Coffret à estampe

coffret avec une gravure sur bois collée à l'intérieur du couvercle, fabriqué entre la fin du XVe et le début du XVIe siècle

La dénomination de coffret à estampe s'applique à un groupe d'environ 130 coffrets en hêtre gainé de cuir noir et bardé de fer, présentant des caractéristiques morphologiques communes, et ayant la particularité de comporter, au revers de leur couvercle, une xylographie coloriée. Ces coffrets, dont la date de production se situe entre 1480 et 1530, ont parfois été improprement appelés coffrets de messager.

Un coffret à estampe avec une gravure sur bois de l'Annonciation, vers 1490-1500, Minneapolis Institute of Art[1].

La plupart de ces xylographies coloriées au pochoir proviennent d'une même mouvance, d'un même atelier. Le Maître des Très Petites heures d'Anne de Bretagne, à qui l'on doit également les cartons de La Dame à la licorne, en porte une des appellations les plus connues. Dans le registre de l'estampe, la désignation de « style d'Ypres » (c'est-à-dire d'après Jean d'Ypres) est désormais préférée. Les estampes de ces coffrets présentent toutes les caractéristiques du « style d'Ypres » et témoignent de cette période charnière des transformations du goût aux environs de 1500. La composition, le traitement des personnages, du paysage ou de l'architecture, sont encore d'une nature médiévale même si, parfois, certains éléments (candélabres) tentent de moderniser ce goût sans en altérer radicalement les principes fondamentaux.

Il est évident que ces coffrets n'ont dû leur préservation qu'à l'estampe qu'ils contenaient, et c'est pour elle qu'ils ont été acquis par la majorité des institutions publiques qui en conservent. Or si l'estampe appartient indiscutablement à un petit groupe, rare et précieux, des incunables de l'image gravée, son alliance avec un coffret induit un renforcement mutuel de leurs valeurs. Cette association d'une image de piété avec une boîte, forte en apparence seulement, témoigne de la complexité et de la diversité des pratiques médiévales, notamment religieuses.

Conservation modifier

Notes et références modifier

  1. a et b « Coffer with print of "The Annunciation", after the Master of the Very Small Hours of Anne of Brittany (Jean d'Ypres?) », sur Minneapolis Institute of Art (consulté le )
  2. Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la Photographie, cote Réserve Ea-5q-Objet.
  3. Notice, Catalogue Cat'z'Arts.
  4. (en) The Nativity, in Coffer, notice du catalogue en ligne, Art Intitute of Chicago.
  5. (en) « Coffret with Woodcut of Saint Veronica's Vernicle », sur Clevelant Museum of Art.
  6. (en) « The Bodleian’s incredibly rare medieval book coffer », sur museumcrush.org"".

Bibliographie modifier

  • Michel Huynh et Séverine Lepape, « De la rencontre d'une image et d'une boîte : les coffrets à estampe », La Revue des musées de France,‎ , p. 37-50 (ISSN 1962-4271)
  • Michel Huynh et Séverine Lepape, « De nouveaux témoignages iconographiques des coffrets à estampes », Nouvelles de l'estampe, vol. 256,‎ , p. 4-19 (DOI 10.4000/estampe.462, lire en ligne)
  • Michel Huynh, Séverine Lepape et Caroline Vrand, Mystérieux coffrets. Estampes au temps de la Dame à la Licorne (catalogue d'exposition), Paris, Lienart / Musée de Cluny, musée national du Moyen Âge, , 103 p. (ISBN 978-2-35906-292-2)
  • (en) Séverine Lepage, « When Assemblage Makes Sense: An Example of a Coffret à Estampe : Art in Print », Art in Print, vol. 2, no 4,‎ , p. 9-14 (lire en ligne, consulté le ).
  • Malcolm Walsby, « L’utilisation des estampes dans les coffres au milieu du XVIe siècle à Rouen », Nouvelles de l'estampe, no 265,‎ (ISSN 0029-4888 et 2680-4999, DOI 10.4000/estampe.1710, lire en ligne).

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