Brigade antiterrorisme (Tunisie)

unité d'élite de la police nationale tunisienne

Brigade antiterrorisme
Image illustrative de l’article Brigade antiterrorisme (Tunisie)
Emblème de la BAT.

Création 1977
Pays Drapeau de la Tunisie Tunisie
Allégeance Police nationale tunisienne
Type Force spéciale
Rôle Lutte antiterrorisme
Effectif 100-150[1]
Fait partie de Direction générale des unités d'intervention (direction antiterrorisme)
Garnison Bouchoucha (Tunis)
Surnom Tigres noirs
Couleurs Noir
Devise « Rapidité, force, efficacité »
Mascotte Tigre noir[1]

La Brigade antiterrorisme (arabe : فرقة مجابهة الارهاب) ou BAT, dont les membres sont également surnommés « Tigres noirs », est l'unité d'élite de la police nationale tunisienne spécialisée dans les opérations paramilitaires lors d'évènements particulièrement graves.

Selon la définition de l'OTAN, la BAT est une force spéciale. Son rôle est notamment d'agir dans les situations de crise, telles les prises d'otage sur différentes plateformes (bateaux, avions, zones urbaines, etc.), le retranchement de forcenés ou l'arrestation de malfaiteurs à haut risque. Elle contribue également à la lutte antiterroriste.

La BAT basée à Tunis, dans l'enceinte de la direction générale des unités d'intervention à la caserne de Bouchoucha, son centre de formation et d'instruction se situant à Béja[1]. L'accès à l'unité impose des règles très strictes, notamment en ce qui concerne les tests d'aptitude physique, médicaux, psychologiques et psychotechniques ; elle recrute à partir des meilleurs éléments de la police nationale. Sa devise est : « Rapidité, force, efficacité »[1].

Historique modifier

La décision de créer cette unité d'élite est prise en 1977[1], à la suite de deux événements où le manque de maitrise de la police tunisienne est mis en cause. En 1974, un avion britannique reliant Dubaï à Londres est détourné et forcé à atterrir à l'aéroport de Tunis-Carthage ; un passager allemand est tué à la suite de l'intervention de la police[2]. Deux ans plus tard, un Tunisien prend des otages à l'ambassade de Belgique et menace de se donner la mort.

Les meilleurs éléments de la police de l'époque sont recrutés et suivent des formations en matière de négociation et de techniques d'intervention de pointe avec l'aide de Georges Nguyen Van Loc et du Groupe d'intervention de la Police nationale française.

À partir de 1991, la BAT subit une métamorphose majeure et se modernise à l'aide du RAID français, au point de devenir similaire. Depuis, la mascotte de la brigade adopte celle du RAID et son nouvel écusson représente un tigre noir, d'où le surnom donné à ces agents : les « Tigres noirs ».

En 34 ans d'existence, la BAT n'est entrée en action que six fois jusqu'à la révolution de 2011.

Recrutement et formation modifier

Selon les besoins et l'évolution des types de risques et de menaces auxquelles la Brigade antiterrorisme doit faire face, le recrutement se fait à partir des agents de la police nationale selon des critères très sélectifs. Les formations sont classées selon trois degrés de brevets de spécialité (BS)[1], les examens étant programmés selon les besoins. Bien que rare, lorsqu'une session de recrutement est organisée, en moyenne cent agents admissibles sont sélectionnés par un comité de sages, des officiers gradés.

  • BS1 : Il dure entre deux et trois mois, précédés généralement d'un pré-stage de deux à trois semaines avec des exercices extrêmement pénibles de résistance physique et mentale. Le taux de réussite est de 10 à 15 %. Lorsque le nombre de BS1 le permet, le second examen est programmé, l'attente pouvant durer plusieurs années[3].
  • BS2 : Il dure entre trois et quatre mois, précédés d'un pré-stage d'exercices physiques et techniques qui peut durer un mois. Le taux de réussite est d'environ 70 %. Les 30 % restants sont généralement éliminés pour cause de blessures physiques ou psychologiques ou à la suite d'un abandon volontaire. Lorsque le nombre de BS2 le permet, le troisième examen est programmé, l'attente pouvant aussi durer plusieurs années[3].
  • BS3 : Il dure quatre à six mois, précédés d'un-pré stage d'exercices techniques, de simulations et de parachutisme qui peut durer un mois. Le taux de réussite est d'environ 70 %. Les 30 % restants sont généralement éliminés pour cause de blessures et d'abandon[3].

Jusqu'à l'obtention du BS3, un agent est considéré comme non-opérationnel. Chaque élément opérationnel suit tout au long de son service des entraînements intensifs et quotidiens et se soumet à un test psychologique et médical tous les six mois ; en cas d'incapacité, l'agent est automatiquement muté vers une autre unité de la police et doit quitter la BAT[3].

Organisation modifier

La Brigade antiterrorisme est placée sous l'autorité de la direction antiterrorisme de la direction générale des unités d'intervention (police). La BAT est appelée à intervenir par la négociation ou l'intervention à l'occasion d’événements particulièrement extrêmes, nécessitant l'utilisation de techniques et de moyens spécifiques pour neutraliser des individus dangereux, et lorsque les commandos régionaux de la Brigade nationale d'intervention rapide de la même direction antiterrorisme, n'est plus apte à garantir la réussite d'une opération spéciale. Elle est également appelée à être présente lors d’événements importants ou comme escorte de haute personnalité en tant que force de dissuasion. Lors d'une opération spéciale, il leur arrive d'avoir recours à l'assistance des artificiers de la Brigade nationale de détection et de neutralisation d'explosifs qui dépendent également de la direction antiterrorisme.

La BAT ne peut être déplacée ou employée que sur ordre du directeur général de la police nationale qui n'intervient que sous le commandement de sa hiérarchie. Elle n'a pas compétence sur la suite judiciaire des faits sur lesquels elle est intervenue.

Opérations modifier

  • Opération Hamza Abou Zeïd () : Elle consiste en la capture d'un élément palestinien de la garde rapprochée des personnalités de l'OLP en Tunisie. Le président Zine el-Abidine Ben Ali aurait ordonné la liquidation de l'individu qui agissait à la solde du Mossad après que les autorités tunisiennes se seraient aperçu que celui-ci avait abattu Salah Khalaf (alias Abou Iyad), Abou al-Hol (Hayel Abdul Hamid, chef de la sécurité de l'OLP) et Abou Mohammed (Faqri Al-Oumari, chef de la sécurité d'Abou Iyad) à Sidi Bou Saïd. Hamza Abou Zeïd se retranche dans la maison d'Abou al-Hol à La Marsa, ayant pris en otage l'épouse du chef de la sécurité assassiné et l'une de ses filles. Après des échanges de tirs, les deux otages sont libérées et les éléments de la BAT capturent l'agent du Mossad vivant puis le remettent aux autorités palestiniennes[4].
  • Prise d'otage de la famille Trabelsi (2011) : Le , la BAT arrête la famille Trabelsi qui s'apprête à fuir de Tunisie lors de la révolution[5],[1]
  • Attaque de l'ambassade américaine (2012) : Le , la BAT permet le sauvetage de l'ambassadeur Jacob Walles et des diplomates américains assiégés dans leur ambassade à Tunis[1].
  • Capture d'éléments terroristes (2013) : Le , une descente effectuée dans une maison du quartier d'El Ouardia aboutit à la mort d'un élément armé et à l'arrestation de six autres[6].
  • Neutralisation d'un terroriste (2013) : Dans la nuit du , la BAT prend d'assaut une maison à Raoued censée abriter des armes. Un individu est abattu alors qu'il tente de jeter une grenade sur les forces de l'ordre[7].
  • Opération Raoued (3-) : Sept terroristes sont tués par la BAT et l'unité spéciale de la garde nationale, dont Kamel Gadhgadhi soupçonné d'être le meurtrier de Chokri Belaïd[8],[1].
  • Opération Borj Louzir () : La BAT prend d'assaut une maison à Borj Louzir (Ariana) et arrête six terroristes dont Hamid Al Malki alias « Le Somalien »[9] impliqué dans la mort de Mohamed Brahmi[1].
  • Opération Sidi Bouzid () : La BAT neutralise le terroriste Hichem Mnifki après avoir reçu des renseignements précis[10],[1].
  • Opération Le Bardo () : Lors de l'attaque du musée du Bardo, la BAT prend d'assaut le musée après que des terroristes s'y soient retranchés, tuant les deux terroristes[1]. Un agent figure parmi les victimes[11].
  • Opération Ben Gardane (7-) : Cette ville proche de la frontière tuniso-libyenne est attaquée par des terroristes se réclamant de l'État islamique ; l'unité spéciale de la garde nationale et la BAT repoussent cet assaut et tuent une quarantaine d'assaillants[12].

Commandants modifier

  • Commissaire Béchir Bouassida : 1977-1978
  • Commissaire général Belgacem Santah : 1978-1987
  • Lieutenant-colonel Toumi Sghaier : 1987-1997
  • Lieutenant-colonel Imed Ghodhbani : 1997-2007
  • Lieutenant-colonel Samir Tarhouni : 2007-2011[13]
  • Lieutenant-colonel Mohamed Sebti Arfaoui : 2011-2016
  • Général Wajdi Wazaa : à partir de

Références modifier