Château de Vaux (Aube)

château classique français à Fouchères
Château de Vaux
Présentation
Type
Style
Architecture classique
Architecte
Construction
1720-1770
Propriétaire
Édouard Guyot
Patrimonialité
Site web
Localisation
Pays
Région
Grand Est
Région
Département
Commune
Coordonnées
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Le château de Vaux est un château situé sur la commune de Fouchères dans le département de l'Aube, en France[1].

Localisation modifier

Le domaine de Vaux, à Fouchères, se situe à proximité du parc naturel régional de la forêt d'Orient, à 20 km de la ville de Troyes.

Description modifier

Le château, construit en pierre de taille blanche, comprend un étage sur rez-de-chaussée et soubassement, surmonté de combles à la Mansart, à coyau prononcé, ponctué en symétrie de lucarnes cintrées et d'œils-de-bœuf.

Tant côté cour d'honneur que côté parc, les façades se composent d’un avant-corps central et de deux avant-corps latéraux formant saillie sur le corps du logis central.

Côté cour d’honneur, l’avant-corps central se compose de trois pans dont deux sont cintrés. Il est surmonté d’une balustrade de pierre à décor d’anneaux entrelacés qui prolonge de part et d’autre, le fronton triangulaire central, orné des armoiries de Maupas et de son épouse. Elles sont couronnées et encadrées d’une draperie en forme de baldaquin, et accotées de deux chevaux à mi-corps sculptés en haut-relief. Aux angles de la balustrade, contre le corps de logis, deux bas-reliefs, en mauvais état, représentent des trophées de chasse. Le fronton est flanqué de deux jeunes couples enlacés, assis les jambes pendantes au-dessus du vide ; ils sont aujourd’hui dissimulés. Les clés des arcs de l’avant-corps central sont richement sculptées au rez-de-chaussée : au-dessus de la porte centrale, un masque acrotère représentant une tête d’homme barbu coiffée de la dépouille d’un lion semble être le gardien des lieux. Il doit certainement s’agir de la tête d'Héraclès, portant la dépouille du lion de Némée. Elle est encadrée par deux têtes de femme aux cheveux bouclés couronnées d’une étoile, pour la fenêtre de gauche, d’un croissant de lune pour celle de droite. Les références aux récits mythologiques, très présentes au XVIIIe siècle, peuvent laisser penser qu’il s’agisse de Téthys, déesse de la mer, représentée habituellement sous les traits d'une jeune et belle femme dont la chevelure est couronnée d’une étoile de mer posée sur le front.

Côté parc, l’avant-corps central, rectiligne, est en faible saillie. Il est précédé d’un escalier qui passe devant les soupiraux. Les clés des trois arcades en plein-cintre du rez-de-chaussée sont ornées d’une tête d’homme au centre, et de tête de femme sur les côtés. Cet avant-corps est surmonté d’une balustrade en pierre, flanquée de deux vases décorés de têtes de bélier et remplis de fleurs.

Les façades latérales du château comportent deux rangées de trois fenêtres. L’intérieur a conservé d’intéressants éléments architecturaux, boiseries, cheminées en marbre surmontées de trumeaux, parquets Versailles, tomettes[2].

Historique modifier

Jean II d’Aubeterre qui, à la fin du XVIe siècle, acheta les seigneuries de Fouchères et de Vaux, était le fils de Pierre d’Aubeterre, négociant à Troyes, et de Jeannette de Mesgrigny, fille d’un président au bailliage de la ville. Dans les années 1630, Jean d’Aubeterre, l'un de ses successeurs, habite à Vaux une maison seigneuriale fermée de murailles et de fossés. C'est dans cette demeure, dont un acte de 1680 signale le très mauvais état, que meurt le 25 décembre 1693 son fils Jean-Baptiste. Cet acte décrit « au lieu de Vaulx une maison seigneurialle fermée de murailles et fossez allentour sur lesquels il y a pont levis ladite maison et bastiments couverts de thuilles plombées, thuilles communes et ardoises, ou il y a chambres basses, chambres haultes, greniers, cours et granges, escuries, un grand clos de jardins, accins, collombier, terres labourables, prez, bois, garennes, ruisseaux, avec cens rentes droits de lodz et ventes, justice haulte moyenne et basse, circonstances et dépendances »[3].

Jacques d’Aubeterre qui hérite alors du domaine, est capitaine de cavalerie et beau-frère de Joseph-Antoine Hennequin, ancien ambassadeur à Venise, qui fait bâtir Charmont. En 1715, il obtient l’érection en comté de sa terre de Vaux, réunie à la châtellenie de Jully-le-Châtel et lorsqu’en 1720, un incendie ravage le château, n’épargnant que la chapelle, il en décide la reconstruction par l'architecte Germain Boffrand, élève de Jules Hardouin-Mansart. Boffrand réalisa notamment le château de Lunéville.

Dans le journal « La Croix de Fouchères » (numéro du ), M. l'abbé Cyrille Viégeot rapporte les traditions populaires suivant lesquelles le château de Vaux aurait coûté un million de livres et occupé soixante-dix mulets à porter à dos les pierres de taille de Tonnerre qui forment la bâtisse[3].

Les travaux excèdent ses possibilités financières car lors de sa mort, trois ans plus tard, ses créanciers imposent un bail judiciaire du domaine. Son fils Jean-Jacques, comte de Jully, est chambellan de l’empereur Charles VII, puis capitaine des gardes de l'électeur de Bavière. Il ne réside que rarement en Champagne et, vers 1750, cède le domaine à son beau-frère, Claude-Joseph de La Rue, comte de Mareilles, qui fait achever les travaux.

Vendu en 1760 à la famille de Rémond de Montmort, le château est saisi après sa mort, survenue en 1795. Le domaine revient finalement à sa petite-fille, Adélaïde Mony. Charlemagne-Emile de Maupas achète en 1855 Vaux aux héritiers des Mony[4]. Ce dernier fut notamment préfet de police lors du coup d'État du 2 décembre 1851 puis ministre de la Police générale de Napoléon III. Maupas, qui fut aussi sénateur, administrateur du département des Bouches-du-Rhône et président du conseil général de l'Aube, entreprit de gros travaux de rénovation du château, sans modifier considérablement l'architecture des bâtiments. C'est au château de Vaux que sa fille Marguerite se maria en 1871 à Henri Vyau de Baudreuil de Fontenay.

Après la mort de Maupas, le château passa à sa fille Marguerite, qui décéda en 1936 ; après elle, le monument resta indivis entre les héritiers, les familles Vyau de Baudreuil de Fontenay et de Ponton d'Amécourt, qui conservèrent la propriété jusque dans les années 1970. La famille Vallery-Radot l'acquit alors pour y installer un institut médico-éducatif pour jeunes filles.

Depuis 2015 et son rachat par Édouard Guyot, le château de Vaux est ouvert à la visite, après plus de 80 ans d'abandon progressif pour la partie principale. Le but est désormais de rénover ce monument, avec l'aide des visiteurs.

Les façades, les toitures du château, l'escalier avec sa rampe en fer forgé et les grilles d'entrée sont classés[5] au titre des monuments historiques depuis 1980. Les façades et toitures des communs, le pigeonnier et l'allée d'accès au château sont inscrits au titre des monuments historiques depuis 1980[1].

Propriétaires successifs modifier

Références modifier

  1. a et b « Château de Vaux », notice no PA00078113, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. « Le Domaine de Vaux de 315 ha, château XVIIIe siècle avec ses dépendances » (consulté le )
  3. a et b Société académique de l'Aube Auteur du texte, « Mémoires de la Société d'agriculture, sciences et arts du département de l'Aube », sur gallica.bnf.fr, (consulté le )
  4. Archives départementales de l'Aube, 2 E 72/162, acte de vente du domaine de Vaux, signé le 27 février 1855 en l'étude de maître Victor Blavot, notaire à Bar-sur-Seine.
  5. « Château de Vaux - Aube - Champagne-Ardenne - montjoye.net », sur www.montjoye.net (consulté le )

Annexes modifier

Liens internes modifier

Bibliographie modifier

  • « Henri de La Perrière, « Les d'Aubeterre », Mémoires de la Société Académique d'agriculture, des sciences, arts et belles-lettres du département de l'Aube, tome XCIII, 1930, p. 198. », sur gallica BNF (consulté le )
  • Roger d'Amécourt, Le Mariage de Mademoiselle de la Verne, Paris, Perrin, 1987, 446 p.
  • Frantz Laurent, Charlemagne-Émile de Maupas (1818-1888). Étude d'une trajectoire administrative, politique et notabiliaire, des monarchies censitaires à la Troisième République, préface de Gérard Larcher et avant-propos d'Éric Anceau, Paris, Dalloz, coll. "Bibliothèque parlementaire et constitutionnelle", 2024, 686 p.
  • Frantz Laurent, "Maupas en sa province : structures, pratiques et dynamiques d'un système notabiliaire de l'Aube, de la monarchie de Juillet au début de la Troisième République", Enquêtes, revue de l'école doctorale 188, n° 3, octobre 2018, p. 1-23 (lire en ligne).
  • Philippe Seydoux, Gentilhommières en Champagne, t. II : Pays de l'Aube, Paris, Éditions de La Morande, 2016, 352 p. [p. 208-213 pour Vaux.]
  • Claude Vigoureux, Maupas et le coup d'État de Louis-Napoléon, le policier du Deux-Décembre 1851, préface de Jean Tulard, Paris, Éditions SPM, 2002, 355 p.

Liens externes modifier