Bund Deutscher Frauenvereine

Bund Deutscher Frauenvereine
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Cadre
Fondation
Fondation 1894
Identité
Siège Berlin
Dissolution
Dissolution 1933

L'Union des organisations féministes allemandes (Bund Deutscher Frauenvereine, BDF), est un rassemblement des organisations féministes bourgeoises de l'Empire allemand fondée en 1894. Elle se développe sous la République de Weimar et disparaît sous le Troisième Reich, en 1933.

Histoire modifier

En 1897, le BDF rejoint le Conseil international des femmes, qui fédère des organisations féministes de nombreux pays.

La première grande réunion du BDF a lieu en 1907 et réunit les féministes suivantes : Auguste Schmidt, Anna Schepeler-Lette (de), Anna Simson, Hanna Bieber-Böhm, Auguste Förster, Ottilie Hoffmann (de), Helene von Forster (de), Helene Lange, Betty Naue, Jeanette Schwerin (de) et Marie Stritt.

Par opposition aux partis socialistes qui avaient intégré depuis les années 1890 l’égalité dans leurs revendications politiques (les femmes socialistes peuvent donc théoriquement débattre sur un pied d'égalité avec leurs collègues masculins, cf. Internationale socialiste des femmes)[1], les femmes de la bourgeoisie se rassemblent entre elles dans des associations, dont la BDF est la plus importante et la plus influente en Allemagne. Jusqu’en 1914, on compte un courant radical au sein du mouvement, représenté notamment par Lida Gustava Heymann et Anita Augspurg, et qui soutient le pacifisme et « l’entière égalité des femmes ». La BDF soutient la patrie en danger durant la Grande guerre, certaines de ses membres intègrent le service national féminin (le Nationaler Frauendienst (de)) et les dissidentes sont désavouées par la BDF[2]. Celles-ci participent au congrès féministe et pacifiste de La Haye de 1915, qui donnera naissance à la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté[3].

Dès 1919, à la suite de l'obtention du droit de vote et d'éligibilité, des femmes de la bourgeoisie sont élues députées au Reichstag. Comme beaucoup d’autres associations, la BDF pâtit de son conservatisme grandissant[4] et de la sur-représentation de féministes âgées : les plus jeunes regardaient d’un mauvais œil ces organisations bourgeoises et trop conservatrices, dans un contexte où les droits politiques accordés aux femmes contentaient aisément la majorité de la population féminine en Allemagne, qui ne demandait pas spécialement plus de choses[5].

En 1921, le journal Die Frau créé en 1893 par Helene Lange, devint l'organe officiel du Bund Deutscher Frauenvereine[6].

En 1933, la prise de pouvoir par le parti nazi se conjugue avec la mise au pas des associations de femmes. Celles regroupant des communistes ou des socialistes sont interdites, leurs membres sont arrêtées voire assassinées[7]. Toute association est priée de renvoyer ses membres juives, ce qu'actent l'Union des femmes protestantes, l'Association des ménagères et des campagnardes, l'Union des femmes de la société coloniale allemande et l'Union de la Reine Louise[7]. Mais rapidement, la majorité des associations sont interdites ou choisissent elles-mêmes de disparaître, comme la BDF qui se dissout en 1933 pour éviter sa mise au pas[8]. Certaines de ses associations affiliées rejoignent la Deutsches Frauenwerk, une organisation féminine nazie.

Personnalités liées modifier

 
Bureau exécutif du congrès de 1912 à Berlin. Debout, depuis la gauche : Elisabeth Altmann-Gottheiner, Martha Voss-Zietz, Alice Bensheimer et Anna Pappritz. Assises, depuis la gauche : Helene von Forster (en), Gertrud Bäumer et Alice Salomon.
Présidentes Années
Auguste Schmidt 1894-1899
Marie Stritt 1899-1910
Gertrud Bäumer 1910-1919
Marianne Weber[9] 1919-1924
Emma Ender 1924-1931
Agnes von Zahn-Harnack 1931-1933
Vice-présidentes Années
Anna Schepeler-Lette 1894-?
Anna Simson ?-?
Gertrud Bäumer 1919-1933

Statistiques modifier

 
Timbre de 1994 commémorant le centenaire de la fondation de l'Union.
  • 1895 : 65 clubs
  • 1901 : 137 clubs et 70 000 membres
  • 1913 : 2200 clubs et 500 000 membres

Bibliographie modifier

  • Claudia Koonz (trad. Marie-Laure Colson), Les Mères-patrie du iiième Reich : les femmes et le nazisme ; traduit de l'américain par Marie-Laure Colson et Lorraine Gentil [« Mothers in the Fatherland : Women, the Family, and Nazi Politics »], Paris, Lieu Commun, , 553 p. (ISBN 978-2-86705-124-1, OCLC 742567613), p. 149
    Renée Chartier[10], du département historique de l’université Laval, Québec, évoque l’ouvrage en ces termes : « Enquête historique répartie sur trois années et parsemée d’obstacles d’ordre méthodologique. Fruit d’une analyse approfondie d’archives, principalement épistolaires, encore vierges du regard des historiens et historiennes, synthèse de la participation des Allemandes au processus de « restructuration » nazie de la société sur des réalités ignorées ou occultées[10]. »

Notes et références modifier

  1. Claudia Kooz : Les mères-patrie du IIIe Reich, p. 62
  2. Claudia Kooz : Les mères-patrie du IIIe Reich, p. 66
  3. Marianne Walle, « Allemagne, 1915. Le féminisme à l'épreuve de la guerre », Guerres mondiales et conflits contemporains, 2005/3 (n° 219), p. 63-69.
  4. Claudia Kooz : Les mères-patrie du IIIe Reich, p. 149
  5. Claudia Kooz : Les mères-patrie du IIIe Reich, p. 67
  6. (de) « 01.10.0 "Die Frau" erscheint », sur wissenschaft.de, (consulté le )
  7. a et b Monique Moser-Verrey, « Les femmes du troisième Reich » [PDF], Recherches féministes, vol. 4, n° 2, 1991, p. 25-44,, sur erudit.org
    L’Allemagne des années trente constitue un chapitre particulièrement sombre de l'histoire des femmes. Dans sa vaste étude sur « La fascination du pouvoir », Marilyn French montre clairement jusqu’à quel point « la révolution nazie fut un désastre pour les femmes qui la soutinrent, comme pour ses opposantes ou ses victimes » (1986 : 244).
  8. Marie-Bénédicte Vincent-Daviet, Histoire de la société allemande au XXe siècle, t. 1 : Le premier XXe siècle, 1900-1949, Paris, La Découverte, coll. « Repères (Maspero) » (no 579), , 127 p. (ISBN 978-2-7071-6911-2 et 978-2-707-15680-8, OCLC 758849390), p. 42
  9. Edward Ross Dickinson, « Dominion of the Spirit over the Flesh: Religion, Gender and Sexual Morality in the German Women's Movement before World War I », Gender & History, vol. 17, no 2,‎ , p. 378 (DOI 10.1111/j.0953-5233.2006.00386.x) p. 382.
  10. a et b Renée Chartier, « Claudia Koonz, Les Mères-Patrie du IIIe Reich, les femmes et le nazisme » [PDF], Recherches féministes, vol. 3, n° 1, 1990, p. 140-142., sur erudit.org, Département d’histoire de l’université Laval (consulté le )

Articles connexes modifier