Bataille de la Maison-Neuve

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Bataille de la Maison-Neuve

Informations générales
Date
Lieu Le Ferré
Issue Victoire des républicains
Belligérants
Drapeau de la France République française Drapeau des armées catholiques et royales Chouans
Commandants
François Muller
François de Quesnel
• Étienne Bernard
Aimé Picquet du Boisguy
Louis de Bourmont
Forces en présence
1 500 hommes[1] 1 500 hommes[2]
Pertes
1 mort[1]
4 blessés[1]
15 morts[2]
26 blessés[2]

Chouannerie

Batailles

Coordonnées 48° 28′ 19,7″ nord, 1° 18′ 20,9″ ouest
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Bataille de la Maison-Neuve

La bataille de la Maison-Neuve a lieu le , pendant la Chouannerie. Elle s'achève par la victoire des républicains qui repoussent une embuscade des chouans.

Prélude modifier

Le déroulement de ce combat est relaté par un courrier du général républicain François Muller au ministre de la police Merlin de Douai[Note 1],[3], ainsi que par l'officier chouan Toussaint du Breil de Pontbriand, dans ses mémoires[Note 2],[5]. Celui-ci le place en mai 1796[4], mais les sources républicaines donnent la date du 4 germinal de l'an IV, soit le 24 mars 1796[6].

D'après le récit de Pontbriand, Aimé Picquet du Boisguy, général de l'Armée royale de Rennes et de Fougères, est informé que l'adjudant-général Bernard est allé chercher sa femme à Vire, et qu'il est en chemin pour regagner Fougères par la route de Saint-James avec une escorte de 600 hommes[2],[4]. Du Boisguy rassemble alors sa colonne du Centre à Poilley et dresse une embuscade derrière les marais de la Maison-Neuve, au sud du bourg du Ferré[2],[4].

Il ignore cependant que plusieurs colonnes républicaines sont en mouvement. Le général de division François Muller occupe la commune de Saint-James, auparavant contrôlée par les chouans[1]. Il y est bientôt rejoint par le général de brigade François de Quesnel, venu de Pontorson[1]. Dans son rapport au ministre de la police, il affirme également qu'une de ses colonnes rencontre une troupe de chouans au cours d'une de ces marches et leur tue 140 à 150 hommes[1]. Muller envoie ensuite son avant-garde au Ferré[1].

Forces en présence modifier

Dans ses mémoires, Toussaint du Breil de Pontbriand affirme que Aimé Picquet du Boisguy est à la tête, lors de ce combat, de 1 500 hommes de la colonne du Centre de la division de Fougères[2],[4]. Il note également la présence de Louis de Bourmont, major-général de l'Armée catholique et royale du Maine, d'Anjou et de la Haute-Bretagne, venu dans la région de Fougères afin de s'entretenir avec Joseph de Puisaye, et qui participe à ce combat à titre individuel[2],[4],[5]. D'après Pontbriand, les républicains sont estimé à 4 000 hommes, commandés par l'adjudant-général Bernard, réunis à Avranches, et constitué d'une partie des garnisons de Pontorson, Ducey et Pontaubault[2],[4].

Selon les sources républicaines, les forces déployées appartiennent à la 10edemi-brigade, commandée par le chef de brigade Almain, au 2e bataillon de la 144e demi-brigade, commandé par Bouchonnière et à la 28e demi-brigade, menée par le commandant Bernard[1]. Ces forces réunissent au total 1 500 hommes, commandés par le général de division François Muller et le général de brigade François de Quesnel[1]. Les chouans sont quant à eux estimés à 4 000 par le général Muller[1].

Déroulement modifier

Selon le rapport de Muller, les chouans attaquent l'avant-garde républicaine au Ferré, à 2 heures de l'après-midi[1]. Muller et Quesnel se mettent alors en marche avec leurs différentes colonnes et rejoignent le combat à 3 heures[1].

D'après Pontbriand, l'attaque du Ferré, menée par du Boisguy lui-même, n'est effectuée que par deux compagnies, afin d'attirer les républicains dans l'embuscade[2],[4]. Cependant celles-ci sont « poussées si vigoureusement », que du Boisguy pense avoir affaire à un ennemi plus nombreux que prévu[2],[4]. Il parvient cependant à entraîner les républicains sur son embuscade[2],[4].

Un combat « acharné » s'engage alors[2],[4]. D'après Muller, les chouans tiennent un front d'une lieue et demie[1]. Selon Pontbriand, les républicains tentent deux assauts de front, mais ils sont repoussés à chaque fois[2],[4]. Muller affirme quant à lui que les chouans tentent de couper ses forces au centre, mais sans succès[1].

Muller engage alors sa réserve, commandée par le chef de brigade Almain, qui se met en mouvement sur son aile droite pour contourner les chouans et les attaquer de flanc[2],[4]. Pontbriand rapporte alors que le feu des républicains s'interrompt soudainement, à la surprise de du Boisguy qui hésite à relancer une attaque[2],[4]. Cependant, celui-ci est bientôt prévenu que des colonnes nombreuses marchent pour l'envelopper, et il donne aussitôt l'ordre de la retraite[2],[4]. Les chouans se retirent alors sur La Selle-en-Coglès, n'étant faiblement poursuivis que sur un quart de lieue[2],[4].

Muller affirme pour sa part avoir mis son ennemi en déroute, mais il doit interrompre la poursuite à cause de la tombée de la nuit[1]. Les combats s'achèvent à 7 heures de l'après-midi[1].

Pertes modifier

Selon Toussaint du Breil de Pontbriand, les pertes des chouans sont de 15 hommes tués et 26 blessés[2],[4]. Il ne donne pas d'estimation pour les républicains, faisant juste état d'« un grand nombre de soldats » tués « au pied des fossés »[2],[4].

Côté républicain, le général Muller affirme dans son courrier au ministre de la police, qu'il n'a « à regretter qu'un homme et quatre blessés »[1],[3]. Il déclare être dans l'impossibilité d'évaluer la perte des chouans, mais il estime qu'elle doit être « très considérable »[1].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. « Les chouans se portèrent sur le Ferré et Pouillé, où ils furent rencontrés par une colonne de Pontorson, qui en tua une centaine. Au bruit de la fusillade, le général Muller s'est porté sur le Ferré avec ce qui lui restoit de troupes; son avant-garde a supporté vigoureusement la première attaque; en moins d'une demi-heure l'ennemi, fort de 4 mille hommes, fut entièrement culbuté par quinze cents républicains; un feu continuel dura pendant deux heures et demie. La nuit empêcha de poursuivre long-tems ces brigands en pleine déroute; il est impossible d'évaluer leur perte.

    Nos troupes ont déployé la plus grande bravoure. Les citoyens Almain, chef de la dixième demi-brigade; Bouchonnière, chef du deuxième bataillon de la cent quarante-quatrième demi-brigade, et Bernard, commandant de bataillon dans la vingt-huitième demi-brigade, ont montré la plus grande intrépidité, et fait de bonnes dispositions.

    Seize grenadiers du troisième bataillon des Fédérés et de la dixième demi-brigade ont seuls soutenu le feu d'un bataillon entier de chouans, retranchés dans un champ, et les ont forcés de fuir. Nous n'avons perdu qu'un seul grenadier[1]. »

    — Correspondance du général Muller, le 4 germinal an IV ().

    « Citoyen ministre,

    J'ai reçu la lettre que vous adressiez au général Varin. J'étois instruit depuis long-tems que les chouans des districts de Mortain, Mayenne, Domfront, Avranches, Fougères et Vire se rassembloient à Saint-James. Je m'y suis porté le lendemain de leur départ. J'avois ordonné au général Quesnel de faire marcher Pontorson, afin de cerner Saint-James. Enfin mes ordres furent ponctuellement exécutés; mais les brigands avertis que je marchois, se sont jetés du côté de Fougères: là, ils ont rencontré une de mes colonnes, qui leur a tué environ cent quarante à cent cinquante hommes, qui les a forcés de se replier sur le village de Ferré, où j'avois mon avant-garde; à deux heures précises ils ont attaqué ce poste. Sur-le-champ, le général Quesnel et moi avons fait marcher nos différentes colonnes; sur les trois heures, le feu a commencé vigoureusement, et a duré jusqu'à sept heures. Ils étoient au nombre de quatre mille, leur front de bataille tenoit une lieue et demie. Leur ayant tendu un piége, au centre, ils ont voulu me couper; mais ma réserve, commandée par le chef de brigade Almam, marchoit sur ma droite sans être aperçue; je lui ai donné l'ordre d'attaquer et de prendre l'ennemi en flanc, ce qui fut exécuté, et un instant après ils furent mis entièrement en déroute sur tous les points.

    Je ne puis vous exprimer l'intrépidité que nos soldats ont montrée; les différens chefs de colonne se sont conduits en héros.

    Je ne puis vous dire le nombre d'hommes qu'ils ont perdus, mais ce nombre est très-considérable; vous pouvez en juger; figurez-vous une troupe en déroute et prise sur tous les points. Je n'ai à regretter qu'un homme et quatre blessés; la nuit m'a privé d'une partie de mes succès, et a favorisé leur fuite par vingt et par trente sur tous les points. J'ai en ce moment deux colonnes à la poursuite des restes épars de ces brigands.

    Je puis vous assurer, citoyen ministre, que la victoire a été des plus complètes, et qu'il faut y avoir été pour le croire.

    Je ne vous donne qu'une idée de l'action ; je me réserve d'en rendre un compte exact au général en chef Hoche, qui en instruira le ministre de la guerre.

    Salut et respect[1]. »

    — Rapport du général de division François Muller au ministre de la police Merlin de Douai, rédigé à Mortain le 6 germinal an IV ().

  2. « Du Boisguy eut une affaire sérieuse au bourg du Ferré. Il avait appris que l'adjudant-général Bernard, qui avait été chercher sa femme à Vire, revenait à Fougères par la route de Saint-James, avec une escorte de six cents hommes. Il résolut de l'attaquer avec la colonne du Centre, forte de quinze cents hommes, qui était à Poillé. Il choisit une position favorable, derrière les marais de la Maison-Neuve, où il embusqua sa troupe, et s'avança ensuite lui-même, avec deux compagnies, jusqu'au bourg du Ferré, à dessein d'attirer l'ennemi dans son embuscade. L'action s'engagea bientôt, mais du Boisguy se vit pousser si vigoureusement jusqu'au marais, qu'il pensa dès lors que l'ennemi était plus en force qu'on ne lui avait dit ; néanmoins, il réussit à l'attirer dans son embuscade ; mais il ignorait que le général Bernard avait réuni à Avranches une partie des garnisons de Pontorson, de Ducey et du Pontaubault, avec les troupes disponibles de cette ville, et que, au lieu de six cents hommes qu'il croyait avoir à combattre, il y en avait plus de quatre mille. Le combat le plus acharné s'engagea bientôt; Bernard, piqué d'avoir perdu du monde en abordant l'embuscade sans l'avoir aperçue, voulut l'emporter de front et fut repoussé deux fois, avec grande perte, dans les attaques qu'il dirigea lui-même contre les positions de du Boisguy. Ce dernier fut surpris de voir le feu cesser tout à coup, et balançait s'il devait attaquer lui-même, lorsqu'il fut prévenu que des colonnes nombreuses marchaient pour l'envelopper et qu'il avait une armée entière à combattre. Il ordonna aussitôt la retraite sur la Selle-en-Coglès et fut faiblement poursuivit pendant un quart de lieue. Sa perte fut de quinze hommes tués et vingt-six blessés ; Pierre Rougeville, de la Chapelle-Janson; Pierre Portoux, du Châtellier; François Couillard, de Bazouges; Jean le Blanc, de Fougères, Michel Collin, de Saint-Marc, le furent grièvement.

    Le chevalier de Saint-Gilles, Louvière et le général de Bourmont, qui était venu dans la division de Fougères pour parler à M. de Puisaye, se trouvèrent à la tête de la troupe qui repoussa les deux attaques du général Bernard pour forcer la position, et un grand nombre de soldats furent tués aussi au pied des fossés qui la défendaient[4],[2]. »

    — Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand

Références modifier

  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s et t Les Annales de la République française, t. IV, 1799, p. 74-77.
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s et t Le Bouteiller 1988, p. 553-554.
  3. a et b Peltier, t. VI, 1796, p. 454.
  4. a b c d e f g h i j k l m n o p q et r Pontbriand 1897, p. 360-361.
  5. a et b Pontbriand 1904, p. 369-371.
  6. Les Annales de la République française, t. II, 1799, p. 34.

Bibliographie modifier

  • Les Annales de la République française, t. II, Paris, J. Ch. Laveaux et Compagnie, Imprimeurs-Libraires, , 474 p. (lire en ligne).  .
  • Les Annales de la République française, t. IV, Paris, J. Ch. Laveaux et Compagnie, Imprimeurs-Libraires, , 426 p. (lire en ligne).  .
  • Christian Le Bouteiller, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, , 839 p.  
  • Théodore Lemas, Le district de Fougères pendant les Guerres de l'Ouest et de la Chouannerie 1793-1800, Rue des Scribes Éditions, (réimpr. 1994), 371 p. (ISBN 978-2-906064-28-7, lire en ligne).  
  • Jean-Gabriel Peltier, Paris, pendant l'année 1796, t. VI, Londres, Imprimerie de Baylis, , 679 p. (lire en ligne).  .
  • Paul-Marie du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy : Fougères-Vitré, Basse-Normandie et frontière du Maine, 1793-1800, Paris, Honoré Champion éditeur, (réimpr. La Découvrance, 1994), 509 p. (lire en ligne).  
  • Toussaint du Breil de Pontbriand, Mémoires du colonel de Pontbriand sur les guerres de la Chouannerie, Plon, (réimpr. Éditions Yves Salmon, 1988), 629 p. (lire en ligne).