Bataille de Sievierodonetsk (2022)

bataille en 2022
Bataille de Sievierodonetsk
Description de cette image, également commentée ci-après
Bâtiments à Sievierodonetsk détruits par des tirs d'artillerie russe.
Informations générales
Date Du au
(3 mois et 28 jours)
Lieu Sievierodonetsk, oblast de Louhansk (Ukraine)
Issue

Victoire russe

  • Les forces armées ukrainiennes battent en retraite.
Belligérants
Drapeau de la Russie Russie
Drapeau de République populaire de Lougansk République populaire de Lougansk
Drapeau de la République populaire de Donetsk République populaire de Donetsk
Drapeau de l'Ukraine Ukraine
Commandants
Drapeau de la Russie Alexandre Lapine Drapeau de l'Ukraine Maksym Grebennyk
Forces en présence
Voir Forces en présences
12 500 soldats[1]
Voir Forces en présences
Plusieurs milliers d'hommes
Pertes
Inconnues Inconnues

1500 civils tués au moins

Invasion de l'Ukraine par la Russie de 2022
Guerre du Donbass

Batailles


Offensive de Kiev (Jytomyr, Kiev)


Offensive du Nord (Tchernihiv, Soumy)


Campagne de l'Est (Donetsk, Louhansk, Kharkiv)


Campagne du Sud (Mykolaïv, Kherson, Zaporijjia)


Frappes aériennes dans l'Ouest de l'Ukraine


Guerre navale


Attaques en Crimée


Débordement


Massacres


Coordonnées 48° 57′ nord, 38° 29′ est
Géolocalisation sur la carte : Ukraine
(Voir situation sur carte : Ukraine)
Bataille de Sievierodonetsk

La bataille de Sievierodonetsk est un engagement militaire ayant eu lieu pendant l'invasion russe de l'Ukraine en 2022, dans le cadre de l'offensive de l'Est de l'Ukraine. Sievierodonetsk était avant les hostilités de 2022 le centre administratif par intérim de l'oblast de Louhansk.

Le 28 février, les russes percent les lignes ukrainiennes au nord de Louhansk, parviennent aux abords de Severodonetsk et commencent à bombarder la ville. Le , la Russie renouvelle son offensive dans l'est de l'Ukraine, lançant des frappes aériennes sur Sievierodonetsk[2],[3]. Le 14 juin 2022, les forces russes prennent le contrôle de la majeure partie de la ville et coupe la plupart des voies de retraite. Le 24 juin 2022, les unités ukrainiennes recoivent l'ordre de se retirer de la ville et le lendemain, les forces russes capturent Sievierodonetsk. L'avancée russe s'est déplacée vers Lysychansk voisine.

La bataille de Sievierodonetsk a été marquée par de violents combat urbains et a été décrite comme l'une des batailles les plus sanglantes de la guerre[4]. Environ 90 % des bâtiments de la ville ont été détruits ou endommagés[5].

Contexte modifier

Le 24 février 2022, les forces armées russes attaquent l'Ukraine depuis la Crimée, le Donbass, la Russie et la Biélorussie. La 20e armée de la Garde entre en Ukraine dans les oblasts de Louhansk et de Kharkiv pendant que le 2e corps d'armée attaque depuis la République populaire de Lougansk. Les troupes ukrainiennes resistent un temps près de Starobilsk et le long de la ligne de front de 2014 puis le 28 février se retirent de Chtchastia et battent en retraite à Severodonetsk pour éviter l'encerclement. Severodonetsk et ses environs sont alors sur la ligne de front.

Le 18 avril, la Russie lance une offensive majeure dans le Donbass avec comme objectifs Sloviansk, Popasna et Severodonetsk. Au cours du mois d'avril, les russes concentrent leurs efforts sur l'offensive de Sloviansk. Début mai, alors que la situation s'enlise dans ce secteur, les Russes percent les lignes ukrainiennes lors de la bataille de Popasna tenue par la 24e brigade mécanisée. Le front est percé le 7 mai, mais les Russes l'exploitent difficilement[6]. L'objectif est de créer un enveloppement de la ville par le sud. Sievierodonetsk subit dès lors des assauts massifs.

Forces en présence modifier

Russie modifier

  Forces armées russes :

  Garde nationale

  Groupe Wagner[8]

Ukraine modifier

  Forces armées ukrainiennes :

  Ministère de l'Intérieur :

Déroulement de la bataille modifier

Invasion du nord de l'oblast de Louhansk (février 2022) modifier

Le 28 février, les troupes ukrainiennes positionnées autour de Chtchastia battent en retraite et se replient vers Severodonetsk tandis que les russes poursuivent leur avancée vers le nord. Vers 15 heures, les troupes russes commencent à bombarder Severodonetsk. Selon Serhiy Gaidai, chef de l'OVA de Luhansk, une personne est tuée et plusieurs blessées. Les gazoducs sont endommagés lors des bombardements[11].

Après la retraite ukrainienne, le nord de l'oblast de Louhansk tombe rapidement au cours des jours suivants, les Russes capturent Starobilsk le 2 mars, Svatove le lendemain et atteignent Izyum. Les principales villes que sont Severodonetsk, Lyssytchansk, Kreminna, Roubijné, Kramatorsk et Sloviansk sont alors menacées d'encerclement par le nord. Le 2 mars, des combats ont lieu dans presque tous les villages proches de Severodonetsk[12]. Le nord de l'oblast de Louhansk tombe rapidement. Les troupes russes continuent de bombarder la ville, y compris le gymnase de l'école, qui servait d'abri anti-bombes. À 15h20 ce jour-là, les responsables ukrainiens déclarent que les troupes russes avaient tenté d'entrer dans la ville mais avaient été repoussées[13]. Début mars, les forces du 2e corps d'armée commencent à attaquer Roubijné en périphérie nord-ouest de la ville.

Bataille en périphérie de la ville (mars - avril 2022) modifier

Le 9 mars, la 57e brigade d'infanterie motorisée repousse un assaut près de Metolkine, dans la banlieue est de la ville détruisant plusieurs BMP-1[14]. A partir du 13 mars, les forces russes attaquent massivement la ligne de défense ukrainienne Kreminna-Roubijné-Severodonetsk-Novotoshkivkse-Popasna. Le 16 mars, les Russes pénètrent dans Roubijné[15]. Entre le 19 et le 20 mars, les forces russes et de la RPL capturent le village de Varvarivka, au nord de Roubijné.

Dans l'après-midi du 6 avril, l'armée russe lance une attaque d'artillerie sur les vieux quartiers de Severodonetsk[16]. Les flammes ravagent 10 immeubles de grande hauteur. Le 9 avril, les Russes bombardent à nouveau la ville et un immeuble résidentiel à plusieurs étages prend feu. Le 10 avril, ils continuent à bombarder la ville, deux immeubles d'habitation et une clinique privée sont gravement détruits. L'infrastructure sociale et critique de Severodonetsk est déjà presque détruite[17],[18].

Le 17 avril, les troupes russes avancent au sud de Borova et atteingnent la périphérie de Lozove. Les forces ukrainiennes réussissent à repousser l’attaque du village, mais de violents combats font rage dans les environs[19]. Le 18 avril, le chef de l'oblast de Luhansk déclare que les troupes ukrainiennes avaient effectué un retrait tactique de Kreminna et que la ville avait été capturée par l'avancée des forces russes, au nord de Sievierodonetsk où les combats se poursuivent. L'évacuation de la ville de Kreminna n'est plus possible mais des gens sont évacué de Severodonetsk, Lysychansk, Popasna, Girsky et Roubijné[20].

Fin avril, les troupes russes continuent de maintenir une forte pression sur Popasna où la 24e brigade mécanisée subit des assauts de plus en plus nombreux. La ville est alors considéré comme le point le plus chaud du front[21]. Le 25 avril, les Russes capturent Novotoshkivske ; les éléments de la 17e brigade de chars se replient alors à Orikhove[22].

Percée de Popasna et tentative d'encerclement de la ville (mai 2022) modifier

Le 6 mai, les forces russes et de la RPL progressent dans la périphérie de Sievierodonetsk, attaquant le village de Voïevodivka juste au nord de la ville, tout en s'emparant également du village de Voronove au sud-est. D'autres villages ont également été attaqués pour encercler la ville[23]. Par la suite, le maire de la ville, Alexandre Striouk, rapporte que Sievierodonetsk est « virtuellement encerclé »[24].

Le 9 mai, les troupes de la RPL prennent le contrôle de Nyzhnie et commencent à attaquer Toshkivka, deux communes au sud-est de Sievierodonetsk. De violents combats se poursuivent à Roubijné , Voevodivka et Bilohorivka, alors que les forces russes tentent d'encercler davantage Sievierodonetsk depuis l'axe ouest[25]. Le lendemain, les forces ukrainiennes détruisent un pont flottant russe sur rivière Donets à proximité de Bilohorivka, tentant de perturber l'avancée russe et détruisent un bataillon russe dans le processus[26]. Selon le chef de la police régionale ukrainienne Oleh Hryhorov, Sievierodonetsk et son voisin direct, Lysychansk, sont devenus tactiquement encerclés, car l'artillerie russe peut librement frapper les routes ouvertes restantes dans la ville. Les approvisionnements en électricité et en eau sont interrompus dans les villes, laissant des dizaines de milliers de civils sans produits de première nécessité[27].

Le 11 mai 2022, il est annoncé que les villages périphériques de Ioujny, Voïevodivka, Fakel, Radouga-2, Zaria, Zaria-1, avec l'usine Zaria, Mitchourinets et Elektromontajnik sont aux mains des forces de la république populaire de Lougansk aidées des militaires russes[28]. Le 27 mai il est rapporté que les forces Russes ont capturé le complexe hôtelier Myr au nord de la ville. Ce bâtiment servira de point d'entrée pour l'attaque des forces Russes sur la ville. Les Ukrainiens lancent plusieurs attaques pour reprendre cet hôtel mais sans véritable succès[29],[30]. Le lendemain, les forces russes capturent la ville de Rubizhne poursuivant ainsi leurs tentatives d'encerclement de Sievierodonetsk[31].

Par la suite, la Russie cesse pour l’essentiel ses attaques terrestres dans les environs de Sievierodonetsk et Lysychansk et se limite aux bombardements d’artillerie. Les forces pro-russes se concentrent plutôt sur l’achèvement de l’encerclement des deux villes. À cette fin, ils attaquent sur la ligne de front nord autour d'Izyum et au sud vers Bakhmout. Les attaques au nord n'ont fait que peu ou pas de progrès, mais dans le sud, la Russie a réalisé des avancées au cours de plusieurs jours de combats acharnés. Les combats se sont principalement concentrés sur un certain nombre de villages, dont Toshkiva, Pylpchatyne, Hirske et Zolote[32],[33].

Attaque de la ville (27 mai - 15 juin 2022) modifier

Le 27 mai, la Russie lance son assaut terrestre direct contre Sievierodonetsk, bien qu'elle n'ait pas encore complètement encerclé la ville. Les Kadyrovites tchétchènes capturent l'hôtel Mir dans la partie nord de la ville. Pendant ce temps, d'autres forces russes et séparatistes poursuivent leurs tentatives de former une poche dans les zones urbaines, attaquant depuis le nord près de Rubizhne et le sud-ouest à Oustynivka et Borisvske. Plus à l'ouest, la Russie continue d'avancer lentement dans un certain nombre de régions telles que Lyman et Siversk pour perturber les lignes d'approvisionnement ukrainiennes vers Sievierodonetsk-Lysychansk[34]. Le lendemain, le 28 mai, la Russie réalise des gains limités à Sievierodonetsk. L’ Institut pour l'étude de la guerre (ISW), un groupe de réflexion et d'observateur de guerre basé aux États-Unis, fait valoir que la bataille s’avérait déjà très coûteuse pour les forces russes à ce stade et qu’elle pourrait potentiellement épuiser leurs capacités offensives. L'ISW a observé que la Russie et l'Ukraine subissent de lourdes pertes, mais que le personnel des contingents russes était plus difficile à remplacer[35].

Au matin du 31 mai, les forces russes contrôlent entre un tiers et la moitié de la ville, poussant et divisant la ville en deux moitiés[36]. Plus tard dans la journée, l'Ukraine confirme qu'entre 70 et 80 pour cent de Sievierodonetsk était sous contrôle russe, ainsi que la plupart des villages environnants[37].  Le gouverneur de Louhansk, Serhiy Haidaï, rend compte des combats de rue et déclare que « certaines troupes ukrainiennes se sont retirées vers des positions plus avantageuses et préparées à l'avance ». À cette époque, environ les deux tiers des batîments de la ville auraient été détruits[38]. Le 1er juin, selon l'Ukraine, l'usine chimique Azot est touchée par un bombardement russe et un réservoir d'acide nitrique a explosé, obligeant les gens à rester chez eux[39].  Le lendemain, les ukrainiens déclarent qu'environ 800 civils se cachaient dans des abris anti-bombes sous l'usine Azot, qui était également devenue un bastion défensif pour certaines troupes ukrainiennes[40].

Le 3 juin les Russes repoussent les Ukrainiens du centre-ville et les acculent dans l'usine chimique d'Azot. A partir du 4 juin les Ukrainiens annoncent une contre-attaque de leur part, la légion internationale Ukrainienne participe au combat pour servir de troupes de choc[41]. Cette contre-attaque rencontre un léger succès, les Ukrainiens sont capables de récupérer une petite partie de la ville[42],[43]. Le 6 juin il est rapporté la mort du lieutenant colonel Maksym Grebennyk commandant de la 24° brigade des forces armées Ukrainiennes[44].

La situation change à partir du 7 juin les Russes relancent leur offensive à grande échelle et reprennent du terrain. Les officiels Ukrainiens commencent sérieusement à parler d’abandonner la ville dans les médias[45].

Le gouverneur Haidai déclare que le général russe Alexandre Dvornikov avait « reçu la tâche, le 10 juin, soit de capturer complètement Sievierodonetsk, soit de couper complètement l'autoroute Lysychansk-Bakhmut et d'en prendre le contrôle »[46].  Le ministère britannique de la Défense compare les tactiques militaires russes à celles utilisées en Syrie ; c'est à dire l'utilisation des forces auxiliaires à ses propres soldats afin de réduire les pertes russes, y compris des soldats de la République populaire de Louhansk (LPR). Ces soldats n’étant pas aussi bien entraînés ni équipés que les soldats russes réguliers[46].

Le 6 juin, Haidai décrit la situation : « Nos défenseurs ont réussi à contre-attaquer pendant un certain temps – ils ont libéré près de la moitié de la ville. Cependant, la situation s'est encore aggravée pour nous. » Concernant la route Lyssytchansk-Sievierodonetsk, il déclare que les Russes "ne contrôlent pas cette route, mais l'ensemble de la route est bombardée. Les Russes ont accumulé d'énormes réserves. Le temps nous dira s'ils auront assez de force pour emprunter cette route". Il a décrit les forces russes comme étant « tout simplement incroyables » en termes de nombre et d'équipement. Les forces russes, a-t-il rapporté, appliquaient « la tactique standard de la terre brûlée »[47].  Le général de division Kyrylo Boudanov , chef des renseignements militaires ukrainiens, déclare que les forces ukrainiennes avançaient lentement malgré « un avantage décuplé de l'ennemi en artillerie »[48].  Le président ukrainien Volodymyr Zelensky se rend à Lyssytchansk et déclare « nous tenons le coup » et « ils sont plus nombreux et ils sont plus forts », jurant que l'armée ukrainienne n'abandonnerait pas ses positions dans la ville malgré l'apparente supériorité tactique russe sur la ligne de front[49].

Le commandant du bataillon Svoboda de la Garde nationale ukrainienne, Petro Kuzyk, a qualifié les combats de rue de féroces et d'"horribles". "Il y a eu des tentatives de contre-attaque, certaines réussies, d'autres non. Il y a une pression constante de leur côté. Certaines divisions ont dû reculer d'un bloc, tandis que d'autres divisions, dont la nôtre, ont pu maintenir leurs positions. Mais tout cela se passe dans des conditions extrêmement difficiles", a déclaré Kuzyk, ajoutant qu'ils se battaient "littéralement pour chaque maison, chaque rue. Un jour, nous pourrions avancer d'un pâté de maisons, un autre jour, ils nous repousseraient d'un pâté de maisons... nous ne pouvons pas compter uniquement sur l'endurance de l'infanterie, nous avons également besoin de suffisamment de troupes et de ressources telles que des chars et de l'artillerie. » [50]

Le 8 juin, l'état-major ukrainien déclare qu'il « retenait » les attaques russes[51].  Cependant, l'analyse militaire indique « qu'il est difficile de savoir quelle armée contrôle quel territoire »[52]. Haidai souligne que « personne n'abandonnera la ville, même si nos militaires devront se replier sur des positions plus fortifiées, car la ville est constamment bombardée. Cela ne signifie pas pour autant que la ville est abandonnée »[53].  Entre-temps, la Russie affirme que « le groupe ukrainien dans le Donbass subit des pertes importantes en termes de main-d'œuvre, d'armes et d'équipement militaire ». Le ministère britannique de la Défense a observé qu'« il est peu probable que l'une ou l'autre des parties ait gagné du terrain de manière significative au cours des dernières 24 heures »[54].  Plus tard dans la journée, Haidai admet que l'armée ukrainienne avait été repoussée à la périphérie de la ville  en raison d'intenses bombardements russes. Un avocat représentant l'oligarque ukrainien Dmytro Firtash, propriétaire de l'usine chimique Azot, affirme qu'il restait 800 civils dans l'usine, dont 200 employés. Haidai a déclaré que les forces ukrainiennes ne pouvaient pas secourir les citoyens restés dans la ville[55],[56].

Le 9 juin, Haidai déclare que plus de 90 % de la ville est sous contrôle russe[56]. Selon le commandant du Bataillon Svoboda, Petro Kuzyk, les Ukrainiens entraînent délibérément l'infanterie russe dans des conditions de guerre urbaine comme tactique pour annuler les tirs d'artillerie. Il a ajouté : "Hier, nous avons eu des succès : nous avons lancé une contre-attaque et, dans certaines zones, nous avons réussi à les repousser d'un ou deux pâtés de maisons. Dans d'autres, ils nous ont repoussé, mais seulement d'un bâtiment ou deux. Hier, les occupants ont subi de graves souffrances. pertes - si chaque jour était comme hier, tout cela serait bientôt terminé. » Kuzyk s'est de nouveau plaint du manque d'artillerie et de fournitures médicales, affirmant "qu'il y a un ordre pour maintenir nos positions et nous les tenons. C'est incroyable ce que les chirurgiens font sans l'équipement approprié pour sauver la vie des soldats"[57].

Le 10 juin, le ministère britannique de la Défense déclare : « les forces russes autour de Sievierodonetsk n'ont pas progressé dans le sud de la ville. D'intenses combats de rue à rue se poursuivent et les deux camps subissent probablement un grand nombre de victimes."

Le 12 juin, le président Volodymyr Zelenskyy déclare que les deux camps se battaient « littéralement pour chaque mètre ». Valeri Zaloujny, commandant en chef ukrainien, affirme que l'artillerie donnait aux Russes un « avantage décuplé ». Selon Leonid Passetchnik, chef de la LPR, ce sont les forces ukrainiennes qui ont bombardé Sievierodonetsk depuis l'usine d'Azot. Haidai déclare que la situation des défenseurs "reste difficile [...] Les combats continuent, mais malheureusement, la majeure partie de la ville est sous contrôle russe. Certaines batailles de position ont lieu dans les rues." [58]

Le 14 juin les Russes détruisent le dernier pont reliant Sievierodonetsk à la rive ouest du Donets[59]. Pour se retirer de la ville les Ukrainiens doivent donc construire des pontons ou bien abandonner le matériel lourd non amphibie.

Rejet de l'ultimatum et chute de la ville (15 - 25 juin 2022) modifier

Le 15 juin, une grande partie de Sievierodonetsk est « en grande partie en ruines » et la Russie exhorte les défenseurs ukrainiens à mettre fin à « la résistance insensée et à déposer les armes ». Les autorités russes déclarent avoir ouvert un couloir humanitaire depuis l'usine d'Azot vers le territoire russe tout en accusant l'Ukraine de perturber les efforts d'évacuation. Selon le maire Oleksandr Stryuk, les forces russes prennent d'assaut la ville dans plusieurs directions, mais il insiste sur le fait que les forces ukrainiennes ne sont pas complètement isolées et que des voies d'évacuation existent toujours. Le 15 juin, l'ultimatum russe lancé à l'Ukraine pour que la ville capitule est ignoré et les affrontements se poursuivent[60].

Le 18 juin, le gouverneur Serhiy Haidai écrit sur Telegram : « Désormais, les combats les plus féroces se déroulent près de Sievierodonetsk. Ils [la Russie] ne contrôlent pas entièrement la ville. Nos défenseurs combattent les Russes dans toutes les directions. »[61]  L'Ukraine affirme avoir déployé AHS Krab pour fournir un soutien d'artillerie à ses forces dans la ville[62].  Les Ukrainiens affirment également avoir infligé de lourdes pertes au 11e régiment de fusiliers motorisés, le forçant à se retirer « de la zone des opérations de combat pour restaurer sa capacité de combat »[63]. L'état-major ukrainien déclare que « suite aux tirs d'artillerie et à un assaut », les forces russes ont obtenu un succès partiel dans le village de Metiolkine et « essayaient de prendre pied ». Haidai évoque des « batailles difficiles » dans le village, situé au sud-est de la ville. TASS affirme que « de nombreux » soldats ukrainiens s'étaient rendus[64].

Le 19 juin, de nouveaux assauts russes obligent l'Ukraine à engager des renforts pour la défense de Toshkivka , située au sud-est de la ville. Des chars et des lanceurs Grad ont été vus déployés pour renforcer la zone. Un membre d'équipage d'un char aurait confirmé leur destination lors d'un entretien avec les médias. On craignait qu'une manœuvre russe en tenaille ne soit utilisée pour piéger les forces ukrainiennes dans la poche de Sievierodonetsk, car la poche était fermée à environ 75 % par les forces russes. La décision de conserver Sievierodonetsk et de continuer à se battre pour la ville a été reconnue par les commandants ukrainiens comme étant risquée, en raison du risque d'encerclement russe. L'ancien ministre ukrainien de la Défense Andriy Zagorodnyuk a déclaré : « À l'heure actuelle, l'objectif principal est d'utiliser la fenêtre d'opportunité dont nous disposons pour épuiser complètement les Russes dans le Donbass. Si nous bougeons, ils bougeront. Nous devrons les rencontrer quelque part. " Ce n'est pas comme si Poutine voulait seulement Sievierodonetsk. Ils continueront jusqu'à ce qu'ils soient arrêtés. " [65]

Le maire Oleksandr Stryuk a déclaré le 20 juin que l'Ukraine contrôlait toujours « plus d'un tiers » de la ville. Le même jour, le gouverneur Haidai a confirmé que l'Ukraine avait perdu le contrôle de Metyolkine au profit des forces russes  et que « la majeure partie » de Sievierodonetsk était sous le contrôle de l'armée russe, tandis que l'armée ukrainienne ne contrôlait que la zone industrielle et le territoire de l'usine d'Azot. Il a également déclaré que la route Lyssytchansk- Bakhmut « avait été bombardée presque toute la journée » alors qu'elle était sous le contrôle strict des tirs russes.  Le 21 juin, Haidai a souligné l'adaptabilité des unités russes, affirmant qu'elles « surveillent le ciel jour et nuit avec des drones, ajustent la puissance de feu et s'adaptent rapidement à nos changements dans les zones défensives ». Le 24 juin 2022, l'armée ukrainienne donne l'ordre à ses troupes de se replier afin d'éviter d'être totalement capturées, les troupes russes ayant enfermé la ville dans un chaudron depuis plusieurs semaines. Ainsi, la Russie contrôle l'entièreté de la ville et de son agglomération le 25 juin 2022 selon le maire de la ville[66],[67],[68],[69] et mène maintenant des combats urbains dans la bataille pour la prise de la ville de Lyssytchansk où les troupes ukrainiennes se sont repliées[70].

Attaques contre des civils modifier

De nombreuses attaques contre des installations civiles ont eu lieu à Sievierodonetsk. Le , le gouverneur de l'oblast de Louhansk Serhiy Haidaï a signalé que les forces russes avaient frappé un abri destiné aux femmes et aux enfants et a déclaré qu'« il n'y a plus d'endroits sûrs dans la région de Louhansk »[71]. Il a de nouveau été rapporté le , par Haidaï, que les Russes avaient bombardé un hôpital pour enfants dont le toit a pris feu, bien que personne n'ait été blessée[72]. Des dommages aux églises locales ont été signalés[73]. Le , les forces russes auraient frappé un centre d'aide humanitaire et incendié 10 immeubles de grande hauteur dans la ville[74].

Frédéric Leclerc-Imhoff, un journaliste reporter d'images français travaillant pour la chaîne BFM TV, est tué par une frappe russe alors que, dans le cadre de son travail, il accompagne un convoi humanitaire en direction de Lyssytchansk [75],[76].

Notes et références modifier

  1. « Zelenskiy Warns Of 'Extremely Difficult' Period As Russia Boosts Offensive In Eastern Ukraine »
  2. « Russia begins Donbas offensive in eastern Ukraine »,
  3. (en) « Russia begins large-scale military action to seize eastern Ukraine », sur the Guardian, (consulté le )
  4. (en-US) Thomas Gibbons-Neff, Marc Santora et Natalia Yermak, « Tens of thousands of civilians are now largely stranded in the middle of one of the war’s deadliest battles. », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  5. (en-US) « Russian troops push further into Sievierodonetsk, leaving city 'completely ruined' », sur PBS NewsHour, (consulté le )
  6. Michel Goya, « Quatre-vingt-septième jour : état des forces et perspectives », sur Le Grand Continent,
  7. (en) « BMP-1P - Vehicle number: 132 / 258 - Captured - 23 Jun 2022 - Severodonetsk - 123rd (ex-2nd) Motor Rifle Brigade (LNR) », sur Warspotting
  8. a b c d et e (en) Yaroslav Trofimov, « Nearly Encircled, Ukraine’s Last Stronghold in Luhansk Resists Russian Onslaught », The Wall Street Journal,‎ (lire en ligne  )
  9. (en) Sudarsan Raghavan, « Ukrainian volunteer fighters in the east feel abandoned », The Washington Post,‎ (lire en ligne)
  10. (en) « Anhel Vadym Mykolajovych (Nov. 23, 1991 - June 26, 2022 ) », sur ualosses.org
  11. « Росія обстріляла Сєвєродонецьк: є жертва і поранені – ОДА », sur web.archive.org,‎ (consulté le )
  12. « Бої тривають майже у всіх довколишніх селах навколо Сєвєродонецька - голова Луганської обладміністрації », sur web.archive.org,‎ (consulté le )
  13. « Новини України: Російське вторгнення: поточна ситуація на Луганщині », sur web.archive.org,‎ (consulté le )
  14. (en) @Blue_Sauron, « 57th Separate Infantry Brigade of the Ukrainian Army repel a Russian/LPR attack in Luhansk Oblast. After receiving a direct hit from the Ukrainian tank Russian troops apparently fled the area abandoning a MT-LB behind. », sur X,
  15. (en) Jerome, « Invasion Day 21 – Summary », sur Militaryland.net,
  16. « Війська рф обстріляли Сєвєродонецьк, горять 10 багатоповерхівок », sur web.archive.org,‎ (consulté le )
  17. « Загарбники вдарили по Сєвєродонецьку: критична інфраструктура міста майже знищена », sur web.archive.org,‎ (consulté le )
  18. « Годував до 300 людей щодня: рашисти знищили центр гумдопомоги у Сєвєродонецьку », sur web.archive.org,‎ (consulté le )
  19. (en) Jerome, « Invasion Day 53 – Summary », sur Militaryland.net,
  20. « російські загарбники взяли під контроль Кремінну на Луганщині », sur web.archive.org,‎ (consulté le )
  21. (en) Jerome, « Invasion Day 57 – Summary », sur Militaryland.net,
  22. (en) Jerome, « Invasion Day 61 – Summary », sur Militaryland.net,
  23. « RUSSIAN OFFENSIVE CAMPAIGN ASSESSMENT, MAY 6 »,
  24. Guerre en Ukraine : la ville de Severodonetsk quasiment encerclée par les Russes
  25. (en) « RUSSIAN OFFENSIVE CAMPAIGN ASSESSMENT, MAY 9 », sur Institute for the Study of War (consulté le )
  26. (en) David Axe, « The Russians Lost An Entire Battalion Trying To Cross A River In Eastern Ukraine », sur Forbes (consulté le )
  27. (en-US) Yaroslav Trofimov, « Nearly Encircled, Ukraine’s Last Stronghold in Luhansk Resists Russian Onslaught », Wall Street Journal,‎ (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le )
  28. (ru) Ura.news, article du 11 mai 2022
  29. https://kyivindependent.com/news-feed/official-russian-sabotage-group-broke-into-mir-hotel-in-sievierodonetsk
  30. https://russia.postsen.com/news/10991/War-in-Ukraine-%E2%80%93-in-Severodonetsk-an-enemy-DRG-was-knocked-out-of-the-Mir-Hotel-%E2%80%93-tsnua.html
  31. (en) Aditi Sangal, Helen Regan, George Ramsay, Lianne Kolirin, Hannah Strange, Adrienne Vogt, « Ukrainian forces lose foothold in eastern town », sur CNN, (consulté le )
  32. (en) « RUSSIAN OFFENSIVE CAMPAIGN ASSESSMENT, MAY 19 », sur Institute for the Study of War (consulté le )
  33. (en) « RUSSIAN OFFENSIVE CAMPAIGN ASSESSMENT, MAY 16 », sur Institute for the Study of War (consulté le )
  34. (en) « RUSSIAN OFFENSIVE CAMPAIGN ASSESSMENT, MAY 27 », sur Institute for the Study of War (consulté le )
  35. (en) « RUSSIAN OFFENSIVE CAMPAIGN ASSESSMENT, MAY 28 », sur Institute for the Study of War (consulté le )
  36. (en-US) « Russia takes most of Sievierodonetsk city in eastern Ukraine », sur Yahoo News, (consulté le )
  37. (en) « Ukraine war: Russians now control 'around 70%' of key city of Severodonetsk as governor says life is 'hell' for people of Luhansk », sur Sky News (consulté le )
  38. (en) David Child,Arwa Ibrahim,Sasha Petrova,Ali Harb,Linah Alsaafin, « Russia-Ukraine latest updates: Biden announces military aid », sur Al Jazeera, (consulté le )
  39. (en-GB) « Ukraine war latest: Ukraine claims fight back in key eastern city », sur BBC News, (consulté le )
  40. (en-GB) Jon Henley, « Children among 800 people hiding below Sievierodonetsk factory », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  41. https://mil.in.ua/en/news/the-international-legion-of-ukraine-got-involved-in-the-fighting-in-sievierodonetsk/
  42. https://www.understandingwar.org/backgrounder/russian-offensive-campaign-assessment-june-3
  43. https://www.understandingwar.org/backgrounder/russian-offensive-campaign-assessment-june-4
  44. « Под Северодонецком был убит комбат 24-й бригады ВСУ подполковник Максим Гребенник », sur Военное дело,‎ (consulté le ).
  45. (en) Reuters, « Ukrainian forces may have to pull back in Sievierodonetsk, governor says »  , sur reuters.com, (consulté le ).
  46. a et b (en) Helen Rega, Andrew Raine, Sana Noor Haq, Lauren Said-Moorhouse, Amir Vera CNN, « June 5, 2022 Russia-Ukraine news », sur CNN, (consulté le )
  47. (en) By Aditi Sangal, Mike Hayes, Meg Wagner, Andrew Raine, Amy Woodyatt, Jack Guy and Ed Upright CNN, « June 6, 2022 Russia-Ukraine news », sur CNN, (consulté le )
  48. (en-GB) « As it happened: Conflict settling into 'WW1-style trench warfare' », sur BBC News, (consulté le )
  49. (en) « Ukraine 'struggling' to hold Sievierodonetsk – DW – 06/07/2022 », sur dw.com (consulté le )
  50. (en) « It’s like a horrifying version of “Counter-Strike”: battalion commander on battles in Sievierodonetsk », sur Ukrainska Pravda (consulté le )
  51. (en) By Pavel Polityuk and Abdelaziz Boumzar, « Russia pushes Ukrainian forces to outskirts of key eastern city », Reuters,‎ (lire en ligne)
  52. (en-GB) « Ukraine war latest: Russia defends death sentences for captured Britons », sur BBC News (consulté le )
  53. (en) By Kathleen Magramo, Helen Regan, Jack Guy and Ed Upright CNN, « Ukraine could pull back "to more fortified positions" in Severodonetsk, says official », sur CNN, (consulté le )
  54. (en-GB) Samantha Lock, Martin Belam et Léonie Chao-Fong, « Russia-Ukraine war: what we know on day 105 of the invasion », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  55. (en) Rachel Pannett, « Hundreds of civilians holed up at Severodonetsk chemical factory, lawyer says », The Washington Post,‎ (lire en ligne)
  56. a et b (en-GB) Samantha Lock, Maya Yang, Léonie Chao-Fong et Martin Belam, « Russian bombardment of Sievierodonetsk ‘pushes Ukrainian troops back to city’s outskirts’ – as it happened », the Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  57. (en) By Pavel Polityuk and Abdelaziz Boumzar, « Ukraine says troops holding on to Sievierodonetsk, advance in south », Reuters,‎ (lire en ligne)
  58. « Ukrainian, Russian forces fight for 'every metre' in Severodonetsk », The Economic Times,‎ (ISSN 0013-0389, lire en ligne, consulté le )
  59. (en) « Russia destroys last bridge out of Sievierodonetsk », sur euronews (consulté le ).
  60. (en-GB) Pjotr Sauer, « Ukraine ignores Russian ultimatum to surrender Sievierodonetsk », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  61. (en) Kate Mayberry,Federica Marsi,Usaid Siddiqui, « Ukraine latest updates: Russian reserves heading to Luhansk », sur Al Jazeera, (consulté le )
  62. « 155mm Krab SPH is game-changer in Severodonetsk says Ukraine », sur bulgarianmilitary.com (consulté le )
  63. (en) Tim Lister, « Two months on, Russia is still struggling to capture this small Ukrainian city », sur CNN, (consulté le )
  64. (en) « NATO Warns of Long Ukraine War as Russian Assaults Follow EU Boost for Kyiv », sur Voice of America, (consulté le )
  65. (en-US) Thomas Gibbons-Neff, Natalia Yermak et Andrew E. Kramer, « Russian Invasion of Ukraine: Ukraine News: Ukraine Rushes Reinforcements to Sievierodonetsk », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  66. « Guerre en Ukraine en direct : les forces russes contrôlent totalement la ville de Sievierodonetsk ainsi que l’usine Azot », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  67. « https://twitter.com/afpfr/status/1540726605324029952 », sur Twitter (consulté le )
  68. (en-US) Yaroslav Trofimov, « Ukraine Orders Withdrawal From Severodonetsk to Avoid Encirclement », Wall Street Journal,‎ (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le )
  69. « https://twitter.com/l_thinktank/status/1540223166341156864 », sur Twitter (consulté le )
  70. « https://twitter.com/afpfr/status/1540678271066468352 », sur Twitter (consulté le )
  71. « Russian invaders fire on shelter for mothers and children in Sievierodonetsk », Ukrinform,
  72. (uk) « Російські окупанти обстріляли дитячу лікарню в Сєвєродонецьку: дітей та персонал вдалося врятувати »,‎
  73. « When Christians are bombing Christian churches (PHOTOS) », sur Orthodox Times, (consulté le )
  74. (en) Lee Bullen et Zenger News, « Ukrainians blast Russian armor with U.K. missile system », sur Newsweek, (consulté le )
  75. « En Ukraine, un journaliste français tué à Severodonetsk », sur L'Humanité, (consulté le )
  76. Ju M. avec afp, « Journaliste français tué en Ukraine: Frédéric Leclerc-Imhoff suivait un convoi de civils quand il a été tué », sur La Voix du Nord, (consulté le )

Références externes modifier