Bembe (peuple de la république démocratique du Congo)

groupe ethnique de la République démocratique du Congo
Bembe
Description de l'image Bembe 0999.jpg.

Populations importantes par région
Drapeau de la république démocratique du Congo République démocratique du Congo 1 500 000 (2005)
Autres
Langues Kibembe, Swahili, Lingala
Ethnies liées Anamongo

Les Bembe sont une population bantoue d'Afrique centrale vivant à L’Est de la République démocratique du Congo au Nord du lac Tanganyika dans la province du Kivu principalement dans le Territoire de Fizi. Les Bembe sont aussi retrouvés dans la province de Tanganyika (Katanga) dans le territoire de Kalémie. Certaines communautés Bembe ont migrés de la RDC leur terre d’origine à l’ouest de la Tanzanie dans la ville de Kigoma. Ils sont différents des Beembe de la République du Congo qui appartiennent au groupe Kongo. En 1991, la population Bembe de la RDC était estimée à 252 000 et à environ 1,5 million en 2005. Ils sont représentatifs de nombreuses traditions ethniques, notamment pré-Lega, Boyo-Kunda, Hemba et Bemba.

Le premier État des Babembes créé en 500 AC portant alors le nom de Éssé ou Ébalo ’ya Bembe , M'bembe Mbondo ou État des Bembes[réf. nécessaire] ; le , il devint légalement le territoire des Bembe, puis en 1931, la Zone de Fizi et en 1937, elle fut divisée en cinq secteurs administratifs : N'Gangya, M'tambala, Tangani'a, Lùlenge, et Itombwe. Ce dernier fut rattaché, le , au territoire légal de Mwenga. Les Bembe ont Baraka comme leur ville la plus importante. Depuis 2018, avec leur Maire de la ville Jacques Mbùchwa.

Ethnonymie modifier

Selon les sources et le contexte, on observe plusieurs variantes : Babembe, Bembe, Wabembe, Babondo.

Langue modifier

 
Figure masculine pré-Bembe (Kivu oriental)[1]

Leur langue est le Kibembe (Kibembe ou Ebembe) est une langue dont le nombre de locuteurs était estimé à 252 000 en République démocratique du Congo en 1991[2], mais la plupart parlent le Swahili.

Histoire modifier

L'histoire guerrière de peuple de Fizi renseigne que dans leur vécu, le Mubembe a connu les périodes de guerres très dures. Les plus importantes sont les guerres qui les opposèrent:

(1) Aux Arabes vers le debut du 18 è siècle dans leur pratique de la Traite de Noirs. La fin de cette guerre, connue sous le nom de la "Résistance de Baraka" (dérivé du mot arabe bark'a donné à la ville portière du chef lieu de la Collecitvité de Mtambala), a eu pour résultat, le record faible des déportés de la tribu de Babembe à Zanzibar, en Occident et même en Asie. Les rescapés s'étant finalement installés à Kibondo, un des Districts administratifs de la Province Tanzanienne de Kigoma (nom Kibondo étant le dérivé de l'appellation ancestrale de tout M'mbembe, le "Mbondo").

(2) Aux Luba coalisés aux Baholoholo (ancien peuple de Kalemie), fin 18e siècle, pour occuper tout le littoral ouest du lac Tanganyika et la partie sud-ouest de Fizi. La fin de cette guerre a conduit au retrait de tous les ressortissants baholoholo sur l'ensemble du territoire de Fizi. À la suite de cette défaite de Baholoholo, le Mubembe a gardé dans ses proverbes d'humour, l'expression parlant d'une certaine déformation de la tete: "m'cwe été wa m'holoholo" (la tete pointue semblable a celle de Muholoholo).

(3) Aux Babuyu qui cherchaient au debut du 19 siècle d'occuper le territoire de Lulenge et de Ngandja. Les babuyu ont fini par proposer un traité de paix et furent sommés de ne pas quitter les coffins ouest de la collectivité de lulenge. Il était donc rare qu'un mubuyu vive parmi les familles de Babembe sans qu'il change et s'assimile au prealable aux Babembe.

(4) Aux Barundi coalisés aux Goma (peuple ancien de Kigoma cohabitant avec les Waha, essentiellement burundais) pour tenter d'occuper la presqu'Il d'Ubwari et la Plaine de la Ruzizi. La suite de ces tentatives finit par la victoire de Babembe qui repoussa les assaillants au loin à l'intérieur de leurs territoires.

(5) Aux Allemands vers le milieu de 19 siècle, poussés par la volonté d'étendre leur hégémonie sur les deux rives du lac Tanganyika, verront leur effort s'estomper face à la dynamique maitrise de l'art militaire presque héréditaire de Babembe. La fin de cette guerre (connue dans le milieu babembe de la guerre contre les "aluma", déformation d'allemands) eu pour effet, la recherche de l'espace hégémoniste des allemands, très loin de Fizi vers les territoires du nord-ouest (au bushi). Plusieurs d'autres épopées guerrières de Babembe sont souvent signalées quand ils ont eu à gagner la guerre contre les "Babingya", "Ngilima ou Chinja-chinja" et les "Bazoba".

Le cas de la révolte Muleliste a créé sensation sur l'ensemble du territoire congolais lorsque, envahi par les enseignements nationalistes de ce mouvement, le Mubembe a su consérver sa substance et résister contre le pouvoir de Mobutu pendant plus 25 ans, épopée qu'aucune tribu de la RDC ait jamais fait pendant le règne autocratique et dictatorial de Mobutu Sese Seko.

Culture modifier

Le peuple Bembe a développé un mode de vie sociale conforme à ses convictions essentiellement spirituelles: croyance en Seul "Abeca Pùngu, Abeca Mwene-Ikùlù, Abeca Mwene-Malango, Abeca Mwene-Batù", Abeca M'mbumba Esé n'Ikùlù ( Dieu Omnipotent, Dieu Omniprésent, Dieu Omniscient, Dieu créateur de l'homme, des Cieux, de la terre et de tout l'univers). Cette croyance en Dieu est un acquis spirituel très déterminant dans la pratique des us et coutumes-bembe: le Mubembe ne fuit jamais le défunt, il enterre avec tous les égards requis les morts. Le M'bembe circoncit ses enfants du sexe mâle et ne fait jamais l'excision et l'ablation des femmes. Le Mubembe fait l'adoration et offre des sacrifices symboliques. Il respecte la valeur de la personne humaine et supporte mal toute personne qui méprise les valeurs humaines (surtout celle du respect des personnes âgées, des handicappés et des enfants). Il n'hésite pas à se défendre et à s'opposer aux velléités de domination et d'esclavage.

Au fur des âges, ces pratiques sociales ont acquis une valeur dite de référence, l'échelle de valeurs à laquelle tout Bembe s'identifie. Transmises d'une génération à une autre, ces valeurs ont pris la qualité d'une culture typiquement Ebembe. C'est ce qui constitue l'âme socio-culturelle et linguistique du peuple Bembe.

Le Bembe s'organise socialement dès le niveau de la famille restreinte (le père, la mère et les enfants), la famille étant la cellule de base de la nation Bembe . Ici, le père est le seul chef de la famille.

De la famille le Bembe forme la famille étendue (le père, la mère, les enfants, les frères, les sœurs, les demi-cousins, les demi-pères, les demi-mères, les oncles et les tantes) Ici, le grand-père décide en dernier sort. Le niveau suivant est le clan avec en tête leur chef de clan. Plusieurs clans s'identifient au niveau de la tribu. Selon les liens de lignées familliales proches, au sein de la tribu Ebembe s'organisent le Bwami (royauté à base de lignées familiales.) Sur le plan administratif, le territoire de Fizi s'administre dès le niveau du Village, avec un Capita en tête. Plusieurs villages forment la Localité dirigée par un chef de localité. Le niveau suivant lui-même basé sur les liens familiaux est le Groupement dirigé par un chef de Groupement. La Collectivité dirigée par un chef de Collectivité constitue l'entité qui, réunie aux autres forment le Territoire ou la Zone, avec un Commissaire-Administrateur du territoire en tête.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Daniel P. Biebuyck, « Statuary from the Pre-Bembe Hunters: Issues in the Interpretation of Ancestral Figurines Ascribed to the Basikasingo-Bembe-Boyo », African Arts, vol. 17, no 2, , p. 15-17.
  • Jean-Alexis Mfoutou, Parlons beembe, Afrique centrale, Paris, Éditions L'Harmattan, 2018, 238 p.
  • Pol P. Gossiaux, Anthropologie bembe (Kivu, Congo) : D'ombres et de lumières, Centre de recherche sur les aspects culturels de la vision ; Ligue Braille, 1997.
  • Rémy Obed-Amos, Le système matrimonial bembe, République du Zaïre, Paris, École pratique des hautes études, 1972, 282 p. (mémoire).

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. Musée royal de l'Afrique centrale
  2. (en) Fiche langue[bmb]dans la base de données linguistique Ethnologue.