Citron d'Ichang

espèce de plantes
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Le citron d'Ichang (Citrus wilsonii Tan.) ou shangyuan, shangjuan, parfois shanguyan, du chinois Hyang yuan qui signifie parfumé et rond, est un agrume hybride de C. ichangensis originaire des contreforts sud-est de l'Himalaya. Il a des utilisations pharmaceutiques et alimentaires. L'écorce du citron d'Ichang dégage un parfum et une saveur délicieux, très appréciés. La recherche sur son huile essentielle est active[1].

Dénomination modifier

Citron d'Ichang[2] est la traduction de l'anglais Ichang lemon que de nombreux pépiniéristes francophones utilisent suivi de Shangyuan, en chinois 香圆 (Hyang yuán) avec (Xiāng) parfumé et (yuán) rond, parfois 玳玳花 (Dài dài huā) fleur de daïdaï[3]. 香圆的成熟果实 (Xiāngyuán de chéngshú guǒshí) fruits mûrs parfumés ronds[4] désigne les tranches séchées qui sont la forme usuelle de commercialisation en Chine, comme du cédrat avec les mêmes usages[5]

Taxonomie modifier

Citrus wilsonii Tanaka (1932) est usuel[6]. La référence à E. H. Wilson[7] est justifiée par sa description de C. ichangensis en 1914[8]. Tanaka (1964) le classe comme une variété de yuzu dans son sous-genre Eucitrus.

Swingle le classe le « citronnier d'Ichang » (C. ichangensis Swingle) dans les espèces d'agrume «à pétiole ailé presque aussi large que le limbe, graines très grosses, épaisses, fruit rugueux, ovale, jaune citron à maturité, fleurs isolées»[9]. Puis en 1927, lors d'un voyage en Chine il constate qu'il a ignoré la différence entre «l'Oranger sauvage d'Ichang» (C. ichangensis Swingle) et le Citronnier d'Ichang cultivé (C. wilsonii). Il écrit :

« le Citronnier d'Ichang, [est] probablement hybride de l'Oranger sauvage d'Ichang et de quelque Pommelo; je crois aussi que l'Oranger d'Yuzu, cultivé au Japon, et que M. Frank Myers trouva, il y a quelques années, poussant à l'état sauvage au N W de la Chine, est en réalité un autre hybride du Citronnier d'Ichang, et de quelque Mandarinier. Le Yuzu du Japon, le Citronnier d'Ichang des étrangers qui vivent le long du Yangtsé, et le véritable Oranger sauvage d'Ichang, sont les formes les plus intéressantes, connues en Europe et en Amérique, et de grande importance comme porte-greffes[10]. »

Phylogénie modifier

 
香圓 Citrus wilsonii fleurs photographiées à Kunming (2004)

Tokurou Shimizu et al. (2016) ne trouvent aucune preuve suggérant une filiation directe entre C. ichangensis, C. wilsonii et yuzu mais confirment une probable généalogie avec le yuzu[11]. Benoit Demarcq et al. (2021) établissent que le citron d'Ichang combine trois génomes ancestraux (C. maxima, C. ichangensis et C. reticulata)[1], ils émettent l'hypothèse d'un hybride pamplemoussier × yuzu pollinisateur.

Morphologie modifier

L'arbre persistant de 4 à 6 m avec courtes épines. Feuilles de 6 à 12 cm de long, de 2 à 4,5 cm à pétiole ailé de 0,8 à 2,5 cm de long et 0,5 à 1,5 cm de large. Fleurs solitaires ou groupées, parfois en grappes, parfumées, à 5 pétales[12].

Le fruit d'un diamètre de 4 à 7 cm a un le jus est incolore, le goût est acide et amer. Les glandes à huile sont densément enfoncées et la surface de fruit particulièrement rugueuses et parfumées, le mésocarpe est de 0,5 cm d'épaisseur[5].

 
L'hypothèse d'une combinaison de C. maxima, C. ichangensis et C. reticulata tous trois natifs de l'est himalayen est fondée sur la proximité des huiles essentielles[1]

Utilisation modifier

Le citron d'Ichang est cultivé dans le Yunnan et le Sichuan[13]. Il est présent aux USA et en Europe[14].

Alimentaire modifier

Le jus abondant est utilisé dans les boissons, limonade, boissons rafraîchissantes, il s'utilise comme le jus de citron[15], notamment dans la tarte au citron[16].

Pharmacopée modifier

Pharmacopée chinoise modifier

Il est vendu, comme le cédrat, en tranches entières séchées, les profils chimiques comparés montre des différences: le citron d'Ichang est plus riche en naringine alors que la nomiline est le constituant dominant du cédrat. L'activité de piégeage des radicaux libres du citron d'Ichang est significativement plus élevée que celle du cédrat[17]. Les principales indications de cette ethnomédecine sont: réguler le Ch'i, soulager la dépression[5], apaiser le foie, toux avec mucosités, retend l'abdomen, commotions, vomissements[18].

 
Gorge de Xiling, sur le Yangtzi qui va jusqu'à Yichang. Climat chaud et humide sans gel[19].

Recherches actuelles modifier

La naringine, la déacétylnomiline, l'acide citrique, la limonine et la nomiline sont les principaux composés, l'optimum est dans le fruit encore vert avant jaunissement[20]. Les tests en modèle murin ont montré une capacité de la naringine isolée à partir de C. Wilsonii à atténuer l'ischémie myocardique[21].

Le citron d'Ichang (0,52 mg/g) est avec Henka mikan (C. pseudo-aurantium. 0,23 mg/g) et Hassaku (C. hassaku. 0,14 mg/g) l'agrume dont glandes à huile essentielle contiennent de grandes quantités d'auraptène, éther coumarinique monoterpénique naturel auquel sont attribuées de fortes capacités antioxydantes[22].

Huile essentielle modifier

Les chinois utilisent les fruits comme source de parfum rare dans des mouchoirs embaumants[15], pour parfumer les pièces et les armoires[20].

 
Pétiole ailé des feuilles caractéristique

Les principaux composants de l'huile essentielle sont l'acétate de nérol (44,5 %), le nérol (13,6 %), le propionate de citronellyle (13,5 %) et l'α-terpinéol (3,6 %)[23]. L'indole et la nootkatone typique du pamplemousse sont présents. L'acétate de 3-méthyl-3-sulfanylbutyle (note soufrée, fruitée tropicale et verte - fruits de la passion) a été découvert dans l'huile essentielle pour la première fois chez les agrumes[1].

Porte-greffe résistant au calcaire modifier

Le cultivar Zhique (Citrus wilsonii Tanaka) utilisé comme porte-greffe dans le Chenggu (Province de Shaanxi) montre une meilleur tolérance à la carence en fer en sol calcaire que Poncirus trifoliata (2016). Les auteurs montrent qu'il constitue une réponse à la culture des agrumes en sol alcalin[24]. Ce porte-greffe est également résistant au froid (bien que d'une résistance inférieure à Poncirus trifoliata[15]) et tolérant au CTV[25].

Références modifier

  1. a b c et d (en) Benoit Demarcq, Margaux Cavailles, Laetitia Lambert et Christine Schippa, « Characterization of Odor-Active Compounds of Ichang Lemon ( Citrus wilsonii Tan. ) and Identification of Its Genetic Interspecific Origin by DNA Genotyping », Journal of Agricultural and Food Chemistry, vol. 69, no 10,‎ , p. 3175–3188 (ISSN 0021-8561 et 1520-5118, DOI 10.1021/acs.jafc.0c07894, lire en ligne, consulté le )
  2. ZEIHER PIERRE PAUL, TRUCHELUT JEAN MICHEL et EDITIONS BPI, LA PATISSERIE DE REFERENCE, Editions BPI, (ISBN 978-2-85708-905-6, lire en ligne), P. 229
  3. « 气相色谱和气相色谱/质谱方法用于枳壳挥发油的定性鉴定和定量分析--《色谱》1990年05期 », sur cnki.com.cn (consulté le ).
  4. (zh-CN) « 邻居门前这棵香圆树果实累累,听说它的观赏价值和药用价值都很高 », sur 360kuai.com (consulté le ).
  5. a b et c « 香圆【中药】【中医百科】 », sur zhongyibaike.com (consulté le ).
  6. (en) « Citrus ×wilsonii Tanaka », sur gbif.org (consulté le ).
  7. Scott; Dietrich Dietrich, « Ernest “Chinese” Wilson's Re-imagined Legacy in Sichuan », The Trans-Asia Photography Review, vol. 9, no 2,‎ (ISSN 2158-2025, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Journal of Agricultural Research, Department of Agriculture, (lire en ligne)
  9. André Guillaumin, « Les travaux récents sur les Aurantiées », Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, vol. 8, no 79,‎ , p. 169–176 (DOI 10.3406/jatba.1928.4595, lire en ligne, consulté le )
  10. « Nouvelles et correspondances », Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, vol. 7, no 69,‎ , p. 373–376 (lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Tokurou Shimizu, Akira Kitajima, Keisuke Nonaka et Terutaka Yoshioka, « Hybrid Origins of Citrus Varieties Inferred from DNA Marker Analysis of Nuclear and Organelle Genomes », PLOS ONE, vol. 11, no 11,‎ , e0166969 (ISSN 1932-6203, PMID 27902727, PMCID PMC5130255, DOI 10.1371/journal.pone.0166969, lire en ligne, consulté le )
  12. (zh) Zack8, « Citron phytothérapie chinoise », sur kknews.cc, (consulté le ).
  13. « 香橼 - 中药材 - 中医世家 », sur zysj.com.cn (consulté le ).
  14. « agrume, citronnier,oranger, clementinier », sur pommiers.com (consulté le ).
  15. a b et c « CRC1215 », sur citrusvariety.ucr.edu (consulté le ).
  16. « Papedas / Citrus Pages », sur citruspages.free.fr (consulté le ).
  17. (en) Pan Zhao, Li Duan, Long Guo et Li-Li Dou, « Chemical and biological comparison of the fruit extracts of Citrus wilsonii Tanaka and Citrus medica L. », Food Chemistry, vol. 173,‎ , p. 54–60 (ISSN 0308-8146, DOI 10.1016/j.foodchem.2014.10.010, lire en ligne, consulté le )
  18. (en) Jiaju Zhou, Guirong Xie et Xinjian Yan, Encyclopedia of Traditional Chinese Medicines - Molecular Structures, Pharmacological Activities, Natural Sources and Applications: Vol. 6: Indexes, Springer Science & Business Media, (ISBN 978-3-642-16744-7, lire en ligne)
  19. « Données climatiques et météorologiques historiques observées pour Yichang », sur meteoblue (consulté le ).
  20. a et b Hui Yan, Zong-Jin Pu, Zhen-Yu Zhang et Gui-Sheng Zhou, « Research on Biomarkers of Different Growth Periods and Different Drying Processes of Citrus wilsonii Tanaka Based on Plant Metabolomics », Frontiers in Plant Science, vol. 12,‎ , p. 700367 (ISSN 1664-462X, PMID 34335665, PMCID 8317225, DOI 10.3389/fpls.2021.700367, lire en ligne, consulté le )
  21. Fengwei Li, Zhenjian Zhan, Jin Qian et Chuanbin Cao, « Naringin attenuates rat myocardial ischemia/reperfusion injury via PI3K/Akt pathway-mediated inhibition of apoptosis, oxidative stress and autophagy », Experimental and Therapeutic Medicine, vol. 22, no 2,‎ , p. 811 (ISSN 1792-0981, PMID 34131434, PMCID 8193209, DOI 10.3892/etm.2021.10243, lire en ligne, consulté le )
  22. (en) Kazunori Ogawa, Akemi Kawasaki, Toshio Yoshida et Hirohisa Nesumi, « Evaluation of Auraptene Content in Citrus Fruits and Their Products », Journal of Agricultural and Food Chemistry, vol. 48, no 5,‎ , p. 1763–1769 (ISSN 0021-8561 et 1520-5118, DOI 10.1021/jf9905525, lire en ligne, consulté le )
  23. (en) Yan Wu, Hai-Ping Chen, Jian-Yu Wei et Kai Yang, « Repellent Constituents of Essential Oil from Citrus wilsonii Stem Barks against Tribolium castaneum », Natural Product Communications, vol. 9, no 10,‎ , p. 1934578X1400901 (ISSN 1934-578X et 1555-9475, DOI 10.1177/1934578X1400901028, lire en ligne, consulté le )
  24. (en-US) Lina Fu, Lijun Chai, Dekuan Ding et Zhiyong Pan, « A Novel Citrus Rootstock Tolerant to Iron Deficiency in Calcareous Soil », Journal of the American Society for Horticultural Science, vol. 141, no 2,‎ , p. 112–118 (ISSN 2327-9788 et 0003-1062, DOI 10.21273/JASHS.141.2.112, lire en ligne, consulté le )
  25. K. Hancevic, S. Cerni, G. Nolasco et T. Radic, « CITRUS WILSONII: BIOLOGICAL RESPONSE TO INFECTION WITH DIFFERENT CITRUS TRISTEZA VIRUS GENOTYPES », Journal of Plant Pathology, vol. 95, no 3,‎ , p. 615–618 (ISSN 1125-4653, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi modifier

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Articles connexes modifier

Liens externes modifier

  • Etude sur les caractéristiques de germination et la technologie d'accélération des graines de Citrus wilsonii [1]
  • Zhejiang digital herbarium, page C. wilsonii [2]