les chouans du capitaine Heurtier, passé de l'avant-veille des républicains aux royalistes[4].

Déroulement modifier

Dans ses mémoires, l'officier chouan Toussaint du Breil de Pontbriand place le combat à la date du [3],[1],[Note 1]. Cependant, le rapport des administrateurs de Louvigné-du-Désert donne la date du 1er thermidor de l'an III, soit le 19 juillet 1795[1],[2],[Note 2].

Ce jour-là, à dix heures et demie du matin, le lieutenant Flossel-Lamarre charge le sous-lieutenant François Enquebec de prendre la tête d'un détachement de 25 hommes et d'aller apporter des secours à la commune de Saint-Georges-de-Reintembault, située à une dizaine de kilomètres à l'ouest[1],[2]. Cependant, à trois heures de l'après-midi, le détachement est attaqué par les chouans près du bourg de Mellé[1],[2]. Le bruit de la fusillade se fait entendre jusqu'à Louvigné et le tocsin retentit pour rassembler la population[1],[2]. Le lieutenant Flossel-Lamarre forme un détachement de 30 hommes, dont huit de la garde de Louvigné, et se porte aux secours des hommes d'Enquebec[1],[2]. Pendant ce temps, le reste de la garnison et les habitants du bourg se refugient dans l'église fortifiée[1],[2].

Entre Mellé et Louvigné, les deux détachements sont dispersés et mis en déroute les uns après les autres[1],[2]. La plupart des républicains prennent la fuite et refluent en désordre vers Louvigné[1],[2]. D'autres se cachent au milieu des champs de seigles[1],[2]. Alertée par les fuyards, la municipalité envoie alors deux express demander des renforts à Saint-Hilaire-du-Harcouët, situé à douze kilomètres au nord[1],[2]. Mais malgré les craintes des patriotes, les chouans ne lancent pas d'attaque contre le bourg de Louvigné[1],[2]. Un secours de 60 hommes de la garnison de Saint-Hilaire arrive à Louvigné à 9 heures et demie du soir et retourne le lendemain à son cantonnement[1],[2].

Pertes modifier

L'administration de Louvigné-du-Désert fait état de 25 hommes manquants[1]. Elle rapporte que cinq cadavres sont retrouvés au lendemain du combat, entre les lieux de Pierrelée et de Galaiserie[1],[2],[4]. Parmi les corps, figure le lieutenant Flossel-Lamarre, le commandant du cantonnement, qui est découvert avec les oreilles coupées[1],[2].

Les administrateurs de Louvigné rapportent également qu'un volontaire du 7e bataillon de la Charente est parvenu à s'échapper et à rejoindre les républicains alors qu'il était retenu prisonnier par les chouans depuis trois semaines[1],[2].

L'officier chouan Toussaint du Breil de Pontbriand affirme quant à lui que 22 républicains sont tués dans cette action, dont leur capitaine « pris et fusillé »[1],[3],[4].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. « Le jeune du Boisguy surprit, entre Mellé et Louvigné, un détachement de la garnison de Saint-Georges-de-Reintembaut, fort de cent cinquante hommes, qui allait chercher des grains, et le battit complètement. La garnison de Louvigné, qui accourait à son secours, fut entrainée, presque sans combattre, dans cette déroute ; le capitaine qui la commandait fut pris et fusillé ; vingt-deux Républicains furent tués dans cette petite action[3],[1]. »

    — Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand

  2. « Ce jour, premier thermidor an 3 de la République une et indivisible, le citoyen Lamarre, commandant de la force armée dans cette commune, lieutenant de la 8e compagnie du troisième bataillon de la demi-brigade d’infanterie légère, envoie à dix heures et demie du matin une ordonnance composée de vingt-cinq hommes, commandée par le citoyen François Enquebec, sous-lieutenant de la dite compagnie, pour porter secours à Saint-Georges-de-Reintembault.

    Environ trois heures de l’après-midi, on entend une fusillade sur la route de Louvigné à Sain-Georges. Le commandant averti fit assembler la troupe et les habitants de ce chef-lieu. Il forme ensuite avec trente hommes, y compris huit hommes de la garde nationale, qui sont les citoyens Jean et Pierre Loton, père et fils, Julien Breton, et Pierre, son fils, François Taron, et son fils François, François Chrétien et Michel Roussel, un détachement à la tête duquel il marche secourir le premier renfort qu’il avait envoyé du côté de Saint-Georges-de-Reintambault. La générale est battue et le poste de la troupe de ligne, seul alors, se retire avec les habitants dans le fort de la place.

    Le tocsin sonne pour rassembler le plus de monde possible ; pendant ces mouvements d’alarme, plusieurs volontaires du premier et du second détachement arrivent, les uns après les autres, et nous annoncent la déroute que ces deux détachements avaient éprouvée l’un après l’autre, ayant été attaqués par quatre à cinq cents chouans, qui passaient à peu de distance d’eux, former le dessein d’’attaquer de suite ce chef-lieu, sur quoi la municipalité prend le parti d’envoyer un express à Saint-Hilaire pour demander de la force : dans la crainte que ce courrier fut arrêté, cette route ainsi que toutes les autres étant souvent interceptée, il en fut envoyé un second à cinq heures, porteur de la même demande. Pendant ce temps arrivaient encore d’autres volontaires et de ce nombre fut le citoyen Enquebec, commandant le premier détachement. Sept des habitants du bourg qui s’étaient joints à la troupe rentrèrent à différentes fois et se réunirent au fort avec nous.

    Entre huit et neuf heures du soir arrive une ordonnance, de trois cavaliers du vingt-quatrième régiment qui nous annoncent un secours de soixante hommes de la garnison de Saint-Hilaire. Après avoir rempli leur mission, ils repartent pour Saint-Hilaire. Un quart d’heure après nous entendons une fusillade sur leur route et les dits cavaliers n’ont pas tardé à se replier sur notre piste en déclarant que cette fusillade avait eu lieu à quelque distance en avant d’eux.

    A neuf heures et demie, le secours annoncé est entré dans le fort, il y a bivouaqué avec nous et les habitants.

    Nous observons qu’à sept heures du soir le maire est prévenu par un particulier de cette commune qu’il s’était rendu chez lui un volontaire du septième bataillon de la Charente, qui avait été saisi par les Chouans avec lesquels il était depuis trois semaines, sans avoir pu trouver un moment plus favorable que celui de l’affaire dont vous faisons le rapport pour s’échapper de leurs mains.

    La nuit s’ est passée assez tranquille et le service s’est fait avec exactitude. A quatre heures du matin, le citoyen Enquebec fait partir un détachement composé de la garnison de Saint-Hilaire, des trois cavaliers d’ordonnance et de chasseurs avec les guides, pour se transporter sur le champ de bataille et voir le résultat de l’affaire d’hier et protéger la rentrée des volontaires, en cas qu’il en eût resté quelques-uns de vivants aux environs.

    Le détachement rentré rapporte qu’arrivé au lieu de Pierrelée jusqu’à celui de Galaiserie, en cette commune, situé sur la route de ce chef-lieu à Mellé, il a trouvé, dans le chemin et les champs voisins, cinq cadavres qui ont été reconnus pour être ceux des citoyens Flossel-Lamarre, lieutenant commandant notre cantonnement ; Blanvilain, caporal de la même compagnie ; Jean Folio et Jacques Bodienville, chasseurs de la même compagnie, et Jean Lotton, cordonnier et tisserand, guide des cantonnements depuis plus de deux ans, lesquels ont été égorgés et mutilés à coups de poignards, de sabres et de crosses de fusils ; on avait coupé les oreilles au lieutenant. Tous ont été amenés dans le chef-lieu et inhumés au lieu ordinaire des sépultures.

    Nous apprenons encore que les chouans se sont portés cette nuit, au nombre de deux cents, sur la route d’ici à Saint-Hilaire et d’autres sur celle qui va à Fougères ; ce qui prouve l’intention qu’ils avaient de nous attaquer dans la nuit, si nous n’avions reçu le secours demandé et si nous n’avions employé la plus exacte surveillance.

    Le procureur de la commune a apporté à la municipalité la poudre à canon qui avait été laissée hier chez lui et demande par le présent acte du dépôt, ce qui est accordé. Après l'avoir pesée, il s'en est trouvé sept livres et demie y compris le sac de peau qui la contient, laquelle sera sur le champ employée en cartouches, pour servir notre défense, n'ayantdans le moment ni cartouches, ni autre poudre à cet effet, sans néanmoins que cet arrêté puisse préjudicier à faire droit sur saisie, ainsi qu'il appartiendra.

    A huit heures du matin, le secours qui nous étaient venu de Saint-Hilaire est parti pour rejoindre son cantonnement et a emmené avec lui le volontaire du 7e bataillon de la Charente qui se sauva hier des mains des chouans et s'est chargé de prendre avec lui tous les renseignements qu'il pourra en tirer ; une fusillade a été entendue dans la forêt de Fougères vers le ci-devant couvent de Saint-François, à ce que nous avons appris par un voyageur qui venait de Fougères. A quatre heures de l'après-midi, une vedette, postée sur le haut de la tour de ce chef-lieu, a encore entendu une fusillade vers Saint-Georges-de-Reintembault ou Parigné ; nous n'avons point appris le résultat de ces attaques[1],[2].

    A sept heures du soir, le maire de cette commune reçoit une lettre des officiers municipaux de Mellé qui nous préviennent d'avertir le commandant de ce poste qu'il y a deux ou trois cadavres aix environs de ce bourg, qu'ils présument être des volontaires de son détachement ne pouvant les reconnaître étant déshabillés ; ils demandent qu'un détachement de sa troupe aille les reconnaître. Sur quoi, en ayant donné connaissance au citoyen Enquebec, commandant, au lieu et place de Lamare, tué dans l'affaire ci-dessus mentionnée, il a chargé le maire d'écrire aux maire et officiers municipaux de Mellé qu'ils aient à faire inhumer ces cadavres, d'en dresser procès-verbal avec signalement s'il est possible d'en faire, n'ayant pas de forces suffisantes pour se hasarder à y aller, lui manquant depuis cette affaire vingt-cinq hommes, sans savoir ce qu'ils sont devenus.

    De tout quoi nous avons dressé le présent procès-verbal et clos ce jour environ les huit heures du sois sous nos seigns et celui di sous-lieutenant du cantonnement de cette commune. »

    — Rapport de l'administration de Louvigné-du-Désert

Références modifier

  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y et z Le Bouteiller 1988, p. 426-431.
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t et u Lemas 1994, p. 177-179.
  3. a b c d et e Pontbriand 1897, p. 172.
  4. a b c et d Pontbriand 1904, p. 129-132.

Bibliographie modifier

  • Christian Le Bouteiller, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, , 839 p.  
  • Théodore Lemas, Le district de Fougères pendant les Guerres de l'Ouest et de la Chouannerie 1793-1800, Rue des Scribes Éditions, (réimpr. 1994), 371 p. (ISBN 978-2-906064-28-7, lire en ligne).  
  • Paul-Marie du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy : Fougères-Vitré, Basse-Normandie et frontière du Maine, 1793-1800, Paris, Honoré Champion éditeur, (réimpr. La Découvrance, 1994), 509 p. (lire en ligne).  
  • Toussaint du Breil de Pontbriand, Mémoires du colonel de Pontbriand sur les guerres de la Chouannerie, Plon, (réimpr. Éditions Yves Salmon, 1988), 629 p. (lire en ligne).