Aimable Pélissier

officier militaire et administrateur colonial français (1794-1864)
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Aimable Pélissier
(ou Pellissier)
Aimable Pélissier
Photographie du maréchal Pélissier par Roger Fenton, en 1855.

Surnom Le Maréchal Duc, Le Maréchal de Malakoff, Le Duc de l'Armée, Le Duc Maréchal
Naissance
Maromme
Décès (à 69 ans)
Alger
Origine Français
Allégeance Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Drapeau de la France République française
Drapeau de l'Empire français Empire français
Arme Artillerie
Grade Général de division
Années de service 1818 – 1864
Conflits Expédition d'Espagne
Conquête de l'Algérie
Guerre de Crimée
Distinctions Maréchal de France
Grand-croix de la Légion d'honneur
Hommages Duc de Malakoff
Autres fonctions Gouverneur général de l'Algérie
Ambassadeur de France au Royaume-Uni
Grand Chancelier de la Légion d'Honneur
Famille PÉLISSIER (ou PELLISSIER)
Signature de Aimable Pélissier

Aimable Jean Jacques Pélissier, duc de Malakoff, né le à Maromme près de Rouen, et mort le à Alger, dans la colonie française d'Algérie, est un général de division et administrateur colonial français, élevé à la dignité de maréchal de France en 1855.

Artilleur de formation, il sert ensuite dans l'état-major et remplit à de nombreuses reprises les fonctions d'aide de camp. Il participe ensuite à la conquête de l'Algérie, devient tristement célèbre pour l'enfumade du Dahra, et en ressort quinze ans plus tard avec le grade de général de division. Appelé en Crimée pour y prendre le commandement en chef des troupes françaises, il est fait maréchal de France après la chute de Sébastopol le .

Titré duc de Malakoff en récompense de cette victoire, Pélissier enchaîne les postes sous le Second Empire avant d'être nommé gouverneur général de l'Algérie en 1860. Il meurt dans l'exercice de ses fonctions à Alger, le .

Biographie modifier

Jeunesse modifier

Fils de Pierre Pélissier, commissaire des poudres et salpêtres, et de Catherine Chartier, le jeune homme choisit la voie militaire et entre à l’Académie de La Flèche le . Peu après, le , il intègre l'école de Saint-Cyr et en ressort avec le grade de sous-lieutenant le . À cette date, il est incorporé dans l'artillerie de la Maison du Roi avant de passer au 57e régiment d'infanterie de ligne le de la même année, Louis XVIII ayant fui le retour de Napoléon le . Alors que se déroule la campagne de Belgique, il sert sur le Rhin avec son unité et ne participe donc pas aux combats. L'année 1815 s'achève par une affectation à la légion départementale de la Seine-Inférieure, corps au sein duquel Pélissier sert pendant quatre ans[1].

Il est ensuite affecté au corps d'état-major en 1819. En 1823, il fait l'expédition d'Espagne comme aide de camp et reçoit les croix de la Légion d'honneur et de Saint-Ferdinand d'Espagne. En 1828, il participe à la campagne de Morée et, à cette occasion, reçoit la croix de Saint-Louis.

Conquête de l'Algérie modifier

Il prend part à l’expédition d'Alger de 1830, ce qui lui vaut à son retour le grade de chef d'escadron. Après quelques années à l'état-major à Paris, il est envoyé de nouveau en Afrique du Nord, en 1844, lors de la guerre du Maroc, et commande l'aile gauche française à la bataille d'Isly. Il occupe le poste de chef d'état-major de la province d'Oran avec le grade de lieutenant-colonel.

 
L'enfumade dans les Grottes du Dahra, par Tony Johannot, 1845.

Pélissier a un comportement particulièrement inhumain lors de l’enfumade du Dahra, en , au cours duquel il fait périr un millier de combattants et civils (dont femmes, enfants et vieillards), sans distinction, qui avaient cru trouver asile dans les grottes du Dahra. Malgré le scandale, durant lequel le ministre de la Guerre Jean-de-Dieu Soult le désavoua totalement, déclarant que « la peau de l'un de mes tambours avait plus de valeur que ces 760 personnes », le gouverneur-général Bugeaud nomma Pélissier, qui n'avait fait que suivre les méthodes conseillées par le gouverneur, au grade de général de brigade. Il est ensuite promu général de division en 1850, puis nommé une première fois gouverneur-général de l’Algérie en , poste qu'il conserve pendant sept mois.

Le , il prend l'oasis de Laghouat (siège de Laghouat). Environ les deux tiers (2 500 à 3 000 sur un total de 4 500 habitants restant dans la ville assiégée)[réf. nécessaire], y compris des femmes et des enfants, sont massacrés, avec le général Youssouf[2].

Guerre de Crimée et maréchal de France modifier

 
Le maréchal Pélissier, duc de Malakoff. Huile sur toile d'Henryk Rodakowski, 1857.

En mai 1855, il est envoyé en Crimée, où il remplace le maréchal Canrobert comme commandant en chef des forces françaises devant Sébastopol. Son commandement se caractérise par une pression impitoyable sur l’ennemi et une détermination immuable à mener sa campagne hors de toute ingérence parisienne. Sa persévérance est récompensée le avec le succès de l’assaut donné sur Malakoff. Le 12, il est promu maréchal de France. Franc-maçon, il participe à la création de la loge « St Jean de Crimée » pendant le siège de Sébastopol, en 1856.

Retour en France modifier

À son retour à Paris, il est nommé sénateur, fait duc de Malakoff et nanti d’une pension annuelle de 100 000 francs par Napoléon III. De à , il est ambassadeur de France à Londres, d’où il est rappelé pour prendre le commandement de l’armée d’observation sur le Rhin. Il devient la même année grand chancelier de la Légion d'honneur.

Gouverneur de l'Algérie modifier

Dans son discours à Alger du , Napoléon III dit que « Le but de la France doit être d'élever les Arabes à la dignité d'hommes libres, de répandre sur eux l'instruction, tout en respectant leur religion, d'améliorer leur existence en faisant sortir de cette terre tous les trésors que la Providence y a enfouis et qu'un mauvais gouvernement laisserait stériles. » Cependant, après la suppression du ministère pour l’Algérie et les colonies, Napoléon III se voit contraint, en , de rétablir le poste de gouverneur-général de l’Algérie : la nomination du maréchal Pélissier est accueillie avec enthousiasme, aussi bien par l'armée que par les fonctionnaires civils et les colons. Il est secondé par le général de Martimprey et Gustave Mercier-Lacombe.

Napoléon, conseillé par Ismaïl Urbain, fait adopter le Sénatus-consulte du 22 avril 1863 que Pélissier met en œuvre sans enthousiasme[3]. D'après le général du Barail, il avait beaucoup vieilli : « alourdi, empâté, somnolent, il s'en remettait au prestige de sa gloire et au souvenir de ses actes passés d'implacable rigueur pour maintenir l'Algérie dans le calme et la soumission. Il n'avait jamais beaucoup aimé le travail et ne l'aimait plus. Les occupations sérieuses le fatiguaient ; il les écartait, cueillait les roses du pouvoir et en dédaignait les épines … [t]ant et si bien qu'un beau matin de mars 1864, on se réveilla avec une insurrection sur les bras[4]. »

Militaires, colons et caïds se montrent réticents à mettre en œuvre le projet de Napoléon III, tandis que le peuple algérien est hostile au « cantonnement » (la spoliation de leurs terres, destinées aux colons, en dépit de l’empereur). Les Sidi Cheikh se soulèvent en , suivis par les Flittas en mai, dans la région de Relizane. Si Slimane écrase le colonel Beauprêtre et ses troupes, puis son frère Si Mohammed étend l’insurrection à presque tout le Tell.

Pélissier meurt le , d’une congestion cérébrale.

Un village voisin de Mostaganem, Les Libérés militaires, est alors rebaptisé Pélissier en son honneur, avant de prendre le nom de Sayada lors de l'indépendance de l'Algérie.

Durant sa carrière, Pélissier a été couvert d'honneurs et a été le premier maréchal du Second Empire créé duc.

Distinctions modifier

  France
  Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande
  Royaume de Belgique
  Royaume d'Espagne
  Royaume de Sardaigne
  Tunisie
  Perse
  Empire ottoman
 
Buste du maréchal Pélissier sur sa maison natale à Maromme.

Hommages, postérité modifier

Sa maison natale existe toujours à Maromme. De même, le quartier Pélissier, dans le quartier Saint-Sever à Rouen, a hébergé le 74e régiment d'infanterie.

La Société royale Les Pélissiers de Binche en Belgique porte son nom en l'honneur du maréchal Pélissier.

Mention dans la littérature modifier

Karl Marx fait une courte mention, dans un texte de 1857[5] où il dénonce les crimes de la colonisation, de l'enfumade du Dahra : « les Arabes rôtis dans la grotte où ils étaient entassés par un maréchal français ».

Armoiries modifier

Figure Blasonnement
 
 
Armes du duc de Malakoff :

Écartelé : au 1, d'azur, à une épée d'or; au 2, d'or, à un palmier de sinople; au 3, d'or, au lion de gueules, couronné du même; au 4, d'azur, à la croix alésée d'argent. Au chef de gueules, brochant sur l'écartelé et semé d'étoiles d'argent. Sur le tout d'argent à une couronne murale de sable, ch. sur le cercle du mot SEVASTOPOL en lettres d'or, et sommée de trois drapeaux flottants, anglais, français et piémontais[6],[7].

Supports : à dextre un Zouave du 2e régiment, à senestre un montagnard écossais, ayant tous deux l'arme en repos.

Devise : VIRTUTIS FORTUNA COMES[7]
(La fortune est la compagne de la vertu.).

Notes et références modifier

  1. Zins 1996, p. 35 ; 209 et 210.
  2. Pierre Montagnon, La conquête de l’Algérie : les germes de la discorde, Paris, Pygmalion, , 470 p. (ISBN 978-2-75640-877-4, lire en ligne), p. 450.
  3. « L’Empereur Napoléon III et le Royaume arabe », sur Passion pour Napoléon, (consulté le ).
  4. Histoire des colonies françaises ; tome 2.
  5. Karl Marx, Textes choisis annotés et préfacés par Jean Kanapa, Paris, club des amis du livre progressiste, La révolte des cipayes, écrit le 4 septembre 1857, paru dans le "New York Daily Tribune", 16 septembre 1857. Traduction in recueil "Marx et engels, Textes sur le colonialisme
  6. http://www.heraldica.org
  7. a et b Johannes Baptist Rietstap, Armorial général : contenant la description des armoiries des familles nobles et patriciennes de l'Europe : précédé d'un dictionnaire des termes du blason, G.B. van Goor, , 1171 p. (lire en ligne), et ses Compléments sur http://www.euraldic.com
  8. Voir la notices dans la salle des inventaires virtuelle des Archives nationales

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Hippolyte Castille, Portraits historiques au dix-neuvième siècle : Le maréchal Pélissier, duc de Malakoff, E. Dentu, , 59 p. (lire en ligne).
  • Victor-Bernard Derrécagaix, Le maréchal Pélissier, duc de Malakoff, Paris, R. Chapelot, , 635 p. (lire en ligne).  
  • Grandin, Le maréchal Pélissier duc de Malakoff, Abbeville, C. Paillart, 238 p..
  • Ronald Zins, Les maréchaux de Napoléon III, Lyon, Horvath, , 251 p. (ISBN 2-7171-0892-0).

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Chronologies modifier