En lexicologie, un champ sémantique est un groupe de mots qui partagent les aspects sémantiques et qui sont utilisés dans le même contexte pour décrire un sujet spécifique[1]. Il s'applique à l'étude linguistique, mais aussi l'anthropologie, la sémiotique computationnelle, et l'exégèse technique.

Histoire modifier

La notion de « champ », qui n'est pas propre à la linguistique, renvoie à un domaine spécifique dont on cherche à dégager la structure[2].

Les recherches sur la délimitation des champs ont été, au début, celles des anthropologues et des ethnographes : le point de vue linguistique n’y était que secondaire et la langue ne servait qu’à comprendre les schémas conceptuels d’une société (exemples : les vocabulaires de la parenté chez les Iroquois, les classifications botaniques « populaires », le vocabulaire des animaux domestiques) qui ne portent pas sur les signifiés de mots qui sont en général polysémiques, mais sur des emplois particuliers relatifs à un système conceptuel précis (« fille » par rapport à mère, père et non à « garçon » ; « mère » par rapport à fils, à père, mais non à « maison mère, mère supérieure, mère de vinaigre »).

Dans les années 1930, Jost Trier a proposé la théorie du champ lexical[3], mais selon le linguiste John Lyons, cette théorie provient des idées de Wilhelm von Humboldt et Johann Gottfried Herder qui, au XVIII[4], étaient deux des plus grands contributeurs du domaine linguistique. Dans les années 1960, un autre linguiste, Stephen Ullmann, a conceptualisé les champs sémantiques comme des structures qui perpétuent les valeurs de société[3]. John Lyons soutenait que des mots reliés par n'importe quel sens appartiennent au même champ sémantique. Il pensait que le champ sémantique n'était qu'une catégorie lexicale qu'il a appelée champ lexical[3]. Pour lui, le champ sémantique et le réseau sémantique sont des concepts différents[3]. Le réseau sémantique est défini comme un réseau encadré de mots qui sont interconnectés, mais peut-être indirectement[5]. Un champ sémantique, au contraire, est une famille de mots qui sont directement reliés les uns aux autres[6]. Une autre contributrice au domaine de la théorie des champs sémantiques est Eva Kittay qui, dans les années 1980[7], a développé une théorie de champ sémantique au sujet des métaphores[7]. Selon elle, tous les mots d'un même champ sémantique ont des relations particulières aux autres mots de ce champ, la métaphore réorganisant ces relations par les relier aux relations d'un autre champ[7]. Pendant la décennie suivante, Sue Atkins et Charles J. Filmore ont introduit l'idée de « charpente sémantique[8] », affirmant qu'on ne peut comprendre un mot seul sans connaitre tout ce qui se relie à ce mot[8].

Notes et références modifier

  1. Encyclopædia Universalis, « CHAMP SÉMANTIQUE ET CHAMP LEXICAL », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  2. B. Schwishay, « Les champs sémantiques », Syntaxe du français,‎ (hiver 2001/02 (lire en ligne)
  3. a b c et d (en) Corson, David., Using English words, Dordrecht, Kluwer Academic Publishers, , 226 p. (ISBN 0-7923-3710-7, OCLC 32968899, lire en ligne)
  4. Jackson, Howard, 1945- (Zé Amvela, Etienne, 1948-), Words, meaning, and vocabulary : an introduction to modern English lexicology, Londres, Continuum, (2001 printing) (ISBN 0-8264-6096-8, OCLC 55008481, lire en ligne)
  5. « ScienceDirect », sur www.sciencedirect.com (consulté le )
  6. (en-GB) « Semantic Fields - What is a Semantic Field? - English Literature Glossary », sur Interpreture, (consulté le )
  7. a b et c Stern, Josef, 1949-, Metaphor in context, Cambridge, Mass., MIT Press, (ISBN 978-0-262-28435-6, OCLC 60644011, lire en ligne)
  8. a et b (en) Faber, Pamela B., 1950 (Mairal Usón, Ricardo, 1965), Constructing a lexicon of English verbs, Berlin, Mouton de Gruyter, , 350 p. (ISBN 3-11-016416-7, OCLC 1061044986, lire en ligne)