Ceinture de fer

fortifications Françaises construites sous Louis XIV par Vauban

La ceinture de fer[1],[2] est le surnom donné au réseau de fortifications construites par Vauban aux frontières de la France entre 1665 et 1707, qui restera fonctionnel jusqu'au XIXe siècle.

Ce réseau est plus particulièrement développé sur la frontière qui court de la mer du Nord, au niveau de Dunkerque, jusqu'aux Ardennes (le Pré carré), et à la frontière suisse, au niveau de Bâle[3].

Louis XIV en confie la gestion au « département des fortifications des places de terre et mer » créé en 1691. Un grand nombre de forteresses ont fait l'objet de plans-reliefs dont une partie est encore visible au Musée des Invalides et au Palais des Beaux-Arts de Lille.

Secteur de la Mer du Nord jusqu'aux Ardennes dit le Pré carré modifier

Par le traité des Pyrénées de 1659, l'Espagne accorde l'Artois à la France, l'ancienne ligne fortifiée correspondant aux villes de la Somme perd ainsi son rôle stratégique, la frontière étant déplacée d'une centaine de kilomètres vers le nord.

Vauban nommé commissaire général des fortifications a le projet d'établir une frontière fortifiée[4] clairement définie sans enclaves en deçà ou au-delà. Après les traités de Nimègue qui stabilisent en 1678 la frontière dans ce secteur, il propose à Louis XIV une défense basée sur un maillage de places proches et échelonnées en profondeur sur deux lignes, en mesure de se soutenir les unes les autres ainsi que de servir de point d'appui et de ravitaillement aux armées en campagne :

 
Plan de Lille fortifiée au début du XVIIIe siècle.

Dinant est rendue en 1697 à la Principauté de Liège, non sans avoir au préalable ruiné les fortifications. Givet-fort de Charlemont la remplace alors dans le dispositif comme verrou sur la Meuse.

Furnes, le fort de la Knocque, Ypres, Menin et Tournai sont rattachés aux Pays-Bas autrichiens par les traités d'Utrecht (1713) mais en fait occupées par les Provinces-Unies en application du traité de la Barrière (1715) qui permet à celles-ci de disposer d'une ligne de défense avancée.

Philippeville et Mariembourg seront perdues en 1815 en vertu du traité de Paris (1815), ouvrant une nouvelle brèche dans le dispositif.

Secteur de la frontière entre la Lorraine et le Saint-Empire romain germanique modifier

Par le traité de Vincennes de 1661, la France a obtenu au détriment de la Lorraine la constitution d'un corridor passant par Metz, occupée depuis 1552, et assurant la liaison avec les positions acquises en Alsace.

 
Phalsbourg porte d'Allemagne

Ce secteur est particulièrement vulnérable car le rattachement à la France du duché de Lorraine et du duché de Bar interviendra tardivement par le traité de Vienne (1738).

En conséquence, des villes neuves sont édifiées au nord de la Lorraine : d'ouest en est Longwy[5], Sarrelouis et Phalsbourg.

Des fortifications avancées sont entreprises à Luxembourg à partir de 1684 et à Mont-Royal à partir de 1687 mais finalement abandonnées en 1697.

Sarrelouis sera perdue en 1815, la Prusse prenant le contrôle du cours de la Sarre et des usines métallurgiques de Sarrebruck.

Secteur de la frontière du Rhin modifier

 
Neuf-Brisach vue aérienne

L'Alsace est progressivement annexée, la Haute-Alsace en 1648 par les traités de Westphalie et la Basse-Alsace dans le cadre de la politique des Réunions en 1680.

Au sud la construction de la ville nouvelle de Huningue est entreprise en 1680.

Au nord, Strasbourg est annexée en 1681 et dotée de fortifications modernes. Ces fortifications seront pour partie détruites à l'occasion du siège de Strasbourg par les armées allemandes en 1870.

La France obtient par les traités de Ryswick de 1697 que le Rhin délimite la frontière entre l'Alsace et l'Empire : la ville nouvelle de Neuf-Brisach[5] est créée pour compenser la perte de Brisach sur la rive droite.

Bibliographie modifier

  • Bitterling, David, L'Invention du pré carré : construction de l'espace français sous l'Ancien Régime, Pairs : Albin Michel 2009.
  • Michèle Virol, Vauban : de la gloire du roi au service de l'État, Seyssel : Champ Vallon, 2003. (OCLC 54041845)
  • Vauban, Les oisivetés de monsieur de Vauban ou ramas de plusieurs mémoires de sa façon sur différents sujets, Seyssel : Champ vallon, 2007. (OCLC 176929204)
  • Lucien Bély (dir.), Dictionnaire Louis XIV, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1405 p. (ISBN 978-2-221-12482-6)

Notes et références modifier

  1. Joël Cornette, « La ceinture de fer », L'histoire, no 321,‎ , p. 74 (lire en ligne [html], consulté le ).
  2. Nicolas Faucherre (dir.et préf.), Les fortifications de Vauban : lectures du passé, regards pour demain (manuel pédagogique, 3e cycle du primaire et collège), Besançon, Réseau des sites majeurs de Vauban (réalisé avec le soutien de la Fondation EDF Diversiterre), (ISBN 978-2-9538891-2-3, lire en ligne).
  3. La ceinture de fer ne doit pas être confondue avec die eiserne barriere (la barrière de fer), nom donné dans les années 1880 par l'État-major allemand aux fortifications Séré de Rivières.
  4. Vauban emploie pour la première fois l'expression « pré carré » pour la désigner, dans une lettre à Louvois en janvier 1673.
  5. a b et c Classée au patrimoine mondial de l'UNESCO.
  6. Anne Blanchard, Vauban, Fayard, (ISBN 978-2-213-59684-6).

Articles connexes modifier