Boris Taslitzky
Boris Taslitzky, né le à Paris et mort dans la même ville le , est un peintre français dont l'œuvre s'inscrit dans le courant du réalisme socialiste.
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Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 1141, 1, -)[1] |
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Biographie
modifierOrigines familiales
modifierBoris Taslitzky naît de parents juifs russes émigrés après l'échec de la révolution de 1905. Son père, ingénieur, meurt dans les tranchées durant la Première Guerre mondiale, comme engagé volontaire[2]. Le jeune Boris devient pupille de la Nation.
Études artistiques
modifierIl commence à peindre à l’âge de quinze ans et fréquente les académies de Montparnasse, visite le Louvre et copie les grands maîtres, notamment Rubens, Delacroix, Géricault ou Courbet [3], puis entre en 1928 à l'École des beaux-arts de Paris.
Engagement politique et culturel
modifierEn 1933, il adhère à l'AEAR, Association des écrivains et artistes révolutionnaires, dont il devient secrétaire général de la section des Peintres et Sculpteurs, et en 1935 au Parti communiste français[4].
En 1936, lors de la présentation de Quatorze Juillet, pièce de Romain Rolland, il participe à l'exposition qui réunit notamment Picasso, Léger, Matisse, Braque, Jean Lurçat, Laurens et Pignon dans le hall du théâtre de l'Alhambra. Il participe activement aux débats de la Maison de la Culture qui préfigurent la politique culturelle du Front populaire[5]. Il réalise en 1937 des dessins d'illustration pour le journal communiste Ce soir d'Aragon et Jean-Richard Bloch. Il est en 1938 secrétaire général des Peintres et Sculpteurs de la Maison de la Culture de Paris[6].
Engagement dans la Résistance et déportation
modifierMobilisé à Meaux, Boris Taslitzky est fait prisonnier en juin 1940, s'évade en août et s'engage dans la Résistance au sein du Front national de lutte pour la libération et l'indépendance de la France. Arrêté en novembre 1941, condamné à deux ans de prison pour des « dessins de propagande communiste »[2], il est transféré dans les prisons de Riom et de Mauzac, puis au centre de Saint-Sulpice-la-Pointe, et le déporté à Buchenwald où il parvient à faire quelque deux cents dessins qui témoignent de la vie des camps. « Si je vais en enfer, j’y ferai des croquis. D’ailleurs, j’ai l’expérience, j’y suis déjà allé et j’y ai dessiné !… », dira-t-il plus tard. Sa mère meurt à Auschwitz[7],[8],[9].
Défense du réalisme socialiste
modifierAprès-guerre, en 1946, Aragon fait éditer une centaine de ses dessins de Buchenwald[4]. Boris Taslitzky expose en 1946 ses œuvres inspirées par la Résistance et la déportation. Il reçoit la même année le Prix Blumenthal de la peinture et est secrétaire général de l'Union des arts plastiques, suite de l'AEAR. Il est alors, avec André Fougeron, Jean Vénitien et Jean Amblard, l'un des défenseurs du réalisme socialiste en France.
Dénonciation du colonialisme
modifierIl dénonce aussi par ses œuvres le colonialisme[2], notamment en 1952, quand le magazine Regards se fait connaitre par plusieurs grands reportages prémonitoires sur la sitution en Algérie, signés de Pierre Courtade, (“Que se passe-t-il en Afrique du Nord?”) et Madeleine Riffaud, (“Guidée par un aveugle”), qui a passé trois mois sur place[10], dans un numéro de juin 1952[11], après un périple semi-clandestin d’Alger à Oran, Beni- Saf, Ain-Témouchant, Sidi-bel-Abbès, Tlemcen, Constantine, Biskra et Djema Setif[12], des peintres Mireille Miailhe et Boris Taslitzky[13], en vue d’une exposition-reportage de 60 dessins et quelque 40 peintures, « Algérie 52 », à la Galerie André Weil, qui dépeint le petit peuple d’Algérie comme ce fut le cas l'année précédente pour le petit peuple des mines du Nord[14], qui fit scandale car dénonçant la misère et témoignant des tensions politiques et sociales, deux ans seulement avant l’insurrection algérienne[15]. La préfecture de police fit arracher toutes les affiches de l’exposition, qui fit ensuite le tour de l'Europe de l'Est.
Années 1980-1990
modifierDe 1971 à 1980, Boris Taslitzky enseigne le dessin à l'École nationale supérieure des arts décoratifs[2].
Décoré déjà de la croix de guerre 1939-1945 et de la médaille militaire, il reçoit en 1997 les insignes de chevalier de la Légion d'honneur au titre de la Résistance et de la déportation. Elle lui est remise par Jorge Semprún, déporté comme lui à Buchenwald.
Son parcours est marqué par les bouleversements de l’histoire du XXe siècle. À la fois témoin et acteur de cette histoire, il se voulait conscient de sa responsabilité d’homme et d’artiste[16].
Distinctions
modifierExposition rétrospective
modifierDu au , le musée La Piscine à Roubaix organise une exposition rétrospective de son œuvre : « Boris Taslitzky (1911-2005) : l'art en prise avec son temps »[2],[17].
Ouvrages
modifier- Boris Taslitzky, Tu parles... chronique, Paris Les Éditeurs français réunis, 1959 ; rééd. Paris, L'Harmattan, 2004, 220 p. (ISBN 2-7475-7089-4)
- Taslitsky et Guillevic, L'Âge mûr (sept sonnets de Guillevic datant de 1954, 29 dessins de Taslitzky dont un portrait de Guillevic), Paris, Éditions Cercle d'Art, 1955 (n. p.).
- Boris Taslitzky, Tambour battant, (1 dessin de Taslitzky) Paris, Les Éditeurs Français Réunis, 1962 ; rééd. Paris, L'Harmattan, 2004, 138 p. (ISBN 2-7475-7147-5)
- Boris Taslitzky, Dessins faits à Buchenwald, textes de Christophe Cognet, Lionel Richard, Annette Wieviorka, Aragon, Julien Cain, Jorge Semprún, Maurice Kriegel-Valrimont, etc., Paris, Éditions Biro, 2009, 251 p. (ISBN 978-2-351-19054-8)
Musées
modifier- Musée national d'art moderne, Paris[18],[19]: Le petit camp à Buchenwald, 300 x 500 cm (1945), Famille d'un mineur de fer de Bénisaf (Oranie), 194 x 240,4 cm (1952) et 92 dessins conservés au Cabinet d'art graphique.
- Musée d'art moderne de la ville de Paris[20] : Commémoration de la Commune au cimetière du Père Lachaise en 1935, 130 x 197,5 cm (1936), Le télégramme, 27 x 37 cm (1936), L'homme au marteau piqueur, 130 x 81 cm (1958) et 6 dessins.
- Musée d'Art contemporain du Val-de-Marne, Vitry-sur-Seine : Autoportrait, 61 x 46 cm (1988).
- Fonds national d'art contemporain, Puteaux : La femme au corsage rouge, 73 x 60 cm (s.d.), Paysage Corse, 60 x 73 cm (s.d.), Nature morte au feuillage, 100 x 81 cm (1956) et 2 dessins.
- Musée du Quai Branly - Jacques-Chirac, Paris[21] : Emeutes à Oran, Algérie, 114 x 147 cm (1952) et deux dessins.
- Musée de l’histoire de l’immigration, Paris[22],[23] : Le Délégué (1948), Le four électrique dans une usine de locomotive (1949).
- Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne : Pesée à la prison de Riom, originaux des dessins de Buchenwald.
- Musée de l'Histoire vivante, Montreuil-sous-bois : La mort de Danielle Casanova (1950).
- Tate Gallery, Londres[24] : Les Grèves de juin 1936 (1936), La mort de Danielle Casanova, étude (1949), Riposte (1951).
- Musée Pouchkine, Moscou : Un soir sur les escalators du métro de Paris (1935)[25].
- Musée national des Beaux-Arts d'Alger, Alger.
Élèves
modifierRéférences
modifier- « ark:/36937/s005b015dcc6b67c », sous le nom BORIS (consulté le )
- Harry Bellet, « Boris Taslitzky, peintre des bouleversements du XXe siècle, une exposition à voir à Roubaix », Le Monde, (lire en ligne )
- « Miroirs - Boris Taslisky », sur mosaique,levillage.org (archive du lien).
- Jean Maitron, « TASLITZKY Boris », sur maitron.fr (consulté le ).
- « Taslitzky, Boris », sur imec-archives.com (archive du lien).
- Harry Bellet, « Boris Taslitzky », Le Monde, (lire en ligne).
- « Boris Taslitzky », sur Encyclopædia Universalis
- « Boris Taslitzky », sur Evene / Le Figaro
- « Dessins de Boris Taslitzky (1911-2005) », sur asso-buchenwald-dora.com.
- "Les Pionnières: Diplômées 270-271" par Sonia Bressler etv Claude Mesmin, La Route de la Soie Éditions en· 2020, page 169 https://www.google.fr/books/edition/Les_Pionni%C3%A8res/x2jTDwAAQBAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=mois+plus+tard+,+Madeleine+Riffaud&pg=PA169&printsec=frontcover]
- "Art beyond borders" [1]
- Critique d'art, synthèse, sur le Musée national de Varsovie [2]
- Boris Taslitzky, l'Histoire enn mouvement", dans L'Humanité [3]
- "Boris Taslitzky, un peintre engagé" par Marie-Jo Sirach, dans Chantiers de culture, pour l'exposition de 19 juin 2022 à la Piscine de Roubaix [4]
- Biographie Le Maitron de Mireille Miailhe [5]
- Marie-José Sirach, « Quand Boris Taslitzky dessinait l'indicible », L'Humanité, (lire en ligne).
- Boris Taslitzky (1911-2005), l'art en prise avec son temps, La Piscine, Roubaix.
- Le petit camp à Buchenwald
- Centre Pompidou
- Commémoration de la Commune au cimetière du Père Lachaise en 1935
- Emeutes à Oran, Algérie
- Le four électrique dans une usine de locomotive
- Le Délégué
- (en) Les Grèves de juin 1936
- (en) Un soir sur les escalators du métro de Paris
Annexes
modifierBibliographie
modifier: sources utilisées pour la rédaction de cet article
- Marie-José Sirach, Quand Boris Taslitzky dessinait l'indicible, dans L'Humanité, Paris, .
- Harry Bellet, Boris Taslitzky, dans Le Monde, Paris, .
- Lydia Harambourg, Boris Taslitzky, dans La gazette de l'Hôtel Drouot, .
- Jean Maitron, notice « TASLITZKY Boris », Le Maitron en ligne.
Filmographie
modifier- L'Atelier de Boris (2004), film documentaire réalisé par Christophe Cognet, Corto-Pacific, 96 min, 24 Images
Liens externes
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- Site officiel
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Ressource relative à la vie publique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :