Le combat de Gorodnia est un épisode de la campagne de Russie s'étant déroulé le à Gorodnia, dans l'actuel oblast de Kalouga. Il oppose la cavalerie française commandée par Napoléon Ier aux cosaques de l'armée russe. Ces derniers manquent de capturer ou tuer l'Empereur, mais ils sont finalement dispersés par les cavaliers français.

Prélude Modifier

 
Chevau-légers lanciers polonais de la Garde dans les neiges de Russie (peinture de Bronisław Gembarzewski).

Le 24 octobre 1812, les Français livrent la bataille de Maloyaroslavets face aux Russes : les troupes franco-italiennes d'Eugène de Beauharnais forcent le passage, mais Napoléon Ier hésite à exploiter cette victoire et à marcher sur Kalouga. Le lendemain, il décide d'aller reconnaître le dispositif russe en compagnie des maréchaux Berthier, Murat, Bessières et des généraux Rapp et Caulaincourt[1].

La bataille Modifier

Le 25 octobre, Napoléon effectue une reconnaissance avec son état-major, précédé d'un peloton de lanciers polonais de la Garde impériale sous les ordres du lieutenant Hempel. Une nuée de cosaques apparaît alors soudainement et charge les Français[2]. L'Empereur et sa suite dégainent leur sabre tandis que l'escadron de service des lanciers polonais, commandé par Kozietulski, accourt et engage les cavaliers russes, recevant l'appui des chasseurs à cheval de la Garde[3].

La mêlée est confuse jusqu'à l'arrivée des dragons puis des grenadiers à cheval de la Garde impériale. Lors de l'affrontement, le colonel Le Couteulx, aide de camp du maréchal Berthier, s'arme d'une lance prise à un cosaque ; vêtu d'un manteau masquant son uniforme français, il est grièvement blessé par un grenadier à cheval qui le confond avec un cavalier russe[4]. La cavalerie de la Garde parvient finalement à disperser les assaillants qui disparaissent dans la nuit. Le chef d'escadron Kozietulski est blessé d'un coup de lance en chargeant à la tête de son escadron tandis que six de ses lanciers sont tués[5],[2]. Les chasseurs à cheval de la Garde perdent neuf tués et sept blessés, parmi lesquels le chef d'escadron Kirmann[6].

Conséquences Modifier

De retour à son quartier général, Napoléon s'entretient avec ses subordonnés afin de décider de la voie à suivre pour la retraite. Les avis sont partagés. Le 26 octobre, l'Empereur choisit de marcher sur Smolensk par la route la plus courte, mais qui est dévastée car elle a déjà été empruntée à l'aller[7].

À partir du combat de Gorodnia, les cosaques suscitent la crainte chez les soldats français, qui redoutent dès lors leurs apparitions au cours de la retraite :

« C'est de ce moment que date la terreur que les cosaques ont toujours inspirée depuis à nos soldats, en dépit de toutes les rodomontades et de toutes les indignations patriotiques. Je ne veux pas par là faire injure à la bravoure de nos troupes ; mais les cosaques agissaient sur leur moral à la manière des spectres et des apparitions symboliques. »

— Nicolas Louis Planat de la Faye, aide de camp du général Lariboisière[1].

Notes et références Modifier

  1. a et b Rey 2012, p. 222.
  2. a et b Charles-Henry Tranié, « Les chevau-légers polonais de la Garde impériale », Soldats napoléoniens, no 16,‎ , p. 15 (ISSN 1770-085X).
  3. Tranié et Carmigniani 1982, p. 100.
  4. Philip Haythornthwaite (ill. Richard Hook), La Garde impériale, DelPrado & Osprey Publishing, coll. « Osprey / Armées et batailles » (no 1), , 63 p. (ISBN 2-84349-178-9), p. 32.
  5. Tranié et Carmigniani 1982, p. 100-101.
  6. (en) Ronald Pawly (ill. Patrice Courcelle), Napoleon's Mounted Chasseurs of the Imperial Guard, Osprey Publishing, coll. « Osprey / Men-at-Arms » (no 444), , 48 p. (ISBN 978-1-84603-257-8), p. 36.
  7. Rey 2012, p. 222-223.

Bibliographie Modifier

  • Jean Tranié et Juan-Carlos Carmigniani, Les Polonais de Napoléon : l'épopée du 1er régiment de lanciers de la garde impériale, Copernic, , 179 p..
  • Marie-Pierre Rey, L'effroyable tragédie : une nouvelle histoire de la campagne de Russie, Paris, Flammarion, coll. « Au fil de l'histoire », , 390 p. (ISBN 978-2-08-122832-0).