Camille redouble

film français de Noémie Lvovsky sorti en 2012
Camille redouble

Réalisation Noémie Lvovsky
Scénario Noémie Lvovsky
Florence Seyvos
Pierre-Olivier Mattei
Maud Ameline
Musique Gaëtan Roussel
Joseph Dahan
Acteurs principaux
Sociétés de production F comme Film
Ciné@
France 2 Cinéma
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Comédie dramatique
Fantastique
Durée 115 minutes
Sortie 2012

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Camille redouble est un film français réalisé par Noémie Lvovsky sorti en 2012. Il a été sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs lors du Festival de Cannes 2012.

Synopsis modifier

2008. Camille (Noémie Lvovski), 40 ans, actrice réduite à des rôles insignifiants dans des films gore, alcoolique depuis la mort de sa mère, perd son compagnon, Eric (Samir Guesmi) qui, lassé d'elle, a rencontré une fille beaucoup plus jeune avec laquelle il veut se mettre en ménage. Comme il a impérativement besoin de sa part de leurs biens, il met leur appartement en vente et la met, elle, en demeure de s'en aller. Ce qui fait qu'elle perd aussi leur logis commun. Grand moment de solitude, avec son chat. Elle pense à ses parents, dont il ne lui reste même pas l'enregistrement des voix, en particulier celle de sa mère. Leur fille, Mathilde (Esther Garrel) délicieuse, la console un peu, mais suit son propre chemin et refuse d'accompagner Camille au réveillon du Nouvel An organisée par l'amie de jeunesse, Josepha.

Alors qu'elle s'y rend dans la nuit enneigée, elle passe devant une boutique d'horloger encore illuminée. L'inspiration la pousse à y entrer et à demander si sa montre, souvenir de ses parents, peut être réparée. Le maître des lieux, vieil original (Jean-Pierre Léaud), lui rend la montre en état de marche. Elle lui demande aussi de couper la bague symbole de son union avec Eric, qu'elle ne parvient pas à enlever. Il le fait.

Chez Josepha (Judith Chemla), se reconstitue avec effusion le quatuor d'amies lycéennes de jadis : Camille, Josepha, Louise (Julia Faure) et Alice (India Hair). Elle apprend que Louise est devenue totalement aveugle.

Camille danse et s'alcoolise, jette par la fenêtre la bague d'éric qu'elle veut oublier définitivement, et tente de s'amuser jusqu'au moment où elle s’effondre, évanouie, au moment où retentit le premier coup de minuit.

Lorsqu'elle se réveille de son coma éthylique, à l'hôpital, elle découvre avec un désarroi émerveillé qu'elle est revenue à l'âge de 16 ans. Mais au lieu de la petite personne délurée et inconsciente qu'elle était alors, c'est la Camille de 40 ans armée de tous les souvenirs de sa vie de femme qui habite ce corps d'adolescente. Cocasserie des tenues d'adolescente qu'elle affectionnait à l'époque. Elle retrouve donc ses parents bien-aimés (Yolande Moreau et Michel Vuillermoz), la voix de sa mère, ses amies, son lycée, et le théâtre où elle a fait ses débuts. La date est cruciale : c'est la semaine, où elle a rencontré Éric, où leur liaison a commencé et où elle est tombée enceinte de sa fille, celle où sa mère est morte subitement d'une rupture d'anévrisme avant d'apprendre que Camille attendait un enfant.

Elle entreprend de manifester son amour à ses parents, d'engranger, magnétophone en main, des souvenirs d'eux, les enregistrant à tout propos, non sans susciter leur inquiétude. Elle s'efforce de tuer dans l'oeuf sa liaison sans issue avec Eric pour éviter de tomber dans le piège d'une liaison passionnelle condamnée d'avance, mais se rendant compte qu'elle risque, à ce jeu-là, d'effacer l'existence de sa fille, Mathilde, elle lui consent une première nuit d'amour. Ils se sont déclaré leur passion par pièce de théâtre interposée[1] sous la direction d'un bouillant metteur en scène (Micha Lescot) en train de monter Carlo Goldoni et qui trouve en eux le couple de jeunes premiers idéal.

Camille revit le jour où Louise apprend à ses amies qu'on lui a diagnostiqué une maladie incurable qui rend aveugle. Gravité de Camille qui sait que ce pronostic va se vérifier. Elle tente malgré tout de prévenir la mort prématurée de sa mère et d'obtenir un scanner dont elle espère qu'il permettra de la soigner à temps. Elle revit avec émotion ce seizième anniversaire où ils lui ont offert la fameuse montre et leur fait chanter devant son micro la Petite Cantate de Barbara.

La seule personne qui peut l'aider dans cette situation insolite lui semble être son professeur de physique, homme encore relativement jeune quoique désespérément isolé et vieux garçon, Alphonse Da Costa (Denis Podalydès). Celui-ci lui explique que le temps ne s'inverse pas et que le passé est irrévocablement passé. Elle lui raconte son aventure. Pris entre son éthique de prof et le charme de cette adolescente extraordinaire qui lui demande de l'aider à sauver la vie de sa mère… Alphonse se laisse séduire par elle, car Camille a décidé de connaître d'autres garçons qu'Éric. Hilarant échec de première fois avec un timide lycéen affreusement désorienté (Anthony Sonigo) ce qui ne trouble pas la maturité de Camille qui se trouve en fait plus à l'aise avec le délicat quadragénaire dont elle tombe bientôt amoureuse.

Celui-ci lui a obtenu le rendez-vous de scanner qu'elle souhaitait pour sa mère, mais l'examen ne révèle rien. La première nuit avec Éric a porté son fruit et le test de grossesse est positif. Camille l'apprend immédiatement à sa mère dont la réaction est évidemment celle d'une femme angoissée qui s'accuse de la grossesse intempestive de son enfant, craint pour son avenir et la désapprouve au point la repousser… La mort la saisit immédiatement après. Du moins aura-t-elle su qu'elle était grand-mère. Camille soutient son père dans son deuil.

Camille rompt avec Éric. Très épris, le malheureux lui offre la bague de leur alliance, avant de se résoudre à leur séparation.

Partageant son chagrin avec Alphonse, dans un café, elle lui confie un bien précieux entre tous : une enveloppe contenant les enregistrements qu'elle a réalisé de ses parents. Elle lui enjoint de l'attendre jusqu'en 2008 où elle le retrouvera et ils s'embrassent, sur un air de jukebox qu'elle choisit comme leur chanson souvenir : Dis, quand reviendras-tu ? par Barbara. Éric, qui les aperçoit à travers la vitrine du bar, entre, traite Camille de putain et boxe Alphonse qu'il traite de « vieux dégoûtant » avant de s'en aller « pour toujours », promet-il.

Camille, prise d'une vague nostalgie enfile la bague d'Éric… qu'elle ne peut plus retirer ensuite. La voici contrainte de porter les gants de sa mère pour dissimuler ce compromettant témoignage d'amour. Elle se rend chez l'horloger-joaillier, de vingt-cinq ans plus jeune pour qu'il coupe l'anneau. Or il se trouve que c'est lui qui a vendu la bague à Éric et il témoigne de sa sincérité. Il explique à Camille qu'il ne faut pas couper la bague mais attendre patiemment qu'elle glisse le long du doigt. Il lui explique surtout que l'on doit accepter de ne pouvoir influer que sur certains aspects de son destin, que l'on doit accepter de subir les autres aspects avec sérénité.

Colère du metteur en scène du théâtre qui ne tolère pas la démission de son couple de jeune premier à quinze jours de la première. Il les enferme dans une loge pour les obliger à se parler et à se réconcilier suffisamment pour jouer ensemble et assumer leur responsabilité. Eric constate alors que Camille porte sa bague, elle admet qu'elle l'aime. Ils rejouent la scène principale, mais dans une tonalité radicalement différente quoique tout aussi touchante. Leur liaison suivra donc son cours.

Camille s'évanouit et se réveille chez Josepha, qui lui souhaite une bonne année 2009[2].

Elle se rend à l'adresse d'Alphonse : il est resté seul et l'a attendue depuis 1985 sans beaucoup y croire. Il est émerveillé et lui remet son précieux dépôt. Il a vieilli, mais elle s'en moque, c'est désormais lui qu'elle aime (elle vient du reste de le rencontrer, de son point de vue à elle).

Un peu plus tard Camille retrouve Éric à la terrasse d'une guinguette qui leur avait plu au temps de leur passion. Elle a vaincu ses démons et leur relation est désormais apaisée et amicale.

Fiche technique modifier

Distribution modifier

Production modifier

Camille redouble reprend le point de départ de Peggy Sue s'est mariée de Francis Ford Coppola, qui avait beaucoup marqué Noémie Lvovsky au moment de sa sortie en 1985[Note 1],[4],[5].

Tournage modifier

Le film a été en partie réalisé en octobre et , principalement au lycée Alfred-Kastler de Cergy-Pontoise et dans le département du Val-d'Oise[Note 2].

La scène du restaurant se déroule dans un authentique chalet suisse, ancien pavillon de la Suisse issu de l'exposition universelle de 1867, devenu ensuite le restaurant Le Chalet des Îles[6],[7].

Bande originale modifier

Accueil modifier

Accueil critique modifier

Sur l'agrégateur américain Rotten Tomatoes, le film récolte 67 % d'opinions favorables pour 6 critiques[8].

En France, le site Allociné propose une note moyenne de 4,15 à partir de l'interprétation de critiques provenant de 27 titres de presse[9].

Après la projection à la Quinzaine des réalisateurs le , Isabelle Regnier, critique au journal Le Monde, juge qu'il s'agit d'un très beau film, drôle et émouvant[10]. Pour Jean-Baptiste Morain, critique aux Inrockuptibles, c'est l'un des plus beaux films du festival[11].

Distinctions modifier

Prix modifier

Nominations modifier

Avec treize nominations aux César du cinéma, mais aucune récompense lors de la cérémonie, Camille redouble bat le record du plus grand nombre de nominations aux César pour un film n'en ayant remporté aucune à l'arrivée. Le record était alors détenu par le film Huit Femmes, qui concourut sans résultat dans douze catégories.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Noémie Lvovsky donne la date de 1985 dans l'interview, mais le film est en fait sorti en 1986 aux États-Unis et 1987 en France.
  2. Générique du film.

Références modifier

  1. « Goldoni chez Rivette et Lvovsky », sur Voyages autour de mon cerveau (ISSN 2729-3092, DOI 10.58079/v5m7, consulté le ).
  2. jaquette, sur le site http://static.wixstatic.com.
  3. a et b Les 10 films les plus rentables du cinéma français en 2012 sur AlloCiné, publié le , Laëtitia Forhan avec BFM Business et CBO Box-office.
  4. Sophia Collet, « Camille redouble : Teen spirit en mode repeat », Critikat,‎ (lire en ligne).
  5. Emmanuel Cirodde, « Noémie Lvovsky : « Je me sens très proche des adolescents » », L'Express,‎ (lire en ligne).
  6. Site abc salles, article "Le Chalet des Iles Daumesnil".
  7. « Le Chalet des Îles. Camille redouble », sur www.parisfaitsoncinema.com (consulté le ).
  8. (en) « Camille redouble (2012) », sur Rotten Tomatoes, Fandango Media (consulté le ).
  9. « Camille redouble - critiques presse », sur Allociné (consulté le ).
  10. Isabelle Regnier, « Camille redouble : Noémie Lvovsky, retour à la classe départ », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  11. Jean-Baptiste Morain, « Camille redouble de Noémie Lvovsky, un des plus beaux films du festival », Les Inrockuptibles,‎ (lire en ligne).

Voir aussi modifier

Article connexe modifier

Liens externes modifier