Chantier Le Cœur
Ancien chantier Le Cœur, vue extérieure
Informations générales
Type
Ouverture
2019
Site web
Collections
Collections
Bâtiments, machines, outils, coques de bateaux, vêtement, journaux, objets du quotidien
Bâtiment
Protection
Localisation
Pays
France
Commune
Adresse
10 rue Jean Jaurès, en Lesconil
Coordonnées
Localisation sur la carte de France
voir sur la carte de France
Localisation sur la carte de Bretagne
voir sur la carte de Bretagne
Localisation sur la carte du Finistère
voir sur la carte du Finistère

Le chantier Le Cœur est un chantier naval actif entre 1905 et 1980 sur le territoire de la commune de Plobannalec-Lesconil, en Bretagne, dans le Sud du Finistère, témoin de l'activité artisanale traditionnelle d'un petit port breton au XXe siècle, doté depuis 2018 du label de port d'intérêt patrimonial. Cet ancien chantier est transformé en écomusée en 2019.

Le musée présente les immeubles, collections et matériels d'origine, et tire son nom du principal propriétaire du chantier naval, Alain Le Cœur.

Localisation modifier

 
La grande rue de Lesconil en 1915 ; le chantier Le Cœur est à droite, au fond de la rue

Le chantier naval présente cette particularité de ne pas être installé sur le port même de Lesconil, car il était au départ un atelier de menuiserie. Alain Le Coeur habite et travaille à partir de 1905 dans la rue principale de Lesconil, que l'on nomme également Grande Rue à l'époque, baptisée depuis rue Jean Jaurès, qui débouche au Sud sur le port, via la rue Jolie-Curie. Le chantier naval est donc situé à environ 100 mètres du port.

Description modifier

Le chantier compte un atelier - de menuisier ébéniste au départ - et la maison d'habitation d'origine d'Alain Le Cœur, donnant au Nord sur un jardin. Le tout est de plain-pied, en terre battue avec des murs chaulés. Au Sud de l'atelier est érigé un hangar en bois, largement ouvert à l'ouest, qui recevait le ou les bateaux en construction (un seul la plupart du temps), abritant un établi, avec, devant la maison d'habitation, la modeste remorque de mise à l'eau des bateaux. Ce hangar ouvre directement sur la rue Jean Jaurès, pour accéder ensuite au port.

Historique modifier

Les propriétaires modifier

Menuisier ébéniste - il a une formation auprès des compagnons du tour de France -, Alain Le Cœur installe son atelier dans la rue principale de Lesconil en 1905. Son objectif premier n'est pas la construction navale, d'où une localisation de son atelier finalement assez éloignée du port de pêche de Lesconil. Mais Alain Le Cœur vient de s'installer dans un port en pleine expansion, qui, de 47 bateaux en 1900, passe à 67 et 1906 et à 120 en 1910[1]. À une époque où les bateaux sont en bois, les pêcheurs lesconilois prennent l'habitude de venir voir le jeune menuisier pour de menues réparations, jusqu'à ce que celui-ci décide de transformer son atelier en chantier naval. Il se convertit alors en charpentier de marine.

Mobilisé en 1914, Alain le Cœur ferme son chantier, pour le rouvrir après le conflit. De la même façon, l'atelier est fermé pendant l'Occupation. En 1960, Alain Le Cœur fait valoir ses droits à la retraite et ses deux fils, Pierre (né en 1909), et Corentin (né en 1918), prennent la relève, même si l'artisan reste actif et de bon conseil au sein de l'entreprise.

Le chantier naval modifier

 
Chaloupe sardinière, telle que le chantier pouvait en produire

En quelque 75 années de production, le chantier naval produit des pinasses, des chaloupes, des sloops, des canots à misaine ou à vapeur, ainsi que 25 malamoks, ces bateaux de pêche bretons à moteur de plus de quinze mètres[2]. L'activité navale est florissante dans les années 1950 et 1960, période prospère de Lesconil. Au total, 350 bateaux sont produits par le chantier au cours de ces décennies d'activités.

Le nom des bateaux est évocateur du contexte politico-religieux de Lesconil dans la première moitié du XXe siècle. En dehors des noms breton (Labous Noz ; oiseau de nuit), on peut trouver des appellations religieuses telles Dieu aime Marie ou des références politiques comme Prolétaire ou Démocratie. Plus original est le nom de Titanic donné à un navire. Comme dans beaucoup de chantiers à l'époque, la commande est orale et vaut contrat. Les pêcheurs de Lesconil apprécient particulièrement la compréhension d'Alain Le Cœur qui leur fait crédit et attend la vente de la première pêche réalisée par un nouveau bateau pour percevoir son premier acompte.

Le dernier bateau sort du chantier naval en 1980, lequel ferme l'année suivante.

Le hangar du chantier est soufflé par la tempête du 15 octobre 1987 qui balaye la Bretagne.

La préservation modifier

L'atelier et ses dépendances sont conservés par la famille jusqu'en 2002, date de rachat du site par la municipalité. Parallèlement, la famille Le Coeur lègue à la ville le matériel et l'outillage de l'atelier, — outils, machines, demi-coques en bois de bateau —, témoignant de la construction navale à Lesconil. Après moult tergiversations et l'intervention de l'association Bag Leskon[n 1], il est décidé en 2008 de transformer l'ancien atelier en musée. En 2016, la municipalité vote le projet de réhabilitation du site. Les toitures et les huisseries sont refaites à l'identique et les murs ravalés. Le musée bénéficie du soutien de la fondation du patrimoine[3].

Le musée est inauguré le [4], presque 40 ans après la fermeture du chantier naval qui l'héberge, et après trois années de travaux, dont quelque 4 000 heures de travail à mettre au crédit des bénévoles de l'association Bag Leskon.

Muséographie modifier

La riche histoire contemporaine du port de Lesconil aux XIXe siècle et XXe siècle, permet au musée d'aborder différents thèmes, qui vont bien au-delà de la simple histoire d'un chantier naval artisanal :

  • Le chantier naval Le Cœur, la construction de bateau et la réparation
  • La pêche à Lesconil et ses différentes formes
  • La station de sauvetage de Lesconil
  • Les deux usines de sardines de Lesconil
  • Les algues

Galerie modifier

Bibliographie modifier

  • Roland Chatain et Raymond Cariou, Hier Plobannalec Lesconil, Plomeur, éditions Roland Chatain, coll. « mémoire », 1994
  • Serge Duigou, Lesconil, Quimper, Ressac, 1996
  • Serge Duigou, Jean Michel Le Boulanger, Histoire du Pays bigouden, Plomelin, éditions Palantines, 2002
  • Claude Péron, Le chantier Le Cœur à Lesconil de 1906 à 1980, revue Cap Caval n° 44, juillet 2020, p. 18 à 25.

Notes modifier

  1. Bag Leskon est une association dont le but est de sauvegarder et valoriser le patrimoine maritime de Lesconil dans le sud Finistère ; Site de l'association, consulté le 2 février 2020.

Références modifier

  1. Roland Chatain et Raymond Cariou, Hier Plobannalec Lesconil, Plomeur, éditions Roland Chatain, coll. « mémoire », 1994.
  2. Site du Chasse Marée, consulté le 2 février 2020
  3. Site de la fondation du patrimoine, consulté le 6 août 2019
  4. Article du Télégramme du 25 juin 2019, consulté le 5 août 2019