Une chambre de bonne est une pièce séparée d'un appartement au sein d'une maison bourgeoise, généralement aménagée sous les combles, éclairée par des fenêtres de toit et, généralement accessible par des escaliers spécifiques dits de service, initialement conçue pour servir de chambre à l'un des domestiques engagés par la famille occupant le reste de l'habitation (une « bonne à tout faire » dans le langage familier, d'où le nom).

Chambres de bonnes, caractéristiques des toits de Paris.
Les chambres de bonnes et garages pour chauffeurs du square du Bois (Bruxelles)

Histoire modifier

Étant donné le niveau social des occupants auxquels elles étaient destinées, les chambres de bonne se caractérisent par un espace très exigu (d'autant plus qu'elles sont souvent en soupente), et un confort minimal, les toilettes étant par exemple généralement installées sur le palier pour être partagées avec tous les autres occupants de l'étage.

Les chambres de bonnes apparaissent à Paris vers 1830. En effet, c'est à cette époque que se met en place une société hiérarchisée empêchant les domestiques de dormir dans le même espace que leurs maîtres[1].

 
Le Pauvre Poète, tableau de Carl Spitzweg (1839).

Les conditions de vie y sont jugées scandaleuses par certains et déjà dénoncées. Tel Jules Simon, ou le professeur Paul Brouardel de l'Académie de médecine, ou encore Juillerat, l'inventeur du Casier sanitaire des maisons de Paris et le docteur Héricourt : « Il est impossible de ne pas protester contre le logement des domestiques, qui est une des hontes de notre civilisation, un des plus gros scandales de l'hygiène […] »[2]. L'exposition de la tuberculose de 1906 compare une chambre de bonne du 8e arrondissement de Paris avec une cellule de la prison de Fresnes : la cellule de prison est habitable et salubre, pas la chambre de bonne[3].

Si bien que vers la fin du XIXe siècle, de plus en plus de chambres de domestiques seront installées à l'étage des maîtres, par souci de salubrité, sous l'effet conjugué de la charité et de la peur des maladies contagieuses, à une époque où les médecins sensibilisent l'opinion publique sur la tuberculose[2].

De nos jours, ces locaux sont souvent loués à des personnes ayant des revenus modestes, en particulier des travailleurs pauvres et des étudiants. À cause de leurs connotations négatives, souvent aujourd'hui les propriétaires annoncent leurs chambres de bonnes sous la rubrique studettes (diminutif de studio, appartement d'une seule pièce).

Dans ce but, il est tentant de vouloir les aménager pour les doter du confort moderne (douche, sanitaire…) mais il ne faut pas oublier que ces petits espaces sont alors soumis aux nuisances engendrées par un mode de vie pour lequel ils n'ont pas été conçus (production de quantités importantes de vapeur d'eau, nuisances sonores, etc.). Ils ont tendance à devenir autonomes par rapport à l'appartement dont ils constituaient jusqu'alors une partie isolée. Ils créent des charges nouvelles que ne compense pas la modicité de leur contribution à l'entretien des bâtiments qui les abritent.

Les chambres de bonne ont fait l'objet de réglementations sanitaires, préservant la qualité de vie et la santé de l'occupant. Au début du XXe siècle le Règlement sanitaire de la Ville de Paris de 1904 exigeait une surface minimale de 8 m2 mesurée à 1,30 m du sol, un volume de 20 m3, il stipulait en outre : « Chaque pièce sera munie d'un tuyau de fumée et sera aérée directement par une ou plusieurs baies dont l'ensemble devra présenter une section totale au moins égale au huitième du sol de ladite pièce[4] ». Au milieu du XXe siècle, on exigeait du point de vue de l'architecture une surface minimale de 9 m2, un volume de 20 m3 et une surface de baies supérieure au huitième de la surface[5].

Le décret de 2002 interdit de louer une surface de moins de 9 m2 et 20 m3 pour habitation principale mais n'interdit pas de louer ce type de surface à titre de résidence secondaire ou en location saisonnière, tant que le règlement sanitaire de la commune est respecté[6].

Notes et références modifier

  1. Philippe Ariès (dir.) et Georges Duby (dir.), Histoire de la vie privée, vol. 4 : De la Révolution à la Grande Guerre, Paris, Seuil, coll. « L'Univers historique », 1987, 636 p. (ISBN 2-02-009455-X), p. 311.
  2. a et b Monique Eleb avec Anne Debarre, L'invention de l'habitation moderne : Paris, 1880-1914, Paris, Hazan, et Bruxelles, Archives d'architecture moderne, 1995, 534 p. (ISBN 2-85025-384-7).
  3. Anne Martin-Fugier, La Place des bonnes : La domesticité féminine à Paris en 1900, Paris, Grasset, coll. « Figures », 1979, 382 p. (ISBN 2-246-00858-1).
  4. Département de la Seine, Direction des affaires municipales, Bureau d'hygiène de la Ville de Paris, 1er règlement sanitaire de la ville de Paris (arrêté du 22 juin 1904), Paris, impr. Chaix, 1904.
  5. Chiffres donnés par l'article « Chambre de domestique » du Nouveau Larousse ménager, Librairie Larousse, Paris, 1955. Ce dictionnaire encyclopédique consacre une demi-page comportant deux plans-modèles de chambre de domestique alors que l'emploi de domestiques n'est plus guère répandu.
  6. Cécile Nlend et Valérie Samsel, « Louer une petite surface », PAP, .
  • L'ancien terme français désignant l'espace disponible sous la toiture est « galetas » ; il est utilisé par Viollet-le-Duc, à l'entrée « galetas » de son Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle.