Cellule myéloïde suppressive


Les cellules myéloïdes suppressives (en anglais myeloid-derived suppressor cells, MDSC) constituent un groupe hétérogène de cellules immunitaires, d'origine myéloïde, comme les monocytes, les macrophages ou les cellules dendritiques mais possédant des propriétés immunosuppressives.

Cette population est fortement amplifiée (c'est-à-dire que leur nombre augmente) dans un certain nombre de situations pathologiques comme les infections chroniques et les cancers. Cette amplification est la conséquence d'une altération de l'hématopoïèse, c'est-à-dire de leur différenciation à partir de cellules précurseurs. La définition des MDSC est donc essentiellement fonctionnelle (immunosuppressive) et non phénotypique (expression de marqueurs de surface).

Bien que leurs modes d'action (les mécanismes par lesquels les MDSC suppriment les réponses immunitaires) ne soient pas totalement compris, les études cliniques et biologiques ont montré que les tumeurs infiltrées par un nombre élevé de MDSC étaient associées à un pronostic défavorable et à une résistance thérapeutique[1].

Des cellules MDSC peuvent également être isolées d'individus en bonne santé, mais en nombres plus restreints. Il a été proposé, qu'en situation physiologique, les MDSC participent à la régulation du système immunitaire et au maintien de la tolérance. Les MDSC pourraient, par exemple, participer à la tolérance maternelle pour le fœtus durant la grossesse[2].

Développement et caractéristiques des cellules myéloïdes suppressives modifier

Phénotype modifier

De nombreux laboratoires ont cherché à identifier des marqueurs de surface (Immunophénotypage) permettant de caractériser et d'isoler les MDSC. Chez la souris, les MDSC sont trouvées dans la population de cellules myéloïdes exprimant à la fois les marqueurs Gr1 (Ly-6G/C)+ et CD11b+. Le marqueur Gr1 étant en fait exprimé par deux molécules de surface, Ly6C et Ly6G, les cellules MDSC murines sont classiquement sous-divisées en MDSC monocytiques (Ly6C++) et MDSC granulocytiques (Ly6G++).

Chez les humains, la définition phénotypique est moins standardisée. Les MDSC humaines monocytiques sont souvent définies comme exprimant les marqueurs myéloïdes CD33 et CD14 et un niveau bas de HLA-DR. Les MDSC granulocytiques sont en général définies comme CD11b+CD14CD33+ CD15+ [3].

Différenciation et activité modifier

Chez les individus en bonne santé, les cellules myéloïdes immatures de la moelle osseuse se différencient en cellules dendritiques, macrophages ou neutrophiles. Mais en conditions d'inflammation chronique et/ou d'hypoxie, par exemple lors d'une infection ou d'un cancer, ce processus de différenciation est altéré et produit des cellules myéloïdes suppressives. Les cellules tumorales elles-mêmes produisent fréquemment des cytokines (ex : GM-CSF, G-CSF, IL-6, IL-10 ou IL-1) favorisant la différenciation des cellules myéloïdes de la moelle osseuse en cellule myéloïde suppressive.

Les cellules myéloïdes suppressives infiltrent les tissus, notamment les sites d'infection ou les tumeurs, où elles inhibent l'activité des lymphocytes T et NK et favorisent la croissance et la dissémination des cellules tumorales[4]. Les MDSC accélèrent aussi l'angiogenèse tumorale[5], c'est-à-dire la pousse de vaisseaux sanguins nécessaires à la croissance tumorale. Les cellules myéloïdes suppressives favorisent également la survie des cellules souches tumorales, résistantes aux traitements et capables de produire des métastases[6].

Compte-tenu de toutes ces activités, les cellules myéloïdes suppressives constituent des cibles thérapeutiques potentielles[7]. De fait, certaines drogues qui ont fait la preuve de leur efficacité contre le cancer semblent inhiber l'activité des cellules myéloïdes suppressives.

Effets favorisant les tumeurs médiés par les cellules myéloïdes suppressives modifier

Stratégies thérapeutiques ciblant les cellules myéloïdes suppressives dans le cancer modifier

Notes et références modifier

  1. Dmitry I. Gabrilovich, « Myeloid-Derived Suppressor Cells », Cancer Immunology Research, vol. 5, no 1,‎ , p. 3–8 (DOI 10.1158/2326-6066.cir-16-0297, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) Soren Gantt, Ana Gervassi, Heather Jaspan et Helen Horton, « The Role of Myeloid-Derived Suppressor Cells in Immune Ontogeny », Frontiers in Immunology, vol. 5,‎ (ISSN 1664-3224, DOI 10.3389/fimmu.2014.00387, lire en ligne, consulté le )
  3. Dmitry I. Gabrilovich, Suzanne Ostrand-Rosenberg et Vincenzo Bronte, « Coordinated regulation of myeloid cells by tumours », Nature reviews. Immunology, vol. 12, no 4,‎ , p. 253–268 (ISSN 1474-1733, PMID 22437938, PMCID PMC3587148, DOI 10.1038/nri3175, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) B Toh et JP Abastado, « ecancermedicalscience », Ecancermedicalscience,‎ (DOI 10.3332/ecancer.2012.241, lire en ligne, consulté le )
  5. Zhaoxu Fang, Chengwen Wen, Xiaolan Chen et Rongping Yin, « Myeloid-derived suppressor cell and macrophage exert distinct angiogenic and immunosuppressive effects in breast cancer », Oncotarget, vol. 8, no 33,‎ (ISSN 1949-2553, DOI 10.18632/oncotarget.17013, lire en ligne, consulté le )
  6. Muly Tham, Kar Wai Tan, Jo Keeble et Xiaojie Wang, « Melanoma-initiating cells exploit M2 macrophage TGFβ and arginase pathway for survival and proliferation », Oncotarget, vol. 5, no 23,‎ (ISSN 1949-2553, DOI 10.18632/oncotarget.2482, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Viktor Fleming, Xiaoying Hu, Rebekka Weber et Vasyl Nagibin, « Targeting Myeloid-Derived Suppressor Cells to Bypass Tumor-Induced Immunosuppression », Frontiers in Immunology, vol. 9,‎ (ISSN 1664-3224, DOI 10.3389/fimmu.2018.00398, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi modifier