Christianisme nicéen

courant du christianisme suivant les doctrines du premier concile de Nicée

Christianisme nicéen est le nom que donnent les historiens modernes au christianisme ancien de l'Église du premier millénaire tel qu'il fut défini au premier concile de Nicée en 325. Il est généralement (et anachroniquement) appelé « christianisme orthodoxe » dans les écrits issus de la mouvance orthodoxe moderne[1] et « église catholique » dans les écrits issus de la mouvance catholique moderne[2],[3],[4],[5] : les deux Églises reconnaissent le premier concile de Nicée, mais la culture historique de chaque auteur l'amène à considérer la continuité de l'Église nicéenne d'avant la séparation de 1054 comme maintenue par « son » église, plutôt que par l'autre[6],[7]. Trinitaire, le christianisme nicéen définit son orthodoxie en opposition à l'arianisme, forme homéenne du christianisme[8].

Diffusion de l'arianisme chez les élites germaniques à l'Ouest, et du christianisme nicéen chez les populations romanes de l'Ouest (d'obédience romaine) et grecques de l'Empire romain d'Orient à l'Est.

Histoire modifier

Le christianisme nicéen devint religion d'État en 380 dans l'Empire romain (soit près d'un siècle après l'Arménie, premier État officiellement chrétien en 301) quand Théodose Ier imposa une législation abolissant les cultes païens (romains ou autres) et interdisant tout comportement païen dans l'Empire.

L'opposition entre ces deux tendances dogmatiques dure plusieurs siècles, se doublant d'oppositions politiques : l'homéïsme est largement adopté par les dirigeants des royaumes barbares à la suite de l'influence de Wulfila tandis que les chrétiens issus du monde romain ou romanisé suivent l'orthodoxie définie au premier concile de Nicée de 325[9]. Cette dernière s'impose progressivement par l'influence des puissants évêques nicéens, parfois issus de la noblesse sénatoriale. Le dernier souverain germanique arien à adopter le christianisme nicéen est le roi lombard Aripert (653–661)[8].

Notes et références modifier

  1. (ru), A. P. Lebedev, Histoire de la séparation de l'Église aux IXe et XIe siècles (История разделения Церквей в IX, X и XI веках, Saint-Petersbourg 1911, réédité 1999).
  2. Michel Le Quien, Oriens Christianus, Paris 1740.
  3. Charles George Herbermann, Encyclopédie catholique.
  4. Jean Daniélou, L'Église des premiers temps, coll. Points Histoire, Seuil 1985.
  5. Michel Rouche, « Clovis, histoire et mémoire » in : Actes du Colloque international d'histoire de Reims, 19-25 septembre 1996, Volume 1, Presses Paris Sorbonne, 1997.
  6. Walter Bauer, Orthodoxy and Heresy in Earliest Christianity, éd. Sigler Press, 1996 (ISBN 978-0-9623642-7-3) (rééd.) - Traduction originale en anglais (1934) en ligne
  7. Adolf von Harnack (trad. Eugène Choisy, postface Kurt Kowak), Histoire des dogmes, Paris, Cerf, coll. « Patrimoines. Christianisme », , 2e éd., 495 p. (ISBN 978-2-204-04956-6, OCLC 409065439, BNF 35616019)
  8. a et b Sylvie Joye, L'Europe barbare : 476-714, Armand Colin, , p. 160.
  9. Catherine Vincent, Église et société en Occident : XIIIe – XVe siècles, Armand Colin, , p. 12.

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier