Bodhisena
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
菩提僊那Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité

Bodhisena (sanscrit : बोधिसेन ; chinois et japonais : 菩提僊那), né en 704 et mort en 760, était un moine bouddhique indien, connu pour son rôle dans l’établissement de l’école Kegon au Japon (basée sur les enseignements du Huayan chinois).

Il est également connu sous les noms de Baramon Sōjō (littéralement l’« évêque brahmane »)[1], Bodai et Bodaisenna[2].

Historiographie modifier

Ses gestes furent consignés dans les archives officielles d’époque, Shoku Nihongi, où il est nommé Bodai-Senna[1]. Ultérieurement, sa vie fut consignée dans les Mémoires du brahmane d’Inde du Sud (Nantenjiku baramon sōjōhi, 770) par un de ses disciples, Shūei, dans le Tōdai-ji yōroku (1106) ou encore dans les Récits de Bodhisena du Daiain-ji (Daianjibodai denraiki, 1118)[3].

Biographie modifier

 
Les quatre saints fondateurs du Tōdai-ji, dont Bodhisena en haut à droite. Par Kanjō, 1377

Bodhisena naquit dans le sud de l’Inde en 704. Brahmane de naissance, il se convertit au bouddhisme dans ses jeunes années. Proche des enseignements du bodhisattva Mañjuśrī, il partit selon la tradition en Chine dans le but de trouver son incarnation au mont Wutai, accompagné d’un musicien du nom de Fa-triet[3], mais il lui fut annoncé que Mañjuśrī séjournait plus à l’est au Japon[4]. Il rencontra à Chang'an ou Luoyang un ambassadeur du Japon, Tajihi no Hironari, et décida de visiter ce petit archipel, embarquant en compagnie d’autres moines bouddhistes érudits[3], dont Dōsen qui œuvra pour l’introduction de l’école Kegon au Japon, l’une des six écoles principales de Nara. Accostant au Japon à Naniwa (actuelle Osaka) en 736, il fit la connaissance de Gyōki et reçut grand honneur à la cour de l’empereur Shōmu, où il fit des lectures du Sūtra Avatamsaka[4] et enseigna le sanskrit. Bodhisena et Gyōki semblent avoir éprouvé un penchant et un respect mutuel, estimant s’être rencontrés dans une ancienne vie et Bodhisena reconnaissant en Gyōki la réincarnation du bodhisattva Mañjuśrī[5].

Sur les suggestions de Gyōki, il présida en 752 la cérémonie d’ouverture des yeux (kaigen) de la statue colossale du Tōdai-ji, le plus grand et influent temple bouddhique de l’époque, réalisé sous l’égide de Shōmu dans le but d’en faire un centre spirituel majeur au Japon[5]. Pour cette raison, il reste dans la tradition connu comme l’un des quatre saints fondateurs du Tōdai-ji, avec Shōmu, Gyōki et Rōben[6].

Estimé par la cour, il obtint le titre honorifique de sōjō en 751 et put prêcher jusqu’à la fin de ses jours au temple Daian-ji de Nara[7]. Il mourut au Japon le 25 février 760.

Postérité modifier

Bodhisena fut en quelque sorte le premier émissaire indien au Japon[8].

Certains documents rapportent que Bodhisena aurait appris le sanskrit au moine Kūkai, qui s’en serait inspiré pour mettre au point les quarante-sept caractères de l’alphabet japonais (kana) ; l’ordre du syllabaire japonais basé sur celui du sanskrit serait également dû à l’influence de Bodhisena, selon Riri Nakayama, bien que difficile à démontrer[9].

Certaines danses et de musiques traditionnelles japonaises préservent enfin des éléments apportés par Bodhisena[9].

Références modifier

  1. a et b Charles Eliot, Japanese Buddhism, Psychology Press, , 449 p. (ISBN 978-0-7007-0263-3, présentation en ligne), p. 225
  2. Charlotte von Verschuer, Les relations officielles du Japon avec la Chine aux VIIIe et IXe siècles, Librairie Droz, (ISBN 978-2-600-03320-6, lire en ligne), p. 289
  3. a b et c (en) Jonathan Morris Augustine, Buddhist hagiographies in early Japan : images of compassion in the Gyōki tradition, Londres, RoutledgeCurzon, , 173 p. (ISBN 0-415-32245-6), p. 108
  4. a et b Junjiro Takakusu, The Essentials Of Buddhist Philosophy, Kessinger Publishing, (ISBN 978-1-4254-8647-1, lire en ligne), p. 109-112
  5. a et b Edwin A. Cranston, A Waka Anthology : Grasses of remembrance, Stanford University Press, , 1328 p. (ISBN 978-0-8047-4825-4, présentation en ligne), p. 434
  6. (en) Yutaka Mino, John M. Rosenfield, William H. Coaldrake, Samuel C. Morse et Christine M. E. Guth, The Great Eastern Temple : treasures of Japanese Buddhist art from Tōdai-ji, The Art Institute of Chicago et Indiana University Press, (ISBN 978-0-253-20390-8), p. 22
  7. (ja) « 婆羅門僧正 », sur Kotobank (consulté le )
  8. P. A. George, Japanese Studies : Changing Global Profile, Northern Book Centre, , 606 p. (ISBN 978-81-7211-290-5, présentation en ligne), p. 289
  9. a et b Sanjukta Das Gupta, « Cultural Contacts between BIMSTEC Countries and Japan: An Historical Survey », CSIRD Discussion Paper,‎