Bataille de Bouin

Bataille de la guerre de Vendée
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Bataille de Bouin
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Église Notre-Dame-de-l'Assomption, lithographie de Thomas Drake, album vendéen, vers 1850.
Informations générales
Date
Lieu Île de Bouin, Bouin
Issue Victoire républicaine
Belligérants
Drapeau de la France République française Drapeau de l'Armée catholique et royale de Vendée Vendéens
Commandants
Nicolas Louis Jordy
Dominique Aubertin
François Athanase Charette de La Contrie
Jean-Baptiste de Couëtus
Louis Guérin
Forces en présence
2 000 à 3 000 hommes[1],[2]
1 canon[3]
1 500 à 2 400 hommes[4]
5 à 13 canons[5],[6]
Pertes
19 morts[6]
83 blessés[6]
200 morts[6],[7]
500 blessés[6],[7],[8]
5 à 13 canons capturés[5],[6]

Guerre de Vendée

Batailles

Coordonnées 46° 58′ 28″ nord, 2° 00′ 02″ ouest
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Bataille de Bouin

La bataille de Bouin se déroule le lors de la guerre de Vendée. Elle oppose sur l'île de Bouin les troupes républicaines de l'Armée de l'Ouest et les forces vendéennes du général Charette.

Les combats ont lieu dans le cadre d'une offensive républicaine lancée en novembre depuis Nantes et Les Sables-d'Olonne en vue de reconquérir l'île de Noirmoutier, tombée en octobre aux mains des Vendéens. Après plusieurs défaites contre les colonnes des généraux Haxo et Dutruy, Charette tente sans succès de se replier sur Noirmoutier et se retrouve cerné sur l'île de Bouin.

L'assaut est lancé le matin du par trois colonnes républicaines qui enfoncent les défenses royalistes et se rendent maîtresses en quelques heures de toute l'île, libérant des centaines de prisonniers patriotes et capturant tous les canons et tous les chevaux des insurgés. Cependant, malgré de lourdes pertes, l'armée de Charette échappe à la destruction et parvient à s'enfuir à travers les marais. À peine quelques jours plus tard, elle reprend ses attaques dans le bocage et le Charette est élu généralissime de l'Armée catholique et royale du Bas-Poitou.

Contexte modifier

Début de l'offensive républicaine modifier

Le , les Vendéens de l'armée du général Charette s'emparent de l'île de Noirmoutier en franchissant la chaussée submersible du Gois[9]. La faible garnison républicaine n'offre que peu de résistance et capitule[9]. Charette forme une administration royaliste à Noirmoutier et y laisse une partie de ses troupes avant de repartir au bout de trois jours[9]. Les prisonniers républicains sont quant à eux enfermés à Bouin où le chef local, François Pajot, en fait massacrer plusieurs centaines les 17 et [10].

À Paris, la nouvelle de la prise de l'île de Noirmoutier suscite l'inquiétude du Comité de Salut public, qui craint qu'elle ne permette aux Vendéens de recevoir l'aide des Britanniques[11]. Le , le conseil exécutif reçoit un arrêté signé de Barère, Prieur de la Côte d'Or, Collot d'Herbois, Billaud-Varenne, Robespierre et Hérault de Séchelles lui donnant l'ordre de « prendre toutes les mesures nécessaires pour faire attaquer le plus tôt possible l'île de Noirmoutier, en chasser les brigands et en assurer la possession à la République »[12].

Le , le conseil de guerre de l'Armée de l'Ouest charge le général de brigade Nicolas Haxo de constituer un corps de 5 000 à 6 000 hommes pour reprendre l'île de Noirmoutier[13]. Ordre lui est donné d'attaquer et de battre Charette « partout où il pourra le rencontrer en le poursuivant jusque dans Noirmoutier même »[13],[14],[15]. Après avoir mis en place un plan de campagne, Haxo se met en marche[16]. Il divise ses forces en deux colonnes : la première, commandée par l'adjudant-général Jordy, sort de Nantes le [16],[17],[18] ; la seconde, menée par lui-même, quitte à son tour la ville le [18],[16] et se porte en direction de Machecoul, qu'elle occupe le 26[19],[20]. De son côté, la colonne de Jordy, forte de 3 000 hommes, marche sur Port-Saint-Père, qu'elle prend aux forces de La Cathelinière le , après cinq jours de combats et de canonnades[19],[21]. Jordy prend ensuite Sainte-Pazanne et Bourgneuf-en-Retz[16], puis il fait sa jonction avec le général Haxo à Legé le 28 novembre[19],[7],[22].

De l'autre côté du territoire insurgé, le général de brigade Dutruy se met également en mouvement le depuis Les Sables-d'Olonne[23]. Les 22 et 23, il occupe La Roche-sur-Yon, Aizenay, Le Poiré-sur-Vie et Palluau, avant de gagner Legé[23],[24]. Il fait ensuite sa jonction avec Haxo à Machecoul[18].

Pendant ce temps, Charette sort de son refuge de Touvois et unit ses forces à celles de Jean-Baptiste Joly et de Jean Savin[16],[19]. Le , ils se mettent en marche pour attaquer Machecoul, mais ils sont surpris près de La Garnache par une colonne commandée par le lieutenant-colonel Aubertin, un officier de l'armée de Dutruy[16],[25],[7]. Charette se replie sur Saint-Gervais, puis sur Beauvoir-sur-Mer avec l'intention de trouver refuge dans l'île de Noirmoutier[26],[27]. Cependant ce projet rencontre l'opposition de Joly et de Savin qui se retirent avec leurs forces pour regagner le bocage[26],[27],[2]. Charette ne peut quant à lui franchir le passage du Gois vers Noirmoutier à cause de la marée haute et de l'arrivée de la colonne d'Aubertin qui le contraint à s'enfermer dans l'île de Bouin, où il se retrouve bientôt cerné[26],[27],[Note 1].

Retraite des Vendéens sur les îles de Bouin et de Noirmoutier modifier

 
Carte de la baie de Bourgneuf et des îles de Noirmoutier et de Bouin, 1764, musée de Bretagne.

Située dans la baie de Bourgneuf, l'île de Bouin, alors peuplée de 2 000 à 2 500 habitants[29], est séparée du continent par un cours d'eau, le Dain, fortement envasé et franchissable à pied lors des marées basses[30]. Le seul pont est celui de la Claie, en bois, qui relie le bourg de Bouin à celui de Bois-de-Céné[30]. L'île est couverte d'étiers, d'écluses, de canaux et de digues[31],[27]. Le passage sur ces fossés se fait généralement aux moyens de planches de bois, que Charette fait retirer pour ralentir les républicains[32],[30],[33]. Les Vendéens édifient divers retranchements le long du Dain[34], ainsi que deux ou trois batteries d'artillerie en forme d'amphithéâtre, dont une au moulin de Jaunay et une autre au moulin de La Pentecôterie[35]. Ils disposent également de vivres en abondance[34].

Le 1er décembre, Haxo et Dutruy sont à La Garnache[26], où ils écrivent au ministre de la guerre : « Nous sommes en ce moment entre Challans et Beauvoir ; tous les postes sont occupés ; il ne reste à l'ennemi que 8 lieues de terrain dans les marais où nous l'avons cerné[24]. » Mais le lendemain, le général Rossignol, commandant en chef de l'Armée de l'Ouest, donne l'ordre à Haxo de marcher sur Beaupréau avec une partie de ses forces afin de dégager les généraux Desmares et Chabot, en difficulté contre les insurgés angevins de La Bouëre et de Pierre Cathelineau[36],[24],[37]. Haxo s'exécute à regret et mène une expédition dans le Maine-et-Loire pendant trois jours[36],[24].

Charette profite de ce court répit pour s'embarquer de nuit pour l'île de Noirmoutier, où sa présence est attestée le 4 décembre[36],[24]. Il confie à son aide de camp, Joseph Hervouët de La Robrie, la mission de passer en Angleterre pour y demander des secours[36],[38]. L'ordre est également signé par Maurice d'Elbée, l'ancien généralissime de l'Armée catholique et royale, réfugié à Noirmoutier à cause de ses graves blessures reçues à la bataille de Cholet[36],[38]. La Robrie s'embarque sur une goélette de 60 tonneaux, Le Dauphin, commandée par Louis François Lefebvre[36],[32]. Mais à cause de vents défavorables ou de la présence de navires républicains, Le Dauphin ne peut appareiller que dans la nuit du 23 au 24 décembre[36],[32],[Note 2].

De retour à Bouin dans la nuit du 4 au [34], Charette constate que ses troupes manquent de munitions et charge Hyacinthe Hervouët de La Robrie, le frère de Joseph, de s'embarquer pour Noirmoutier et de s'y approvisionner[39],[34]. Mais à son retour, celui-ci trouve l'accès à l'île de Bouin barré par les républicains, qui sont finalement passés à l'offensive[39],[34].

Prélude modifier

Après avoir fouillé la forêt de Princé la veille[16],[25], la colonne de l'adjudant-général Jordy arrive à Bois-de-Céné et Châteauneuf le 3 décembre[32]. Elle s'y divise en deux pour commencer l'encerclement de l'île : Jordy reste à Bois-de-Céné, tandis que l'adjudant-général Villemin se porte à Bourgneuf-en-Retz[32]. Le général Dutruy occupe quant à lui Beauvoir-sur-Mer et le général Haxo arrive à Challans le [32]. Dans la nuit du 5 au , à minuit, l'ordre est donné aux trois colonnes républicaines de se mettre en mouvement pour attaquer Bouin[40]. Celle de Beauvoir se met en marche au lever du jour[41].

Bien que conscients de la présence des troupes républicaines, les Vendéens passent la nuit qui précède la bataille à festoyer et à danser[42],[39],[7]. Dans ses mémoires, l'officier royaliste Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière écrit : « Réfugiés à Bouin, nous fûmes cernés de toutes parts : la nuit ne fut pas tranquille. Cependant comme les vivres étaient abondantes et que beaucoup de femmes étaient réfugiées dans l'Isle, les uns se mirent à danser, d'autres à boire, les moins décidés s'échappèrent pendant la nuit[28]. »

Forces en présence modifier

Armée vendéenne modifier

 
Portrait de François Athanase Charette de La Contrie, pastel anonyme, entre 1793 et 1796.

Les effectifs vendéens sont évalués entre 1 500 et 2 400 selon les sources[4]. Ils sont estimés à 1 800 par Jordy et à 2 400 par le général Bard, dans une lettre adressée le au général Duval[43]. Les mémoires anonymes de l'administrateur militaire évoquent 1 500 combattants[1]. L'auteur royaliste Bittard des Portes donne ce même nombre[43] et le vice-président du district des Sables-d'Ollonne, Pierre-François Mourain, 2 500[44]. Le Bouvier-Desmortiers porte quant à lui les Vendéens à 3 000, face à 6 500 républicains, mais pour l'historien Lionel Dumarcet ces chiffres sont certainement surévalués[43].

Au nord de l'île de Bouin, un chemin appelé le « passage du sud », filant vers Bourgneuf-en-Retz, est défendu par 250 hommes menés par Louis Guérin, qui auraient pris position aux Corbets[4],[39],[30]. À l'est, Jean-Baptiste de Couëtus, avec 400 hommes, garde la route de Bois-de-Céné et tient la redoute du moulin de Jaunay, au sud du pont de la Claie[43],[30]. Charette prend quant à lui position avec le gros des forces au village de l'Epois, au sud, sur la route de Beauvoir-sur-Mer[39]. Il occupe notamment le pont de Poirocq et le moulin de La Pentecôterie[4],[30]. D'autres forces sont laissées en réserve au bourg de Bouin[45]. François Pajot, le chef de la division de Bouin, est également présent, mais aucun récit ne relate ses actions lors de la bataille[32].

Armée républicaine modifier

Les républicains mobilisent environ 5 000 hommes dans l'offensive, mais tous ne combattent pas[43],[Note 3]. Ces forces sont divisées en trois colonnes[39],[Note 4]. Au nord de Bouin, la colonne de l'adjudant-général Villemin[32] prend position à Bourgneuf-en-Retz[39]. À l'est, la colonne commandée directement par l'adjudant-général Nicolas Louis Jordy occupe la route de Bois-de-Céné[39]. Au sud, la colonne commandée par le lieutenant-colonel Aubertin arrive par la route de Beauvoir-sur-Mer[39]. Seules les colonnes nord et sud disposent de pièces d'artillerie[40]. Des chaloupes canonnières parcourent également les abords de l'île, afin d'empêcher toute fuite par la mer[31].

La colonne de Jordy est forte de 674[43] à 2 500 hommes[35],[Note 5]. Celui-ci déploie sur son centre le 10e bataillon de volontaires de la Meurthe, commandé par son frère et issu de l'ancienne Armée de Mayence[35],[40]. Ce bataillon est suivi par un détachement du 109e régiment d'infanterie[35],[40]. Un détachement du 77e régiment d'infanterie occupe le flanc gauche et un autre du 57e régiment d'infanterie occupe le flanc droit[35],[40].

La colonne d'Aubertin, forte de 1 000 à 1 100 hommes[48] avec un canon[3], est quant à elle constituée de 455 hommes du 11e bataillon de volontaires de la formation d'Orléans, de détachements des 109e et 110e régiments d'infanterie et de quelques autres corps et des canonniers du 1er bataillon du Bas-Rhin[48],[35].

Déroulement modifier

Sources modifier

Le déroulement des combats est évoqué dans quelques lettres et rapports du général Haxo, du général Vimeux et du Comité de Salut public[27]. Seuls trois participants de la bataille, l'adjudant-général Jordy[Note 6], le lieutenant-colonel Aubertin[Note 7] et le chef vendéen Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière[Note 8] ont laissé dans leurs mémoires des témoignages sur le déroulement des événements[27]. Un récit est également laissé par le royaliste Urbain-René-Thomas Le Bouvier-Desmortiers, réfugié à Bouin en novembre, où il aurait peut-être rencontré Charette, mais qui se trouve à Noirmoutier au moment de la bataille[4].

Prise des retranchements et des redoutes par les républicains modifier

 
Plan de la bataille de Bouin, le . Topographie du XXIe siècle.

Selon le plan établi, les trois colonnes doivent se retrouver sous Bouin à 11 heures du matin[39]. Cependant à l'heure dite, seul Jordy est au rendez-vous[39]. Au nord, la colonne de Villemin, freinée par les marais et par « le défaut des barques », ne prendra aucune part au combat[39],[50],[33]. Au sud, la colonne d'Aubertin est également ralentie par des canaux de 15 à 18 pieds de large pour 4 pieds de profondeur[39]. Elle trouve tous les ponts coupés et doit les faire rétablir par une compagnie de sapeurs de la Loire-Inférieure commandée par l'officier du génie Fachot[50],[33]. Pour effectuer ces travaux, elle traîne vingt voitures chargées de bois et de matériaux divers[50].

Les affrontements débutent par des duels d'artillerie[43]. Avant le combat, Charette adresse une courte harangue à ses hommes, dans laquelle il engage ceux qui ne veulent pas combattre à se retirer et promet qu'il sauvera tous ceux qui accepteront de le suivre[Note 9].

Selon le récit laissé par Aubertin dans ses mémoires, après le rétablissement d'un pont par les sapeurs, sa colonne s'empare d'une première batterie, constituée d'un canon de 16 livres monté sur un affût marin[41]. Elle rétablit ensuite sept ou huit autres ponts et rencontre les troupes de Charette à une demi-lieue de Bouin[41]. Les républicains se heurtent à « une espèce de redoute, avec deux embrasures garnies de canons » et à un retranchement « gardé par un poste nombreux », situé au pied d'un moulin à vent, non loin de la mer[41]. L'ensemble est pris d'assaut et les Vendéens abandonnent deux canons de 4 livres et laissent quelques morts et blessés sur le terrain[3].

De son côté, Jordy, après avoir traversé « une multitude de fossés demi-glacés », se retrouve sous le feu de la batterie de Jaunay[40]. Il se résout cependant à lancer l'assaut[43]. Ses troupes franchissent le Dain et le pont de la Claie sans rencontrer de forte résistance[35]. Elles emportent les retranchements vendéens à la baïonnette et un canon est capturé par le 10e bataillon de la Meurthe[43]. Les troupes de Guérin se replient sur le bourg et les forces de Couëtus sont rejetées sur celles Charette[35].

Dans ses mémoires, le chef vendéen Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière évoque les combats de manière assez brève et indique qu'« on se battit longtemps à coups de canon : plusieurs fois de part et d'autre on avait fait mine de se charger, lorsque tout à coup la colonne venant de Châteauneuf et qu'on ne redoutait pas à cause de son peu d'apparence, enfonça le petit nombre de soldats qu'on avait placés de ce côté : nous nous trouvions pris entre deux feux[28],[31]. »

Retraite des Vendéens modifier

 
Vue du marais à Bouin en 2010.

Charette se replie sur le bourg de Bouin, où il rallie une partie de ses troupes[31],[52]. Guérin l'y rejoint, après une longue résistance au lieu-dit La Casse, dans la cour de l'hôpital[31]. Dos à la mer et désormais sans aucune voie de repli, Charette décide de tenter de rompre l'encerclement par une charge à la baïonnette[52]. Mais alors que ses troupes se reforment, un habitant de Bouin propose au général vendéen de lui servir de guide à travers le dédale d'étiers et de marais qui recouvrent l'île[52].

Les républicains progressent quant à eux lentement et prudemment, par crainte des embuscades[31]. Lorsqu'ils pénètrent dans le bourg, ils s'attendent à trouver les Vendéens retranchés à l'intérieur de l'église[31]. Cependant seules les femmes sont découvertes, cachées dans la tourelle de l'escalier du clocher[31]. Des combattants vendéens isolés, blessés ou malades, sont également trouvés dans des maisons, et abattus sur place[53]. Quelques habitants du bourg de Bouin subissent le même sort[53]. Cependant, les républicains ne peuvent que constater que le gros des forces vendéennes a disparu sans laisser de traces[53].

Le chemin pris par Charette et ses hommes pour s'enfuir n'est pas connu avec certitude[53]. En s'appuyant sur la tradition locale orale[53],[52], Simone Loidreau[53], suivie par Lionel Dumarcet[52], estime que les Vendéens ont probablement franchi le pont du Poirocq, puis le charreau de La Billarderie, le pont Guérineau, la métairie de La Culgoiserie et le petit port des Billarderies, destiné à l'embarquement des cargaisons de sel[53]. À cette époque, ce petit port, situé sur la rive du Dain, est envasé et n'est plus accessible aux embarcations[53]. Les fuyards auraient alors pu franchir le Dain à pied, en profitant de la marée basse[53]. Ils seraient ensuite passés, soit par les Sartières et l'île Boisseau, soit par le Fresne, La Guitelle et les Petits Fresnes, pour arriver à la Croix-Rouge[53]. Après avoir longé le moulin de la Rive, ils atteignent à 3 heures de l'après-midi le bourg de Châteauneuf, déserté la veille par les troupes de Jordy[53],[Note 10].

Pertes modifier

Les pertes républicaines sont assez faibles. Le vice-président du district des Sables-d'Ollonne, Pierre-François Mourain, déclare, dans un courrier adressé à la ville de Fontenay-le-Comte le 18 frimaire (8 décembre)[Note 11], que seulement deux hommes ont été tués et 20 autres blessés[44]. Cependant selon Jordy, les pertes sont de 19 hommes tués et de 83 blessés dont 8 grièvement[6],[49],[40],[54].

Le bilan des pertes royalistes varie selon les sources. D'après Jordy, les Vendéens perdent 1 000 hommes[6],[54] et seulement 800 parviennent à s'échapper[40],[54]. Haxo et Mourain ne font cependant état que de 200 morts[6],[44]. Selon Aubertin, 1 200 Vendéens parviennent à s'enfuir[55]. Le royaliste Le Bouvier-Desmortiers affirme pour sa part que l'armée perd un quart de ses effectifs, soit 700 hommes tués ou blessés[6],[8]. L'historien Émile Gabory retient un bilan de 200 tués[7],[54]. Le nombre total des malades et des blessés massacrés dans le bourg n'est pas connu, seules 25 victimes, toutes originaires de Bouin, sont identifiées[32],[54]. Le , plus d'une trentaine d'hommes sont également fusillés près du port de La Claie[5].

Les Vendéens perdent entre 5 et 13 canons[5],[6] — cinq selon Dutruy[6],[56], six selon Haxo, Mourain et Le Bouvier-Desmortiers[5],[6] et treize selon Jordy[5],[6],[40],[44] — ainsi que des chevaux, dont le nombre varie encore selon les sources : 16 selon Haxo[6], 70 selon Aubertin[3], 200 selon Dutruy[56],[57] et 500 selon Mourain[44],[Note 12].

De nombreuses femmes réfugiées dans l'église de Bouin sont capturées[5],[7]. Leur nombre n'est pas connu avec exactitude, d'après Lionel Dumarcet le chiffre traditionnellement retenu est de 300, mais la municipalité de Beauvoir-sur-Mer évoque l'arrestation de 83 suspects, dont une trentaine de Bouin, avec « parmi eux 62 femmes, dont 45 étrangères à la commune »[6]. Les 62 femmes nommément connues sont envoyées dans les prisons du Bouffay et du bon Pasteur, à Nantes, ou bien au port des Sables-d'Olonne, depuis lequel certaines sont transférées quelques mois plus tard à l'île de Noirmoutier[58]. Plusieurs d'entre elles sont guillotinées à Nantes, fusillées à Noirmoutier, ou meurent en prison[58]. Parmi les captives figurent notamment Madame de Couëtus, née Marie Gabrielle du Chilleau, épouse du général Couëtus, et ses deux filles, Sophie et Céleste[5],[58]. Incarcérée à Nantes à la prison Le bon Pasteur, puis à la prison du Bouffay[6], elle est guillotinée le [5],[58]. Ses filles échappent de peu à la mort[5] et sont libérées le sur ordre d'un représentant en mission[6].

Après la prise de Bouin, les républicains délivrent également plusieurs centaines de prisonniers patriotes détenus par les Vendéens[5]. Leur nombre est de 900 selon Jordy[5],[49],[40],[30], ce qui semble exagéré selon Lionel Dumarcet[6] et Simone Loidreau[30]. Dutruy évoque 700 prisonniers délivrés[56],[57] et les mémoires anonymes de l'administrateur militaire entre 200 et 300[51]. Cette dernière estimation est retenue par Simone Loidreau[30], tandis que pour l'historien Alain Gérard, les prisonniers délivrés sont au nombre de 127[11].

Conséquences modifier

Les républicains se rendent maîtres de l'île de Bouin et obtiennent une nette victoire, mais Charette parvient à s'échapper avec une partie de ses forces[59]. Peu après, le général vendéen tombe opportunément sur un petit convoi républicain entre Châteauneuf et Bois-de-Céné[59],[56]. Il s'enfonce ensuite dans le bocage et rallie Saint-Étienne-de-Mer-Morte[59]. Le , la petite troupe célèbre une messe et un Te Deum à Touvois[34], avant de tenter sans succès de reprendre Legé[59]. Le , elle rejoint l'armée de Jean-Baptiste Joly aux Lucs-sur-Boulogne[59]. Les chefs royalistes du Bas-Poitou et d'une partie du Pays de Retz passent ensuite trois jours à rassembler leurs forces[59]. Le , les Vendéens écrasent la garnison du camp de L'Oie[60]. Le matin du , aux Herbiers, les officiers élisent Charette général en chef de l'« Armée catholique et royale du Bas-Poitou »[61].

Analyses modifier

Dans ses « éclaircissement historiques », publiés à la Restauration, Charles-Joseph Auvynet critique « l'hésitation, l'incertitude et l'absence de tout plan fixe » de la part de Charette dans les jours qui précèdent la bataille de Bouin[59]. Selon lui en s'engageant entre La Garnache et Machecoul « sur un terrain désavantageux », il n'offre à sa troupe « que la perspective d'une destruction totale »[59]. Sa défaite à Bouin se termine en une « déroute précipitée, accompagnée du plus grand désordre » qui n'a pu qu'avoir un effet déplorable sur le moral de la garnison de l'île de Noirmoutier[59].

En 1998, l'historien Lionel Dumarcet conclut également que « Charette avait pourtant la possibilité d'éviter les mailles du filet républicain. Quelques jours plus tôt, Joly et de Savin y étaient parvenus »[59]. Sa retraite sur l'île de Bouin et ses erreurs stratégiques « auraient pu conduire le chevalier et ses hommes à l'anéantissement. Le hasard et la chance en décidèrent autrement »[59].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. « L'ennemi continua d'avancer et d'après les observations, voyant qu'on se disposait à nous attaquer, nous allâmes nous mettre en bataille dans la plaine de Beauvoir.

    Nous devions, disait-on, nous retirer à Noirmoutier ; plusieurs, effrayés de ce projet, s'enfuirent pendant la nuit. MM. Joly et Savin, qui n'étaient pas aussi de cet avis emmenèrent leur troupe et regagnèrent le Bocage.

    Les deux armées restèrent longtemps en présence sans se charger, mais une autre colonne ayant paru sur la route de Châteauneuf, nous rentrâmes dans le Marais et nous prîmes la route de Bouin. M. Charette essaya d'arrêter l'ennemi en nous plaçant derrière un petit fossé : quelques coups de canon suffirent pour nous débusquer et nous fûmes poursuivis jusqu'à l'Epoi. Nous ne prîmes point la route de Noirmoutier parce que la marée était haute. Réfugiés à Bouin, nous fûmes cernés de toutes parts[28]. »

    — Mémoires de Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière.

  2. Le Bouvier-Desmortiers s'embarque également sur Le Dauphin[36]. L'expédition est un échec[32]. Le Dauphin atteint la Grande-Bretagne à Fishguard, au Pays de Galles, où il est reçu à coups de pierres, puis capturé et incendié[32]. Ses passagers sont emprisonnés pendant plusieurs semaines[32]. Joseph de La Robrie finit cependant par obtenir l'autorisation de se rendre à Londres, mais il n'est pas pris au sérieux par le gouvernement britannique en raison de son jeune âge — 24 ans — et n'est pas reconnu comme agent diplomatique[36],[32]. Le , William Windham, le secrétaire à la guerre, recommande seulement de « donner quelques barques pontées ; et des émigrés français avec 17 pilotes venus de Noirmoutier, les conduirons avec ce qu'on aura chargé dessus »[36]. Le , ses compagnons sont libérés, mais La Robrie ne reçoit qu'une lettre indiquant que : « Pour le moment, on ne peut discuter d'une manière précise de la conduite à tenir, tant qu'un port ne sera pas aux mains des chefs vendéens[32]. Après une tentative infructueuse en , Joseph de La Robrie ne peut regagner la France qu'en , pour se noyer dans la baie de Bourgneuf[36]. »
  3. Selon Aubertin, la brigade de Haxo forme environ 5 000 hommes, « en y comprenant les garnisons ou détachement stationnaires, et les hommes aux hôpitaux »[46]. Selon les mémoires de l'administrateur militaire, 2 000 fantassins participent à l'assaut[1], selon l'historien Yves Gras, 3 000[2]. Selon Aubertin, seuls les 2 200 hommes de sa colonne et de celle de Jordy participent aux combats[46].
  4. Selon les mémoires de l'administrateur militaire, reprises par la suite par plusieurs auteurs, certaines de ces colonnes sont commandées par les adjudants-généraux Dufour et Guillemet[42]. Selon Simone Loidreau, il n'existe aucun adjudant-général au nom de Guillemet en Vendée en [19]. L'administrateur militaire fait également mention de trois autres colonnes maintenues à l'arrière, fortes au total de 1 800 hommes et commandées par les adjudants-généraux Sainte-Suzanne, Chadeau et Mangin, chargées d'intercepter toute retraite des Vendéens entre Bouin et Machecoul[47].
  5. Dans son récit, Jordy écrit que sa colonne est forte de 674 hommes[43],[40]. Le lieutenant-colonel Aubertin affirme quant à lui que sa colonne est de la même force que celle de Jordy et qu'elle forment ensemble environ 2 200 hommes[46],[35]. L'officier vendéen Lucas de La Championnière indique quant à lui que la colonne de Jordy, qu'il désigne comme la « colonne de Châteauneuf », était la plus faible et qu'elle ne fut pas redoutée « à cause de son peu d'importance »[4].
  6. « Le 3 décembre, je dirigeai ma troupe sur deux colonnes, l'une par Châteauneuf et l'autre par Bois-de-Céné. Je fis marcher ensuite deux détachemens, l'un sur ma droite par Bourgneuf, et l'autre sur ma gauche par Beauvoir, tandis que je gardais le centre avec une colonne. .

    Le 6, à minuit, je donnai l'ordre aux trois colonnes d'avancer et de diriger leur marche de manière qu'à onze heures du matin chacune fût en présence et sous Bouin.

    Les deux colonnes de flanc, qui seules avaient du canon, furent arrêtées par des marais et ne purent arriver à l'heure indiquée. Cependant la colonne du centre, forte seulement de six cent soixante-quatorze hommes, arriva sous le canon des batteries de Bouin après avoir traversé une multitude de fossés demi-glacés. Ma position devenait inquiétante, mais nous étions trop avancés pour nous retirer. L'ennemi avait trois batteries en amphithéâtre à la hauteur des moulins. Un coup républicain était le seul parti à prendre. J'envoie le bataillon du cinquante-septième sur ma droite, celui du soixante-dix-septième sur ma gauche, je fais rester le dixième de la Meurthe au centre, et enfin un détachement du centneuvième en seconde ligne.

    Tout étant ainsi disposé, j'ordonne aux cinquante-septième et soixante-dix-septième de longer les flancs de l'ennemi, et au dixième de la Meurthe d'avancer la baïonnette au bout du fusil, d'essuyer la première décharge sans tirer, et de charger ensuite avec la plus grande célérité. Les deux bataillons de flanc avaient reçu le même ordre.

    L'ennemi, fort de dix-huit cents hommes, ayant Charette et Guérin à sa tête, fait d'abord une résistance opiniâtre; mais le dixième de la Meurthe, ayant fait plier le centre, s'empare du premier retranchement et l'ennemi est culbuté. Les deux bataillons de flanc arrivent dans ce moment; les deux retranchemens qui restaient à l'ennemi sont attaqués et emportés. Rien ne résiste plus à mes braves frères d'armes qui poursuivent de si près les fuyards que le canon pris sur l'ennemi devient inutile. Environ huit cents Vendéens trouvent leur salut dans la fuite. Charette lui-même est obligé de se sauver à pied, ainsi que Guérin.

    Le fruit le plus précieux de notre victoire a été de délivrer plus de neuf cents patriotes prisonniers qui s'attendaient à périr.

    Outre cela, nous avons pris treize pièces de canon. Il est vrai que nous avons eu à regretter dix-neuf de nos camarades restés sur le champ de bataille et quatre-vingt-trois blessés, dont huit grièvement.

    Nous étions alors maîtres de toute la côte, et je devais me porter sur Noirmoutier; mais je reçus le 8 l'ordre de détacher de ma colonne quatre bataillons pour aller couvrir Nantes. Je fus donc obligé de rester tranquille jusqu'au 30, époque où ces bataillons me furent rendus[40],[49]. »

    — « Précis historique de mes actions civiles et militaires, par Jordy »

  7. « Le 6 décembre, à la pointe du jour, la troisième colonne partit de Beauvoir, avec les vingt voitures chargées de matériaux, à sa suite. Les sapeurs parvinrent à rétablir, assez solidement, les ponts détruits , sous le feu d'une pièce de seize, montée sur affût marin, placée dans une batterie de côte, et que les Vendéens avaient tournée contre leurs adversaires. La troupe resta également exposée à ce feu, jusqu'à ce qu'il fût possible, par le rétablissement du pont, qui était à sa hauteur, de s'en emparer.

    Après le rétablissement de sept à huit ponts, la colonne arriva à une demi-lieue de distance de l'île. Il se trouvait une ferme entre la troupe et la mer; et, au pied d'un moulin à vent situé près de là, les Vendéens avaient élevé une espèce de redoute, avec deux embrasures garnies de canons qui commencèrent à tirer dès que les républicains furent en vue. Le retranchement paraissait gardé par un poste nombreux.

    La nature du terrain, de chaque côté du chemin, s'opposait, invinciblement, à toute manœuvre propre à soustraire la troupe au feu très vif de l'artillerie ennemie. Aussi, sans s'arrêter à riposter avec la seule pièce qu'il avait avec lui, Aubertin mena sa colonne, au pas de charge le plus accéléré, directement sur la redoute; des soldats y entrent par les embrasures, pendant que d'autres forcent la gorge; les Vendéens prennent la fuite, en abandonnant deux pièces de quatre, avec leurs caissons, et en laissant quelques morts et blessés sur le terrain.

    La colonne de Jordy arriva, dans ce même temps, au point indiqué, et entra, peu de temps après, dans le bourg de Bouin, où elle s'empara de soixante-dix chevaux, après un léger engagement avec la troupe de Guérin, l'un des lieutenans de Charette.

    Les deux colonnes républicaines marchaient ainsi sur une grande ligne courbe, en opposition l'une à l'autre; la colonne de l'adjudant-général Villemin, si elle eût effectué son passage, aurait parcouru l'espace de terrain de l’ile entre la mer et la troupe de Jordy; et cette dernière en eût été soutenue.

    Dans la position critique où se trouvait alors Charette, il se présentait, pour lui, deux moyens de salut : le premier était de marcher franchement et vigoureusement sur la colonne d'Aubertin, afin d'opérer sa retraite, en s'ouvrant passage à travers ces troupes, sur l'île de Noirmoutier, qui n'est éloignée de celle de Bouin que d'une lieue et demie environ, et que l'on peut aborder par un canal, également guéable à marée basse ; le second, (en évitant la colonne de Jordy, ou, au besoin même, en cherchant à la culbuter), était de se jeter dans les marais pour gagner le Bois-de-Cené. Le chef des Vendéens prit ce dernier parti. Il abandonna ses chevaux, son artillerie, ses bagages et traversa les marais. Les habitans du pays, contractent l'habitude, dès l'enfance, de franchir les fossés. et les fondrières des marais, à l'aide de grandes perches, qu'ils appellent drimples. C'est de cette manière que les douze cents Vendéens, à peu près, qui composaient la troupe de Charette, trouvèrent le moyen d'échapper à une destruction totale[33] »

    — Mémoires de l'adjudant-général Aubertin

  8. « Les républicains s'avancèrent de trois côtés sur l'Isle de Bouin, l'attaque commença de fort grand matin. M. Charette opposa à la colonne venant de l'Epoi qui semblait la plus redoutable, son artillerie et ses cavaliers qu'on avait mis à pied. On se battit longtemps à coups de canon : plusieurs fois de part et d'autre on avait fait mine de se charger, lorsque tout à coup la colonne venant de Châteauneuf et qu'on ne redoutait pas à cause de son peu d'apparence, enfonça le petit nombre de soldats qu'on avait placés de ce côté : nous nous trouvions pris entre deux feux sans autre retraite que la mer. M. Charette propose de se faire jour, baïonnette en avant : on s'y dispose avec les cris du désespoir lorsqu'un habitant de l'endroit franchissant plusieurs fossés avec un grand bâton, fit voir à l'armée une voie pour se retirer. Nous le suivîmes et parvînmes en sautant un nombre infini de douves à sortir du Marais : toutes les femmes restèrent au pouvoir de l'ennemi.

    Nous abandonnâmes également plusieurs pièces de canon, nos munitions et tous nos chevaux[28]. »

    — Mémoires de Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière.

  9. D'après une lettre du général Bard adressée le (24 frimaire de l'an II) au général Duval[4], Charette proposa à ses hommes de « se retirer chez eux s'ils le vouloient, qu'ils ne se battoient actuellement que pour leurs vies, mais que ceux qui voudroient le suivre n'avoient qu'à se montrer qu'ils se faisoient fort de se faire un passage. Il ordonna à la cavalerie de laisser ses chevaux et il laissa aussi les six siens voyant arriver notre armée en trois colonnes[43]. ». Les mémoires anonymes de l'administrateur militaire font quant à elles tenir à Charette le discours suivant : « Mes camarades, je ne vous dissimulerai pas le danger qui nous menace; mais s'il est grand, votre courage ne l'est pas moins. Cependant s'il y en avait parmi vous qui désespérassent de la chose publique, qu'ils se portent à ma gauche, je ne veux pas les conduire au combat; que ceux au contraire qui ont confiance dans les ressources de leur général, s'élancent vers ma droite, je les sauverai tous »[51],[45]. Selon l'administrateur : « Sa harangue fut couverte d'acclamations, et tous jurèrent de le suivre »[51].
  10. Selon certains auteurs, les Vendéens utilisent des ningles, de longs bâtons permettant de sauter les étiers et les fossés. Cependant pour Simone Loidreau, les ningles n'étaient employées dans le marais breton que dans les environs de Sallertaine et du Perrier et n'étaient pas en usage à Bouin et à Noirmoutier[53],[4]. De même pour Lionel Dumarcet : « outre le fait que l'utilisation d'une ningle demande une longue expérience, il est invraisemblable de penser que les fuyards aient pu disposer chacun de ce genre d'instrument »[52]. Certains auteurs avancent également que les étiers étaient gelés et franchissables à pied, ce qui est également très douteux selon Simone Loidreau et Lionel Dumarcet[53],[52]. D'après eux, les Vendéens sautent par-dessus les fossés les plus étroits et utilisent des planches pour les étiers les plus larges[53],[52]. Ceci contraint les royalistes à abandonner tous leurs chevaux et leur artillerie[53].
  11. « Nous apprîmes hier l'entrée triomphante des troupes républicaines dans l'ile de Bouin. La victoire qu'elles ont remportée sur les esclaves du fanatisme et de la royauté n'est pas aussi complète qu'elle devait l'être; car ces monstres auraient été tous détruits, si deux colonnes, qui n'ont pas donné, eussent fait leur devoir. Charette et 2,000 hommes de sa troupe infernale se sont donc sauvés par la route de Bois-de-Céné, parce que la division qui devait couper le passage ne s'y est pas opposée, ou a été rendue trop tard à son poste. L'ennemi était au nombre de 2,500 hommes; l'on compte 200 hommes tués à l'ennemi, qui, dans cette journée a perdu 500 chevaux et 6 pièces de canon. Nous n'avons perdu que deux républicains et eu 20 hommes blessés, parce que les défenseurs de la patrie étaient postés de manière à n'être presque pas exposés au feu de l'ennemi, son artillerie étant trop élevée.

    Le cheval du général Charette a été conduit ici aujourd'hui par un cavalier qui ne le montera pas à son retour; nous allons le faire vendre au profit de la République. Quoique ce cheval vaille un plus haut prix que son maître individuellement, nous le changerions pour lui en donnant même du retour, sans craindre de reproches de votre part, ni des vrais républicains; mais, avant que nous puissions le posséder dans nos murs, au grand applaudissement des sans-culottes, il peut avoir le temps de nous faire beaucoup de mal; cependant, suivant le rapport de bien des personnes, il commence à se tâter le pouls[44]. »

    — Lettre de Pierre-François Mourain, vice-président du district des Sables-d'Ollonne, adressé à Fontenay-le-Comte au département « Vengé », le 18 frimaire an II ().

  12. Les Vendéens ne font sortir qu'un seul cheval, appartenant à Dargens selon Le Bouvier-Desmortiers ou à La Robrie selon Auvynet[6].

Références modifier

  1. a b et c Administrateur militaire 1823, p. 115.
  2. a b et c Gras 1994, p. 122-123.
  3. a b c et d Aubertin 1824, p. 71.
  4. a b c d e f g et h Dumarcet 1998, p. 295.
  5. a b c d e f g h i j k et l Dumarcet 1998, p. 292.
  6. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s et t Dumarcet 1998, p. 296.
  7. a b c d e f et g Gabory 2009, p. 329-331.
  8. a et b Le Bouvier-Desmortiers 1809, p. 205.
  9. a b et c Dumarcet 1998, p. 278-282.
  10. Dumarcet 1998, p. 283.
  11. a et b Gérard 2013, p. 108.
  12. Chassin, t. III, 1894, p. 180.
  13. a et b Dumarcet 1998, p. 285.
  14. Loidreau 2010, p. 317.
  15. Chassin, t. III, 1894, p. 379.
  16. a b c d e f et g Dumarcet 1998, p. 286.
  17. Dumarcet 1998, p. 294.
  18. a b et c Baguenier Desormeaux, 1893, p. 13-14.
  19. a b c d et e Loidreau 2010, p. 318.
  20. Savary, t. II, 1824, p. 397.
  21. Savary, t. II, 1824, p. 396-397.
  22. Savary, t. II, 1824, p. 398.
  23. a et b Chassin, t. III, 1894, p. 384.
  24. a b c d et e Loidreau 2010, p. 321.
  25. a et b Chassin, t. III, 1894, p. 386.
  26. a b c et d Dumarcet 1998, p. 287.
  27. a b c d e et f Loidreau 2010, p. 320.
  28. a b c et d Lucas de La Championnière 1994, p. 58-60.
  29. Hussenet 2007, p. 586.
  30. a b c d e f g h et i Loidreau 2010, p. 324.
  31. a b c d e f g et h Loidreau 2010, p. 329.
  32. a b c d e f g h i j k l m et n Loidreau 2010, p. 322.
  33. a b c et d Aubertin 1824, p. 69.
  34. a b c d e et f Loidreau 2010, p. 323.
  35. a b c d e f g h et i Loidreau 2010, p. 327-328.
  36. a b c d e f g h i j et k Dumarcet 1998, p. 287-289.
  37. Chassin, t. III, 1894, p. 387.
  38. a et b Baguenier Desormeaux, 1893, p. 18.
  39. a b c d e f g h i j k l et m Dumarcet 1998, p. 289.
  40. a b c d e f g h i j k et l Savary, t. II, 1824, p. 469-471.
  41. a b c et d Aubertin 1824, p. 70.
  42. a et b Loidreau 2010, p. 326.
  43. a b c d e f g h i j et k Dumarcet 1998, p. 290.
  44. a b c d e et f Chassin, t. IV, 1895, p. 179.
  45. a et b Loidreau 2010, p. 325.
  46. a b et c Aubertin 1824, p. 73.
  47. Administrateur militaire 1823, p. 115-117.
  48. a et b Aubertin 1824, p. 59-60.
  49. a b et c Chassin, t. III, 1894, p. 388.
  50. a b et c Loidreau 2010, p. 326-327.
  51. a b et c Administrateur militaire 1823, p. 116.
  52. a b c d e f g et h Dumarcet 1998, p. 291.
  53. a b c d e f g h i j k l m n et o Loidreau 2010, p. 330-332.
  54. a b c d et e Loidreau 2010, p. 332.
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  56. a b c et d Loidreau 2010, p. 334.
  57. a et b Baguenier Desormeaux, 1893, p. 15-16.
  58. a b c et d Loidreau 2010, p. 333.
  59. a b c d e f g h i j et k Dumarcet 1998, p. 292-293.
  60. Dumarcet 1998, p. 297.
  61. Dumarcet 1998, p. 298-299.

Bibliographie modifier