Cathédrale Notre-Dame-de-l'Annonciation de Nancy

cathédrale située en Meurthe-et-Moselle, en France

Cathédrale
Notre-Dame-de-l'Annonciation
de Nancy
Notre-Dame-de-l'Annonciation sur la place Monseigneur-Ruch.
Notre-Dame-de-l'Annonciation sur la place Monseigneur-Ruch.
Présentation
Nom local Notre-Dame de Saint-Sigisbert
Culte Catholique romain
Dédicataire Notre-Dame de l'Annonciation et saint Sigisbert
Type Cathédrale
Rattachement Diocèse de Nancy-Toul
Début de la construction XVIIIe siècle
Fin des travaux XVIIIe siècle
Architecte Giovan Betto,
Jules Hardouin-Mansart,
Germain Boffrand
Style dominant Baroque
Protection Logo monument historique Classée MH (1906)
Site web Paroisse Notre Dame de Bonne Nouvelle
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Grand Est
Province historique Lorraine
Département Meurthe-et-Moselle
Ville Nancy
Coordonnées 48° 41′ 29″ nord, 6° 11′ 11″ est

Carte

La cathédrale primatiale Notre-Dame-de-l’Annonciation et Saint-Sigisbert de Nancy est une cathédrale catholique romaine située place Monseigneur-Ruch à Nancy, au sein du département de Meurthe-et-Moselle, en région Lorraine. De nombreux auteurs indiquent à tort qu'elle possède également le statut de basilique mineure[1]. En réalité, depuis 1867, la cathédrale jouit des indulgences liées aux basiliques majeures romaines.

La cathédrale fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [2].

Histoire modifier

 
La cathédrale vue depuis la place Stanislas.

Au Moyen Âge, les villes de Metz, Toul et Verdun, soumises à l'autorité de leur prince-évêque, devinrent indépendantes du duché de Lorraine, lequel ne possédait donc plus de siège épiscopal dans son territoire et sa capitale, Nancy, dépendait alors de l'évêché de Toul. Lorsque ce dernier fut sous tutelle française à partir de 1552 (cf. Trois-Évêchés), les ducs de Lorraine tentèrent d'obtenir un siège épiscopal à Nancy. Après maints efforts, ils obtinrent l’élévation de leur capitale au rang de siège primatial en 1602.

En attendant la construction de la primatiale (c'est-à-dire l'actuelle cathédrale), une église provisionnelle a été érigée sur le site qu'occupe actuellement l'église Saint-Sébastien de Nancy. Une seconde église provisionnelle a été construite dans le quartier actuel de la cathédrale, entre la rue des Chanoines et la rue Montesquieu, car le quartier de Saint-Sébastien commençait à devenir étroit pour loger les chanoines.

La construction de l'actuel édifice n'a commencé qu'en 1703 sous le règne du duc Léopold, et fut poursuivie par le roi Stanislas. Insatisfait par l'existence d'un simple chapitre primatial dans son duché, le duc Léopold propose, en 1717 la création d'un évêché à Saint-Dié, car bien qu'appartenant au duché de Lorraine, Saint-Dié ne dépendait d'aucun des Trois-évêchés. Malgré l'appui du Vatican, le Régent de France, bien que beau-frère du Duc, s'opposa fermement à la création d'un évêché Lorrain (1721). La première messe y fut célébrée le .

Avec la mort de Stanislas et la réunion définitive de la Lorraine à la France, plus aucune barrière politique n'empêchait - enfin - la création d'un évêché à Nancy. Le très grand diocèse de Toul fut démembré pour former les trois diocèses de Toul (à l'aire géographique fortement réduite), de Nancy et de Saint-Dié, tous suffragants de l'archevêché de Trèves. Le nouveau diocèse de Nancy prit comme cathédrale la primatiale de Lorraine à Nancy. L'évêque de Nancy cumule depuis le titre de primat de Lorraine.

Alors que Charles Martial Lavigerie, évêque de Nancy, venait d'être désigné archevêque d'Alger, la cathédrale reçut en outre, du pape Pie IX en 1867, comme privilège les « indulgences des Stations qui se gagnent dans les diverses basiliques de Rome »[3], ce que rappelle une grande plaque de marbre à l'entrée de l'édifice.

Architecture modifier

Les plans ont été conçus en 1700 par l'architecte Giovan Betto qui s'inspira de l'église Sant'Andrea della Valle de Rome. Le plan fut modifié par Jules Hardouin-Mansart et la cathédrale terminée à l'économie par Germain Boffrand.

Le plan intérieur est en forme de croix latine. Dans sa largeur, il comprend une nef, deux collatéraux et deux bas-côtés comprenant chacun 3 chapelles. La nef est composée d'une demi-travée où se trouve l'orgue, de deux travées complètes, d'un transept surmonté en son centre d'une coupole, d'une quatrième travée qui va de la coupole aux sacristies et d'une abside semi-circulaire qui atteint les murs extérieurs des sacristies (avec saillie sur rue).

 
La nef en direction du chœur.

La nef mesure 60 mètres de longueur pour un peu moins de 14 mètres de large. L'ensemble de la cathédrale est d'ordre corinthien. Dans la nef, des anges sculptés présentent des attributs symboliques de la Vierge Marie. Le maître-autel de marbre polychrome est de 1763. Il est entouré de stalles dessinées par Boffrand, dont la principale porte le chiffre du primat Charles de Lorraine.

L'édifice est typiquement classique et d'une assez grande sobriété : le décor sculpté se limite aux colonnes. En revanche, à la croisée du transept, une coupole est décorée d’une fresque dédiée à la « gloire céleste » exécutée par un artiste nancéien, Claude Jacquart, entre 1723 et 1727. Deux des chapelles latérales sont ornées de grilles de Jean Lamour réalisées entre 1751 et 1755 peu de temps avant qu'il ne forge celles de la place Stanislas toute proche, les autres chapelles sont fermées par des grilles réalisées par son élève François Jeanmaire en 1759.

La façade présente un équilibre classique avec au sommet du corps central, un frontispice (le projet initial prévoyait d’élever un dôme ce qui explique un écartement plus important que la normale entre les deux tours). Les deux corps latéraux sont coiffés de deux tours de base carrée, surmontées de pavillons octogonaux et recouverts de dômes et lanternons que Victor Hugo baptisa les « poivrières Pompadour »[4].

Il faut noter la présence d'un Christ en croix de bois peint attribué autrefois à Ligier Richier ; ainsi que le trésor qui comporte de nombreux objets liturgiques du Xe siècle qui ont appartenu à saint Gauzelin, évêque de Toul.

Une plaque apposée sur la façade de la cathédrale rappelle le souvenir d'Eugène Tisserant (1884-1972), cardinal, doyen du Sacré-Collège, membre de l'Académie Française, natif de Nancy.

Tableaux modifier

Parmi les œuvres de Claude Charles actuellement classées monument historique au titre d'objets[5] quatre d'entre elles se trouvent dans la cathédrale :

Chapelle saint Joseph, une toile attribuée à Claude Deruet : La Crucifixion [1].

Chapelle du Sacré-Cœur, Un Sacré-Cœur peint par Jean Girardet.

Chapelle à droite de l'abside, Une Assomption de Jean Girardet.

Chapelle à gauche de l'abside, Une apothéose de saint Sigisbert de Lejeune, 1776.

Culte de Saint-Sigisbert modifier

Si la cathédrale est consacrée à Notre-Dame de l'Annonciation, un culte particulier est rendu à saint Sigisbert, roi d'Austrasie, dont les reliques, qui étaient conservées à la cathédrale dans la niche du chœur et étaient restées intactes depuis mille ans, furent profanées à la Révolution et remplacées, sous l'Empire, par une statue de la Vierge à l'Enfant de 1669 due à César Bagard. Une statue du saint roi orne la façade, une chapelle latérale lui est dédiée, et les deux tableaux du chœur dépeignent l'une son couronnement, l'autre le souverain servant les pauvres. La chapelle absidiale de gauche est ornée d'un autre tableau de saint Sigisbert représentant son apothéose.

Quelques reliques, notamment une côte, ont échappé à la destruction lors de la Révolution. Un nouveau reliquaire en bois doré et couronné, pour rappeler la dignité royale de saint Sigisbert, reçut ces dernières. Il est actuellement exposé dans une des chapelles latérales de la cathédrale.

Ordinations épiscopales modifier

Depuis le concordat de 1801, eurent lieu à la cathédrale de Nancy les ordinations épiscopales suivantes :

Le grand orgue modifier

Construit par Nicolas Dupont entre 1756 et 1763, le grand orgue a été agrandi par Jean-François Vautrin (1814), reconstruit par Aristide Cavaillé-Coll (1861) puis transformé par la manufacture Hærpfer-Erman en 1965.

Il a fait l'objet d'importants travaux d'entretien en 2012, réalisés par Laurent Plet et Bertrand Cattiaux. De 2021 à 2024, l'orgue fait l'objet d'une grande restauration, afin de lui restituer son état historique lors de sa restauration par Cavaillé-Coll et en y intégrant des améliorations techniques qui favorisent une nouvelle esthétique sonore : toute la partie instrumentale – soit 4 200 tuyaux – sont démontés, transportés, rénovés et rassembles. Les buffets sont quant à eux nettoyés et traités[6].
Les organistes titulaires sont Johann Vexo (depuis 2009) et Guillaume Beaudoin (depuis 2014).

Galerie modifier

Notes et références modifier

  1. « La cathédrale Notre-Dame-de-l'Annonciation de Nancy », sur www.petitfute.com (consulté le )
  2. Notice no PA00106102, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. La Semaine Religieuse du 3 mars 1867, p. 3.
  4. Victor Hugo, Le Rhin, lettre 29e
  5. Œuvres de Claude Charles sur le site Palissy.
  6. La Rédaction, « Nancy - Le magnifique orgue de la cathédrale en restauration », sur Profession Spectacle,
  7. Avers de la croix de chapitre des chanoines de Nancy, en vermeil et émail, 61 × 73 mm de diamètre, fabrication de l'orfèvre Daubrée à Nancy, France, 2e moitié du XIXe siècle. Étienne Martin, Les croix de chapitre à Nancy et à Toul, évolution du costume canonial nancéien, Paris, Histoire et curiosités - éditions phaléristiques, 2010, 128 p.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • Dom Augustin Calmet, « Saint-Nicolas-de-Port. Plan, élévation », dans Histoire ecclésiastique et civile de Lorraine, qui comprend ce qui s'est passé de plus mémorable dans l' archevêché de Trèves, et dans les évêchés de Metz, Toul et Verdun, depuis l'entrée de Jules César dans les Gaules jusqu'à la mort de Charles V, duc de Lorraine, arrivée en 1690, chez Jean-Baptiste Cusson, Nancy, tome 3, 1728, planches X et XI (lire en ligne)
  • Abbé Pierre-Étienne Guillaume, Histoire du diocèse de Toul et de celui de Nancy depuis l'établissement du christianisme chez les Leuci jusqu'à nos jours, Thomas et Pierron, Nancy, 1867, tome 5, p. 1-17 (lire en ligne)
  • Edgard Auguin, Monographie de la cathédrale de Nancy, depuis sa fondation jusqu'à l'époque actuelle, Berger-Levrault et Cie libraires éditeurs, Nancy, 1882 (lire en ligne)
  • Pierre Simonin, « La cathédrale de Nancy. Jules Hardouin-Mansart et la genèse d'une grande église classique », dans Le Pays lorrain, 51e année, 1970, p. 107-138 (lire en ligne)
  • Marianne Barrucand, « Le trésor de saint Gauzelin à la cathédrale de Nancy », dans Le Pays lorrain, 63e année, 1982, p. 89-106 (lire en ligne)

Articles connexes modifier

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Liens externes modifier

Johann Vexo au grand orgue de la cathédrale de Nancy :