Boubker el-Kadiri

homme politique marocain
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Abou Bakr El Kadiri, né en avril 1913 et mort le à Salé (Maroc), est un intellectuel, académicien, écrivain et homme politique marocain. Il est l'un des fondateurs du mouvement national marocain et l'un des signataires du plan de réformes marocaines de 1934 et du Manifeste de l'indépendance du . Il est également l’un des précurseurs de l’enseignement moderne au Maroc, ayant fondé plusieurs « écoles libres » dans les années trente et quarante, malgré l’opposition des autorités du Protectorat. Il a assuré cette mission éducative jusqu’au milieu des années soixante-dix du siècle dernier[1].

Abou Bakr El Kadiri
Au milieu : Mohamed Ghazi de gauche à droite : Abdelaziz Bendriss Amraoui, Boubker el-Kadiri et Hadj Ahmed Cherkaoui
Fonctions
Homme politique, intellectuel, académicien, écrivain
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 98 ans)
Salé (Maroc)
Nom dans la langue maternelle
أبو بكر القادري
Nom de naissance
Abou Bakr El Kadiri أبو بكر القادري
Nationalité
Activités
Famille
Père
Ahmed ben Cherif El Kadiri
Mère
Yamna Bent Ghali Lamrini
Enfant
Khalid El Kadiri
Autres informations
Religion
Parti politique

Parcours modifier

Il est le quatrième fils d’Ahmed ben Cherif El Kadiri (né vers 1857 et décédé le 11 novembre 1921) et de Yamna bent Ghali Lamrini. Son père était l’une des plus importantes autorités morales de la ville de Salé. Il intègre l'école coranique dès son plus jeune âge. Il a 16 ans à la signature de la pétition contre le dahir berbère, il intègre l'école française des fils de notables de Salé. C'est dans ce contexte particulier qu'il commencera à affûter ses armes.

Il se reconvertit à l'enseignement. Il fonde à l'âge de 20 ans l'école Annahda (la Renaissance), école libre indépendante du système éducatif colonial, dont l'enseignement de toutes les matières était en langue Arabe. Étant progressiste, l'école est dirigée d'une manière moderne et la mixité fait son apparition.

Il n'arrêtera pas de militer en faveur de l'indépendance du Maroc et connaîtra plusieurs séjours dans les prisons du Protectorat. Déjà fiché lors de son exclusion de l'école des notables par l'autorité française, il totalisera entre 1935 et 1955 cinq années d'emprisonnement politique. Il consolidera de grandes amitiés avec d'autres personnalités marocaines comme Abderrahim Bouabid, Mohamed Aissaoui Elmestassi, ou El Hachmi El Filali (tous signataires du manifeste de l'indépendance). En 1932, il fonde l'Association pour la préservation du Coran, qui constituera l'un des socles du mouvement national. En 1934, il participe à la création du Comité d'action nationale (Koutlate al-Aamal-al-Watani), puis l’Association du jeune musulman ainsi que la Koutla en 1936. Il sera également cofondateur du Parti national (Al-Hizb al-Watani) en 1937 et du Parti de l'Istiqlal en 1944.

Après l'indépendance du Maroc, il est désigné en 1956 membre du Conseil national consultatif. Deux ans après, il participe activement à l’organisation de la Conférence de Tanger qui réunit les trois partis indépendantistes maghrébins (Istiqlal, FLN et Néo-Doustour), afin de réaliser le rêve d’un Maghreb uni.

En 1960, il est nommé au Conseil constitutionnel. Le Roi Hassan II le nommera deux décennies plus tard membre du Conseil de régence du Royaume.

En 1963, il échoue aux portes du premier parlement au Maroc dans son fief de Salé face à Moulay Mehdi Alaoui du parti UNFP. Écœuré par cet échec (surtout par le comportement jugé inconvenant de ses adversaires, contraire à ses valeurs), il ne se représentera jamais plus aux élections.

En 1980, le roi Hassan II lui proposa le poste de ministre des Affaires islamiques, offre qu'il déclina.

Abou Bakr El Kadiri était membre des instances dirigeantes du Parti de l'Istiqlal dont il était Inspecteur Général pendant plus de deux décennies, puis membre du conseil de la présidence. Très attaché à la cause palestinienne, il a été pendant 25 ans secrétaire général de l'Association marocaine pour le soutien de la lutte du peuple palestinien.

Homme de lettres, membre de l'Académie du royaume du Maroc et de l'Union des écrivains du Maroc, Abou Bakr El Kadiri était également un écrivain prolifique, avec à son actif de nombreux ouvrages historiques, politiques, biographiques, autobiographiques et religieux.

Il a également contribué dans le domaine du journalisme à travers la rédaction de nombreux articles engagés et la création de la revue mensuelle Al Imane et du journal hebdomadaire Arrissala.

Il meurt le à Salé à l'âge de 98 ans et est inhumé à la Zaouia Kadiriya à Salé[2],[3],[4].

Bibliographie modifier

Écrivain prolifique avec plus d’une cinquantaine d’ouvrages à son actif, tous en langue arabe, Abou Bakr El Kadiri a avant tout voulu léguer des témoignages précis et étayés sur les événements historiques auxquels il a participé depuis le début des années 1930, notamment dans ses Mémoires dans le Mouvement National Marocain (6 tomes) et préserver de l’oubli le nom d’acteurs illustres de l’histoire contemporaine marocaine et arabe à travers la série de biographies et témoignages intitulée Des Hommes que j’ai connus. Abou Bakr El Kadiri a également laissé plusieurs essais sur l’Islam, a collaboré dès sa jeunesse dans les années 1930 à divers journaux, notamment Al Maghrib puis Al Alam, et a fondé et édité la revue mensuelle Al Imane (la Foi) et le journal bimensuel Arrisala (le Message).

Mémoires et témoignages :

  • Mes Mémoires dans le Mouvement national marocain (moudhakkirati fi al harakah al wataniyyah al maghribiyyah) (6 tomes) : Tome 1 : 1930-1940 (1992) ; Tome 2 : 1940-1945 (1997) ; tome 3, première partie : De la conférence de Tanger, avril 1958 (2000) ; Tome 3, deuxième partie : Du Parti de l’Istiqlal et du mouvement de scission (2003) ; Tome 4, première partie : Avec 3 souverains alaouites (2004) ; Tome 4, deuxième partie (2005) ; Tome 5 : Du complot des généraux Juin et Guillaume contre le trône marocain (2006) ; Tome 6 (2007)
  • L’Histoire d’Ennahda (qissat ennahda) (1984)
  • Récit d’une vie : entretiens avec un journaliste (2001)
  • Lettres d’un Père à ses enfants (rasa’il abawiyyah min walid ila awladih) (2004)

Biographies :

  • Mohammed Hassar (1971)
  • Saïd Hajji (tome 1 : 1979, tome 2 : 1982)
  • Des Hommes que j’ai connus (rijaloun âraftouhoum) : Tome 1 (1983) ; Tome 2 : Ahmed El Jariri (1985) ; Tome 3 : Haj Omar Abdeljalil (1988) ; Tome 4 : (1991) ; Tome 5 : Ahmed Balafrej (1996) ; Tome 6 (1996) ; Tome 7 : Mohammed V ; Correspondances avec des Hommes que j’ai connus (2003) ; Tome 10 : Mohammed Lyazidi (1999) ; Tome 11 (2000) ; Tome 12 : Les Signataires du Manifeste de l'indépendance (2001) ; Tome 13 : Abderrahmane El Kadiri (2001) ; Tome 14 : Kacem Zhiri (2005) ; Tome 15 (2006) ; Tome 16 : Mohammed El Fassi (2007) ; Tome 17 (2008)
  • Personnages illustres du Maroc moderne (aâlam al maghrib al hadith) : Tome 1 : le Caid Abdellah Bensaid (1995) ; Tome 2 : Haj Ali Zniber (2004)
  • Le théologien et apôtre musulman Bediuzzaman Saïd Nursi (2004)

Essais sur l’Islam :

  • Pour une renaissance islamique (fi sabil baâth islami) (1972)
  • Pour une conscience islamique (fi sabil waây islami) (1977)
  • Pour une société musulmane (fi sabil moujtamaâ islami) (1986)
  • Défense de la femme musulmane (difaân ân al mar’ah al muslimah) (1990)
  • Principes et fondements de la loi islamique (mabadi’ wa ousoul attachriâ al islami) (1991)
  • Propos islamiques à l’occasion du mois sacré (ahadith islamiyyah fi chahr al qura’an) (1993)
  • Pérégrinations en Terre Sainte avec les compagnons du Prophète (jawalat fi rihab annoubouah maâ sahabat rassoul Allah) (1994)
  • Aïcha, la sincère fille du Sincère et des hommes qui dirent vrai (''Aïcha assadiqah bint assidiq wa rijal sadaqou) (1998)
  • La Société musulmane face aux défis de la civilisation moderne (al moujtamaâ al islami fi mouwajahat attahadiyyat al hadariyyah al hadithah) (1998)
  • Les Inspirations de la Foi (min wahy al imane) (2002)
  • Le Cheikh Abd al Qadir al-Jilani (1999)
  • Apprenez votre religion (2005)

Sur la question palestinienne :

  • Le Maroc et la question Palestinienne (1989)
  • De la Palestine (falastiniyyat)

Récits de voyages :

  • Regards sur les États-Unis d’Amérique (1978)
  • 6 Jours au Japon (1982)
  • Mémoires africaines et asiatiques (1987)
  • Voyages au Hejaz (1995)

Principales dates modifier

Domaines de l'éducation et de la pensée

  • Fondateur en 1933 de l’école " Al Maktab Al Islami ", qui deviendra par la suite l’école " Ennahda " (la " Renaissance "), puis en 1946, de l'école" Lalla Aïcha " pour l’enseignement des filles.
  • Membre de l'Académie du royaume du Maroc.
  • Membre de l'Union des écrivains du Maroc.
  • Auteur de plus d’une cinquantaine d’ouvrages en langue arabe, parmi lesquels "Mes Mémoires dans le Mouvement national marocain" (moudhakkirati fil harakah al wataniyyah al maghribiyyah) (6 tomes) et l'ensemble "Des Hommes que j’ai connus" (rijaloun âraftouhoum) (16 tomes), portant notamment sur Sa Majesté le Roi Mohammed V, Ahmed Balafrej, Mohammed Lyazidi, Omar Abdeljalil, Kacem Zhiri, Saïd Hajji…
  • Fondateur de la revue mensuelle "Al Imane" (" la Foi ") et du journal hebdomadaire "Arrisala" (" le Message ")
  • Il a contribué dès sa jeunesse, dans les années 1930, à divers journaux, notamment " Al Maghrib " puis " Al Alam ".

Mouvement national

  • Parmi les 10 nationalistes ayant présenté à Sa Majesté le Roi Mohammed V le Plan de Réformes marocaines en 1934.
  • Un des fondateurs du Comité d’action marocaine (Kutlat al Âmal al Watani) (1934), du Parti National (1937) et du Parti de l’Istiqlal (" Indépendance ") (1944)
  • Il a participé à l’élaboration du Manifeste de l’Indépendance en 1944, dont il est l’un des signataires (11 janvier 1944).
  • Il a été emprisonné pour la première fois en 1936 après avoir fondé une école libre, puis emprisonné à nouveau au cours la même année pour avoir milité pour les libertés publiques.
  • Il a été emprisonné en 1937 après avoir prononcé un discours à la Grande Mosquée de Salé.
  • Il a été arrêté le 29 janvier 1944 puis emprisonné pendant deux années après la présentation du Manifeste de l’Indépendance.
  • Il a été exilé à Tafingoult, dans le sud du Maroc, à la suite des événements de décembre 1952. Il a été menacé de lourdes peines par le tribunal militaire avant d’être emprisonné pendant deux années.
  • Il totalisera entre 1936 et 1955 plus de cinq années de prison.

Après l'Indépendance

  • Un des principaux dirigeants du parti de l'Istiqlal, dont il fut dès l'origine membre du comité exécutif, inspecteur général pendant plus de 30 ans, puis membre du Conseil de la Présidence.
  • Membre de l'Assemblée Nationale Consultative en 1957.
  • Membre de la délégation marocaine à la Conférence de Tanger (avril 1958).
  • Membre du Conseil constitutionnel, chargé de préparer un projet de constitution, en 1961.
  • Membre du Conseil supérieur pour l’Education nationale.
  • Membre du Conseil du Plan.
  • Membre de la Commission royale pour la réforme de l’enseignement.
  • Parmi les fondateurs de la Koutla en 1970.
  • Membre de l’Académie du royaume du Maroc depuis 1981.
  • Membre du Conseil de régence depuis 1981.
  • Parmi les fondateurs de l'Association marocaine de soutien à la lutte palestinienne en 1968, qu'il a dirigée de 1972 à 1992.
  • Secrétaire général adjoint du Front arabe d'appui à la révolution palestinienne (Beyrouth, 1972).
  • S'est vu confier plusieurs missions de défense de la cause nationale et de la cause palestinienne à l'étranger.

Domaine de la pensée islamique

  • Un des fondateurs de l’Association de préservation du Saint Coran en 1932.
  • Président-fondateur de l’Association "La Jeunesse de la renaissance islamique" en 1962.
  • Membre de la Ligue des Oulémas du Maroc.
  • Membre du Comité exécutif du Congrès du monde musulman (Karachi), de la Ligue islamique mondiale (Jeddah) et du Congrès islamique africain (Dakar).
  • Membre du Congrès islamique afro-asiatique (Bandung), Indonésie.
  • Membre du Congrès islamique (Tokyo).
  • Membre du Congrès islamique (Sri Lanka).
  • Il a participé à de nombreuses conférences internationales au Maroc et à l’étranger.

Fondation modifier

La Fondation Aboubakr El Kadiri (FONDAB) a été créée en 2010 par des proches et amis de Abou Bakr El Kadiri.

Cette fondation est destinée à la promotion de la culture et des idées (notamment valeurs patriotiques et civiques), et se veut un espace de réflexion à la fois philosophique, sociologique, et politique. Des débats et conférences sont régulièrement organisés à Rabat et Salé avec des intervenants d'horizons divers[5].

Famille modifier

Notes et références modifier

  1. L'education, l'autre combat du mouvement national, Zamane, février 2018.
  2. L’ancien résistant Abou bakr Kadiri n’est plus.
  3. « lopinion.ma/def.asp?codelangue… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  4. « Le Matin - Obsèques à Salé de feu Abou Bakr Kadiri », sur Le Matin (consulté le ).
  5. « huffpostmaghreb.com/2015/03/10… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).

Liens externes modifier